Participatif, la sélection naturelle du lundi 26 novembre 2018
N° 97
Salutations ludico-participatives !
► Cette semaine laisse, une fois n’est pas coutume, la part belle aux projets français. Et pas des moins intéressants, qui plus est. C’est pas fait exprès, hein, c’est le hasard qui veut ça. Et parfois il fait bien les choses. Parfois…
► Vous remarquerez que la partie dévolue aux nouveaux projets lancés dans la semaine est plutôt vide. C’est que je n’ai pas trouvé d’annonce de projets, tout simplement. Cela se comprend un peu, la très redoutée (car très redoutable) période des fêtes de fin d’année approche et mieux vaut que sa campagne ne se termine durant ce laps de temps. Mais cela ne signifie pas que certaines campagnes ne vont pas se lancer à l’insu de notre plein gré, car paradoxalement cette période de calme qui s’annonce est souvent propice à la réussite de petits projets modestes. On verra bien.
Je vous souhaite une bonne lecture, vous dis « À la semaine prochaine ! ».
Évolution des campagnes en cours la semaine passée
► Atlantis Rising (Second Edition) par Elf Creek Games a légèrement amélioré son rythme de la semaine précédente en montant à une grosse quarantaine de contributeurs par jour. Les 1 500 sont dépassés et la campagne est désormais financée à 5 fois (actuellement 103 500/20 000 $ et 1 530 soutiens. Fin le 1er décembre).
►Gros coup de moins bien pour Pipeline par Capstone Games. La semaine qui vient de s’écouler fut encore pire que la précédente, avec même pas une dizaine de soutiens quotidiens en moyenne. Le ventre mou est de plus en plus mou, mais pas de jours en négatif (actuellement 109 200/20 000 $ et 1 685 soutiens. Fin le 4 décembre)
► Order of Veiel par Alexandre et David Rousseau s’approche de son financement, lentement, péniblement, mais il s’en approche. Quant à savoir s’il va y arriver… Mais gardons espoir, il reste une dizaine de jours de campagne et on est jamais à l’abri d’une bonne surprise (actuellement 13 700/15 000 $ et 160 soutiens. Fin le 5 décembre).
► Les 1 000 contributeurs viennent d’être dépassés pour City of the Big Shoulders par Parallel Games. Et c’est à mon avis un résultat plus que correct pour un tel jeu dans le contexte actuel (actuellement 92 000/60 000 $ et 1 065 soutiens. Fin le 6 décembre).
► Rallyman GT par Holy Grail Games vient quant à lui de dépasser les 1 500 soutiens. Le jeu est financé à plus de 3 fois et, là encore, cela me semble un résultat honorable au vu du thème et du contexte du moment (actuellement 74 700/20 000 € et 1 520 soutiens. Fin le 6 décembre).
► Krosmaster Blast par Ankama Boardgames semble avoir trouvé son rythme de croisière, situé juste sous la vingtaine de contributeurs quotidiens. Cela pourrait être mieux, mais il s’agit du genre de campagne susceptible de recevoir un gros coup de boost sur la fin (actuellement 81 100/35 000 $ et 807 soutiens. Fin le 29 novembre).
► La situation d’ArenaBots par Happy Games Factory est aussi simple que terrible : depuis le quatrième jour c’est la fuite inexorable des backers. À 10 jours de la fin, la messe est dite, ça ne financera pas (sauf miracle, mais bon, hein…) (actuellement 13 000/35 000 € et 173 soutiens. Fin le 7 décembre).
► Assassin’s Creed : Brotherhood of Venice par Triton Noir semble avoir trouvé son rythme de croisière avec une soixantaine de soutiens par jour en moyenne. Les 5 300 contributeurs sont dépassés et la campagne est financée à plus de 6 fois, tout ça à 10 jours de la fin (actuellement 797 000/130 000 CA$ et 5 300 soutiens. Fin le 7 décembre).
► Hero Realms Journey par White Wizard Games a accusé une petite baisse depuis le milieu de la semaine passée pour descendre à environ 80 contributeurs par jour. Campagne financée à plus de 5 fois, près de 4 800 soutiens au compteur à 10 jours de la fin, on a vu pire comme campagne d’une extension (actuellement 272 7400/50 000 $ et 4 770 soutiens. Fin le 7 décembre).
