The Battle at Kemble’s Cascade : comme au bon vieux temps

Kemble - BrixJe m’appelle Brix Bertwix.
Mon clan et moi avons lutté contre les humains et d’autre races durant les guerres galactiques.
J’étais un des meilleurs pilotes du clan, jusqu’à cette sortie non autorisée, que j’ai décidée impulsivement.
Guidé par mon seul ego, j’ai voulu me couvrir de gloire en ajoutant un destroyer humain à mon tableau de chasse.
Bien mal m’en prit ; mon escadron fut décimé, j’y perdis tous mes hommes et mon meilleur ami.
Au retour de mission, je fus sommairement jugé et dégradé. J’échappai de justesse à l’exécution, mais on m’imposa une peine bien plus grave : l’exil.
Depuis, je vends mes services au plus offrant, comme mercenaire, profitant de ma réputation passée avant cette funeste mission.
Ces derniers temps, des rumeurs font état d’une étrange activité spatiale autour de Kemble’s Cascade. Le Conseil Galactique fait appel aux meilleurs pilotes pour explorer le secteur et les protéger d’une éventuelle menace.
Peut-être une occasion pour moi de me racheter et de faire rejaillir un peu de cette gloire sur mon clan ? En espérant qu’ils arrivent un jour à me pardonner…

 

Origine, concept et design

Battle at Kemble’s Cascade est né dans l’imagination fertile de deux frères suédois.
Grands fans de shoot’em ups, c’est-à-dire les jeux de tir à scrolling (défilement) vertical ou horizontal, parmi lesquels R-Type, Gradius, …, ceux-ci ont pris le pari fou de recréer cette atmosphère en jeu de plateau.

Il y a une tendance actuellement dans certains jeux à utiliser des dessins pixelisés (Pixel Lincoln, Pixel Tactics, Pixel Guardians, One Night Werewolf, Boss Monster…). En tout cas, ça se remarque beaucoup sur Kickstarter.
Dans la grande majorité des cas, c’est juste un effet de mode et cela n’apporte rien au jeu, bien au contraire (avis personnel d’un fan de Michael Menzel, Naïade et Vincent Dutrait : beurk !).
Les deux jeux auxquels cela convient parfaitement, selon moi, sont PIX (après tout, c’est le cœur du jeu) et celui-ci.
En repensant aux shoot’em ups des années ’80 (oui, j’assume mon âge  🙂 ) et ’90, on ne peut s’en rappeler autrement qu’avec des vaisseaux ressemblant à des Lego tellement ils étaient pixelisés.
Mais ça faisait tout leur charme – ces jeux étant excellents par ailleurs – et c’est avec beaucoup de nostalgie et de plaisir non dissimulé qu’on découvre le design de Battle at Kemble’s Cascade (appelons-le BaKC).

Ils n’ont pas poussé le bouchon jusqu’à fournir des miniatures pixelisées, mais presque tout le reste l’est : les plateaux individuels, les cartes d’équipement et les cartes espace sur lesquelles on retrouve ennemis et obstacles. Dans les autres cas, ils ont utilisé une police de caractère rétro du plus bel effet.
L’ambiance est donc bien posée avant le début de partie. Pas de surprise, on sait qu’on va se friter à l’ancienne, 2D-style !

 

Matériel

Mention très bien pour la qualité de la boîte, c’est du solide et ça se sent. Juste dommage qu’elle soit un peu difficile à ouvrir.
Il n’y a pas d’insert, mais on a ici une boîte bien remplie et d’une taille tout à fait raisonnable, ça change de certaines productions récentes.
Et Kemble’s Cascade, justement, l’éditeur nous l’offre quand on ouvre la boîte, elle est joliment illustrée à l’intérieur du couvercle et dans le fond.

 

 

Le plateau de jeu principal est composé de 5 « réglettes » plastique, que l’on dispose en 5 rangées et qu’on recouvre de cartes espace, illustrées chacune de deux cases adjacentes, soit vides, soit contenant un élément de jeu (ennemi, astéroïde, mine, trou noir ou autre objet spatial plus ou moins identifié).

