Illustré par Cyril Bouquet
Edité par Blue Orange Games
Distribué par Blue Orange Games
Langue et traductions : Allemand
Date de sortie : 2017-10
De 2 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
Durée moyenne d'une partie : 20 minutes
Thèmes : Médiéval
Mécanismes : Placement, Tuiles
Types de jeu : Jeu de plateau
Complexité du jeu : Amateur, Familial
QueenDomino est la suite logique, a-t-on envie de dire, de KingDomino. Un peu à la manière de ce qu’avait fait Fred Henri avec les Bâtisseurs (série de jeux dans laquelle chaque version suivante apportait de nouvelles mécaniques pour enrichir l’expérience de jeu), QueenDomino propose un modèle mécanique plus profond et expert. Bruno Cathala a ajouté à son système de jeu de base tout un tas de nouvelles possibilités, partant de la pureté et de la simplicité de son premier jeu pour créer une version bien plus riche. Désormais, les parties seront plus tendues et il va falloir faire attention à beaucoup plus de facteurs de gain de points de victoire. Pour en savoir plus, la chronique, et le Ludochrono.
Pour Bruno Cathala, auteur de King Domino, jeu qui a obtenu le Spiel des Jahres en 2017, le défi à relever n'était pas mécanique, puisqu'il a l'habitude des jeux aux rouages huilés et généralement parfaitement maîtrisés, mais en termes de réception des amateurs de KingDomino. Comment allait-il opérer ce passage à une version plus complexe ? De quelle manière pouvait-il proposer une expérience plus profonde sans effrayer ceux qui avaient découvert la pureté mécanique de King Domino ? S'agissait-il pour son éditeur Blue Orange et lui, de satisfaire les besoins en difficulté et en complexité d'une partie de sa base de joueurs habituelle ?
J'ai découvert le jeu un peu sur le tard. Ce serait mentir de dire que je l'attendais mais je voulais malgré tout voir de quelle façon Monsieur Cathala était parvenu à transformer un KingDomino si parfaitement épuré en jeu de complexité moyenne destiné à un public assez différent.
J'y ai joué avec des amis, plutôt joueurs, ainsi qu'avec ma fille de 9 ans.
Nous n'avons pas encore essayé d'y jouer avec des amis qui découvrent depuis le jeu de société, lui préférant pour le moment d'autres options.
ACCESSIBILITE DES REGLES 17
Pour les joueurs habitués à des expériences de jeu un peu plus complexe que celle qui était proposée par KingDomino, le livret de règles ne présentera aucun problème de lecture et de compréhension.
L'organisation des explications, partant de la mise en place sur la deuxième page, après avoir introduit le contexte narratif et proposé le but du jeu, se poursuit avec les actions que les joueurs pourront effectuer pendant leur tour. Entre parenthèses, il faudra faire attention à ne pas rater les mentions "obligatoire" ou "facultatif" mais ceci mis à part, la découverte des règles s'accompagne d'une interprétation claire et sans obstacle.
Les bâtiments bénéficient d'un encadré supplémentaire, nécessaire pour bien appréhender le jeu et ses mécaniques originales.
Point que l'on appréciera tout particulièrement : Bruno Cathala, comme pour KingDomino, propose des variantes et modes de jeu pour enrichir encore plus l'expérience.
En fin de livret, on trouvera aussi un exemple de décompte des points, là encore essentiel pour ceux et celles qui passent de KingDomino à QueenDomino, ainsi que la distribution des tuiles du jeu.
Le seul bémol qui pourrait être soulevé concerne les exemples qui sont généralement illustrés par des images sans explications textuelles. Il aurait pu être utile d'apporter plus de précisions écrites.
QUALITE DU MATERIEL 16,5
La boîte du jeu est plus grande que celle de KingDomino mais il aurait été très difficile de faire autrement, compte tenu de l'augmentation des pièces disponibles dans le jeu : en plus des tuiles, des châteaux en carton et des pions pour représenter les joueurs, cette version se voit agrémentée de tours grises, de chevaliers noirs, d'un jeton dragon et d'un jeton reine, d'un plateau central et d'une pile de tuiles bâtiments.
Il faut ajouter à cela le livret de score qui accompagne le jeu, un élément toujours satisfaisant pour les joueurs. Tout rentre parfaitement dans la boîte, avec un insert d'une qualité moyenne mais qui fait son office, en matière d'organisation.
Le seul reproche qui pourrait être fait au matériel concerne, selon moi, la taille des chevaliers. Ils sont très petits (un peu trop, et pourtant, j'ai des doigts de secrétaire) et sont souvent difficiles à poser sur les tuiles.
Le gris des tours, et le noir des chevaliers, ainsi que la couleur du plateau bâtiments, ternissent un peu la lumière et les couleurs vives des illustrations de Cyril Bouquet. KingDomino a aussi su marquer la communauté ludique par la qualité du travail d'illustrateur de Cyril Bouquet. Ses illustrations chatoyantes, le choix des couleurs, éclatantes et attirantes pour les curieux qui se baladent le long des tables de démonstration, font clairement partie de l'identité visuelle du jeu, et pourraient expliquer une partie de son succès phénoménal. Le gris et le noir des nouveaux éléments qui constituent QueenDomino, lisibles et suffisamment efficaces mécaniquement parlant, n'en demeurent pas moins tristes à manipuler et observer.
