Porta Nigra : toutes les routes ne mènent pas à Rome !

Porta Nigra est un jeu de construction de 2 à 4 joueurs édité chez Gigamic dans lequel les joueurs rivalisent de stratégie et de tactique pour devenir le plus prestigieux architecte romain de la ville, notamment en étant majoritaire dans les différents chantiers des monuments romains.

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1280px-NYC_-_Flatiron_building_-_Top_detailL’édifice de la Porta Nigra a bel et bien existé : construite en 186-200 elle demeure encore debout dans la ville de Trèves située en Allemagne, près de la frontière luxembourgeoise. Son nom « Porte Noire » en latin, provient de la pierre sombre composant l’édifice.

Cette porte a été fortifiée et a traversé les siècles (en prenant la forme d’une église) et on doit sa restauration à l’origine romaine à Napoléon Bonaparte. L’architecture de cette porte fait d’ailleurs penser au fameux immeuble d’angle new-yorkais : ‘le fer à repasser‘ (le Flatiron building, renseignement pris, son inspiration architecturale est d’origine grecque et non romaine) mais je m’égare…

Les auteurs du jeu sont également allemands mais bien de notre époque et plutôt connus : Wolfgang Kramer & Michael Kiesling qui ont déjà sorti pas mal de jeux en duo comme en atteste la liste en fin d’article de Grovast couvrant la preview de Porta Nigra.

Parmi cette liste, un seul jeu me parle : Asara, qui est lui aussi un jeu de construction avec des mécanismes de transport et livraison de marchandises (« pick-up and delivery ») et de majorité, tout comme leur autre jeu Les Palais de Carrara.

À consulter cette liste, on dirait bien que l’association construction livraison de marchandises et majorité constitue les ingrédients d’une cuisine ludique peu variée dans les mécanismes des jeux du duo. Une idée fixe des auteurs ?

Porta Nigra logo

Sauront-ils renouveler l’expérience de jeu en prenant le risque d’utiliser les mêmes éléments ludiques et éviter l’indigestion de la part de joueurs toujours avides d’innovation et de diversité ?

Le jeu est sorti en version originale pour Essen 2015 chez Eggertspiele (le renard) et Pegasus Spiele (le cheval ailé). Gigamic a eu du flair de proposer la VF du jeu tout comme ce fut déjà le cas pour beaucoup d’autres succès issus de la gamme jeux de réflexion de l‘éditeur (Trajan, Descendance, Clochemerle, Gueules Noires, Historia ou le récent Mombasa). L’éditeur a par ailleurs le mérite d’attirer et contenter tous les types de joueurs, du plus occasionnel au plus expert.

PREMIER CONTACT

pic2545501La cover de Porta Nigra ne laisse pas indifférent et titille tout de suite la curiosité pour ceux et celles qui aiment les jeux de construction dans le thème de l’antiquité. Le légionnaire romain à cheval nous indique le chemin à suivre et on peut facilement s’identifier aux citoyens représentés se rendant au chantier où les grues sont déjà à pied d’œuvre : serions nous en retard ? La pochette est donc très réussie et met parfaitement en scène le thème global du jeu.

Je ne suis pas surpris d’apprendre que les graphismes sont l’œuvre d’un illustrateur dont j’apprécie particulièrement le style : Michael Menzel. Lui aussi allemand, il possède une ludographie impressionnante en tant qu’illustrateur (et un peu d’auteur également avec le célèbre Andor).

Découvrir l’habillage du jeu nous plonge donc de suite dans l’ambiance romaine. La taille de la boite est généreuse, assez lourde et ainsi prometteuse en matériel.

À l’ouverture de celle-ci, le grand plateau de la ville Augusta Treverorum se déploie en arborant une grande et belle scène de différents quartiers vue de dessus, cerclé d’une piste de score ronde. Il comporte un marché aux briques en son centre : de la rondeur dans un carré !

On peut apprécier le travail d’édition réalisé, du prototype déjà séduisant à la version matérielle finale aboutie :

Du proto version finale

Le plateau est divisé en quatre zones avec dans chacun d’eux un monument spécifique à bâtir et des emplacements de construction vides qui vont accueillir des briques sous forme de piles de un à 8 éléments.

MATÉRIEL

Le matériel se compose de cartes, de briques grises en plastiques, de 4 mini-plateaux individuels de stockage des briques, des cartes constituant un deck action aux couleur du joueur (identique pour chaque joueur), des cartes honneurs et des cartes bonus construction, des marqueurs ronds (action et point de victoire), des jetons (Torche et Influence), des pions Romain, des sesterces (1, 2, 5 : la monnaie du jeu), des pions stand-up maître d’œuvre à cheval et des tuiles réapprovisionnement du marché. L’ensemble est de bonne facture et donne envie de jouer.

