Small is beautiful # 61 : exploding pigeon, 2 win, mais qu’est ce que tu fais ?!, moustache, brokies, insurrection, brick like this, 13 feuilles, Neko syndicate, machu pichu, plan de secours, cat days, woof days
Difficile cette fois de trouver une foultitude de petits jeux qui surprennent, étonnent ou simplement donnent envie d’y revenir. Quantité rime rarement avec qualité. On l’a déjà dit, on le répète. La dernière visite en boutique du commercial d’un éditeur bien connu nous a laissé pantois, une dizaine de jeux sans âme, réchauffés, singeant les succès en place. Aujourd’hui, ce sont 17 titres nouveaux qui ont débarqués. La curiosité n’est plus de mise, il va falloir, comme pour les livres ou la musique, creuser un peu plus loin si l’on veut retrouver le sourire.

Exploding pigeon

Exploding Kittens n’est pas l’éditeur qui innove. Ses titres ne font que surfer sur de l’existant qui a fait ses preuves. Suivant cette ligne directrice, le pigeon posé sur ses bâtons de dynamite reprend ce qu’il propose pour les plus petits chez Loco cotte secoue toi le piou piou tin (si si). Un dé dans une boîte transparente. La boîte est ici en forme de pigeon. À l’intérieur, un dé, chacune de ses faces affichant une contrainte. On secoue pour faire deviner un mot ou autre : dessiner, mimer, parler, mais aussi jouer au chifoumi, déployer ses ailes de pigeon en rou hou hou coulant ou relancer. Principe de la patate chaude, la boite pigeon va elle aussi roucouler non stop de 45 à 120 secondes et il ne faut pas l’avoir en main quand le piaf explose. C’est clair que ça ne vole pas haut, que c’est du réchauffé de chez réchauffé, et pourtant ce jeu sous tension touche au but avec excellence pour des parties dynamiques et d’une débilité jouissive.
Edité par Exploding Kittens
13 feuilles

L’auteur de Paper Tales revient avec un jeu de pose de cartes au thème floral (c’est la tendance ma bonne dame). Jeu japonais, on se doute bien que rien ne va être évident. C’est le cas. On pose une valeur, elle devient le centre d’une ligne à venir. Les cartes suivantes iront d’un côté ou de l’autre de cette valeur (sur sa droite ou gauche). Si je mets un 5 au centre, je peux poser 1/2/3/4 avant ou de 6 à 13 après. Première subtilité, si je mets un 10 par exemple, plus personne ne peut placer les valeurs 6 à 9. Si je pose une paire, il faudra suivre le mouvement…
Faut-il y aller à l’économie, faut-il bloquer la manche en posant quatre cartes d’un coup, temporiser ? Comme dans Scout, si on ne peut pas jouer, on passe et on récupère une carte posée, ce qui peut débloquer la situation. Là où il fallait poser une paire, nous voilà à nouveau avec une carte unique. C’est un jeu de carte, le tirage a donc son importance, mais on apprend aussi à ne pas dévoiler son jeu trop rapidement, à prendre pour mieux revenir…
Jeu malin, il ne faut pas y jouer trop nombreux, on se fait éliminer trop vite, et un tirage vous donnant une grande suite (carte unique) est pénalisant. Avec l’automne, ce 13 Feuilles est à ramasser et, pour une fois la boîte biseautée convient bien à ce titre (je ne suis pas très fan de ce nouveau packaging d’ordinaire).
Neko syndicate

Imagerie anthropomorphique pour des chatons visiblement mafieux, ce jeu parle en réalité de cuisine. Il faut récupérer des poissons de types variés (bar, saumon, maquereau, thon), les stocker, les amener au restaurant au plus vite, certains nécessitant un accompagnement de riz cuisiné pour honorer les commandes. Le but du jeu va être de piocher et de positionner judicieusement des cartes lieu/effet afin de créer une chaîne parfaitement fluide pour réaliser au mieux toute cette popote.
C’est sous forme d’une structure pyramidale que l’on va ériger notre chaîne de commandement. La carte départ située au sommet permet soit de piocher des lieux, soit d’en construire en les positionnant à côté ou sous d’autres cartes. Chaque carte propose des commandes à valider, deux emplacements (quartiers) et des effets. On va ainsi pouvoir récupérer des poissons, les transporter dans des espaces de stockage, échanger des ressources, les cuisiner et valider nos commandes. On peut même prendre le métro pour aller plus vite si on a créé la ligne.
Neko Syndicate est-il un jeu ? Pas vraiment, il s’agit d’un puzzle, casse-tête solo. On peut y jouer à 2, 35 ou 98, il n’y a aucune interaction. D’ailleurs, on joue en simultané. Le rendu et résultat sont par contre bluffant. On assemble sa pyramide et il faut penser à tout : le chemin que l’on va emprunter, l’ordre de ses actions, la puissance des effets (suivant l’étage de la pyramide, on ramasse plus de poissons, on avance d’un plus grand nombre de case…). Si les règles sont simples, c’est l’agencement parfait qui donne du fil à retordre. Un exercice mental rapide et consistant. Même si on n’aime pas le poisson, on retourne avec plaisir traîner dans le quartier.
Un jeu de Dani Garcia
Illustré par Jennifer Giner
Edité par Combo Games
Moustache

