Participatif, la sélection naturelle N° 128 du 18 février 2020
N° 128
Salutations ludico-participatives !
► C‘est bientôt le festival de Cannes, et je vous conseille si vous le pouvez d’aller voir The Great Race par Platypus Games et Malhya : Lands Of Legend par 4 Univers, deux jeux dont je pense que vous allez en entendre parler. Vous leur dites que vous venez de ma part 😉
Bonne lecture, et à la semaine prochaine (ou celle d’après 😉 ) !
Évolution des campagnes en cours la semaine passée
► Petite semaine, et qui plus est chaotique pourWishland par Lost Games. En effet, non content d’être plutôt calme, le rythme a varié allègrement entre 1 et 20 soutiens en fonction des jours, de la pluie, du vent et que sais-je encore. On s’en fiche, c’est quand même financé à plus de quatre fois (actuellement 42 300/10 000 € et 780 soutiens. Fin le 25 février).
► Vampire The Masquerade : Chapters par Flyos Games s’approche tranquillement des 5 000 souscripteurs. Tranquillement, parce qu’avec une quarantaine de soutiens par jour cela devrait intervenir en milieu de semaine. Là encore, c’est financé à plus de quatre fois(actuellement 1 063 000/250 000 CA$ et 4 870 soutiens. Fin le 29 février).
►Fort de son joli rythme très supérieur à la centaine de soutiens quotidiens, Parks : Nightfall + Memories par Keymaster Games devrait avoir atteint les 7 000 contributeurs au moment où vous lirez ces lignes. Joli résultat donc, et a cette allure les 9 700 soutiens de la première campagne sont largement atteignables (actuellement 396 000/46 600 $ et 6 850 soutiens. Fin le 26 février).
► Les fans se lasseraient-ils des extensions annuelles pour Aeon’s End ? Toujours est-il que la campagne d’Aeon’s End : Outcasts par Indie Boards & Cards ne fonctionne pas autant qu’on aurait pu se l’imaginer. Bon, il y a du lourd en face, et les 3 000 soutiens actuels ne représentent pas non plus un échec. Mais bon… (actuellement 303 600/40 000 $ et 3 080 soutiens. Fin le 25 février).
Les projets qui ont le plus attiré mon attention (en bien comme en mal)
►Teasé par son éditeur Druid City Games depuis plusieurs semaines, Wonderland’s War était particulièrement attendu, sa direction artistique n’y étant pas pour rien.
Situé dans l’univers d’Alice au Pays des Merveilles, le jeu est issu d’une collaboration entre les frères Ben et Tim Eisner (The Grimm Forest, Tidal Blades), Ian Moss (Duelosaur Island) et Jonathan Gilmour (Dead of Winter, Dinosaur Island). Chaque joueur endosse le rôle d’un personnage emblématique de l’histoire (Alice, le Chapelier fou, la Reine Rouge, le Chat du Cheshire et le Jaberwock) qui va, après avoir recruté des alliés au cours dune « tea party », devoir lutter contre les autres pour devenir le leader de Wonderland, et ce par le truchement de mécaniques de bag building et de contrôle de zones.
Comme dit plus haut, au-delà de son thème, le jeu se démarque par sa direction artistique de toute beauté. Les illustrations de Manny Tremblay sont juste magnifiques et soutiennent merveilleusement le thème du jeu. Le matériel est à l’avenant, les standees découpés de la boîte de base le disputent en esthétique aux figurines de la version Deluxe, laquelle version offre, en plus des rangements de chez GameTrayz, de très jolis meeples alliés customs et de très sympathiques sacs en velours aux couleurs de chaque faction. L’esthète pas trop juste en fins de mois y ajoutera avec bonheur l’add-on des magnifiques jetons de poker premium qui remplaceront leurs bêtes et vulgaires version carton, jetons présentés eux-aussi dans leur rangement GameTrayz.