Une première « semi-déception » concerne les briques en plastique toutes de la même couleur neutre (grise) alors que 5 couleurs de briques de valeur croissante en terme de coût de 1 à 5 (noir, bleu, rouge , jaune et blanche) et de PV sont utilisées dans le jeu.

Proposer des briques de couleur aurait été bien plus plaisant pour les yeux mais aurait déclencher plus de pénuries de briques d’une certaine couleur surconsommée. La légère interrogation passée, on est rassuré de voir que le mini-plateau personnel permet de bien s’y retrouver sans se mélanger les pinceaux briques !

Plateau personnel

Le livret de règles est très bien réalisé avec des exemples illustrés concrets et des explications claires. Il est tout de même assez dense avec une police de caractère de petite taille. Les habitués n’auront pas de problème spécifique. 

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Le plateau lui-même est vraiment splendide et la conception graphique des cartes est soignée. On a une iconographie simple et claire, donnant un aspect sobre au jeu (dans le bon sens du terme). On en attendait pas moins du talentueux M. Menzel dont on reconnaît là bien le style et ses couleurs ocres et dorés de prédilection (Bruges, Andor, …) !

BUT ET DÉROULEMENT GLOBAL DU JEU

Construire seulement la Porta Nigra dans la cité romaine aurait été réducteur vu que la ville arbore d’autres bâtiments prestigieux : l’amphithéâtre, la basilique et le mur d’enceinte composent également votre mission d’architecte.

Chacun des 4 quartiers contient un monument à construire avec des briques. Et c’est sur ces chantiers que les joueurs interviennent : ils vont d’abord devoir acheter des briques aux boutiques du marché (au centre) en déplaçant son maître d’œuvre à sa couleur (celui-ci sera placé en face de la couleur souhaitée). Puis ils vont déposer leurs briques sur les différente emplacements des chantiers pour marquer des points de prestige, obtenir des bonus du maître d’œuvre et potentiellement des cartes de construction à collectionner, tout en tentant de remporter des majorités très convoitées.

P1000300_800p600Une manche consiste à l’activation de toutes les cartes de son paquet.

Le jeu se déroule en 2 manches (à 3 ou 4 joueurs) et 3 manches (à 2 joueurs).

Le jeu se termine à la fin de la seconde manche à moins qu’une autre condition de fin de partie se déclenche :

  • Soit lorsque au tour d’un joueur toutes les briques du marché et de la réserve générale sont épuisées
  • Soit quand un joueur pose son dernier 15ième pion romain lors de son ultime construction

 

Le joueur mettant fin à la partie remporte 5 PV et ses adversaires mettent à profit un dernier tour de jeu.

Entre les manches, chaque joueur compte le nombre de ses briques posées sur les chantiers, multiplie ce nombre par 2 dans une partie à 3 ou 4 joueurs (on le fait qu’une fois dans un duel à 2 joueurs) puis se répartit ensuite ce total à sa guise en panachant entre sesterces ou PV. Le joueur le plus en retard au niveau score choisit alors le premier joueur de la nouvelle manche.

LE TOUR DE JEU : SOL LUCET OMNIBUS (Le soleil luit pour tout le monde)

Le premier joueur est déterminé au hasard puis chaque joueur joue son tour dans le sens horaire en piochant 2 cartes Action de départ de son deck.

Tuile RéapprovisionnementAu début d’un tour, on remplit si besoin à son début de tour les cartes Construction et les cartes Honneur dans le pool commun, ainsi que le marché central de briques s’il en contient moins de 7 (pour ce faire on tire des tuiles Réapprovisionnement mettant en place les tuiles de la bonne couleur au marché pour en atteindre un nombre minimum de 14).

P1000259_600p460Puis le joueur actif choisit une carte Action parmi 2 qu’il possède en main, et il exécute le nombre d’action s’y trouvant (on regarde le nombre de torches en bas, il y a 2 ou 3 torches), plus d’autres gratuites comme l’acquisition d’une carte Honneur en dépensant un ou 2 jetons Influence (selon le coût de la carte).

Des jetons Torche peuvent être dépensés pour exécuter des actions supplémentaires.