 

Kemble - wormholeKemble - fleetKemble - asteroid
Quelques exemples de cartes espace

 

Le plateau est limité à 3 cartes espace de large pour deux ou trois joueurs et 4 pour quatre ou cinq pilotes (NB : toutes les photos de ce Just Played sont en configuration 3 cartes de large).

La première chose que l’on remarque est que les réglettes en plastique sont quand même bien fines, d’autant qu’on va les manipuler tout le temps.
C’est aussi un peu dommage qu’elles ne soient pas assez larges pour les parties à 4 ou 5 joueurs et qu’il faille alors en superposer deux « à vue de nez » afin de pouvoir aligner bout à bout 4 « cartes espace ». C’est un peu bancal, surtout quand, comme moi, on est maniaque et on aime bien que tout soit bien aligné (ne jouez pas à Carcassonne ou à n’importe quel jeu de tuiles avec moi  😉 ).
On se retrouve donc avec 10 réglettes en plastique très fin alors qu’on aurait peut-être pu en avoir 5 un peu plus solides et télescopiques, mais bon, je ne connais pas les coûts de production non plus.

Pour ce qui est du design, on est bien entendu dans du sobre, mais c’est forcé si on veut évoquer l’ambiance d’un shoot’em up rétro.
Les couleurs restent bien dans la palette thématique du jeu, bleu, noir et or. Même remarque ici, on ne va pas faire du 32 millions de couleurs avec des nuances extraordinaires, on en perdrait en recréation de la technologie d’il y a 25 ans.
Seule la couverture fait exception à cela, mais il faut bien attirer l’œil du chaland.
En même temps, l’illustration de couverture est très évocative, avec une bonne vieille borne d’arcade comme dans ma jeunesse (NB : excusez la nostalgie de ce pauvre testeur qui approche de ses 40 ans…), tout en gardant un côté super dynamique avec les vaisseaux qui sortent littéralement de l’écran (première référence quand on est geek et qu’on a mon âge : Tron, celui de 1982).
Le titre est un peu long, mais a le mérite de susciter la curiosité du coup.

 

Détail de la couverture

Détail de la couverture

 

Les vaisseaux sont en plastique et de couleur vive, pas moyen de se tromper car chacun a un design propre. Pratique pour les daltoniens aussi.
Notons au passage que Filosofia, à l’occasion d’un concours, avait édité une série limitée de vaisseaux plus jolis pouvant remplacer ceux de la boîte de base. Peut-être seront-ils bientôt disponibles ?

 

Kemble - ships

 

Il y a également un plateau individuel et toute une série de cubes translucides (ça fait plus S-F ^^) dans la couleur de chaque joueur, ainsi qu’un plateau pour le score.

Kemble - player boardKemble - scoreboard

Et de petits cristaux, qui représentent la devise du jeu, le bellonium, monnaie galactique avec laquelle on va faire l’acquisition d’armes et équipements.

Kemble - bellonium

N.B. : tous les testeurs anglo-saxons dont je regarde les vidéos étaient écroulés de rire au nom de « bellonium », parce qu’en anglais, cela se rapproche de « baloney », qui veut dire « faux », « n’importe quoi ».
Donc, comme m’a dit Rahdo, à qui j’avais demandé confirmation pour cette méprise linguistique, c’est comme si on achetait des équipements avec de la fausse monnaie 😀 
Bah, après tout, les auteurs sont suédois, ils sont pardonnés !

 
Et alors, comment on joue ?

Les règles peuvent paraître imposantes pour un simple « jeu de tir », mais c’est justement parce que c’est bien plus que cela. En même temps, les règles de base sont très rapidement assimilables par tout un chacun.

Chaque joueur commence avec une mission qu’il pioche au hasard, visible de tous, et qui lui permettra, s’il l’accomplit, de marquer quelques points de gloire (PG) supplémentaires.
Mais il n’y a aucune obligation de la compléter.
Il tire également une carte power-up dans la plus pure tradition des jeux du genre, accordant un bonus one-shot assez puissant.

