Retours d’Octogones 2024

Du 18 au 20 octobre 2024 se déroulait en région lyonnaise la 14e édition de la convention Octogones. Oui, convention et pas festival, car les jeux de société n’étaient pas les seuls à être mis à l’honneur. Au cours de cet évènement qui durait 56 h non-stop du vendredi après-midi au dimanche soir, on pouvait trouver des stands sur le jeu de rôle (jdr), des escape game, du retrogaming, les livres dont vous êtes le héros, de la littérature fantastique, des conférences sur le jeu de rôle ou le jeu de société, des parties de jdr en live et naturellement beaucoup de jeux de société. Cette édition a été un énorme succès puisqu’il y a eu plus de 17 000 participants (soit +40% par rapport à l’an dernier).

La nuit était encore bien animée puisque certains éditeurs ont laissé leurs jeux accessibles et les bénévoles des associations ludiques lyonnaises restaient présents pour expliquer les règles au public sur le pôle jeux libres. Merci à eux sans qui la convention n’aurait pas été une si belle réussite !

 

 

Comme beaucoup de festivals, Octogones a lui aussi ses prix, remis par le public. Tout d’abord, le prix Protogones pour les prototypes, mais aussi quatre prix Octogones pour les jeux édités. Alors qui sort du lot ? 

Dans la catégorie Enfant c’est : 1, 2, 3 faufile toi qui l’a remporté. Un jeu avec un joli matériel qui reprend le principe de “1, 2, 3, soleil”. Nous vous en avions parlé ici.

Le prix Octogones Tout public a été remis à Stickers, que je vais vous présenter un peu plus bas mais Ludovox vous en parlait déjà à son retour de Vichy dans cette émission et vous avez aussi le Ludochrono.

Harmonies a reçu le prix dans la catégorie Initié (voilà ce qu’en pensait Atom en Just played et voici le Ludochrono).

Enfin, le prix Expert a été décerné à Le Château Blanc (LC, Test). Comme quoi le public partage les goûts du jury de l’As d’or (pour rappel, il avait été nommé au dernier FIJ).

 

Malgré la forte affluence, l’offre en jeux était telle que je n’ai jamais eu à attendre trop longtemps pour trouver de la place à une table. Au pire j’allais à un autre stand, puisqu’il y avait beaucoup de nouveaux jeux qui m’attiraient.

Voici une petite sélection des titres que nous avons pu découvrir. Je rappelle qu’il s’agit d’une première partie et donc d’une première impression. Certains jeux (et c’est tant mieux) ne se révèlent pas au premier regard et mériteraient d’être approfondis sur 3 ou 4 parties pour avoir un avis plus fondé.

 

Balconia

Balconia c’est un face à face de balcons, ou plutôt un dos à dos. Un immeuble, en hauteur, en 3D, dans lequel on va glisser à chaque tour dans une case libre et adjacente, un cube dont on verra deux faces, une face chacun de son côté. Chaque face apporte du scoring et des éléments, des chats, des fleurs, des humains par exemple. Et voilà, c’est du balcon building : les balcons choisis font scorer par exemple la colonne de gauche de 1 point par oiseau.

 

 

La tension réside dans deux choses : quand vient son tour, on pioche un cube et on l’oriente sur un petit socle pour l’offrir à son adversaire, ne lui laissant le choix qu’entre deux faces. Lui offrant une face alléchante, sachant que la face opposée vous sera bénéfique. Oui, du split and choose.

Deuxième élément prédominant du jeu, se souvenir de ce que l’adversaire a choisi, car une fois placé, plus question de regarder la façade de l’autre. S’il choisit assez souvent des oiseaux, il vaudra mieux s’en rappeler afin soit de jouer sur sa tentation, soit de le priver des points offerts. Cette partie mémoire a ses limites, car autant on va retenir les éléments, mais plus difficile (pour moi en tout cas) de mémoriser où cela va scorer, entre la case à sa gauche, la ligne du dessus… Ce que l’on maîtrise encore moins c’est l’endroit où l’adversaire placera le cube. On espérait cette case, mais il en a choisi une autre qui n’est pas aussi rentable.