Les actions sont de différents types comme détaillé ci-après,

  • Acheter une brique 
  • Placer un élément de construction
  • Prendre une jeton Influence
  • Prendre un jeton Torche
  • Gagner de l’argent

 

Nous explicitons tout ceci juste en-dessous. 

péageLes deux premières actions (achat et placement de briques) sont les plus utilisées et peuvent nécessiter un déplacement de son maître d’œuvre à cheval, entraînant un coût de péage (1 sesterce) à chaque limite de quartier franchie. Le plateau est en effet découpé en 4 quartiers et votre maître d’oeuvre ne peut pas se promener comme bon lui semble dans la ville ! 

À la fin de son tour, le joueur défausse sa carte Action activée et en pioche une nouvelle pour le tour suivant si bien qu’il a toujours le choix entre 2 cartes Action, sauf pour la dernière jouée.

 

LES CARTES ACTION : LE CŒUR DU JEU

Carte action

Les actions sont réalisées avec des cartes formant un petit paquet qui est peu à peu dépilé, chaque joueur ayant le même paquet de cartes. Une carte octroie deux ou 3 points actions (symbole torche) à répartir sur les actions proposées de la carte choisie.

Les icônes Action des cartes sont de différents types :

  • Acheter une brique de couleur au marché en déplaçant si nécessaire son maître d’œuvre devant la boutique de la couleur et en payant le coût de la couleur de la brique acquise (un sesterce pour une brique noire, 2 pour une bleue, 3 pour une rouge, 4 pour une jaune et 5 pour une blanche).Icones achat

L’icône grise signifie n’importe quelle couleur de brique.

icone supplementaireLa petite icône sous une maison de couleur indique que si la boutique de brique de cette couleur est vide, il est autorisé en activant cette icône de se rendre sur n’importe quelle autre boutique (en payant le coût de péage).

Les briques blanches sont les plus chères, situées dans la boutique centrale et sont toujours disponibles quelque soit la position de son maître d’œuvre.

La brique achetée est placée sur son plateau individuel dans la case couleur correspondante, en attente de livraison.

  • Icone de constructionPlacer un élément de construction consiste à se rendre avec son maître d’œuvre sur le chantier de l’un des 4 monuments à construire (et payer le coût de péage si besoin), délivrer de notre stock les tuiles demandées sur les emplacements libres de construction en les empilant et plaçant sur le dessus de la pile son pion Romain (pour dire « ceci est à moi ») puis récupérer les points et bonus liés à cette construction.

 

Chaque emplacement demande un certain nombre de briques d’une couleur définie. On marque immédiatement les points inscrits à côté de l’icône, et on récupère la récompense « Maître d’œuvre du chantier » par tranche de 3 briques présentes dans le chantier et éventuellement la carte Construction disponible si les conditions de livraison (chantier et couleur de brique) ont été remplies (attention : construire sur le premier étage C de l’amphithéâtre est la seule exception ne permettant pas l’acquisition de la carte Construction).

Construction

Dans l’exemple ci-dessus, déplacer son maître d’œuvre à l’amphithéâtre pour y construire 3 briques rouges sur l’emplacement libre permet le gain immédiat de 11 PV, la récompense du maître d’œuvre (5 sesterces et un pion Romain) puisque 3 nouvelles briques ont été livrées, ainsi que l’acquisition gratuite de la carte Construction (si elle était dévoilée parmi les 6 cartes Construction disponibles).

Brique blanche JokerÀ noter qu’une brique blanche peut remplacer n’importe quelle autre couleur de brique lors de la phase de construction, un joker bien pratique mais onéreux si elle remplace une brique bon marché de couleur noire.

Construire à la Porta Nigra est un peu particulier puisque chaque emplacement de couleur requiert un minimum de construction de 3 briques de la couleur (et de hauteur maximum de 8 briques), signifiant le déclenchement immédiat du gain de la récompense Maître d’œuvre (ou 2 fois lors de la construction directe d’une pile de 6 briques). Les points de victoires attribués pour chaque élément dépendent de la couleur des briques délivrées (1 PV par noire, 2 par bleue, 3 par rouge, 4 par jaune et 5 par blanche).

Attention ! Pas de pion Romain, pas de construction : il est donc plus que conseillé de bien gérer son stock de pion Romain. On peut en gagner grâce à la récompense Maître d’œuvre de chaque chantier (sauf le mur d’enceinte), ou lors d’acquisition de cartes Honneur spécifique. Dernière possibilité s’il on est bloqué, dépenser 2 jetons Influence permet d’obtenir un pion Romain.

