small is beautiful # 53 : link city, alpina, 5 royaumes, dragardiens, piggy piggy, bonne presse, oyez oyez !,mega jackpot, ratjack, inheritors
À l’heure des changements sociaux et de #Metoo, on se dit que le monde change (vraiment ?), un débat qui pourra vous égayer votre soirée de Noël si jamais vous vous ennuyez. Pourquoi parler de cela ? Simplement parce que l’on trouve de ces trucs quand on se balade dans les rayonnages d’occasion. Des trucs qui ne passent plus aujourd’hui et qui pourtant ont fait rire. Comme ce petit jeu de cartes de 2006, illustré par Wolinsky. Son accroche se résumant à « avez vous l’âme d’un matteur ? ». Ouf ça ne se fait plus, ce serait un peu Limite Limite !
Dans un autre registre, et parce qu’en tant que joueur, j’avais envie de savoir, j’ai regardé la version ciné des Loups-Garous de Thiercelieux. Si vous voulez avoir une idée de ce qu’était une mauvaise comédie fauchée des années 70, ce documentaire film, enchaînement d’images sous étiquette de divertissement familial fait à peu près tout ce qu’il ne faut pas faire. Scénario bancal, photographie plate, deux décors et des chansons de Johnny etc. Et le jeu, ah oui euuh… c’est un prétexte non ? Un sous Jumanji dont on peut se passer. On s’en doutait un peu.
Après les loups, revenons à nos moutons…
Link City
Architectes et urbanistes, à vous de construire, ensemble, cette nouvelle ville en vous basant sur vos impressions et ressentis. Pas de plan ? Non, pas besoin. Les fondations de ce nouvel eden commencent par une tuile Mairie à laquelle on ajoute quatre autres bâtiments tirés au hasard. On peut avoir des choses qui se marient (oui, une église) comme une variété faisant le grand écart : une poissonnerie, un terrain de pétanque, une déchetterie et un palace. Les tuiles quand elles se touchent, forment des arbres (des cercles verts) qui sont les points de fin de partie.
L’adjointe au maire va placer 3 plots (puis 4, dès qu’un sans faute est réussi) sur ce décor, lieux des futures constructions. Le maire, derrière son paravent, va devoir associer 3 (ou 4) bâtiments que seul lui connaît, et ainsi agrandir la ville. Alors où puis-je placer mon refuge de la SPA ? À côté de la banque, de la maison de retraite, du barbier ?
Palace ou Déchetterie ?
Dans l’esprit d’un Perfect Words, il faut, au lieu de grouper les mots pour en dégager une proposition, grouper les lieux en bonne harmonie. Bon, des fois on ne peut pas et c’est tout l’intérêt du jeu. En tant que maire, arriverez-vous à vous faire comprendre ? C’est le challenge de chaque tour : penser comme les autres et positionner les lieux où il faut, à côté des bons plots. Il faut être en phase et, si poser une banque à côté d’un bureau de poste semble logique, on rigole moins quand on tombe sur le siège de l’extrême droite (si, si), le logement du super-héros ou les services secrets… Comme souvent, les points sont accessoires et c’est la discussion, le dilemme qui fait le sel des six tours de ce chantier. On n’enchaîne pas les parties, mais c’est bien vu. Idéal en classe ou ludothèque pour créer le débat et intéresser au paysage urbain.
Un jeu de Emilien Alquier
Illustré par Mathieu Clauss
Edité par Bandjo
5 Royaumes
Jeu à deux, il faut posséder le plus de châteaux à la fin de la partie ou avoir pactisé avec 5 Titans pour être le vainqueur. Cela se fera au travers de cartes bannière de différentes factions (couleur) que l’on ira chercher sur un marché central : le carré d’Arkane. Selon leur disposition, on peut en prendre plusieurs, toujours du même type. Ces bannières permettent, grâce à leur influence une fois stockées, de valider des effets (gain de château si on totalise 4 influences dans une couleur donnée…). Pour avoir accès à ces effets, il faut retourner les bannières sur leur face personnage et recruter de cette façon reine, sorcière etc. Les personnages activent également des pouvoirs à la pose, durant la partie ou lors du décompte. Leurs places autour du trône sont limitées en nombre. D’autres personnages appartiennent à des ordres spécifiques (religieux ou impérial), là encore avec des pouvoirs et conditions spécifiques (l’impérial est un joker, le religieux ne peut pas servir d’influence). On ne peut plus alimenter le marché, et la partie se termine.
