THE ARTEMIS PROJECT | CONCOURS-NOUVELLE | PARTIE 1
« Ssshhh … tasha ? Ssshhh trouver….Ssshh de suite …. Ssshhh … »
Ma radio d’urgence grésille. Des interférences stridentes transpercent la nuit. Je me redresse d’un coup, les yeux grands ouverts, ce qui met fin immédiatement à mon sommeil déjà agité.
En une fraction de secondes, je m’empare de l’objet avant d’écraser le bouton rouge.
« Ici Natasha Zrëak, répétez ! »
Mon corps tout entier tremble dans la pénombre de ma cabine. Mon cœur cogne fortement dans ma poitrine, et pour cause : cette radio ne s’est allumée que deux fois par le passé. Toujours pour des événements sans précédent.
« Ca y est Natasha ! Nous l’avons trouvée ! L’équipe d’excavation vient tout juste de terminer… Nous devons y aller maintenant, avant que les autres corporations ne nous devancent ! »
Cette information achève de chasser les dernières volutes du sommeil. Me reviennent alors en mémoire les départs quotidiens du centre d’expédition, les centaines d’heures de plongée à la recherche de précieuses ressources, les déceptions au cours de l’exploration d’innombrables cavités et terriers.
« Je … j’arrive ! Préparez quatre drones sous-marins, réunissez mon équipe. On se retrouve à la baie des navettes d’ici trente minutes ! »
Je reste quelques secondes, sans réaction, à fixer les murs nus de ma cabine métallique, chichement meublée. Mon dieu, nous touchons enfin au but ! Tous nos efforts vont être récompensés !
En quelques enjambées, je rejoins ma petite salle de bain. Pas de temps à perdre, j’enfile le débardeur et le legging qui me tombent sous la main. En attrapant la brosse à cheveux, je cogne contre quelque chose qui roule sur le sol. Un cristal piézoélectrique. Je l’attrape délicatement et l’observe avec tendresse. Ici, il est translucide. Froid. Amorphe. La première fois que nous en avons vu, avec Luis, c’était lors de notre baptême sous-marin dans la fonderie de cristal. Ils éclairaient les fonds marins d’un halo jaune, vif et pur. Ils faisaient bouillir l’eau autour d’eux lorsque les ouvriers les mettaient sous la pression des perceuses. Leur forme anarchique et la quantité d’énergie qu’ils renfermaient m’avaient alors fascinée.
Nous nous étions alors promis de découvrir entièrement ce monde sous-marin caché sous l’épaisse couche de glace, lorsque la surface n’aurait plus aucun secret pour nous.
Je repose le cristal, porteur de souvenirs trop douloureux.
Le miroir de la salle de bain me renvoie l’image d’un visage émacié, rongé par les cernes et d’une pâleur cadavérique. Il faut dire que je n’ai pas rejoint la surface depuis des années. Depuis l’accident, probablement.
Mon regard nostalgique s’accroche alors à ma combinaison énergétique contre le froid, ultime vestige de mon activité passée. On me l’a remise pour ma première mission sur Europe, la lune gelée de Jupiter. Ingénieure de formation, j’avais à peine 20 ans et j’étais sans doute l’une des plus jeunes à intégrer le Projet Artemis.
Toute mon enfance, j’ai été bercée par les exploits de ces équipes qui ont rendu l’air du satellite respirable, les températures supportables et qui ont réussi à atteindre les grands océans sous la surface de la glace. Très tôt, j’ai su que je voulais moi aussi participer à la conquête d’Europe.
Alors j’ai fait partie de ce flux continu de nouveaux colons, frais, idéalistes et bourrés de grandes convictions.
Pourtant je connaissais les dangers et les rumeurs selon lesquels la lune essaye de nous tuer dès qu’on y pose un pied, je n’ignorais rien des conditions de surface harassantes et de la vie en profondeur qui n’avait rien à lui envier. J’y ai appris, à mes dépens, que la vérité était bien pire, tant il est difficile de s’acclimater à ces longues journées et nuits qui finissent même par se confondre dans l’obscurité. Parfois si intensément que le moindre effort peut sembler vain…
Je peine encore à me souvenir de mon ressenti en foulant pour la première fois son sol gelé. De l’excitation ? De la peur ? De la joie ? L’envie d’en faire un nouveau foyer pour l’humanité ?
La suite la semaine prochaine !
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OlivR 03/10/2020
Je m’interroge, n’y avait-il pas d’autres jeux plus pertinents pour faire du narratif que ce jeu de gestion de dés dit « a l’allemande » et donc très mécanique ? Ok soit, le theme est un peu original, mais bon vu qu’il semble être plaqué et qu’il disparait au bout de quelques minutes…
The Lonesome Meeple 07/10/2020
Pour ma part, je trouve au contraire que le thème est très immersif et que cela se prête bien à l’exercice d’écriture.
6gale 04/10/2020
Excellent, j’adore The Artemis Project (un jeu soigné).