Avec Moustache nous ne sommes pas dans la barbe de 3 jours, on serait plutôt en sortie de chez le barbier. Le matériel est soigné avec des belles illustrations de Gorobei, toujours efficace et, tendance du moment, du vernis, de l’étincelant. Niveau mécanique, c’est également clinquant, il y en a partout. Voilà un jeu mouvant à tous les niveaux, les règles changent, s’accumulent, et les équipes ne sont pas figées : votre ennemi d’hier sera votre partenaire de demain.
Basiquement c’est un jeu de plis avec contraintes, comme on peut le voir dans Fluxx, le Roi des nains, le Barbu ou encore Red 7. On commence en tirant au hasard son partenaire puis une règle pour la manche (l’équipe qui a le plus de cartes bleues perd 5 étoiles (points)). On pourrait s’arrêter là mais c’est sans compter la hiérarchie des couleurs (qui peut s’inverser) qui va servir d’atout : le vert est en bas de l’échelle, plus faible que le rose, orange et bleu, ce qui fait que vous pouvez vous retrouver maître avec une carte rose si tout le monde a joué du vert. La manche terminée, on ajoute on seconde règle et on redistribue les équipes.
À la lecture de ce paragraphe vous vous doutez bien que c’est le foutoir. Les règles sont simples mais peuvent aussi faire des nœuds au cerveau si vous essayez de tout gérer. Ce qui ne sera pas vraiment faisable. Amateurs purs et durs de jeu de plis, cette Moustache va vous hérisser le poil, car au final, il s’agit plus d’un jeu pour mettre l’ambiance et s’amuser en dérapage incontrôlé que pour échafauder des stratégies. Si vous le prenez comme ça, nul doute que vous passerez un bon moment, sinon ce jeu deviendra vite rasoir.
Un jeu de Alexandre Aguilar, Jules Messaud
Illustré par Manu Gorobeï
Edité par Lumberjacks Studio
Brick like this !

Jeu de rapidité et de communication avec le matériel de chez Lego, il va falloir se faire comprendre de son coéquipier pour qu’il choisisse les pièces correspondantes au modèle que vous avez sous les yeux. Et que lui ne voit pas. Vous pouvez choisir le nombre de pièces composant la structure. De 5 a 8. 5 est plus facile mais rapporte moins de points. À partir du challenge 6, il faut avoir l’œil. Comment fait-on apparaître l’ombre d’un… crocodile au centre de la construction ? Un peu comme un tan-gram dont il faut retrouver toutes les formes, il faut ici traduire cette masse sombre en autant d’éléments qui compose sa structure. Euuuh. Et être bien clair avec son coéquipier.
Selon les contraintes, il n’aura pas le droit d’ouvrir les yeux, vous n’aurez pas le droit de prononcer le nombre de picots composant la brique… Les manipulateurs de Lego, les constructeurs de château ou de vaisseau spatial, celles qui triturent de la brique quotidiennement auront un avantage certain. D’ailleurs ce jeu rappelle un certain Brick Party (iello 2016), non ? Voilà un jeu dynamique avec un prix tout à fait raisonnable pour un produit de la marque. Un jeu qui crée l’ambiance si vous arrivez à voir au cœur des formes.
Un jeu de Luca Bellini
Edité par Dotted Games
Distribué par Asmodee
Insurrection

