Street Fighter Rivals : Braverats chez Capcom

Le Game Market d’automne s’est déroulé au mois de novembre 2015 et, bien que j’ai couvert le salon et une partie des jeux qui y étaient disponibles, je ne suis pas encore revenu sur certains jeux présents de façon précise.

Commençons donc par un auteur bien connu des Game Market, Seiji Kanai. Le dernier jeu que l’auteur désormais célèbre de Love Letter avait sorti est Eight Epics. Je ne me suis jamais trop intéressé à ce jeu, même si j’y ai joué plusieurs fois et que Seiji m’a demandé deux jours avant l’ouverture du salon d’Essen de traduire les règles et les cartes de l’extension ! Il y a beaucoup de bonnes idées mais je n’ai jamais vraiment creusé. KURO, l’un des auteurs japonais les plus prolifiques que je connaisse, inspiré par ce jeu, en a d’ailleurs réalisé une variation sur thème : Eight Epics Hakkenden. Il serait intéressant de voir de quelle façon KURO a réinterprété le jeu de Seiji Kanai. Une idée d’article !

 

La version de Eight Epics, revue par KURO et adapté d'un film de Kinji Fukasaku !

La version de Eight Epics, revue par KURO et adaptée d’un film de Kinji Fukasaku, 里見八犬伝 Satomi Hakken-den !

 

Pour le Game Market de novembre, Seiji Kanai avait apporté un nouveau jeu de cartes. Street Fighter Rivals. En lisant le nom du jeu, je me suis demandé si l’auteur n’avait pas eu l’idée de mélanger R (renommé R-Rivals dans les récentes éditions japonaises du jeu [NDLR : vous le connaissez en France sous le nom de BraveRats) et Street Fighter, un des meilleurs jeux de baston de l’univers ! Ne me demandez pas d’y jouer avec vous, par contre… je dois être l’un des plus mauvais joueurs de Street Fighter au monde.

Mon idée saugrenue a depuis été confirmée par le jeu ! Oui, Seiji Kanai a bien créé une version de R dans l’univers de Street Fighter. Ni une ni deux, je me suis rué dessus lors du Game Market. J’ai d’abord été surpris par le prix du jeu (2700 yens lors du Game Market), mais en y réfléchissant, je suppose que Seiji doit payer une bonne partie de ses droits d’auteur à Capcom… Par contre, pour ceux qui s’y intéresseraient, après la lecture de l’article évidemment (!), sachez qu’il est désormais disponible autour de 2000 yens, soit une quinzaine d’euros.

La boîte du jeu !

La boîte du jeu !

 

Le jeu se joue uniquement à deux, et c’est tant mieux parce que je trouve ses jeux à deux exceptionnels. Les parties durent de 5 minutes à une quinzaine, grand maximum, à moins d’y jouer avec Google Translate.

Il y a quoi dans la boîte ?

La boîte ne contient que des cartes. 90 cartes ! C’est beaucoup plus que R-Rivals/BraveRats mais ce nombre s’explique assez simplement. Mais encore faudrait-il que je vous explique le concept du jeu. Décidément, je perds de plus en plus souvent le sens des priorités.

Les joueurs vont incarner certains des personnages du jeu de Capcom. Il y en a 8 dans la boîte et chacun des personnages dispose de 10 cartes. On retrouve donc Ryu et Ken, bien évidemment, ainsi que d’autres personnages très représentatifs de la licence comme Chun-Li, Zangief et Guile mais aussi d’autres moins connus comme Dudley, Juri et Poison.

Les 8 personnages présents dans le jeu !

Les 8 personnages présents dans le jeu !

 

Aux 80 cartes personnages s’ajoutent 8 aides de jeu, reprenant les signature moves des différents héros et héroïnes du jeu et deux jauges de vie.

Première surprise, les cartes sont illustrées avec de vraies images du jeu de Capcom, des captures d’écran un peu floues mais qui vous laissent entrer très rapidement dans l’univers de cet excellent jeu de baston. Difficile à dire, en réalité, si les images proviennent de photos prises par Seiji lui-même ou s’il a pu accéder à une banque d’images mise à disposition par Capcom.

Pourtant, en relisant le livret de règles, on remarque que le nom de l’illustrateur du jeu est 別天 荒人, Betten Kouto, un mangaka. Il semble n’avoir aucun lien particulier avec la création des personnages de Street Fighter, mais si on se rend sur son compte Tumblr, on s’aperçoit qu’il y a des tonnes de concept art sur les personnages du jeu de Capcom. Il est sacrément bon, le bougre… Le jeu serait donc illustré avec du FanArt !

Ryu par Betten Kouto

Ryu, toujours avec un sac de sable sur l’épaule !

Chun-Li par Betten Kouto

Les cartes sont d’une qualité raisonnable (un peu trop fines à mon goût) et le graphic design est efficace et joliment réalisé.Il en va de même pour la boîte du jeu, invitation que les amateurs du jeu vidéo pourront difficilement refuser.