Mauvaise influence ou né pour régner ?
5 royaumes est un duel pour initiés, il faut gérer, même si la chance de la pioche existe, la pose des cartes sur le marché (on peut récupérer plusieurs bannières d’un coup), le choix de retourner ou non ces cartes, d’être compétitif sur les influences, d’abandonner un personnage pour espérer en recruter un autre, ou de mettre en place des petits combos (la papesse et la reine). Le jeu est rapide et interactif, la pose et la majorité des influences pouvant déclencher des effets de points mais aussi de destruction chez l’adversaire. Le jeu est initié et on comprend pourquoi, les personnages et leurs effets sont nombreux et il est bon de les connaître pour mieux répondre ou se donner une direction. Ce que la règle ne facilite pas, elle est peu claire et on rame. Pour vous aider, n’hésitez pas à regarder le Ludochrono. Plusieurs parties plus tard, avec une meilleure maîtrise, nous restons pourtant sur notre faim. À l’instar du précédent titre de la gamme Gold n crash, 5 royaumes se montre malin, affiche un terreau ludique fertile, mais peine à convaincre.
Un jeu de FLorian Grenier
illustré par Jean-Marie Minguez
Édité par Grrre games
Piggy Piggy
Avec sa boite rose en forme de cochon, on se demande si Piggy Piggy est un jeu ou une boîte pour ranger la savonnette. Bon, c’est un jeu. Plutôt marrant. On pose une valeur dans une couleur. En faisant la somme, si la couleur domine (elle affiche plus de points que les autres collections ), on récupère la figurine cochon. Si quelqu’un reprend la majorité, vous perdez toutes vos cartes et le cochon. Dans le cochon, tout est bon. Et plus, puisque c’est grâce à lui que vous allez marquer des points. Pour en récupérer, il faut poser des cartes. Tout est là, vous posez une carte, vous en piochez une. Vous posez trois cartes, vous en piochez…3. Si dans cette pioche il y a des cartes d’une couleur que vous dominez, ça part dans votre stock de points.
Ben mon cochon ou porc nawak ?
Ce jeu a tout pour faire fuir le chaland : du plastique au taquet, fabriqué en Chine et pas d’auteur. En plus, la boîte s’ouvre difficilement. Les figurines des cochons sont quelconques. Mais voilà, après un été à essayer des pseudo jeux de cartes copiant à tour de bras le Skyjo, on tombe sur ce truc, et c’est fluide, drôle. Mieux, on le ressort et on le montre. Alors oui, c’est hasardeux, mais ça ne dérange pas. Voilà un jeu familial tout bête (comme cochon) qui procure sa dose d’amusement. Ce que l’on demande. Il était idéal pour l’été, il est arrivé à la rentrée. Pas grave, on y jouera à la récré.
Edité par Hasbro
Bonne presse
En 2002 sortait Gros titres, un plateau avec des genres journalistiques (scandale, juridique, sport…), un sablier qui colle la pression et des photos. Il fallait créer le meilleur titre. Plateau terne, photos trop parlantes, l’ancêtre a-t-il aidé à la sortie de ce Bonne Presse ? Avez vous l’art de la punch line, de la phrase qui tue ? Savez-vous captiver l’auditoire avec une poignée de mots ? Ce sera votre tâche en tant que rédacteur d’un prestigieux journal comme Gougou Gaga (le monde des bébés ) ou Au jour d’aujourd’hui (info locale). Des mots sont tirés au sort. Il n’y a plus qu’à les utiliser. Pour vendre une maison, conseiller les seniors, parler sport ou sexualité… À vous de convaincre et de créer la une avec ces mots imposés.
On accroche ou c’est baveux ?
À la fois mental et drôle, cet exercice de style est une réussite. Qui n’est, par contre, pas destiné à tout le monde, il faut savoir jongler avec les mots, leur sens, ce qui n’est pas toujours évident. Le fait d’avoir des mots et non pas des photos permet un plus grand imaginaire, moins dirigé, plus souple. Le résultat est souvent étonnant et l’approche ou la façon de se servir des mots par chacun, chacune, montre ce que l’on peut faire avec le vocabulaire quand on le triture. En prime, les fausses couvertures des différents journaux sont là pour aiguiller tout en affichant l’esprit du jeu, second degré. Bref, on va cogiter, mais on va surtout rigoler.