Exemple de power-up

Exemple de power-up

 

et de mission

et de mission

 

Ces cartes pourront être récupérées sur des cases des cartes espace ou achetées au magasin.
Pour pousser l’immersion jusque dans ses moindres détails, les frères Tyrland ont même rajouté des « achievements » (« exploits » ici) comme dans les jeux vidéo. Quatre sont révélés en permanence, et le premier joueur qui répond aux conditions de la carte la gagne, et remporte donc les PG correspondants.

Kemble - achievements

Chacun a également en permanence en main deux cartes « senseur », qui lui permettront de déterminer l’ordre du tour.
Sur son plateau individuel, il marque grâce à ses cubes le niveau de menace à 0 et le niveau d’énergie à 5.

Lors de la première phase d’un tour de jeu, tout le monde sélectionne secrètement une carte senseur et la révèle en même temps. Celui qui a la plus grande valeur joue en premier, et on respecte à chaque tour l’ordre décroissant de ces cartes pour jouer.
Celles-ci ont des chiffres multiples de 10 allant de 10 à 400, et certaines comportent des bonus bienvenus.

Exemples de cartes senseur, avec +1 déplacement au centre et +1 bellonium à droite

Exemples de cartes senseur, avec +1 déplacement au centre et +1 bellonium à droite

 

Tout le monde repioche immédiatement une nouvelle carte senseur et le tour du premier joueur commence alors.

Kemble - board

Partie en cours

 

Les tours se jouent rapidement; même à 5, le jeu reste assez fluide.
C’est dû en grande partie au choix d’action limité à deux. N’en déduisez pas pour autant qu’on est très limité.

Le choix essentiel est de soit attaquer/tirer, soit de faire un arrêt moteur.

1er cas : Action de combat

On se déplace et/ou on tire, dans l’ordre que l’on veut.
Les déplacements peuvent se faire en diagonale, mais on ne tire que de façon orthogonale.
Au départ, on a un mouvement de 1 et des dégâts de 1.
Contrainte supplémentaire, notre arme se trouve montée sur une tourelle, et on doit dépenser 1 énergie afin de l’orienter vers un des quatre points cardinaux.

La tourelle et son upgrade tant désirable

La tourelle et son upgrade tant désirable, qui coûte 3 bellonium

 

Ensuite, on peut choisir de faire une ou deux « surcharges », chacune pouvant être soit un tir, soit un mouvement en plus, mais coûtant 1 énergie supplémentaire pour la première surcharge et carrément deux pour la seconde.
On a donc un maximum de 1 tir et 3 mouvements ou, à l’opposé, 3 tirs et 1 mouvement. Mais la dépense en énergie est alors très conséquente – n’oubliez pas qu’on commence à 5.
Et pour en regagner justement ?

 

2ème cas : Arrêt du système

On ne bouge pas, on ne tire pas, mais on regagne deux énergies et on peut faire des achats. On est par contre une cible de choix pour le restant du tour.

L’arrêt système doit être effectué à un moment idéal, et ce n’est pas facile.
Comme on ne sort pas du jeu à cette occasion, il faut s’arrêter à un endroit avec le moins de danger possible, où on ne peut pas être poussé dans un obstacle et où on est plus ou moins à l’abri des concurrents.

Toute la subtilité de BaKC est de gérer au mieux son niveau de danger en équilibre avec son niveau d’énergie.
Parlons-en justement du danger.

 

– Danger is my middle name.
– Mine’s Cornelius. You tell anybody, I’ll kill you. (Damon Wayans et Bruce Willis dans « The Last Boy Scout »)

 

Vous allez apprendre à détester ce mot.

Dans BaKC, à la fin de chaque tour, vous prenez comme point central la case sur laquelle vous avez terminé votre mouvement et vous regardez les 8 cases autour. Vous ajustez alors le niveau de danger sur votre plateau personnel pour chaque symbole danger présent (= une petite explosion, voir sur les exemples de cartes espace ci-dessus).
Il faut également vérifier que certains vaisseaux dans votre trajectoire n’ont pas d’attaque à distance, sans quoi il faut en tenir compte également. Heureusement, les autres joueurs ne sont pas considérés comme sources de danger (quoiqu’ils le soient parfois bien plus que les ennemis).