C’est une découverte intéressante, avec cette dose de guessing et de tentation, mais avec également ces angles morts de la mémorisation. Je doute que vous résistiez à la tentation de le découvrir tant l’objet est attirant avec ses 25 cases à remplir (on ne joue que la grosse moitié) et ses mignonnes déco de façade.

-Natosaurus

Un jeu de Paul Schulz
Illustré par Natalya Efremova
Edité par Red Cat Games

 

Kado

 

Oh merci, tu m’as offert un cadeau ! Mais c’est koaa ? Ah un nounours tout vieux, trop sympa. Et toi t’as gardé quoi pour toi ? Dans Kado, le joueur actif tire une carte et l’offre à l’un des autres joueurs, y compris lui-même. Nous allons tourner dans ce rôle, jusqu’à ce que chacun ai placé 12 cartes, 3 lignes de 4 cartes. Pour scorer, il va falloir que les colonnes soient de la même couleur de ruban, et pour les lignes ça sera un objet, bien sûr s’il est présent plusieurs fois, on additionne les points de chaque carte, qui vont de 1 à 5.

 

 

Alors le joueur actif vit sa meilleure vie ? Pas tant, il risque de se faire piquer la belle carte qu’il garde pour lui si l’un des autres gâtés par sa générosité trouve la couleur ou l’objet.

Une petite boîte qui se présente comme un cadeau. Un petit jeu malin dedans.

-Natosaurus

Un jeu de Antoine Bauza
Illustré par Gorobei
Edité par Lumberjacks Studio

 

Brutus

Si vous aimez le non-contrôle et le chaos, venez vous joindre à l’arène. Combat de lanistes, c’est le thème de Brutus.

Deux phases dans ce jeu, une première phase de plis : on regarde notre main, on indique sur notre dé combien de plis on pense faire, ceux qui n’ont pas rempli le contrat perdent l’un des 7 sous (vies). Puis quand arrive Brutus, le jeu change, il va falloir à présent tirer une carte se la mettre sur la tête sans la voir, et en regardant celles des autres indiquer du pouce si on gagne ou perd le pli, et le dernier au cas où tout le monde a bien estimé, perd son sesterce. Cela jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une personne avec des vies. Bon, je n’ai rien aimé dans le jeu, ni le manque de contrôle sur le jeu de plis, et même si on a des pouvoirs asymétriques, certains coûtent une vie pour l’appliquer, autant dire que c’est trop cher ; ni le coup de stress de la fin de partie. Mais si vous aimez le non contrôle et le chaos, venez vous joindre à l’arène, la levée de fond de l’éditeur prouve qu’un public a mis un pouce.

 

-Natosaurus

Un jeu de Alexandre Asri, Matys Barthelemy
Illustré par Dinis Contente
Edité par Oldgames

 

 

Barbarian Kingdom

 

Projet issu d’un financement participatif, Gougou vous en parlait ici il y a deux ans, il s’agit d’un jeu de conquête avec le strict minimum de règles. L’habillage graphique est parfait, très compréhensible et élégant à la fois, de quoi mettre le jeu de conquête entre toutes les mains.

Le but est simple, soit on a tranché la tête de deux rois adverses à la tête de leurs armées (qui restent sur pied sans roi et continuent à jouer), soit on contrôle 7 provinces. Une seule action par tour, recruter, se déplacer, envahir, revendiquer, sachant que les voisins de province pourront s’opposer et venir vous empêcher la conquête et la prise du trésor. La bataille est simple également : une seule troupe par province, mais on pourra ajouter de la corruption, des pièces dans un sac qui iront à l’adversaire et serviront en même temps de force de renfort.

 

 

Vous jouez les Francs, les Ostrogoths, les Wisigoths, on est au Ve siècle. Un thème historique, des pouvoirs de rois asymétriques, une durée de partie très contenue, et une part de bluff. Découvrez-le !