  • Prendre 1 jeton influencePrendre un jeton Influence : ces jetons sont très utiles car non seulement ils permettent d’obtenir les bonus immédiats variés des cartes Honneur (on peut acheter une carte Honneur par tour, le coût est généralement d’un ou 2 jetons Influence pour les plus fortes) mais aussi de se dépêtrer en cas de blocage, en obtenant un pion Romain pour 2 jetons Influence, ou bien encore en pouvant réaliser une action immédiate (« placer un élément de construction » pour 2 jetons Influence, un bon moyen de devancer un adversaire sur la livraison d’un chantier convoité).

 

  • Prendre 1 jeton TorchePrendre un jeton Torche : cette action permet de récupérer un jeton Torche dans se réserve que l’on peut utiliser à bon escient pour obtenir une action disponible d’une carte Action.

 

  • Prendre X sestercesGagner de l’argent : cette action est primordiale pour récupérer des sesterces car déplacer son maître d’œuvre est coûteux en droit de péage.
    Un autre moyen d’obtenir des sous est d’acquérir certaines cartes Honneur en payant leur coût en jeton Influence ou bien en obtenant la récompense du Maître d’œuvre de l’amphithéâtre. Dernière possibilité décrite sur le plateau individuel pour obtenir un seul petit sesterce : dépenser une action inutilisée ou un jeton Torche, pas cher payer mais s’avère parfois bien utile.

 

Connaître la constitution de notre deck de 8 cartes (7 à 4 joueurs) et la répartition des icônes est important même si c’est le hasard qui choisira en partie de son déroulement via le tirage. Voici donc le vue d’ensemble des 8 cartes (ici du joueur jaune) :

Cartes Deck

On peut noter pour la phase d’achat la présence d’une seule carte par couleur de boutique, accompagnée à chaque fois par une boutique de couleur grise joker. Toute les cartes sont pourvues de l’action de construction sauf la première (la plus à gauche) qui est la plus faible du deck avec seulement 2 actions possibles (icône 2 torches) parmi acheter des briques noires, et/ou neutre et/ou l’acquisition d’un jeton Influence. La dernière carte (à droite) est très orientée construction avec 2 actions Construction possibles et c’est la seule qui permet d’obtenir un jeton Torche par une action (des cartes Honneur en donnent aussi, tout comme la récompense du maître d’œuvre de la Basilique). 5 cartes sur 8 permettent d’obtenir des sesterces et 6 sur 8 un jeton Influence.

COMMENT GAGNE-T-ON DES POINTS ?

Il y a plusieurs biais pour gagner des points, spécification ou diversification sera le dilemme central des joueurs.

Poser des briques sur les différents chantiers de construction permet de marquer les points inscrits à côté de l’emplacement selon la couleur des briques : plus on aura payé cher une brique par sa couleur, plus la construction de cette couleur rapporte de points. Dans la même logique, plus l’emplacement requiert de briques et plus la récompense en PV sera élevée.

Carte ConstructionUne autre voie pour marquer des points est de collectionner les différents types bâtiment de carte Construction : une série de 4 cartes bâtiments différents rapporte 20 PV qui peut en plus être bonifiée en acquérant les cartes Honneur de décompte final dédiés (en nombre limité et en dépensant des jetons Influence) permettant de gagner +10PV (carte Honneur 30 PV), +12 PV (carte Honneur 42 PV) et +14 PV (carte Honneur 56 PV qui demande de dépenser 3 jetons Influence). Collectionner 4 cartes différentes, ce bonifié par la dépense de 7 jetons Influence permet de gagner lors du décompte final la bagatelle maximale de 56 PV !

Les séries non complètes octroient aussi des points en fin de partie : 1 carte 2 PV, 2 cartes 6 PV, 3 cartes 12 PV comme rappelé sur chacune des cartes construction.

Cartes honneur decompte final

Deux cartes Honneur rapportent des PV : l’une 5 PV (plus un jeton Torche) au coût de 2 jetons Influence et l’autre 3 PV (plus un jeton Torche) au coût d’un seul jeton Influence.

L’entre-deux manches permet aussi d’engranger des PV avec la possibilité de convertir en points le double de ses briques posées dans une partie à 3/4 joueurs et une fois pour une partie à 2 joueurs, en panachant avec les sesterces car tout transformer son total uniquement en points est très périlleux et synonyme de potentielles futures pénuries en argent pour la manche suivante. « Audaces fortuna juvat » : la fortune favorise les audacieux !

Enfin, la manière la plus interactive d’avancer sur la piste de score en se démarquant de ses adversaires est de remporter les bonus de majorité de fin de partie, synonyme de nombreux points. Chaque bâtiment octroie des points au premier et second joueurs possédant le plus grand nombre total de briques présentes sur le bâtiment. Les égalités sont départagées par l’élément de construction de plus grande valeur.