Les projets qui ont le plus attiré mon attention (en bien comme en mal)
► Je commence la revue des projets de cette semaine par la campagne d’un jeu qui était passé complètement sous les radars, en tout cas sous les miens, et qui m’a été signalé par Hugues (merci à lui) dans les commentaires de la semaine dernière. Il faut dire que l’on a pas été submergé par un trop plein de communication de la part de l’auteur/éditeur non plus et que, de surcroît, ça se passe sur Ulule (où je ne vais que très rarement).
Lorsqu’on me signale l’existence d’un projet en cours « qu’il est trop bien » mais que je ne connais pas, je vais y jeter un œil plus ou moins distrait, au cas où. On n’est jamais à l’abri que ce soit réellement bien. Et c’est ainsi que je suis allé voir ce qu’il en était de ce Reflets d’Acide par JBX. J’ai viendu, et j’ai vu. J’ai vu un jeu sorti de nulle part, pour lequel on demande un financement de 50 000 € (ben voyons, ne soyons pas timides) rassemblé en moins de 4 heures et qui se trouvait à ce moment là financé à plus de 3 fois par plus de 2 300 contributeurs ! Sur Ulule, oui Madame ! Je l’ai vu comme je vous vois !
Ma curiosité piquée au vif (aïe !), je me suis confié comme mission de connaître le pourquoi du comment d’une telle réussite qui se déroulait à l’abri des regards des backers « pro » de Kickstarter. Après une longue et minutieuse enquête d’au moins 5 minutes (minimum), il appert (tiens, celle-là vous vous fera une occasion de consulter le dico qui prend la poussière sur l’étagère) que la cause porte un nom un peu barbare : fanbase ! À l’image de celle des des chatons qui pètent (Exploding Kittens, sur Kickstarter), la campagne de Reflets d’Acide doit tout aux fans de l’univers créé par l’auteur JBX, dont je serais bien prêt à parier qu’une grande partie (la majorité ?) ne fait pas spécialement partie des habitués du jeu de plateau (jeu de rôles, ça par contre…).
En effet, j’ai donc découvert qu’à la base Reflets d’Acide est un feuilleton audio de 16 épisodes dont l’origine remonte à 2002 et dont, honte sur moi et ma famille jusqu’à la septième génération, je n’avais strictement jamais entendu parler. La saga est dans la même veine que celle du Donjon de Naheulbeuk, à savoir les aventures parodiques dans un monde médiéval fantastique d’une bande d’aventuriers lorgnant beaucoup plus du côté des Pieds Nickelés que de la Confrérie de l’Anneau. Tout comme pour Le Donjon de Naheulbeuk, le succès à mené à la sortie de la saga en BD, actuellement de 8 tomes, recouvrant les 12 premiers épisodes audio. Et désormais, tout comme pour Le Donjon de Naheulbeuk, le jeu de plateau est là. Une communauté de fans s’est donc créée au fil des années et l’annonce du lancement de la campagne du jeu de plateau les à fait se jeter en masse sur Ulule pour la financer.
Et le jeu, justement, quoi t’est-ce donc ? Parce qu’à la base c’est de cela que je suis censé causer. Au vu du thème de la saga audio, on se doute que celui du jeu n’est pas de la SF débridée. Non, on reste dans du bon vieux medfan parodique, en coopératif ou compétitif. L’auteur le présente comme un « eurotrash expert », c’est-à-dire un jeu avec du hasard dedans et des durées de parties qui l’excluent de facto de la catégorie « jeu d’apéro ».
Les joueurs endossent le rôle d’une entité céleste dotée de pouvoirs et de capacité de vision, mais également narratrice des hauts faits d’un groupe de blaireaux fiers aventuriers auxquels aura été confiée une quête sacrée. En coopératif, les joueurs vont diriger le groupe pour lutter contre le néant et en compétitif, pour devenir le bogoss de la tablée.
Les mécaniques animant le jeu sont aussi diverses que variées. Cela va du draft à la gestion de ressources en passant par la majorité et la course, avec un zeste de memory (si si, mais léger léger) et de diplomatie (dans un coop, c’est un peu logique), le tout étant mis en œuvre par des cartes et des dés. Tout ceci peut laisser craindre d’être face à un mélange peu digeste, mais il semble (j’emploie le conditionnel, n’ayant jamais fait de partie) que ce ne soit franchement pas le cas. Reflets d’Acide a l’ambition de restituer l’ambiance d’un jeu de rôle et sur cet aspect là je trouve que c’est une réussite. Je vous engage fortement, pour juger vous-même du bien (ou mal) fondé de mon opinion, à aller forger la votre en consultant la page de la campagne et en visionnant la courte vidéo de partie qui s’y trouve.