Comment ça se joue ?

Je vais partir du principe que vous savez déjà jouer à BraveRats. D’une, ça me facilitera la tâche et de deux, si vous ne savez pas comment y jouer, ça vous obligera à aller vous renseigner sur ce premier jeu, que tout le monde devrait avoir dans sa collection ! [NDLR : Ludochrono, vidéorègle et explications sont sur la fiche]. 

Chacun des deux joueurs choisit un personnage. Dans notre combat de démonstration, nous avons choisi les deux personnages les plus emblématiques de la série : Ryu et Ken. Les joueurs reçoivent 11 cartes, 10 cartes avec les coups que leur personnage peut porter et 1 carte aide de jeu. Ils auront aussi en main une carte jauge de vie qui leur permettra de savoir à tout moment combien de points de vie il leur reste, et quand ils pourront déclencher leurs coups spéciaux ! Parce que oui, Seiji a pensé à intégrer la Super Combo et l’Ultra Combo, deux cartes résolument dévastatrices si vous parvenez à les placer.

 

Super combo à gauche et Ultra combo à droite !

Super combo à gauche et Ultra combo à droite !

 

La première étape du jeu sera de sélectionner 8 cartes parmi les 10 disponibles. Des deux cartes mises de côté, une sera posée face cachée sur la carte jauge de vie, et l’autre sera posée face visible devant le joueur. Déjà, l’adversaire pourra commencer à faire quelques calculs pour savoir comment contrer et attaquer efficacement.

Les valeurs représentées sur les cartes sont l’initiative : 1 carte pour les valeurs allant de 0 à 5 et deux cartes pour chacune des valeurs 6 et 7 pour Ryu, par exemple. Les personnages présentent quelques différences.  

Lorsque les deux joueurs sont prêts, ils posent chacun une carte devant eux face cachée puis la retournent en même temps. Le moment de vérité est arrivé. Le joueur dont la carte a l’initiative la plus élevée peut déclencher l’effet spécial de sa carte et causer des dommages à son adversaire. L’autre joueur n’a plus qu’à attendre de prendre un coup ! Et hop, un ジャブ (un petit direct). Si les deux joueurs jouent une carte dont l’initiative est égale, l’effet spécial de leur carte est annulé mais les deux joueurs prennent malgré tout les dommages !

On joue ainsi jusqu’à ce que l’un des deux joueurs soit mis KO. Simple comme bonjour !

Mais c’est bien ?

Comme je l’ai déjà écrit, je n’ai pas pu résister à la tentation d’acheter ce jeu dès que je l’ai aperçu, posé en piles bien rangées, sur le petit bureau d’écolier de Seiji Kanai lors du Game Market. Bien m’en a pris.

Je dois vous avouer que les jeux de Seiji Kanai m’inspirent moins que ceux d’autres auteurs japonais mais je me renseigne toujours sur ce qu’il a à proposer. Même s’il tombe parfois dans la facilité en rééditant ces jeux sous d’autres noms, certes en y apportant parfois quelques modifications (R-Rivals pour R, MagiArena pour Cheaty Mages), il reste un auteur à suivre.

La question que je me pose, c’est de savoir s’il s’agit d’une commande Capcom, ou d’une idée originale de Seiji Kanai. J’ai eu la réponse à ma question en allant jeter un coup d’œil à une interview que l’auteur a donnée au site 4Gamer lors du Tokyo Game Show :

カナイセイジ氏:
 いつもお世話になっているキュービストさんが,ゲーム系の版権に強いと聞きまして,コラボ先を探してもらっていたんですね。そうしたら“対戦もの”であるストリートファイターシリーズではどうかというお話をいただけて……まさかという感じだったので,すごく嬉しかったですね。しかも,イラストは超有名な別天荒人さんに描いていただいて,もはや恐縮ですらあります。

Seiji Kanai explique que l’éditeur japonais Qbist, (qui est à l’origine de la sortie de R-Rivals et Magi-Arena), a des connections fortes avec certains éditeurs de jeux vidéo. Qbist lui a ainsi proposé de travailler sur la licence Streep Fighter ! Il était évidemment très heureux. En plus de ça, le célèbre Betten Kouto a accepté de travailler sur les illustrations.  

Dans le livret de règles, Capcom est cité pour la direction du jeu, mais on peut supposer qu’il s’agit surtout d’un droit de regard. L’éditeur de jeux vidéo doit être très stricte avec l’utilisation de l’une de ses licences les plus connues…  

Je m’étonnais de ne pas voir de traduction française des règles sur BGG. Du coup, j’ai demandé à Sathimon, qui traduit tous les jeux de Seiji Kanai, si ce dernier lui avait demandé de le faire prochainement. Après vérification (merci à Sathimon !), Seiji a répondu que la licence Street Fighter étant gérée de façon très restrictive, il ne faut pas trop compter sur des éditions hors Japon.  