  • Le quartier de la Basilique contient 2 rangées A et B de 5 emplacements de construction chacune qui sont décomptées séparément, le joueur qui possède le plus de briques dans chaque rangée empoche 12 PV et 6 PV pour le second

Basilique

Récompense du Maître d’œuvre de la basilique en cours de partie (octroyé pour chaque multiple de 3 briques) : un jeton Torche et un pion Romain pris de la réserve

  • L’amphithéâtre comporte 3 rangées (A, B et C) de 5 emplacements de construction chacune qui sont décomptées séparément, les 2 joueurs qui possèdent le plus de briques dans chaque rangée empoche des points selon le tableau ci-dessous différent pour chaque rangée :

Amphithéâtre

Récompense du Maître d’œuvre de l’amphithéâtre en cours de partie (octroyé pour chaque multiple de 3 briques) : 5 sesterces et un pion Romain pris de la réserve

  • Le mur d’enceinte présente une seule rangée de 10 emplacements de construction, le joueur qui possède le plus de briques dans chaque rangée empoche 20 PV et 10 PV pour le second.

Mur d'enceinte

Récompense du Maître d’œuvre du mur d’enceinte en cours de partie (octroyé pour chaque multiple de 3 briques) : une brique blanche prise de la réserve générale (et non du marché central).

  • La Porta Nigra comporte 9 emplacements de construction en hauteur de 3 à 8 briques et la majorité est décomptée pour chaque niveau selon le tableau ci-dessous. En cas d’égalité, la tour de valeur de brique la plus élevée l’emporte. Si l’égalité ne peut être départagée pour la première place, les 2 joueurs gagnent les points de la seconde place. Si cela se produit pour la seconde place, les 2 joueurs ex-æquo ne marquent aucun point. Ainsi une tour de 8 briques rapporte pas moins de 37 PV au joueur majoritaire.

Porta Nigra

Récompense du Maître d’œuvre du mur d’enceinte en cours de partie (octroyé pour chaque multiple de 3 briques) : un jeton Influence et 2 pions Romain pris de la réserve

Enfin, lors du décompte final, les éléments restants sur son plateau individuel donne un PV en appliquant le taux de 1 pour 1 pour les pions Romain, jeton Torche et Influence et les briques achetées non livrées et le taux de 3 sesterces pour 1 PV.

LES CARTES HONNEUR : LA BOITE À OUTILS ROMAINE

Les cartes Honneur (au nombre de 28) sont très prisées dans le jeu car elles apportent souvent de la souplesse dans la gestion de nos actions et nos ressources tout en octroyant de précieux bonus (de substitution de carte Construction ou bonus de collections). On ne remet pas de cartes Honneur en jeu lors de la phase d’entretien de début de tour si la pile Honneur est épuisée.

Ces cartes coûtent entre 1 et 3 jetons Influence selon leur puissance et se classent en différentes catégories selon le type de bonus immédiat :

  • Un panachage entre jetons Torche, sesterces et PV ;
  • 2 cartes de placement d’un élément de construction chacune (coût 1 jeton Influence) ;
  • 2 cartes distribuant un pion Romain et un jeton Torche (coût 1 jeton Influence) ;

Carte Influence serie 1

  • 5 cartes apportant chacune une brique de couleur prélevée de la réserve générale (et non du marché) au coût d’un jeton Influence (2 pour la blanche) ;

Carte Influence série Brique

  • 6 carte de décompte final permettant de bonifier une série complète de carte Construction (3 cartes pour passer de 20 à 30PV, 2 cartes pour passer de 30 à 42PV et une seule pour passer de 42 à 56 PV) au coût de 2 jetons Influence (3 pour la dernière à 56 PV) ;

Cartes Honneur décompte final

  • 4 cartes construction bonus de chaque bâtiment au coût de 2 jetons Influence : très pratique pour compléter une série de la carte Construction du bâtiment manquant ;

Cartes Honneur Construction bonus

  • 3 cartes Porta Nigra (au coût de 2 jetons Influence) qui permettent chacune de prendre une brique de la réserve générale et l’ajouter à l’un de ses éléments de la Porta Nigra sous son pion Romain : une astuce très efficace et prisée pour gagner une majorité !
    La brique ajoutée ne permet pas de marquer les points immédiats de construction alors qu’elle permet de remporter la récompense Maître d’œuvre dans le cas où un nouveau seuil multiple de 3 est atteint ;

Cartes Honneur Porta Nigra

MISE EN PLACE

On place le marqueur de manche et les pions des joueurs à 0 sur la piste de score puis on rend visible sur les 2 bords du plateau prévus à cet effet les cartes piochées de chaque pile : 6 cartes Construction d’un côté en une rangée et 14 cartes Honneurs de l’autre en 2 rangées.