Inheritors
Le Roi est mort et la place est à prendre. Pour ce faire, il va falloir marquer un maximum de points en collectionnant des valeurs, des couleurs, réaliser des quêtes, des exploits, se joindre à un clan et se servir de vos espions ou conspirateurs, tout en faisant votre marché. C’est à ce niveau qu’une grande partie du jeu va se passer. À chaque tour on va pouvoir se défausser d’une carte sur le marché pour en récupérer de nouvelles (on donne une carte pour en prendre deux ou un lot), on pourra se servir des cartes spéciales pour avoir plus de souplesse de manœuvre (espion qui peut demander une carte à un adversaire si on est capable de la poser etc). Rallier un clan pourra aussi être une aide grâce à un pouvoir permanent (piocher plus de cartes) ou immédiat (récupérer toutes les cartes espions défaussées). Le but est de construire des colonnes de couleurs en ordre croissant. Pour commencer une suite de couleur, il faut déjà poser le 1, puis 2… jusqu’au 6 en un seul exemplaire, ce qui vous garanti des points et, si vous possédez la carte relique de la bonne couleur, un bonus lors du décompte (un malus si vous n’êtes pas majoritaire). Quelques autres points sont à glaner en achetant, sous conditions, des quêtes ou des exploits, ainsi qu’en ayant la plus grande collection de livres. Quand la pioche est vide, la partie est terminée.
Bel héritage ou déshérité ?
Si la boîte est peu attractive, son intérieur relève le niveau avec des illustrations et un matériel de bonne facture. Des clans, des leaders à récupérer, des quêtes objectifs et des collections de cartes de couleur à valider, il y a de quoi faire. Encore faut-il y arriver. Le jeu n’est pas compliqué en soi. On essaie de construire sa suite, on se débarrasse de cartes, on avance échangeant des cartes, en se servant des espions et cie, on observe ce que piochent les voisins (pour leur redemander ou pour changer de stratégie), on vise les quêtes (objectifs cachés)… Il est beaucoup question de timing, et un peu de mémoire. C’est plaisant et, pour une fois, original. On y retourne car le jeu intrigue, on a envie de savoir comment on peut l’apprivoiser. Pour les habitués, la comparaison avec Lost Cities viendra toute seule. Inheritors se sert du même principe de pose en ordre croissant, de reliques, d’un marché, tout en malaxant gentiment tout cela en lui donnant un peu plus de corps. Pas un coup de cœur immédiat, mais assez intriguant pour qu’on y revienne et qu’on l’apprécie un peu plus à chaque fois. Encore plus quand on sait que l’un des auteurs est celui de Age of Galaxy, Age of Civilization et Eila et l’éclat de la montagne. Là, tout s’explique?
Un jeu de Jeffrey CCH, Kenneth YWN
Illustré par Coda Ho, Roxy Dai
Edité par La Boite De Jeu
ON AURAIT PU AUSSI VOUS PARLER DE …
Alpina (Helvetiq)
Un jeu de Luc Rémond / Illustré par Crocotame
Œuvre de commande et/ou hommage au plus vieux parc national des Alpes, il faut, en plaçant ses tuiles dans un carré commun de 5×5, réaliser le meilleur score. À chaque tour, on place en adjacence à une tuile posée, une tuile animal (cassenoix moucheté, chamois grenouille rousse). Chaque animal est lié à un environnement (lac, montagne, forêt) et propose une condition de victoire : 2 points pour chaque lac dans la ligne, 1 point pour chaque grenouille au-dessus de cette tuile etc. Pour valider cette condition, il suffit de poser un meeple randonneur. On peut temporiser la pose de ses pions, contre-attaquer sur une ligne ou colonne, la partie étant rapide, on ne développera pas non plus une grande stratégie. Dans la lignée de Nimalia ou Simplicity, Alpina remplit son office sans faillir ni flamboyer.