-Natosaurus

Un jeu de Christophe Lebrun
Illustré par Aurélie Lebrun du Puytison, Nasos Maloudis, Sergey Shikin
Edité par Jester Games

 

Once upon a draft

Comme le nom l’indique, on va avoir du draft, mais pas que. Sur une thématique des contes de fées (au sens large, car il y a aussi les personnages de Peter Pan, ou Alice au pays des merveilles), ce jeu se découpe en 3 phases. Dans un premier temps on va drafter les cartes personnages. Chacun a un numéro différent et une condition pour remporter des points (par exemple qu’il y ait tel autre personnage dans le pli, ou telle icône, ou des cartes dans un intervalle de valeurs donné). Toutes les cartes ne sont pas distribuées, donc on ne sait pas si la carte qui combote bien avec celle qu’on vient de sélectionner sera en jeu ou pas. On va ensuite avoir une phase de jeu de plis. Celui qui a mis la plus forte valeur remporte le pli et gagne une étoile (2 points) mais chacun garde sa carte devant soi. Si les conditions de notre carte sont remplies, on gagne des jetons cœurs ou cristal qui valent des points. Enfin lors de la troisième phase, on regarde à nouveau les conditions de chacune des cartes de notre collection en fonction des autres personnages devant nous.

Once upon a draft combine le draft, le jeu de pli et de collection en un jeu très rapide (20 min) et léger. La thématique est particulièrement adaptée au public familial visé.

 

-Manu

Un jeu de Joe Hout
Illustré par Jan Bintakies
Edité par Gigamic

 

 

Akropolis : Athena

Athena est une petite extension pour Akropolis (As d’or 2023). Pas de changement de règles, si ce n’est que vous avez maintenant 4 objectifs de construction (par exemple une Place jaune au troisième niveau, un alignement avec les 5 couleurs de Quartiers, etc). Quand vous remplissez un objectif, vous remportez une tuile hexagonale parmi les 4 disponibles, que vous pouvez placer où vous le souhaitez sur votre zone de jeu ainsi qu’une partie de la statue d’Athéna. L’objectif reste réalisable pour les adversaires mais ils auront moins de choix pour les tuiles récompenses. Celles-ci sont assez variées. Cela peut être une Place, un Quartier ou même un double Quartier (une couleur sur chaque moitié de l’hexagone). Si vous parvenez à remplir les 4 objectifs (et donc compléter la statue d’Athéna), vos cubes de pierre vaudront 5PV au lieu de 1PV en fin de partie, ce qui peut franchement faire la différence.

Je trouve l’idée d’objectifs intéressante, surtout pour celles et ceux qui ont beaucoup de parties d’Akropolis au compteur. Ça ajoute une petite touche de nouveauté pour les habitués sans complexifier le jeu pour ceux qui le découvrent à peine. Ces hexagones sont plus facilement positionnables au troisième niveau que les tuiles standards ou alors ils permettent de récupérer des Places supplémentaires pour nos couleurs fortes. Toutefois, j’ai l’impression que parfois la récompense est vraiment faible par rapport à la difficulté de certains objectifs. Et remplir les quatre objectifs pour valoriser ses pierres est un axe stratégique qui nécessitera de gros sacrifices sur les autres types de scoring.

 

-Manu

Un jeu de Jules Messaud
Illustré par Pauline Detraz
Edité par Gigamic

 

 

Stickers

Le lauréat du prix Octogones – tout public est un jeu de collection Legacy avec des autocollants. Chacune des 9 familles d’animaux est placée sur un plateau central qui définit les points remportés par la joueuse majoritaire (et le joueur en 2e position). À son tour, on récupère une carte du marché puis on en joue un certain nombre du même type devant soi. Selon le nombre un effet se déclenche : piocher plus de cartes ou intervertir la position de deux animaux sur le plateau central (pour valoriser une famille où on est en tête ou déprécier une famille que possède un adversaire). Les cartes ont aussi parfois des icônes qui permettent d’autres effets (ajouter une carte de la pioche à sa collection, ou demander une carte à un adversaire). Enfin, certaines cartes disposent d’étoiles qui sont autant de points. Quand la pioche est vidée, on regarde qui reportent chaque majorité. 

Voici les règles de la 1ere partie. Mais Stickers dispose de 15 boosters qui vont venir enrichir les parties suivantes. Six d’entre eux vont rajouter des effets sur les cartes et des règles supplémentaires, tandis que les autres sont cosmétiques (pas d’ajout de règles, on va juste “tuner” certaines cartes en ajoutant par exemple des lunettes de soleil ou des sables laser à nos animaux).