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On mélange la pile des 10 tuiles Réapprovisionnement et on procède à leur tirage pour mettre en place minimum 14 briques dans les boutiques du marché.

On dispose une réserve générale de briques, pièces, pions Romain, jetons Influence et Torche.

Chaque joueur débute avec le même matériel à sa couleur : son plateau individuel, 20 sesterces, ses 5 pions Romain, un jeton Torche, ses marqueurs Action, sa figurine Maître d’œuvre et son deck de cartes Action (l’un d’elle est retirée pour les parties à 4 joueurs) à partir duquel chaque joueur pioche 2 cartes.

Materiel de départ

Le premier joueur est tirée au hasard et la partie peut commencer pour devenir le plus grand architecte de l’empire !

La partie : Acta est fabula (la pièce est jouée)

La découverte du jeu s’effectue à 3 joueurs avec un couple d’amis (Seb et Juliette), il y a donc 2 manches au programme et on joue avec la totalité des 8 cartes de son deck.

Pour découvrir les règles du jeu, on visionne tout d’abord ensemble le Ludo-Chrono concocté par Sha-Man puis dans le but d’une présentation plus détaillée, on découvre plus en profondeur le jeu en regardant la vidéo explicative du jeu sur le site de Tartenpionne.

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Dès les 2 premières cartes Action piochées, cela commence à cogiter tranquillement dans son coin pour essayer d’optimiser car si le premier placement de son Maître d’œuvre au marché pour acheter des briques est gratuit, tous les déplacements suivants coûtent le droit de péage et notre petite réserve de pièces diminue fortement avec les déplacements suivants et surtout le coût d’achat des briques. On a tendance d’ailleurs à oublier de les payer et une surveillance mutuelle est de mise pour éviter les oublis malencontreux !

Analyser les cartes bonus Construction disponibles est intéressant et guide un peu notre stratégie dans la mesure où l’on en convoite une faisable et non-réalisable par les adversaires qui nous précèdent. En effet ces cartes sont gratuites et la seule condition d’acquisition est de construire de la bonne couleur sur le bon bâtiment : une manière facile de marquer de futurs points en constituant des séries de bâtiments.

Même si notre maître d’œuvre tourne en rond, ce n’est pas le cas de notre cerveau car on tente d’optimiser lors de chaque tour en achetant et livrant dans le même quartier pour éviter les coûts de déplacement, et tenter d’anticiper ses prochains coups.

Activer des actions supplémentaires ou se précipiter sur l’achat d’une carte Honneur fait également partie pregnante du jeu avec un effet course à différents niveaux : les emplacements des bâtiments et leur carte Construction bonus, plus les cartes Honneurs. Le jeu demande ainsi beaucoup d’adaptation en fonction des cartes Action piochées et les actions réalisées par nos adversaires, en ce sens, il est très tactique dans une dimension moyen terme. La dimension long terme, plus stratégique, vient peu à peu au fil de la partie en se concentrant plus sur le futur gain de majorité plutôt qu’aux PV ou bonus immédiats.

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Le jeu appelle parfois à de l’opportunisme. Si une nouvelle carte Honneur ou Construction alléchante apparaît à son début de tour lors de la phase d’entretien, nos plans initiaux peuvent en être modifiés pour un coup plus lucratif. La présence ou l’absence d’une couleur de tuile aux boutiques est également à prendre en compte car une pénurie peut devenir un atout si l’on possède en main la bonne carte Action (celle qui permet d’aller acheter une autre couleur de brique).

En début de partie, les emplacements libres sont nombreux et donnent lieu à peu de concurrence, mais plus la partie avance et plus la rivalité entre joueurs augmente. Se faire souffler une place n’est jamais complètement préjudiciable puisque échafauder un plan B n’est pas trop difficile en milieu de partie. Cette vérité est beaucoup moins vrai en fin de partie où la tension monte d’un cran avec la pénurie des emplacements libres.

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La phase d’entre-deux tours où l’on va convertir ses briques en points et argent est assez délicate. Il est pas facile de jauger entre nos réels futurs besoins et le fait de marquer des points pour rattraper ses adversaires. La prise de risque est possible, mais garder des sesterces dans sa bourse semble plus judicieux pour la fin de partie.