La Rébellion contre l’Empi… contre la reine Kristin (Kristin & the queen ?), le bien contre le mal… Jeu de cartes, de collection, d’effets qui se répondent, il n’y a pas, malgré cette opposition bien/mal, deux camps distincts. Chacun va essayer de marquer des points et faire, selon ses choix, et ce qu’il conserve, avancer le curseur vers l’obscurité ou pas.
On part avec un leader et 3 cartes peuple (les personnages). Le tour du jeu est simple, on pioche une carte et on en échange une de sa main avec le marché. La plus forte valeur choisit en premier (initiative). Et on regarde si les cartes du marché affichent des logos corruption. Si on en compte 10, le mal a gagné. À l’instar d’un Fantasy Realms, on va essayer de grouper des cartes qui se valorisent entre elles. Par exemple les Nains soldats valent 4 points/7 à partir du second, si vous avez le barde qui marque 6 points par paire de soldats, vous augmentez rapidement vos gains. Certains pouvoirs permettent de détruire des cartes du marché… Un ajout intéressant est ce chemin que parcourt le pion rebelle, un chemin de 6 cartes avec un effet ou pas (l’initiative pioche une carte leader/chaque joueur passe une carte à son voisin/la valeur la plus basse peut remplacer une carte du marché…).
Insurrection demande une partie de chauffe pour avoir une petite idée des personnages et du chemin. On pioche, on observe le voisin pour le freiner, on tente le bien, ah non le mal. Le jeu est vivant, bien fait, le petit chemin ajoute quelques effets bienvenus pour certains. S’il ne dépasse pas son modèle (Fantasy Realms) Insurrection est bien plus agréable que certaines de ses suites. À jouer minimum à 4 pour que ça couine sur le champ de bataille.