Deux pledges sont proposés, le premier de base dit « Retail » (tout carton avec standees) à 50 $ et le second « Deluxe » (avec les figs et tout) à 80 $. Chacun des deux pledges aura sa version en bundle avec l’add-on des jetons de poker, le Retail + jetons étant à 85 $ et le Deluxe à 115 $. Des tarifs ma foi plutôt justifiés et qui devraient l’être encore plus grâce au déblocage des stretch goals. Les frais de port viennent inévitablement plomber la note, même s’ils sont dans la norme actuelle (entre 17 et 26 $, en fonction du pledge) (actuellement 401 800/50 000 $ et 5 070 soutiens. Fin le 04 mars).
►Lorsque l’une des compagnies les plus en vue sur Kickstarter annonce un jeu basé sur une des licences les plus porteuses du moment, forcément ça excite la curiosité. On a donc beaucoup discuté, et ce bien avant le lancement de la campagne, de Marvel United par CMON.
C’est tout d’abord le traitement chibi des figurines qui a focalisé les avis, d’aucuns craignant ce parti pris et d’autres espérant bien un Arcadia Quest à la sauce Marvel. Puis lorsque les premières cartes furent dévoilées, ce fut une douche froide quasi généralisée. Premièrement, parce que les figurines ne servent à rien en tant que telles. Et surtout parce qu’au vu de la relative épure des cartes sus-citées, c’était sûr et certain, CMON était en passe de nous refourguer un jeu axé jeune public.
Oui, mais en fait non. Marvel United est un jeu coopératif aux mécaniques simples mais pas simplistes et qui pourrait bien proposer un challenge un peu plus ardu que sa supposée simplicité le laisserait croire. La direction artistique est raccord avec le style des figurines, simple et très colorée, rendant du coup les cartes très lisibles.
Pour le reste, on est du sur CMON pur beurre. Les deux pledges (60 $ pour celui de la boîte de base et 90 $ pour celui offrant une extension « KS Exclu » en bonus) ne prendront leur vraie valeur qu’en fin de campagne, une fois tous les stretch goals débloqués, car il faut toute de même leur additionner des frais de port entre 30 et 42 $. Oui, ça pique. Et comme d’habitude avec CMON, l’offre la plus intéressante est un pledge sec agrémenté éventuellement des add-ons « KS Exclu ».
La force de la licence semble bien être bénéfique puisque les 10 000 souscripteurs ont été atteints en 5 jours et que le rythme est tel que la moyenne quotidienne du week-end a été de 600 contributeurs (actuellement 816 300/150 000 $ et 10 700 soutiens. Fin le 05 mars).
► On ne savait pas trop quoi penser de Gorinto par Grand Gamers Guild. Le teasing d’avant campagne était, et c’est un doux euphémisme, plutôt flou.
Finalement, il s’agit d’un pur jeu abstrait (meh..!) sur lequel on a plaqué un thème japonisant justifié par une histoire pour le moins capillotractée de construction de sanctuaires (les Gorintos donc) grâce à la maîtrise des cinq éléments (Air, Eau, Terre, Vent et Vide. Où j’apprends que le vide est un élément. Et on m’avait rien dit).
Concrètement, il va s’agir de déplacer sur un plateau de 5 x 5 cases des tuiles de couleur (une par élément) qui s’empilent pour les rapatrier sur son petit plateau de joueur à soi afin, au final, d’engranger des points de victoire. Je ne sais pas si c’est bien (mon aversion naturelle envers les jeux abstraits me ferait dire que non, mais ce serait hyper subjectif pour le coup) mais en tout cas, c’est beau. Bon, hors les caractères japonais dessinés sur les tuiles, il n’y a pas grand chose qui fasse penser au Japon, mais honnêtement l’ensemble du matériel est très joli et donnera certainement envie aux amateurs de ce genre de jeux.
La campagne ne verra aucun stretch goals et seuls deux pledges sont proposés. Celui de base, appelé « Retail Plegde » est à 35 $ et celui nommé « Kickstarter Pledge », qui apporte une petite amélioration matérielle (dont des pièces métal) mais surtout une mini extension, est quant à lui proposé pour 45 $. Des prix corrects, bien entendu alourdis par des frais de port de 17 $ pour la France. À noter que le jeu est proposé en version française(actuellement 23 500/10 000 $ et 550 soutiens. Fin le 05 mars).