La gestion des pions Romain est aussi importante afin d’assurer les futures constructions. On se dirige donc vers des bâtiments qui octroient des récompenses de maître d’œuvre, comme la Porta Nigra. Personnellement, j’ai tendance à vouloir construire des tours hautes à Porta Nigra à l’aide de briques noires (bon marché). C’est un bon calcul pour le décompte final mais les PV immédiats attribués sont les plus faibles et en cas d’égalité, cela devient une mauvaise opération à cause de notre rétrogradation pour la majorité due à des constructions de piètre qualité.

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On voudrait tout faire mais on ne peut pas ! Les actions sont limitées et nos adversaires construisent aussi ! Le plateau, un peu terne en début de jeu, s’égaie ainsi au fil de la partie avec les piles de briques surmontées par les pions Romain qui désignent fièrement les possesseurs des emplacements. C’est d’autant plus vrai sur la Porta Nigra où les piles de briques s’allongent, notamment grâce à la carte Honneur qui permet d’en ajouter une de la réserve.

La fin du jeu peut devenir très calculatoire et prise de tête s’il on désire optimiser à fond et freiner le joueur de tête qui n’est d’ailleurs peut-être pas le leadeur. Attention aux apparences ! En effet, les cartes bonus Construction étant marquées seulement lors du décompte final et les majorités n’étant pas toutes attribuées avec encore des emplacements libres, on ne sait jamais vraiment quel joueur est réellement en tête, même si on a chacun notre petite idée sur la question.

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Pour cette première partie, je termine bon dernier et ça, tout le monde le savait avant le décompte final au vu de mon grand retard sur la piste de score !

Le plateau de jeu en fin de partie est magnifique et ma défaite bien anodine. On a tous les 3 bien apprécié le jeu en trouvant tout de même le jeu assez long, notamment à cause de la découverte des règles.

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À noter qu’on a mal appliqué la règle en recyclant les cartes Honneur et de construction alors que leur pile était épuisée. Cela ne changeait pas grand chose.

J’ai depuis cette découverte pu rejouer au jeu dans une configuration 2 joueurs avec un ami joueur occasionnel que j’ai du aider seulement en début de partie, ensuite il s’est très bien débrouillé tout seul et j’ai du batailler sec pour une victoire de quelques points.

J’ai également refait dernièrement une partie à 3 joueurs (avec 6gale et Virgile que je salue) dans laquelle j’ai engrangé les cartes Construction au grand dam de mes adversaires alors que je les avais prévenus de l’importance du gain de ces cartes. Ils ne m’ont pas écouté et se sont précipités pour je ne sais quelle raison sur la construction éclair de l’amphithéâtre ! Ils se sont rendus compte de leur « erreur » et même en se liguant contre moi pour l’obtention des majorités, ils n’ont pas réussi à endiguer ma remontée au score lors du décompte final, seul moment de la partie où j’ai viré en tête !

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Bilan : Gloria victis (Gloire aux vaincus)

Le jeu est très plaisant, la qualité du matériel et des graphismes aide bien à l’immersion dans le thème qui disparaît peu à peu au profit de l’optimisation de ses choix. Dans Porta Nigra, j’aime bien l’impression constante tout au long du jeu de construire un ensemble d‘édifices et le résultat visuel final coloré est très réussi, quelque soit le score atteint.

L’interaction est assez forte mais indirecte : on ne vole pas des briques à ses adversaires mais on se sert avant eux au marché, on ne détruit pas une construction en place mais on se débrouille pour la bâtir avant eux ! Dans ce sens, le jeu me plait bien alors qu’il pourrait décevoir des joueurs adeptes de jeux à forte interaction directe, ou disons plus agressifs.

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L’effet course est donc très présent avec plusieurs données importantes à gérer et de nombreux choix possibles. Sous son habillage un peu bon enfant, le jeu pourrait sembler s’adresser à un public familial plus alors qu’il est en réalité assez exigeant et ravira donc plutôt les experts.

Porta Nigra s’avère au final un mélange efficace de gestion de déplacement et de livraison de ressources, avec de la tactique, et de la stratégie plus long terme en planifiant précisément ses coups à l’avance (mais sur 2 coups seulement dans le mesure où l’on connaît que la carte en main non jouée) dans un système global de majorité, le tout arrosé par une pincée d’opportunisme qui demande une remise en question de ses choix initiaux. Comme l’avait pressenti Grovast dans sa preview, « K&K continuent ainsi à triturer et redécliner le jeu d’optimisation à l’allemande, dans tout ce qu’il a d’épuré et classieux. Pas hyper spectaculaire, peut être, mais probablement efficace. » 

En effet, on reconnait bien cette démultiplication des chemins vers les points. La recette n’est pas très loin des autres jeux de même type du duo d’auteurs, notamment Asara qui est tout de même bien plus simple. Bon, Porta Nigra n’est pas non plus très complexe, on voit assez facilement les options de jeu qui s’offrent à nous, sauf en fin de partie où chaque tour devient alors très, voire trop calculatoire s’il on désire optimiser à outrance, chose que l’on a modérément effectué pour ne pas ternir l’expérience de jeu. Le jeu et ses choix peuvent donc être plus fins qu’ils ne paraissent de premier abord.