THEME 13,5
Le pitch du jeu se rapproche forcément de KingDomino, avec pour thème, aisé à comprendre et relativement bien exploité mécaniquement, l'expansion seigneuriale. Vous êtes un seigneur en quête de terres, et l'idée va être, du mieux possible, d'organiser ces terres en gardant à l'esprit une productivité efficace. L'ajout des bâtiments permet au jeu de conserver cette dimension thématique cohérente. Les chevaliers qui viennent ponctionner l'impôt, la Reine qui visite les terres, les tours de garde pour défendre votre royaume... tout semble concorder. Le dragon est au final le seul élément fantastique que le jeu propose mais cela n'empêche en rien de créer du sens en terme de narration.
Bien sûr, il vous sera difficile de raconter une histoire passionnante après une partie, même si celle-ci s'avérait endiablée et avec une victoire sur le fil. Le hasard de la pioche des tuiles, présent même s'il est moins pesant sur le score final, sera compensé par des choix opportunistes et un bon sens du timing. Les histoires que vous vous raconterez seront plus mécaniques que narratives, soyons clairs, mais le thème est astucieusement respecté.
DUREE DE VIE 15
L'auteur a réussi, en plus de proposer une expérience renouvelée et approfondie par rapport à son Spiel des Jahres, à créer des variantes amusantes qui font du jeu un plaisir que l'on a envie de revivre régulièrement. La durée de vie de votre QueenDomino est d'autant plus grande si vous avez déjà le premier opus. En effet, l'auteur parvient à intégrer KingDomino dans cette nouvelle version en proposant plusieurs variantes : deux qui font écho à celles qui étaient déjà proposées dans le premier jeu (la variante 5 sur 5, avec 5 ou 6 joueurs, et 7 sur 7 avec 3 ou 4 joueurs) et une originale qui permet de jouer de 6 à 8 joueurs en équipes.
Le hasard des tuiles royaume, combiné aux différents éléments nouveaux du jeu en font une expérience beaucoup plus riche que celle qui était proposée par KingDomino. Les tuiles bâtiments, la gestion du timing des joueurs qui feront des choix différents selon les parties, tous ces éléments participent à la richesse et à la rejouabilité proposées par le jeu.
MECANISMES 14
Les tours sont moins fluides que dans KingDomino mais ça paraît logique vu le nombre d'actions qui sont désormais disponibles à chaque tour. Difficile de conserver la fluidité exemplaire du premier de la série en y ajoutant tant de mécaniques. Il n'en demeure pas moins que les tours défilent à une vitesse folle et que les joueurs n'auront que rarement l'occasion de se plaindre de s'ennuyer pendant leur tour.
Les choix ne sont pas toujours évidents et il faudra parfois laisser un peu d'espace à un autre joueur en favorisant sa propre réussite seigneuriale mais il est clair qu'observer les stratégies et les choix effectués par ses adversaires sera essentiel pour atteindre la victoire. Si vous commettez l'erreur de rester inactif ou de ne pas intervenir dans le déroulement stratégique d'un adversaire, vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-même si vous perdez lamentablement. L'auteur est connu pour la qualité de ses designs mécaniques et croyez-moi, QueenDomino, même si une part de hasard demeure, est loin d'être un jeu facile. Le changement d'âge indiqué sur la boîte n'est pas un détail à sous-estimer.
Une grande part est laissée à l'opportunisme. Et ce genre de jeux n'est pas pour me déplaire. Il sera peut-être difficilement abordable pour les habitués de KingDomino qui ne se sont pas encore aventurés dans des contrées mécaniques plus complexes, mais cette tentative d'inviter des joueurs casual à s'essayer à un jeu plus profond tout en partant des bases mécaniques du jeu précédent est louable.
J'adore KingDomino. Pour la simple raison que je le considère comme un jeu à la pureté mécanique exemplaire. Le premier jeu, qu'on a presque envie d'appeler jeu de base parfois, est accessible, joliment réalisé, matériellement irréprochable et possède un charme thématique indémodable, alors qu'il est pourtant d'apparence un peu désuète ou surexploitée.
Je le préfère à QueenDomino, un jeu un cran plus expert et qui créera des écarts de score beaucoup plus conséquents si le niveau des joueurs à la table est trop différent. Cette complexité, un défi qui aurait pu se conclure par une expérience de jeu très artificielle, est parfaitement maîtrisée.
Le travail graphique, de Cyril Bouquet encore une fois, est très réussi même si on regrette des touches plus ternes. En tout cas, l'intégration des illustrations dans la lecture mécanique est une réussite.
QueenDomino ne remplacera pas KingDomino pour mon entourage et moi. Ce dernier m'a permis de faire découvrir le jeu de société à de nombreux amis qui ne s'y étaient jamais intéressés. QueenDomino restera plutôt un jeu auquel je jouerai avec mon épouse, comme un jeu moyen en termes de difficulté. Il plaira beaucoup à ceux qui trouvaient que KingDomino ne les emmenaient pas assez loin.
- Joliment réalisé
- Evolution mécanique du jeu qui paraît naturelle
- Pions Chevaliers trop petits
- Couleurs ternes des nouveaux éléments
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