Street_Fighter_Logo

Toujours est-il que le jeu tourne très bien, les parties sont rapides et les mécaniques, très proches de R, réussissent à ne pas l’évoquer à chaque fois qu’on y joue. Preuve, s’il en est, que Seiji Kanai a réussi son pari de proposer une expérience nouvelle avec des mécaniques bien rôdées.

Les personnages, autre point positif, sont tous différents. Même si les cartes proposent des effets assez semblables, les noms attribués aux coups sont familiers et personnalisés. Les célèbres Hadoken et Shoryuken de Ken et Ryu 波動拳, 昇龍拳, par exemple, le ソニックブーム, Sonic Boom, pour Guile, … et les combo Super et Ultra sont bien intégrées avec un mécanisme de déclenchement parfaitement réglé. La combo Super est utilisable à partir de la cinquième carte jouée et la combo Ultra n’est disponible que si le personnage a 5 points de vie ou moins (avec une initiative de 1, cette carte est difficile à placer, comme dans le jeu vidéo !).

 

Quelques coups de Ryu

Quelques coups de Ryu

 

Tous ces réglages permettent de laisser les joueurs entrer dans le monde du jeu de société à travers l’un des grands succès du jeu vidéo. C’est là le plus beau défi que Kanai est parvenu à relever, et je mettrai ma main à couper qu’il s’agissait de l’un des objectifs annoncés à la création du jeu : permettre à des joueurs habitués aux jeux vidéo de se réapproprier un univers qui leur est connu sous la forme d’un jeu de cartes, les invitant discrètement à découvrir tout ce que le monde du jeu de société a à offrir.

À chaque partie, on a vraiment l’impression de jouer au jeu d’arcade à la différence qu’une fois qu’on a acheté le jeu, le message insert coin n’apparaît jamais ! À moins que vous ne décidiez d’un faire une variante maison.

Si jamais certains d’entre vous décident d’acquérir le jeu, et que Seiji ne demande pas la traduction à Sathimon, n’hésitez pas à me contacter. Si vous êtes suffisamment nombreux, je me fendrais d’une traduction des cartes. 

 

> La fiche du jeu

Un jeu de Seiji Kanai
Edité par kanai Factory
Pays d’origine : Japon
Langue et traductions : Japonais
Date de sortie : 2015
De 2 à 2 joueurs , Optimisé à 2 joueurs
Durée moyenne d’une partie : 5 minutes

 

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10 Commentaires

  1. madtranslator 25/02/2016
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    Arghhh !! Chanceux que tu es Maître Izo ! Merci pour cet article, maintenant il me fait envie ce jeu !! 😉

  2. M3th 25/02/2016
    Répondre

    Excellent. Un jeu qui a le fumet de la jeunesse. Rien que pour cela il me fait envie. Merci pour l article.

  3. gusanoman 25/02/2016
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    Très bon article, comme toujours. De même que mes petits camarades, je bave :-).

    Par contre, autant pour les jeux anglais je sais où m’approvisionner, concernant les jeux japonais, là, c’est le point d’interrogation.

  4. atom 25/02/2016
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    Tout pareil en plus j’avais bien aimé Brave rats (alors que je ne suis pas fan en général des jeux minimalistes).

  5. TSR 25/02/2016
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    Rhaaa t’es lourd !!! Need.

  6. Izobretenik 27/02/2016
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    Ah ah, content de vous donner envie 🙂 Ca a du bon de vivre au Japon, non ? taunt

    Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient le trouver, une grande enseigne en ligne, dans sa version japonaise, le propose.

    Je n’en dis pas plus !

     

    • TSR 27/02/2016
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      Pour une raison étrange, mon compte semble ne pas fonctionner sur la boutique de la région…

      • gusanoman 27/02/2016
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        De même, mon compte marche en France et USA mais pas sur la plateforme Japonaise. Ce doit être comme Itunes Japon, j’avais du créer un compte avec une adresse japonaise (celle de la copine de ma fille) pour utiliser une carte Itune Japonaise.

  7. captncavern 28/02/2016
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    J’ai fait une partie avec Chen Li contre Guile… gagnée au dernier point de vie. C’est très tendu, ça donne effectivement l’impression d’être devant sa console, mais ça reste quand même super léger et hasardeux. Bref, pas trop pour moi, mais un bon jeu quand même.

    • Izobretenik 29/02/2016
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      C’est sûr que c’est léger, mais je pense que c’est en partie l’intention de Seiji Kanai. Et puis, R, tout aussi tendu, laisse une place au hasard (ce que ceux qui le contrôlent mieux appellent ici le « mind game »). Je pense que le jeu plaira clairement aux amateurs de petits jeux de cartes à deux qui aiment en découdre en 10 minutes !

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