Et la résolution de ce danger se fait au tour suivant, juste après que vous terminez votre action, que ce soit déplacement/tir ou arrêt système.
Vous faites glisser le marqueur de danger vers la gauche pour le remettre à zéro, et vous déplacez d’autant de cases vers la gauche votre marqueur d’énergie. Si ce dernier atteint 0, BOUM !
C’est aussi simple et implacable que cela.

Et cela fait qu’on réfléchit à deux fois avant de dépenser une énergie pour faire une surcharge moteur pour un second tir ou déplacement, sans parler de la seconde surcharge qui, elle, coûte deux énergies.

Il y a une règle qui est facile à oublier lors d’une première partie, mais dont on se souvient toujours après qu’elle nous ait sauvé la vie : chaque déplacement diminue immédiatement le niveau de danger de 1, cela représente une esquive en fait.
Dans les équipements que l’on peut acheter, le moteur, qui rajoute d’abord 1, puis 2 mouvements par tour après upgrade, est donc très désirable, mais son prix reflète l’avantage qu’il rapporte.

L’arrêt système fait également regagner les deux énergies avant la résolution du danger, cela peut donc aussi vous sauver la mise.

Lorsqu’on explose ou qu’on est détruit, tous les autres joueurs en jeu (donc pas ceux également détruits en dehors du plateau) gagnent immédiatement deux points de gloire.
Si la victime avait été la cible de ses collègues, ceux-ci gagnent en plus un PG supplémentaire par cube qu’ils lui avaient donné.

Car le Player vs Player est également un élément du jeu, rien n’interdit de tirer sur un rival plutôt qu’un alien, et on lui remet alors un de ses cubes par tir (maximum 1), tandis qu’on augmente son niveau de danger de la valeur totale de l’attaque.

Kemble - board sideways

Piou piou, t’es mort !

Tous les tirs réussissent automatiquement et ne sont efficaces que sur les objets ayant des point de vie (représentés par le nombre de carrés bleus et blancs, voir cartes espace).
Un ennemi endommagé, mais pas tué à la fin d’un tour est considéré comme de nouveau intact pour la suite, d’où l’intérêt de tenir son arsenal à jour.

Les ennemis vous rapportent tantôt du bellonium (typiquement ceux de début de jeu, grâce auxquels vous pourrez acheter des armes et upgrades), tantôt des PG.

Il est à noter que les armes, à part le lance-flammes, ne sont pas limitées en portée, et qu’on peut donc tirer d’un bout à l’autre du plateau, sauf objet bloquant sur la trajectoire.
Encore une erreur facilement commise par oubli : chaque arme ne peut être utilisée qu’une fois par tour, à part la tourelle de base. Sinon, chaque attaque supplémentaire doit se faire avec une arme différente.

Quant on détruit un vaisseau, on le recouvre avec une carte senseur (face cachée) de la pioche et cela crée donc un peu plus de place sur le plateau, car on s’y sent vite à l’étroit avec le grand nombre d’ennemis (autres joueurs compris).

 

Shopping addict

Quand vous faites un arrêt système, après avoir résolu la menace, vous avez l’avantage de pouvoir faire des emplettes pour votre vaisseau chéri.

Voici quelques exemples de matériel très utile, puis un exemple d’évolution, avec les 3 stades du lance-missiles, qui demandera donc 3 + 4 + 2 bellonium pour être upgradé au maximum.

Kemble - ship partsKemble - weapons

Kemble - upgrades

 

Poussez-vous !

L’élément de design absolument génial est qu’à la fin de chaque tour de jeu, il y a un véritable « scrolling ». On retire donc la réglette la plus en bas du plateau, en défaussant toutes les cartes qui y restaient, pour la replacer au-dessus et la recouvrir de nouvelles cartes espace.

Comme dans tout shoot’em up qui se respecte, si on traînait en bas de l’écran, on est donc poussé d’une rangée vers l’avant, et parfois sur un ennemi ou un concurrent si on n’a pas bien calculé.

 

Et ensuite on recommence un nouveau tour.

 

Tout cela finit en apothéose avec le boss de fin de niveau, qui est donc représenté sur les dernières cartes du paquet de cartes espace.

