Dans un Eurogame, je ne m’attends pas à ce qu’un jeu me porte par son thème, mais plutôt par sa mécanique, qui doit être cohérente. Endeavor Eaux Profondes réussit les deux. Mécaniquement, tout est logique, mais on vit aussi le jeu par son thème, on déplace nos sous-marins, scanne l’océan à l’aide du sonar avec un de nos spécialistes, découvre de nouvelles espèces, etc. À travers les 10 missions du jeu, un fil narratif se tisse, on cartographie les abysses dans la deuxième, on étudie la faune et la flore des profondeurs, dans la quatrième, on part à la recherche de l’étoile des mers, notre plateforme de lancement qui a été balayée par une tempête et qui git par le fond... On sauve des espèces marines d’une marée noire dans une autre, etc. C'est bien vu. 

Endeavor Eaux Profondes reprend la mécanique de son grand frère. Nous jouons en plusieurs manches et chacune d’elles a une structure identique. D’abord, nous choisissons une tuile spécialiste qui nous donne une avancée sur une ou plusieurs des quatre pistes de technologie. 

Chacune ayant son importance. La première option nous donne accès à des experts de haut niveau. La seconde augmente le nombre de jetons, ce qui signifie plus d’actions. La troisième permet de récupérer des jetons sur nos spécialistes, ce qui est crucial pour leur redémarrage. Enfin, la quatrième option permet à notre sous-marin de se déplacer plus loin et plus profondément.

Dans sa phase d’action, on place un jeton sur une de nos tuiles spécialistes et l’on réalise l’action (ou les actions) et l’on passe au joueur suivant. La mécanique est “simple” et fluide, toutefois, on peut avoir des phases d’intenses réflexions. 

Le jeu demande beaucoup de planifications, en sachant que les objectifs sont connus à l’avance, mais il faudra aussi s’adapter aux tuiles découvertes (grâce au sonar) et aux actions des adversaires.
On retrouve un peu d’interaction semi-positive, par exemple, quand on relie sur une tuile une action de conservation avec une autre, dans ce cas, les joueurs bénéficient d’un petit gain. Certaines tuiles donnent aussi un pouvoir à tous ceux qui ont contribué, comme la plateforme pétrolière. Mais l’interaction est aussi présente avec les objectifs de majorités, mais aussi l’opportunisme ou tout simplement la course. On peut parfois couiner parce qu’un joueur a réalisé une action que l’on désirait accomplir et qu’il faut changer de plan. Mais le jeu reste toutefois assez ouvert et l’on rebondit assez facilement.

Laissez-moi maintenant vous parler de la version coopérative.

Souvent, quand un jeu propose plusieurs versions, je tique, cela me laisse l’impression que l’auteur n’a pas voulu choisir et je crains quelque chose de peu finalisé.

Mais cette version est pour le moins intéressante : il faut réaliser 3 objectifs en commun (selon le plateau Mission), plus 3 sous forme de cartes qui interviendront lors des 3 premières manches.  S’il peut y avoir un peu de constipation neuronale dans la version compétitive, ici elle est bien plus affirmée. Pour l’emporter, il faut optimiser le moindre coup et attention, l’effet leader est bien présent. Il vaut mieux le savoir, si un joueur décide de prendre le contrôle du jeu, il peut le faire, rien n’est caché et le planificateur extrême est comme dans un poisson dans l’eau. Cela n’en fait pas un mauvais mode, mais il faut le réserver à des gens qui savent s’écouter, partager, pas au joueur alpha. 

Dans ce mode, on est vraiment dans un énorme casse-tête où chaque coup est important, sur certaines missions, on a eu l’impression que parfois, la chance avait joué son rôle dans notre succès, ou la malchance. Certaines cartes semblant un peu incompatibles avec certaines missions. D’autres au contraire, se marient assez bien. Cela ne nous a pas empêchés d’enchainer les différentes missions avec l’envie d’y revenir. Toutefois, je conseille ce mode à deux joueurs uniquement. Pour ce mode, on a ajouté des dés qui servent de compteurs pour ne pas avoir à tout le temps surveiller chaque objectif.