 

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Les tours sont généralement fluides avec deux à 4 actions effectuées plus un achat de carte Honneur avec les jetons Influence. Vu d’ici, il parait plutôt bien équilibré à en juger par les scores assez serrés (sauf pour la dernière place de ma première partie).

Mon avis est plus mitigé sur le renouvellement du jeu car même si le tirage des cartes Action ou autres cartes peut changer le séquencement de la partie, son déroulement général me semble assez similaire d’une partie sur l’autre : on achète des ressources pour les livrer en optimisant ses déplacements et tentant de bénéficier de cartes bonus, on essaie de gagner les majorités par le placement. Pas certain donc que l’allocution « Bis repetita placent  : les choses répétées plaisent » soit de bonne tenue.

Le tout est donc sans réelle surprise si ce n’est les choix de nos rivaux et la réadaptation de notre stratégie selon les nouveaux éléments révélés du jeu. Cette impression est accentuée par le départ assez symétrique des joueurs possédant le même deck de cartes, même si leur ordre de sortie diffère, elles sont identiques. C’est donc à se demander si rajouter des évènements négatifs et positifs ne pourraient pas pimenter un peu plus le jeu en cassant le train-train quotidien de notre maître d’œuvre romain ! Cette proposition n’est qu’un avis personnel, les puristes apprécieront le jeu tel quel, en gardant le contrôle.

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Bref, malgré cette dernière remarque, le jeu est de bonne qualité tant au niveau édition que sensations ludiques et je ne refuserai pas une prochaine partie. 

 

En résumé : Points forts / points faibles

cavalier romainPoints forts :

  • Placement et programmation tactique
  • Interaction indirecte très forte
  • Équilibré, avec de nombreux choix
  • Multiples effets « courses » (marché, construction, cartes Construction et Honneur)
  • Gestion originale des actions avec les cartes de son deck
  • Stratégie changeante : il faut sans cesse s’adapter pour optimiser son meilleur coup
  • Édition soignée et matériel de qualité

 

Points faibles :

  • Légère attente à son tour en fin de partie (l’analysis paralysis peut rôder)
  • Longueur du jeu
  • Fin de partie très calculatoire
  • Léger doute sur le renouvellement des parties (à confirmer avec le test)
  • Doublon avec des jeux de construction similaires du duo d’auteurs (Asara, Les Palais de Carrara…)

 

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Porta Nigra, un jeu de Michael Kiesling, Wolfgang Kramer
Illustré par Michael Menzel
Édité par Eggertspiele, Gigamic, Pegasus Spiele
Pays d’origine : Allemagne
Langue et traductions : Allemand, Anglais, Français
photo-6411836Date de sortie : 10-2015
De 2 à 4 joueurs
A partir de 12 ans
Durée d’une partie entre 60 et 90 minutes

>> Ouverture de la boite et explication des règles sur le site de Tartenpionne

>> Ludo-Chrono

>> Découverte du jeu en vidéo sur le stand de Gigamic à Essen 2015

>> Fiche du jeu

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2 Commentaires

  1. Alexgodlex 31/05/2016
    Répondre

    Merci pour cet article ce jeu me fait de l’œil depuis un certain temps : je le trouve très beau (avec ses briques grises !) et à l’air de bien fonctionner à deux. Je me demande pourquoi on n’entend pas plus parler ! Pourra t on l’essayer à Paris est ludique ?

  2. Zuton 02/06/2016
    Répondre

    Le jeu a plutôt bonne presse auprès des différents blogs ludiques et c’est mérité. La sortie dans la foulée chez Gigamic de Mombasa lui a peut-être fait de l’ombre et cela ne lui a pas permis de rester longtemps sur les devants de la scène. Il n’était par exemple pas présenté sur le stand de Gigamic au salon de Cannes de cette année alors que Mombasa oui. Porta Nigra est pourtant plus léger et s’adaptait mieux à des parties d’essai dans un salon. Je ne sais pas si le jeu sera présent au PEL.

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