On n’en affronte qu’un par partie, mais ils sont au nombre de 4 dans la boîte et sont juste énormes. Ils prennent toute la largeur du plateau, et trois d’entre eux s’étalent même sur deux réglettes en « hauteur ».

De plus, il y a une grosse pression car le scrolling continue alors que le boss représente la dernière rangée de cartes. C’est donc comme s’il descendait et l’espace pour lui échapper en bas de l’écran se réduit de plus en plus. Il est vivement conseillé d’être bien armé !

Je ne vous spoile pas ici tous les boss, je ne vous montre que celui qui est déjà sur la couverture.

Le boss Tundrageist

Le boss Tundrageist

 

A l'assaut du boss !

A l’assaut du boss !

 

The Battle at Kemble’s Cascade : Qu’en penser ?

Aussi bizarre que ça puisse paraître, autant on se sent, question ambiance, pris dans une vraie aventure galactique, à zigzaguer entre les astéroïdes et les tirs ennemis, autant, en pratique, c’est un vrai jeu de gestion à l’allemande, avec gestion de l’énergie (et aussi du danger ici), choix cruciaux entre tel ou tel équipement, optimisation des déplacements (terminer son mouvement à un endroit où il y a le moins de danger possible, tout en ayant fait une action profitable durant son tour) et détermination du bon moment pour passer (= arrêt système).

Et le fait qu’un jeu puisse combiner ces deux « extrêmes » est en soi un exploit.
Il a fallu des Suédois pour faire un jeu à l’allemande avec un vrai thème fort.

L’arrêt système doit être fait quand on a assez de bellonium que pour acheter plusieurs équipements à la fois. Car il s’agit quand même d’un « tour perdu » pour effectuer une action décisive sur le plateau.
L’autre bénéfice est qu’on regagne deux ou trois (si on a le générateur) énergies, ce qui peut éviter l’explosion, et c’est aussi l’occasion de remettre avec un grand sourire aux collègues trop belligérants leurs cubes PvP et de les priver de quelques points de gloire supplémentaires s’ils vous avaient détruits.

Alors, le PvP me direz-vous, c’est une grande partie du jeu ou non ?
Hé bien, je vous dirais que ça dépend des joueurs autour de la table et de leur humeur du jour !
A Essen, après une explication magistrale de Monsieur Guillaume et une partie que j’avais particulièrement appréciée, j’avais eu la chance d’échanger quelques mots avec les auteurs qui passaient au stand Filo constater le succès de leur jeu.
Celui-ci m’intéressant, mais n’étant pas fan de PvP, je leur avais demandé ce qu’il en était, et ils m’ont confirmé qu’on pouvait facilement jouer sans, en interdisant le « friendly fire » et en retirant une demi-douzaine de cartes du jeu (les exploits et missions s’y rapportant).
Cependant, jusqu’ici, je n’ai pas ressenti le besoin de le faire.

Ce que j’ai quand même constaté au fil des parties, c’est que jouer dernier est assez désavantageux, car on se retrouve souvent avec les deux premières rangées d’espace soigneusement nettoyées de power-ups et de vaisseaux ennemis, « grâce à » ses petits camarades, ce qui nous prive de chances de gagner ce précieux bellonium, et donc de faire l’acquisition d’équipement ô combien nécessaire.

On n’est pas totalement condamné cependant, étant donné que certaines cartes espaces accordent un bellonium à chaque joueur lorsqu’elles sont révélées, mais il est clair que prendre du retard, par exemple pour l’acquisition des armes, se fait sentir par la suite, les ennemis nécessitant un armement plus conséquent pour être détruits.
Le win to win est heureusement modéré par le hasard, dans ce cas-ci le tirage de cartes senseur. Il ne faut vraiment pas être chanceux pour ne tirer que des cartes de basse valeur et donc être relégué à chaque fois à la dernière place dans l’ordre du tour.

La difficulté est bien dosée, on commence avec pas mal d’ennemis, mais facile à détruire, et rapportant chacun un bellonium, ce qui permet d’acheter rapidement ses premiers équipements. Et on enchaîne avec des ennemis plus coriaces, mais aussi astéroïdes, trous noirs, trous de ver et autres singularités. Au début, vu la variété des objets sur les cartes espace, il faut quand même faire quelques retours aux règles, ne fût-ce que pour savoir si c’est un objet bloquant pour les tirs, ou qu’on peut tirer à travers.