Je n’ai pas vu la teneur des enveloppes mais j’imagine que l’ajout de plus d’effets ajoutera un peu plus de dilemmes au moment du choix des cartes du marché (car initialement les cartes avec étoile ou effet sont assez rares et donc presque toujours choisies automatiquement). Les stickers cosmétiques raviront certainement les plus jeunes.

L’ami Fouilloux va bientôt vous faire un retour plus approfondi.

-Manu

Un jeu de Béa G. Renard
Illustré par Olivier Derouetteau
Edité par Gém Klub Kft., Two Mantas

 

 

Tengu

Tengu est un jeu pour enfants dans l’univers de Yokaï. On retrouve les illustrations de Christine Alcouffe dans ce jeu coopératif de mémoire. Cette fois il faudra aider les Yokaï à récupérer leurs 3 jouets. À son tour, le joueur retourne une carte qui lui indique quel Yokaï déplacer. Il retourne et consulte en secret le verso de la tuile sur laquelle le Yokaï est arrivé. S’il s’agit d’un jouet de la couleur du Yokaï, youpi, il l’a retrouvé, la tuile reste face visible et l’équipe a progressé vers la victoire, sinon, le joueur place un jeton indice qui indique de quel objet il s’agit. Il faudra revenir plus tard avec le bon Yokaï . Selon, le niveau de difficulté, on peut aussi tomber sur le méchant Tengu qui va mettre des bâtons dans les roues des joueurs (en supprimant les indices déjà placés, ou en remélangeant certaines tuiles). Si tous les jouets sont trouvés avant la fin de la pioche de cartes c’est gagné, sinon c’est perdu. Une fois par partie chaque joueuse peut indiquer la couleur d’une tuile à ses partenaires, mais sinon la communication ne passe que par les jetons indices. Il va donc falloir faire preuve de déduction en fonction des objets déjà trouvés pour savoir s’il faut envoyer un Yokaï sur telle tuile avec un indice ou alors explorer une nouvelle tuile.

Les 6 niveaux de difficulté offrent une bonne marge de progression pour les enfants et créée du challenge aussi pour les adultes dans les derniers niveaux. Ça a été un franc succès autour de la table lors de nos 2 parties.

-Manu

 

Un jeu de Julien Griffon, Xavier Violeau
Illustré par Christine Alcouffe
Edité par Bankiiiz

 

 

Sierra

 

Dans Sierra vous allez explorer la cordillère des Andes en équipes de 2 ou 3. Le jeu propose aussi bien un mode coopératif que compétitif. C’est ce dernier que je vais vous présenter. À chaque tour, un joueur par équipe va choisir un objectif personnel tandis que son ou ses partenaires vont choisir des cartes montagnes pour constituer un paysage commun. Les cartes non choisies sont passées à l’équipe adverse. Puis les rôles changent et c’est une autre joueuse qui choisira un objectif personnel qu’elle devra essayer de faire coller au paysage en cours de construction. Les membres d’une même équipe discutent ensemble des choix à faire. À la fin, c’est celui ou celle qui a le plus de points qui gagne, mais elle donne aussi des points bonus à ses coéquipiers. Si ça leur permet de dépasser le score de tous les adversaires, c’est l’équipe au complet qui remporte la partie.

Ce qui distingue Sierra des autres jeux à objectifs est ce principe de coopération partielle, qu’on trouvait déjà (sous une forme différente), dans Cerbère, un précédent jeu de Pierre Buty. Dans Sierra il est important de collaborer avec son ou ses coéquipiers et de ne pas être trop égoïstes au moment du choix des cartes montagnes, pour qu’ils nous renvoient l’ascenseur quand la balle sera dans leur camp et que ce seront eux qui choisiront les cartes communes ajoutées au paysage. Ou alors certains pourront laisser s’exprimer leur pouvoir de manipulation :-). Sierra fait rentrer de l’humain et du relationnel au pur jeu stratégique d’optimisation d’objectifs. On trouvera le résultat réussi ou pas, mais l’intention est suffisamment rare pour être signalée.

 

-Manu

 

Un jeu de Pierre Buty
Illustré par Audrey Marcaggi
Edité par BLAM !

 

Avez-vous eu l’occasion d’aller à Octogones ? Quelles sont vos découvertes ?

 

 

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