► Boomerang is back ! par Grail Games est le reprint ++ d’un jeu financé en 2018 et qui s’est montré être très bon dans son genre : le Draft & Write. C’est comme du Roll & Write, sauf que l’on draft des cartes au lieu de lancer des dés. Le thème du jeu est simple : il faut se balader en Australie (ou ailleurs, on va le voir) et essayer de visiter le maximum de lieux avant la fin des vacances.
Cette campagne propose deux versions supplémentaires du jeu : USA et Europe. Matagot a obtenu les droits de localisation et Australia devrait sortir incessamment sous peu dans nos contrées en un langage compréhensible par tout un chacun (et on est en droit de penser que USA et surtout Europe devraient subir le même sort à terme plus ou moins lointain). Et comme Matagot a voulu faire les choses bien, il a obtenu de revoir les graphismes originels. Le résultat a été validé par Grail Games, au point que ce sont ces nouvelles illustrations qui sont utilisées pour la campagne en cours de la version anglaise (actuellement 24 650/10 000 $ et 370 soutiens. Fin le 05 mars).
► La semaine dernière, j’ai allègrement injustement zappé un petit projet français. Fingers par BenjaminReynoudt est un petit jeu d’ambiance plutôt malin et chafouin dans lequel chaque joueur devra se créer une main, au sens presque propre de l’expression puisqu’il va falloir étaler devant soi des cartes représentant chacune un doigt en tentant de faire des familles pour scorer un max. Graphismes simples mais agréables, mécaniques sympas et auteur à l’écoute de sa campagne, si ce jeu est votre style, allez donc voir de quoi il en retourne (actuellement 6 720/5 200 $ et 263 soutiens. Fin le 20 février).
► Du coup, j’en profite pour vous parler d’un troisième petit jeu français d’un nouvel éditeur dont la campagne fut lancée cette semaine, à savoirHades Trap par Débâcle Jeux. Il s’agit d’un dungeon crawler aux graphismes pixel art et aux mécaniques relativement simples. Une version avec une aventure « soft legacy » est également proposée. La campagne est d’ores et déjà financée (actuellement 5 390/4 500 $ et 178 soutiens. Fin le 17 mars).
Ils débarquent cette semaine
► Conan The Conqueror par Monolith – le 17 février
Extension ajoutant de nouveaux scénarios, mode coop à Conan. Grosse extension bien remplie de plastique !
► Batman, The Animated Serie par IDW – le 18 février
Jeu basé sur les dessins animés Batman et utilisant le même système que leur précédent TNMT (dit Adventures Univeral Game System).
► Empire Of The Stars par CrossCut Games – le 20 février
Construction d’empire interstellaire. Relookage (le fond semble rester tel quel) du jeu Galactic Emperor (2008).
► Hunt The Ravager par Kolossal Games – le 20 février
Jeu asymétrique pour deux à déplacements cachés. Thème japonisant (décidement), les forces de l’Impératrice contre un démon vengeur.
► Ark : Awakening par Skyport Games – le 20 février
Vous vous réveillez sans savoir pourquoi à bord de votre vaisseau arche. Il faudra explorer l’immense vaisseau, le comprendre et résoudre au plus vite le problème ayant causé votre éveil (site éditeur, test sur Tabletopia possible).
Add-on : (Nom m.) Ajouts optionnels et néanmoins payants proposés au cours de la campagne. Cela peut-être des packs de figurines, des extensions, des dés plus jolis, mais aussi des objets beaucoup plus dispensables tels que des t-Shirts ou des mugs, voire des pin’s (si si !). Dans tous les cas, les sommes collectées par ce biais participent à l’augmentation de la cagnotte et à atteindre les paliers des stretch goals.
Backer [bakeur] : (nom m.) Aussi utilisé, « pledger ». Personne qui avance de l’argent pour la réalisation d’un projet dont la campagne est en cours.
Box Upgrade : Modifications apportées tout au long de la campagne (souvent dans le cadre des stretch goals) qui permettent d’améliorer la qualité du matériel du jeu (cartes plus épaisses, carton de la boîte plus fort, dés spéciaux, etc…).