Un petit reproche concernant la fin de jeu.
Celui-ci ne s’arrête pas quand le boss est détruit, mais bien lorsqu’il ne reste plus qu’une rangée de cartes espace après le défilement.
C’est un peu étrange car, avec une équipe bien organisée, ça peut arriver que le boss soit totalement éliminé alors qu’il reste encore trois rangées de cartes espace.
Il ne reste donc plus aux joueurs qu’à joyeusement se massacrer pendant deux tours pour grappiller quelques points de gloire.
Un peu dommage du coup.

 
« Update : ceci est à présent clairement résolu grâce à une FAQ des auteurs : sur la section ressources de la fiche de jeu

Pour les non-anglophiles, résumons donc, deux conditions de fin de jeu :

1. Lorsque la dernière rangée disparaît avec le scrolling et que tous les joueurs sont poussés en dehors du plateau.

2. Lorsqu’il n’y a plus de points de gloire sur le boss :

a) à la fin du tour du joueur qui a recouvert avec une carte senseur (= détruit) la dernière partie du boss comportant des points de gloire ;

b) lorsque la dernière partie du boss comportant des points de gloire est scrollée en dehors du plateau »

Sinon, question ambiance, on se sent vraiment soudainement très petit, comme dans les shoot’em ups où s’affiche « Warning » clignotant en grandes lettres rouges, et qu’on se demande par quel côté de l’écran il va sortir, et à quoi il ressemblera.
Ici, le souci du détail fait que c’est même simulé par une carte « boss warning », qui est la dernière qu’on retourne avant de mette en place les cartes boss. Elle en donne le nom, ses points de vie, une idée de ses armes, etc.

Kemble - boss warning

 

La rejouabilité est ici également au rendez-vous.
Le tirage aléatoire des cartes espace, la modularité de la difficulté du deck espace en y insérant les cartes « tunnels » pour joueurs expérimentés, les boss, même s’ils ne sont qu’au nombre de 4.
Une extension serait très intéressante, mais le jeu se suffit à lui-même pour constituer une expérience de jeu très plaisante à chaque fois.

D’ailleurs, les règles font aussi partie de ces « règles spoilers » comme dans Lords of Waterdeep ou Relic, où, au détour d’une page, on nous annonce une future extension (l’optimisme est une vertu).

Je recommande donc chaudement Battle at Kemble’s Cascade.
Aux nostalgiques des shoot’em ups, aux joueurs qui aiment les jeux à thème, et même aux optimisateurs germanophiles.

C’est une bien belle réussite qui animera vos prochaines soirées avec panache.

Enfilez votre combinaison, fixez votre casque, sanglez-vous dans votre harnais, et c’est parti !

 

La fiche du jeu

Un jeu de Anders Tyrland, Olle Tyrland
Illustré par Chris Quilliams
Edité par Filosofia, Z-Man Games
Langue et traductions : Anglais, français
Date de sortie VO : 08/2014
Date de sortie VF : 11/2014
De 1 à 5 joueurs , Optimisé à 4 joueurs
A partir de 13 ans
Durée moyenne d’une partie : 75 minutes

LUDOVOX est un site indépendant !

Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :

Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :

acheter the battle at kemble-s cascade sur espritjeu

29 Commentaires

  1. Neuro 18/01/2015
    Répondre

    Merci, ça donne envie, je l’ai encore sous blister depuis Essen ! :/

  2. Shanouillette 18/01/2015
    Répondre

    idem!!

  3. Dru 18/01/2015
    Répondre

    Reçu hier pour mon annif, règles digérées ce matin, partie test cet aprem quand les cheveux ne pousseront plus à l’envers ^^

  4. tartopom 18/01/2015
    Répondre

    Recu à noël. Pétard que c’est bon.

    Je retrouve les vraies sensations du scrolling.

    Les mécanismes sont fluides, les illustrations parfaitement dans le thème. Bref un vrai bonheur.