Côté matériel, ce qui est présenté est un prototype mais, en l’état, c’est déjà bien sympathique. Les illustrations des cartes sont dans la veine de ce que l’on peut attendre d’un jeu medfan parodique et sont, à mon goût en tout cas, fort réussies. Et ça tombe plutôt pas mal puisqu’elles sont le cœur du jeu et plutôt nombreuses (260). Le plateau de jeu est lui aussi très joli. Il ne reste plus qu’à espérer que la version définitive de tout cela ne soit pas moins bien.
Et ce serait d’autant plus dommage que la réussite de la campagne est, comme je l’ai dit au tout début de ma prose, largement entérinée. Elle est, à un peu plus d’une semaine de la fin, financée à quasiment quatre fois et même si sur Ulule il n’y a pas d’effet sur les 48 dernières heures comme sur Kickstarter, on y a déjà vu des fins de campagnes épiques. Et celle de Reflets d’Acide a tout pour faire partie de la liste (actuellement 204 000/50 000 € et 2 520 soutiens. Fin le 3 décembre).
► Voici un jeu qui le cache bien, son jeu : Badass Force par Funky Sheep. Lorsqu’on regarde son titre et l’illustration de la boîte, fort réussie au demeurant, on a bien l’impression que l’on va se retrouver avec un jeu blindé de fig bien parodiques pour gros geek refusant de sortir des années 80 bénies des dieux de l’entertainment.
Lorsque l’on prend connaissance du thème, on s’en convainc un peu plus : dans un futur proche, des combats sont organisés au cours desquels les concurrents utilisent la technologie pour prendre (plus ou moins) l’apparence et les capacités des héros de films emblématiques (à cet égard, l’illustration de le boîte précédemment citée est tout à fait parlante) du passé. Oui, c’est un tantinet capillotracté comme thème, mais bon, on est pas non plus dans le méga sérieux alors on s’en fout un peu.
Mais tout cela n’est qu’illusion et poudre aux yeux ! Badass Force est en fait un jeu de cartes à base de guessing, de bluff et d’entourloupes vicelardes. Chaque joueur dirige un groupe de 7 combattants (les mêmes pour tous les joueurs) tirés parmi les 10 disponibles (plus certainement avec les stretch goals). Il reçoit également une carte arme (8 armes différentes, chacune en deux exemplaires) un pion munition et zou ! C’est parti mon kiki !
À son tour, le joueur actif augmente le niveau de charge de son arme (de 1 à 9) puis il choisi une action parmi cinq disponibles : changer de personnage ; changer d’arme ; aller chercher des munitions (en lançant 2 dés) ; utiliser son arme ; utilisation de la capacité d’un héro). Le but est de dézinguer les personnages adverses pour faire monter le niveau du badassomètre et, si possible, gagner la partie. On le voit, ce n’est pas compliqué mais cela demande de l’observation et de la ruse chafouine. [Ndlr : Vous pouvez vous tourner vers l’article complet de Morlock pour en savoir plus, ou l’itw faite à Essen il y a quelques semaines.]
Pour ce qui est du matériel, ce n’est pas compliqué, le jeu est essentiellement constitué de cartes. Des grosses, au format tarot, mettant bien en lumières les belles illustrations d’Anthony Geoffroy, caricaturiste de talent qui signe là son premier travail pour un jeu de plateau. La mise en page est très dynamique et convient on ne peut mieux au thème du jeu.
La campagne a financé au premier jour, et c’est tant mieux. Le rythme a malheureusement rapidement baissé et le week-end n’a pas arrangé les choses puisqu’on est à peine sur une dizaine de soutiens au cours de ces deux jours. Espérons une reprise en ce début de semaine (actuellement 18 300/12 000 € et 610 soutiens. Fin le 13 décembre).
► Reich Busters : Projekt Vril est le nouveau jeu de Mythic Games, après Joan of Arc et Solomone Kane. Comme le laissent deviner l’illustration de couverture et le titre, on est pas là pour faire dans la finesse et la subtilité.
Dans ce jeu coopératif, chaque joueur dirige, au cours de missions en mode raid ou campagne, une équipe de (forcément gentils) héros sans peur qui doivent investir un château forteresse dans lequel des (forcément très très méchants) nazis sont en train de concevoir une armée de supermachins sévèrement burnés grâce à la découverte d’une nouvelle source d’énergie : le Vril. Le destin du monde libre est entre leurs mains pleines de doigts !
