Tales of Kunugi : vis ma vie de Kodama
Il était une fois une table où trônait un magnifique arbre en bois avec des branches se déployant jusqu’au ciel, tout plein de décorations, lanternes, guirlandes japonaises, mais aussi feuilles et nids d’oiseaux.
Ni une, ni deux on s’assoit pour découvrir ce coopératif qui va demander de la dextérité, de la précision et un peu de logique pour réaliser les différents objectifs.
Tales of Kunugi est une création de Nils Koenig chez Frenchy Kuma, un petit éditeur franco-japonais. Le projet a été lancé sur Ulule en juillet de cette année et devrait être livré courant décembre. Il sera distribué en français par Wilson jeux en 2025.
Esprit des bois, levez-vous
Nous incarnons des Kodamas, ces petits esprits de la forêt que nous avons déjà vus dans le chef d’œuvre de Hayao Miyazaki (Princesse Mononoke pour ne pas le nommer) et nous devons redonner vie à notre vieux chêne Kunugi.
Le jeu est découpé en saisons qui sont autant de phases : en hiver on ramasse des rameaux et des décorations que l’on va placer au printemps pour les rameaux et en été pour les ornements. Ces éléments sont piochés au hasard en retournant des jetons, mais on peut choisir leur taille pour certains, par exemple préférera-t-on une petite feuille pour ne pas trop alourdir notre branche, ou bien une grande afin d’y placer un nid ? Voilà le genre de petits dilemmes que l’on aura en jeu et qui nous demandent parfois d’apprécier les distances et la stabilité d’une branche. En automne on pourra ramasser quelques donguri (glands) que l’on va gagner en prenant un peu de risque et qui seront une monnaie pour replacer un élément que l’on aurait fait tomber ou pour améliorer notre décoration.
On repart pour une nouvelle année et au bout de cinq ans on peut contempler notre œuvre et compter les points. Vous avez un ou deux objectifs publics et des objectifs privés, sachant que vous ne pouvez pas communiquer directement dessus, mais vous pouvez néanmoins faire comprendre à vos coéquipiers en plaçant vos ornements.
Le jeu pourrait se contenter du défi lié à la construction, d’autant que c’est un aspect un peu zen … Enfin zen … mais aussi stressant quand vous devez placer une lanterne ou une guirlande tout en haut et que cela ne tient qu’à un fil. Le plaisir de la construction pourrait donc se suffire à lui-même et on aurait pas besoin des points après tout. Sauf que ce sont eux qui nous poussent à prendre des risques et nous dépasser.
Un arbre pousse, des branches se tendent vers le ciel, un nid tombe.
L’exercice demande beaucoup de patience et de précision car on n’est jamais à l’abri de la catastrophe si on s’empresse un peu trop et que l’on fait preuve de maladresse. Dans notre partie on a cassé (fait tomber) deux branches et malheureusement on ne peut pas replacer une branche cassée, nos esprits de la forêt ont beau avoir quelques pouvoirs ils restent limités.
L’édition est somptueuse et solide, tout est en bois type contreplaqué peint à l’exception des tuiles objectif. Il pourrait y avoir quelques simplifications, l’auteur, Nils Koenig, a préféré une justification thématique à une épure mécanique, et cela s’entend, se comprend, mais peut se discuter. D’ailleurs, précisons que nous avons joué sur une version prototype, l’éditeur nous a annoncé avoir retravailler quelques éléments d’ergonomie sur les objectifs justement, qui seront déclinés en niveau de difficulté, ainsi que certains ajouts pour faciliter la compréhension.
Je ne suis pas spécialement adroit, mais j’aime beaucoup les jeux d’adresse en trois dimensions. Il y a un aspect de construction qui est satisfaisant. J’aime bien voir le château de carte de Super Rhino Héro Battle se construire ou les pylônes de Nekojima monter dans les hauteurs. Tales of Kunugi va dans toutes les directions. Il ne joue pas complètement sur la performance (mais un peu quand même) et nous propose de construire une œuvre vraiment poétique.
Attention, il faut aimer le genre et apprécier de prendre son temps. Si vous n’êtes pas charmé par le jeu, son univers, son esprit, il se pourrait alors que vous passiez à côté et que vous y voyez plus un bel objet qu’une proposition ludique et je ne saurais vous donner tort.
Un titre franco-japonais qui n’est pas pour tout le monde, mais qui pour moi fait partie de ces jeux qui ont une âme. Il y a une poésie qui se dégage dans Tales of Kunugi, notre arbre part du tronc et on le voit prendre vie, les branches vont dans différentes directions en fonction des objectifs. Un coup de cœur pour ma part, et j’ai trop hâte de jouer avec ma fille qui adore Nekojima.
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