    Du coup, je me demande s’il n’y aura pas quelques extensions à l’avenir. Avec de nouveaux boss, upgrades, ennemis etc. Ce serait vraiment énorme.

    Allez, j’y retourne.

    Merci Wraith75.

  5. Dru 18/01/2015
    Répondre

    Si, ils parlent de futures extensions dans le livret de règles d’ailleurs.

  6. Shanouillette 18/01/2015
    Répondre

    oui c’est ce que dit wraith dans l’ article;)

  7. Dru 18/01/2015
    Répondre

    Arf’ oui c’est vrai. Voila ce que c’est de commenter quand on a pas prit le temps de lire tout l’article ^^ Erreure corrigée :-p

  8. raceforthegalaxy 18/01/2015
    Répondre

    Ouh là… attention le jeu s’arrête bien quand toutes les parties du boss rémunératrices en PV ont été détruites… CF FAQ officielle

    Pour ma part j’ai beaucoup apprécié le jeu mais je trouve que le tirage de la carte senseur pouvait être déterminant à certains instants de la partie notamment sur la fin

    • Wraith75 18/01/2015
      Répondre

      Ah, pardon !
      Je n’avais pas vu la FAQ, merci pour la précision.

      Et tant mieux que cela ait été adressé.

  9. tartopom 18/01/2015
    Répondre

    Ah ? Je n’ai pas encore lu la FAQ, mais ils expliquent un éventuel « arrêt » du scrolling  pour le Boss ?

    Parce que du coup je ne comprend pas comment tu peux t’en sortir sur une seule ligne.

    • raceforthegalaxy 19/01/2015
      Répondre

      Non le scrolling continu jusqu’à pousser les joueurs hors du jeu sans avoir battu le boss OU fin immédiate par défaite de toutes les parties du boss contenant des PV

      • tartopom 19/01/2015
        Répondre

        Alors du coup je m’interroge, parce que sur le papier c’est pas logique.

        Si le Boss continue d’avancer, y’a un moment où on ne peut plus rentrer sur le tableau. Et on arrête la partie à la dernière ligne de boss restante ?

        • nirkit 11/02/2015
          Répondre

          Hi guys!

          I will respond in English if you don’t mind :).

          I saw this absolutely brilliant review just now, makes me smile as the reviewer seemd to have caught exactly the atmosphere we have been trying to present.

          As for your question, @Tartopom, you can always crash into (destroyable) enemies or boss parts, just take the threat it delivers as damage and get no rewards. There might be times however where the whole line is blocked by asterorid and other players and then you will just have to sit back and stay astral one more turn. Rarely, but it can happen!

          Regards

          /Olle – one of « the Swedes »

          • tartopom 11/02/2015

            Now I understand. Thanks for the lights up.

            Staying Astral for one more turn seems not cool.

  10. Dru 19/01/2015
    Répondre

    Ben voila, testé hier 2 fois avec une config standard à 3 joueurs. Verdict : franchement bon! Scores tendus aux alentours des 25 points à chaque fois. On a vraiment pas l’impression d’être dans u  jeu de gestion tellement on est immergés via la thématique et pourtant ca cogite à chaque tour! La deuxième partie nous a parue super courte vu que le boss debarquait deja alors qu’on avait juste eu le temps d’acheter 1 arme sans l’upgrader au vu de la rareté  du bellonium. Il est promis à une longue vie dans ma ludo celui là. Petit bémol, va falloir que j’aie m’acheter une deckbox pour y mettre mes cartes sinon elles vont foutre le camp et certaines règles sont pas hyper claires du coup je vais aller lire cette fameuse FAQ. Ha oui et les labyrinthes exo avec inscrit dessus -MM ou -M alors que la règle traduite met -DD et – D ya un peu de zèle dans la trad, mais là je chicane.