Dragardiens (Iello)
Un jeu de Michael Menzel / Illustré par Michael Menzel
Dragardiens n’est pas vraiment le titre qui me vendait du rêve, mais l’essayer c’est changer d’avis. Si le jeu est basé sur un principe de collection de cartes de couleur (les dragons), il se démarque avec originalité par plein de petits à côtés : les amulettes que l’on assemble et leur gain de plus en plus élevé plus on les récupère tard et les perles qui seront, elles, moins valorisées plus on traîne. Ces simples contraintes posent déjà la question de se presser ou de temporiser ? Le cœur du jeu est le grimoire. Un tas de cartes propose des valeurs, un autre des couleurs/dragons. Le dos des deux pioches indique les pré-requis pour poser les collections. Par ex 5 – dragon vert. Il faut donc poser 5 dragons verts pour bénéficier d’une récompense. Chaque fois que l’on prend une carte, cela modifie donc la pioche et ses conditions. Qui plus est, en posant les couleurs, à partir de la troisième, il faut en condamner une que vous ne pourrez plus jamais comptabiliser. Qu’on se rassure, malgré ces règles qui semblent nombreuses, le jeu reste familial et clair. Il faut jongler avec un peu de gestion, d’opportunisme et de chance, pour parvenir à ses fins. Plusieurs stratégies peuvent se tenter et si vous en voulez encore, la variante Coffres magiques offre de l’aide en donnant le pouvoir d’un coffre par partie. Loin d’être mou mou à l’image du dragon de sa couverture, ce jeu surprend et convainc.
OYEZ OYEZ ! (Subverti)
Un jeu de Jeremy Partinico/ Illustré par Lucile Leca, Marin Duret
Édité pour le Flip de Parthenay, (tout comme Dédale l’a été pour l’Alchimie de Toulouse), ce jeu de mémoire sautillant (ou de mémoire chancelante) vous demande de vous souvenir du nombre de woopies (ces petites bestioles symboles du festival) aperçus ou des lieux que vous avez visités. Alors, combien de wooopies rouges, combien de châteaux ? Rien de neuf sous le soleil (qu’on aura cherché cette année) ludique du mois de juillet avec ce titre fonctionnel. Dans la veine (ici tendance phlébite) de Poule Poule, Foxy ou Tropico.
Mega Jackpot (Tiki éditions)
Un jeu de Erwan Morin, Yann Morin / Illustré par Vidu
Se croire au casino et jouer au bandit manchot chez soi avec un paquet de cartes, c’est possible ! La mécanique de la machine est respectée et c’est à vous d’aligner trois symboles en posant des cartes (il y a une chance sur deux que ce soit le bon symbole). Si on réussit, est ce qu’on remet en jeu son gain pour tenter le jackpot ? Ouiiiii. Il faut trouver le génie dissimulé parmi quatre tuiles. Efficace et amusant, un jeu qui ne coûte pas un bras mais où on risque fort d’y laisser sa chemise.
Ratjack (Studio H)
Un jeu de Mathieu Can, Maxime Mercier / Illustré par Zael
Comme son titre l’indique, les rats de ce jeu pratiquent le Blackjack (jusqu’à 25, non 21) mélangé avec une pincée de Love Letter. Vous aurez à chaque tour 2 cartes en main, il faut en poser une face cachée ou visible et, dans ce cas, appliquer son effet (rejouer, ajouter un jeton +1, – 3… sur une carte (la vôtre ou celle d’un adversaire), retourner une carte face cachée pour faire « exploser » autrui etc. Édition soignée pour ce jeu néanmoins trop chaotique. On s’y amuse quelques manches mais il devient également vite répétitif. Sans dire qu’il est rat-é, il est un tantinet rat-dondant.
FAST BLAST (Play Monster Games)
Un jeu de Peggy Brown /Illustré par Stumpt Workshop
Personnellement, je trouve ce jeu d’une laideur totale. Le principe copie le Uno (et le Ligretto pour les habitués). Bref, Ce serait moi, il pourrirait sur son étagère. Mais j’ai une conscience professionnelle et une curiosité avancée qui fait que je joue avant de parler (mais il est c** lui, il suffit de recopier les dossiers presse !). Bref, c’est moche, il faut être rapide pour poser la même valeur ou la même couleur sur la carte de la pioche et, si on ne peut pas, on pose une carte Fast Blast (joker). Selon le chiffre de la carte, on compte et cela désigne l’un des joueurs qui devra poser la même valeur ou un autre FB. S’il ne peut pas, il pioche. Hypra dynamique, ça vous réveille en fin de soirée ! C’est moche mais ça remplit tout à fait son office de jeu crétin apéro.
Un jeu Blast & Furious !
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Flemeth 31/10/2024
C’est bien de mettre en avant Bonne Presse, qui est passé sous les radars mais qui est absolument jubilatoire quand on est client des jeux avec des mots !
Groule 03/11/2024
Merci de couvrir tout ça, toujours avec des jeux de mots. En tout cas, moi les Small, ça m’aide à dégrossir (pouet pouet !)
morlockbob 03/11/2024
Merci Groule, je pense d’ailleurs faire un partenariat avec weight watcher… 🙂