Tempête sur l’échiquier revient
En 1991 sortait un jeu de Bruno Faidutti et Pierre Clequin chez Ludodélire qui proposait de faire souffler une grosse bourrasque sur le vénérable jeu d’échecs. On parle d’un jeu qui possède des règles relativement simples, mais avec des quantités d’ouvertures différentes aux noms baroques qui font voyager : ouverture italienne, sicilienne, catalane, défense Petrov, défense scandinave, défense Benoni, etc. Un jeu qui ne permet pas l’approximation et qui nécessite beaucoup d’apprentissage jusqu’au plus haut niveau.
Avec Tempête sur l’échiquier les deux auteurs transformaient ce jeu traditionnel de pure réflexion tactico-stratégique en un jeu de cartes qui mettait en avant le chaos le plus total. Concrètement, on garde les règles des échecs, puisqu’il faut toujours mettre Échec et Mat le roi adverse, mais chaque joueur débute avec 5 cartes en main. Elles vont littéralement retourner le jeu ; âmes sensibles, s’abstenir !
Par exemple, vous pouvez téléporter une pièce sur une de ses cases de départ, ou bien envoyer un laser qui va littéralement désintégrer les pièces sur son passage, ou permuter votre fou avec celui de l’adversaire. Parfois des pions adverses changent de camp. Quelques cartes permettent même d’annuler l’effet d’une carte jouée. Ouch !
Je me demande si Magnus Carlsen, qui est probablement un des plus grands joueurs d’échecs que la terre ait porté, ne validerait pas cette version. Si je dis cela, c’est parce que le champion a pris la décision à un moment donné de sa carrière de ne plus défendre son titre, car, pour lui, les échecs étaient devenus surtout une forme d’apprentissage des différentes ouvertures. En clair, il ne s’amusait plus, et il a décidé de jouer en Blitz, c’est-à-dire avec un temps limité qui pousse à faire plus facilement des erreurs. Il a même joué avec des mises en place non conventionnelles dans l’objectif de sortir de ses modèles de préparation d’ouverture. Si le sujet vous intéresse, Julien Song un Youtuber français spécialiste du sujet, lui consacrait une vidéo. Allez-y de notre part ! Vous apprendrez que dans une partie d’échecs jouée par deux IA, ces dernières finissent par tricher 😉
Mais voyons, revenons au jeu
Ce jeu pourrait déplaire aux adeptes d’échecs qui apprécient sa structure, son ordre, et sa rigueur mais il pourrait séduire quelqu’un qui connaît les règles du jeu, mais pas le jeu lui-même. Le chaos offre des opportunités supplémentaires pour sortir son épingle du jeu. Il faut apprécier aussi le côté farfelu de la proposition.
Les illustrations sont signées Gérard Mathieu (son site) qui a un rapport assez particulier avec le jeu puisque c’est lui qui a fondé Ludodélire en 1984 (le première éditeur du jeu, vous suivez). Ces illustrations font partie du charme du jeu, elles ont ce côté décalé que l’on peut reconnaitre dans des caricatures de presse comme Alternatives économiques ou Le Monde, ce qui sied bien à la proposition un peu gaguesque du jeu.
Deux boites sont sorties, Tempête sur l’échiquier et Tempête sur l’échiquier 2. L’édition éditée par Variantes comprend les deux dans la même boite avec pas moins de 160 cartes différentes.
Tempête sur l’échiquier pouvait se trouver en magasin mais de manière assez confidentielle, il est donc de nouveau disponible en boutique, distribué par Wilson Jeu sur tout le territoire (vendu à un prix conseillé de 20€).
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