Un jeu de Tore Christian
Illustré par Louis Gennart
Edité par La Boite De Jeu
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Mais qu’est-ce que tu fais ? (Exploding kittens)
Exploding Kittens, encore une fois, avec un jeu sans auteur (une IA ?) recopiant l’existant sans se poser de questions ou tenter d’améliorer l’ordinaire. Ici, il faut mimer, dessiner, parler, avec, à chaque fois, une contrainte : mimer en jonglant avec un crayon, dessiner le front collé sur la table (oui, on ne voit pas grand chose) ou mimer en se tenant sur un pied… Le résultat n’est pas aussi foufou qu’on pourrait le croire, mais cela peut animer une fin de soirée.
Inclus un mode Rencard avec des cartes plus crues en rouge : minou, braguette, gland… Merci le niveau. Mais qu’est ce que tu fais ? Ben, j’me tire.
2 win (Blue Orange)
Couleurs flashy pour ce jeu où il faut être le dernier à pouvoir poser devant soi deux cartes de valeurs supérieures aux précédentes. Au début de chaque tour, on passe une carte au voisin. Chacun pose une paire devant lui (ex 12), on joue simultanément. Tout au long de la partie, il faudra poser des paires croissantes. Pour piocher de nouvelles cartes, il faut coller aux contraintes : afficher la valeur la plus puissante, posséder le plus d’étoiles, avoir 2 cartes identiques ou une colonne de 3 cartes de la même couleur. Mélange de petite stratégie et de chance au tirage (ou au draft), ça peut couler de source ou être subit. Il faut réfléchir aux tours à venir afin de maintenir une progression constante tout en réussissant à piocher. Si on ne peut plus poser, on est éliminé.
Je ne suis pas fan de la direction artistique de Blue Orange, mais qu’importe. Si l’idée du jeu est intéressante, à jouer il est beaucoup trop linéaire, pas dynamique, et manque clairement de petits effets pour créer les rebondissements apportant le sel manquant. Mais vous me direz que ce n’est pas un jeu d’ambiance mais de stratégie. Tant pis. Dans un esprit approchant, on peut préférer Ptits pois ou The Game.
Machu pichu (Spike games)
La petite carte de remerciement à l’intérieur de la boîte nous dis que ce jeu est le fruit d’une incroyable aventure, des dizaines de prototypes, de centaines de parties… et pourtant, aucun auteur ne figure sur la couverture (il faut chercher dans la règle). Peut-être parce que le jeu, à part ses illustrations soignées, ne propose qu’une resucée de Taco Chat Bouc…Jungle speed et autres jeux d’observation-rapidité. Deux lamas portent un bonnet, tapez au plus vite sur la pinata, la carte centrale.
Petit plus quand même, chaque carte affiche une syllabe MA/CHU/PI/, si cette séquence est visible criez « CHU » et tapez la pinata !! Un jeu fonctionnel, déjà vu, ni bon, ni mauvais.
Plan de secours (Iello)
L’alarme résonne et il faut retrouver son chemin dans les couloirs. Jeu de mémoire, on va, en partant d’une tuile au tracé droit ajouter, à chaque tour, une tuile de sa main : un virage, un carrefour, une ligne… Ajouter oui, mais sur la tuile de départ. Empiler serait plus juste. Ce parcours, il faut le visualiser sans le voir en globalité, l’imaginer. Si à un moment vous pensez qu’un tronçon ne va pas où il doit aller, qu’il fonce dans une autre tuile, n’hésitez pas à vous déclarer « Perdu » et arrêtez de jouer. On continue jusqu’à ce que tout le monde passe. Et on dépile. C’est amusant de voir comment on se trompe, que le chemin qu’on croyait gentiment décalé à gauche est revenu sur ses pas, à droite pour se bloquer tout seul. En l’état, le jeu s’essaie une paire de fois, on rigole de sa mauvaise cartographie. Peut-être faut il le voir comme un exercice de construction, de visualisation, car cela reste bien gentil. Pour étoffer la partie, des contraintes (s’il y a au moins 2 logos personnages identiques sur le chemin… c’est perdu) et dangers apparaissent quand on croise leur symbole. On tire alors une carte : le joueur suivant joue une tuile au hasard/jouez avec une tuile en moins, en plus/pivoter la pile/ le joueur suivant passe son tour… Wow !!! Un ajout plat, qui casse complètement le challenge et n’amène rien.
Une localisation japonaise minimaliste, amusante sur le principe, mais qui ne fait pas un jeu. La seule surprise vient du fait que la boîte luit dans le noir, comme une vraie sortie de secours. C’est peu.
Brokies (Musoka)
Si l’an dernier la redécouverte (il y a eu la vague Deep sea adventures etc…) des jeux japonais était une belle surprise, on peut penser que le filon s’épuise, qualitativement parlant. Si Nokosu dice (Just Played) ou Trio font le bonheur des soirées jeux, les titres qu’on voit apparaître commencent à baisser de niveau. On peut se dire qu’au Japon aussi, il y a des auteurs éclairés et d’autres moins inspirés. Brokies en est un bon exemple. Sans comparatif, on aurait pu s’extasier car le fond est tordu comme il faut, mais la forme est caduque.
Jeu de défausse, il faut vider sa main le premier. On pose une carte, ou plus si elles sont identiques. Il faut faire mieux et toujours monter. Si on ne peut pas, on pioche et on passe. Trois cartes spéciales viennent en aide. Le joker classique. Le + , la carte la plus amusante puisqu’elle permet une addition avec une carte de même valeur : vous devez battre 7, posez un 4+ et un 4, vous voilà à 8 ! et la carte Stop, le 1 qui termine le tour quoi qu’on fasse. Brokies à un petit air de déjà vu et ne se foule pas. On peut faire exprès de passer pour prendre une carte mais sans garantie aucune d’avoir ce que l’on veut. Le 1 est carrément déséquilibré car beaucoup trop puissant. Une joueuse qui en possède plusieurs exemplaires explose tout le monde. Des idées, mais il manque un assemblage cohérent.
Cat days / Woof days (Bankiiiz)
Amis des chats, amies des chiens voilà un affrontement pour 2 avec effets et placement. Alignez les jours de la semaine, prenez les cartes de vos bestioles préférées. À son tour, on pose ou on pioche. Pour poser, cela dépend des conditions. Certains animaux ne se jouent que le dimanche (Le Chat Exigeant) ou le jeudi, vendredi… Certains s’intercalent entre 2 jours occupés (le Chat Joueur) ou se jouent sur n’importe quel animal en place (Le Bouledogue)… Des événements (jouets pour chats, carton, Doudou…) bouleversent la quiétude du quotidien et on peut échanger avec son adversaire, voler, déplacer…
Un jeu noté à partir de 7 ans et c’est parfait pour des enfants, pour les grands c’est léger, la chance du tirage a son importance et on peut se retrouver à piocher 3 fois de suite car on est « coincé », alors que l’adversaire termine tranquillement. Une fois tous les jours de la semaine recouverts par un chat, c’est fini.
La version chien n’est pas le copié/collé du jeu des chats, certains effets différent, et le jeu est un peu plus agressif (toute mesure gardée) et dynamique. On le préfère. Certains termes par contre prêtent à discussion. Illustrations mimi, petit format pour un jeu accessible et à glisser dans son sac, si vous n’en demandez pas trop et aimez les chats ou les chiens, envoyez les croquettes !
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