  11. eolean 05/02/2015
    Répondre

    Testé cette semaine et c’est du très bon ! J’avais un peu peur mais je n’ai pas été déçu du tout  ! Au contraire, j’en referai bien une. Je trouve que le rendu est un tour de force ! Vraiment bien aimé 🙂

  12. nirkit 11/02/2015
    Répondre

    A few comments from me being one of the designers:

    – Marvellous article!
    – The official Errata and FAQ is out. It has the missing rule about game ending (game stops as soon as the boss is killed) for instance
    – Stand by for Single Player Scenarios coming out at the latest next week! See BGG forums of Kemble’s Cascade for information.
    – Co-op version is on the move.. this can become something REALLY cool and special 😀
    – About the word « Bellonium ». We knew the english slang, but the name of the currency actually has the origin of the Anciant Greek Goddess of War, Bellona. Check it up on wikipedia. We kept the name Bellonium throughout the design process and in the prototypes. Z-Man/Filo laughed at it but kept it anyway. I love it 🙂
    – If you find it too random with the two sensor cards, try using three instead! Or even four. It will make for a bit longer game though as there has to be a little more thought put into the choice. And having just two cards will always force you to spend either you highest or your lowest card every time. With more experienced players you will probably see that you want to go last about 40% of the time. With newbies that will always stay behind, I can give you a tactical tip to buy Gamma, Rotary Cage 2 and Engine and either fry them all when they constantly line up in a nice formation or zoom away to get all the power-ups and goodies before everyone else. Pew pew!!

    • tartopom 11/02/2015
      Répondre

      Thanks a lot for your comment.

      I’m going to check the official FAQ. Do you have any link to provide ?

      Nice info concerning the « Bellonium ». It’s good to know how and why choices are made.

      Thanks again. Looking forward to see an expansion ^^

    • Wraith75 11/02/2015
      Répondre

      Hi Olle !

      I’m the reviewer, so thanks a lot for reading this and appreciating it.

      And congrats once again, a very fine game ! I indeed definitely got the concept right and enjoyed it immensely.

      Thanks for sharing these insightful pieces of information, I’m looking forward to new material and new mechanics (just read the thread about the Cetus miniboss on BGG).

      See you around, maybe again in Essen,

      Stéphane

  13. Jon 14/08/2016
    Répondre

    Bonjour à tous, très grand fan de ce jeux, je m’inquiète sur la sortie de l’extention dont parle le jeux. Quelqu’un a des news ? Sinon, j’ai cherché un peu sur le net pour des variantes, mais j’ai pas trouvé non plus, quelqu’un en sait plus ?

    Bref, je voudrais prolonger le plaisir 🙂

    J’en profite au passage pour remercier pour ce bel article qui m’a donné quelques astuces utiles 😉

  14. Wraith75 15/08/2016
    Répondre

    Salut et merci !
    Oui, je trouve cela bien dommage également. Il y a juste eu un boss promo : CetusTon message m’y faisant penser, je viens d’écrire à Z-Man pour demander des nouvelles. Peut-être est-ce à cause de mauvaises ventes ? Quoiqu’aux USA, avec un thème pareil, ça avait des chances de faire un carton.
    Je te tiens au courant de la réponse de Z-Man en tout cas.

  15. Jon 15/08/2016
    Répondre

    Merci pour ce retour rapide 🙂

    Y a-t-il possibilité de récupérer le boss promo Cetus quelque part ? J’attends le retour de Z-Man avec impatience. Mais j’espère qu’ils n’ont pas abandonné un si bon projet. S’ils font un financement participatif, j’y participe sans problème 😉

  16. Wraith75 15/08/2016
    Répondre

    Si j’ai pas de nouvelles, au pire j’écris aux auteurs via BGG.
    En plus, faut dire que c’est pas comme si les cartes étaient super épaisses et tout, donc même un print and play, à la limite ça irait.
    Cetus je l’ai reçu à un événement Filosofia, ça faisait partie des prix.
    Je viens de jeter un oeil à BGG à l’instant et, dans le forum, un des créateurs du jeu disait qu’on pouvait lui envoyer un message via Geekmail et qu’il s’arrangerait pour les envoyer (https://boardgamegeek.com/article/22985185#22985185).
    Tu peux toujours essayer.

    • Jon 15/08/2016
      Répondre

      Merci pour les news, je vais voir aussi de mon côté. Si l’auteur à plusieurs demande, ça le motivera peut-être à relancer la machine 🙂

Laisser un commentaire