Alors oui, cela fait penser à Castle Wolfenstein, à tel point que Mythic Games aurait eu la licence que cela n’aurait pas choqué. Disons que cela en est franchement inspiré, mais absolument pas copié. Le gameplay ainsi que la direction artistique globale du jeu lorgnent fortement vers les films d’action à la Inglorious Bastard, c’est-à-dire qui ne se prennent pas la tête avec la véracité historique.
Chaque partie se passera globalement en deux phases : une phase d’infiltration suivie, après le déclenchement de l’alarme, d’une phase de mailloche avec ce qui ne ressemble plus que très vaguement à des soldats de la Wermacht. Nous sommes dans de l’ameritrash, donc tout se règle à grand lancés de pelletées de dés. Qui dit ameritrash dit figurines par lot de 13 à la douzaine et ce n’est certainement pas avec Mythic Games que nous allons être déçus de ce côté là. Tant en quantité qu’en qualité, la société est à la hauteur de sa réputation. Ecolos allergiques au plastique s’abstenir !
Et qui dit ameritrash dit aussi plein de cartes (pas vraiment le point fort du jeu esthétiquement parlant, à part celles des personnages), de jetons (plutôt réussis eux) et d’autres trucs et machins divers. Disons que côté matos, on en a pour son argent, surtout avec les stretch goals (16 à cette heure), tous à forte teneur en pétrole transformé.
Et encore heureux, vu que le tarif est quand même conséquent, même si pas du tout abusé : 100 $ le pledge de base, 200 $ le all-in avec les deux extensions incluses. Il y a bien un esprit chagrin qui viendra me rétorquer qu’on verra lors du pledge manager si le tarif du all-in tiendra jusqu’au bout et je lui répondrai qu’effectivement, on verra.
Mythic Games a choisi, comme cela se fait de plus en plus, une durée de campagne courte et au moment où vous lirez ces lignes il ne restera plus que quelques jours. Et elle devrait bien se terminer grâce à une très belle dynamique de plus de 200 soutiens par jour. Le million de dollars à peu de chance d’être atteint, mais on va être sur une campagne à plus de 4 000 contributeurs et, vu le contexte particulièrement concurrentiel, on est tout de même en droit de parler de beau résultat (actuellement 560 000/100 000 € et 3 840 soutiens. Fin le 30 novembre).
Ils débarquent cette semaine
Ben… J’ai rien trouvé. Que dalle, nada, zéro.
: Désigne les campagnes conseillées par Shanouillette. : Désigne les campagnes conseillées par Gougou69. : Désigne les campagnes dont tout ou partie des éléments sont en français. € : Désigne les campagnes particulièrement intéressantes sur le plan financier. : Désigne les campagnes que nous déconseillons fortement. Légende des symboles utilisés
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morlockbob 26/11/2018
superbe bande annonce pour Reich busters
y a quand même la re sortie de Luna de S feld (déjà entamée si ça tombe)
Umberling 26/11/2018
L’absence de nouveautés s’explique peut-être par l’approche de Noël !
morlockbob 26/11/2018
là c est clair on est dedans, ça en tombe par milliers
Gougou69 26/11/2018
Pas Noël en particulier, ce sont les deux semaines englobant Noël et le jour de l’An qui sont délétères pour les fins de campagnes.
zakaht 26/11/2018
C’est bien qu’il ny ait rien cette semaine vu que Tainted Grail de awaken realms est prévu pour le 5 décembre soit la semaine prochaine !
stu37 11/12/2018
Pledge fait !
Rien vu de pareil depuis Gloomhaven … Le prix est absurde 🙂
Garwaf 27/11/2018
Oui alors surtout, si vous manquez de projet à découvrir, je ne puis que vous conseiller d’aller voir tout de même ArenaBots. Les probas ne sont certes pas très favorables dorénavant puisque le niveau de financement n’a pas varié beaucoup depuis quelques temps, mais vous savez comment ça se passe, il faut un effet d’engouement pour que les éventuels pledgeurs recommencent à y croire, etc. Les KS dépendent en partie d’une croyance auto-réalisatrice en leur financement. 😉
snaketc 04/12/2018
Je viens de tomber sur Set A Watch sur Ulule en VF. Est-ce que quelqu’un connait ?