CAD$ : Dollars Canadiens (cours bien inférieur au Dollar US)
Campagne : Période au cours de laquelle le projet est proposé au souscripteurs. Généralement de 2 à 4 semaines, mais cela peut être moins ou beaucoup plus. Cette durée n’est pas anodine et ne doit pas être choisie au hasard par le porteur du projet. En effet, de celle-ci dépend la forme et la dynamique de la campagne.
CMoN : Initiales de l’éditeur “Cool Mini or Not”. Afin de briller en société et avoir l’air du mec (ou de la meuf) qui s’y connait, on le prononcera “Simone” (oui, comme la tata du même nom) et on proscrira les “kmone” ou, pire, les “komone”.
DPG : Initiales de l’éditeur “Devil Pig Games”.
Early Birds [eurli beurdz] : (Nom m.) Rien à voir avec des oiseaux qui arriveraient en avance. Il s’agit d’un nom poétique donné au pledge à prix réduit (généralement quelques dollars) ou avec un bonus proposé parfois aux tous premiers souscripteurs d’une campagne.
FdPI : Initiales de « Frais de Port Inclus »
KS : Contraction de KickStarter, la plus grosse plate-forme de financement du monde connu.
KS Exclu : Acronyme regroupant tout ce qui est proposé lors d’une campagne et qui lui est exclusif. Par exemple, un add-on ou un stretch goal « KS Exclu » ne se retrouvera jamais dans le commerce et ne pourra plus être acquis en dehors de la campagne. Mais certains porteurs de projets ont des notions bien personnelles de la signification du terme « exclusif ».
Mougeon : (Nom m.) Race animale grégaire endémique sur Kickstarter, mi-mouton mi-pigeon. Les spécimens qui la compose ont pour particularité d’avoir, au cours de certaines périodes de l’année qui correspondent peu ou prou à la durée des campagnes de financement les plus en vue, une capacité de discernement inversement proportionnelle à la taille de leur compte en banque.
Pledge [plèdj] : (Nom m.) Niveau de soutien proposé lors d’une campagne. Par extension, somme d’argent versée pour y accéder.
Pledge groupé (ou PG) : (Nom m.) Regroupement des participations de plusieurs soutiens géré par une personne, généralement pour diminuer (parfois drastiquement) les frais de port et après négociation avec le porteur du projet.
Pledger : [plédjé] (Verbe) Action de sélectionner un niveau de soutien et d’autoriser le débit de son compte de la somme correspondant en cas de réussite de la campagne.
Pledger : [plédjeur] (Nom m.) Voir « Backer ».
PnP : Initiales de « Print and Play ». Il s’agit d’un fichier (généralement PDF) gratuit ou payant, permettant d’imprimer les composants du jeu qui s’y prêtent et ainsi de le tester avant la fin de la campagne.
Reboot [rebout] : Deuxième (voire plus) lancement d’une campagne qui a précédemment échoué à être financée. En général, le porteur du projet essaie à ce moment là de corriger les erreurs qui ont mené à l’échec, mais pas toujours…
Reminder [wemeyndeur] : Option qui vous averti par mail de l’entrée d’une campagne dans ses dernières 48 heures et vous permet ainsi de juger de la pertinence d’y participer. Utile lorsque l’on est pas certain d’être intéressé en l’état en début de campagne.
Reprint : Nouveau tirage d’un jeu qui fait parfois l’objet d’une campagne participative.
ROW : Acronyme de “Rest Of the World”. Indique l’ensemble des zones géographiques concernées par des frais de port qui n’ont pas été déjà détaillées.
SG : Contraction de « Stretch Goals » (voir explication de ce terme).
Stretch Goals [strètch golz] : Paliers de financement qui, lorsqu’ils sont atteints, débloquent un ou plusieurs éléments supplémentaires venant généralement enrichir le jeu. Lorsque ces stretch goals sont spécifiques à la campagne et lui resteront exclusifs, on emploie l’expression acronyme de « SG KS Exclus ».
UE Friendly : Définit un projet dont le porteur s’est assuré que les colis de son jeu arriveront dans notre boîte aux lettres sans surcoût lié au passage en douane.
Vous serez peut-être intéressés par...
LUDOVOX est un site indépendant !
Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :
Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :
Tilouboy 18/02/2020
C’est bien plus qu’un simple relookage, l’auteur a modifié le jeu en profondeur.