Je dois l’admettre, j’avais un sale préjugé sur Paquet de Chips (ou Bag of Chips, selon votre version). Parce que ce jeu de Mathieu Aubert et Théo Rivière arrive dans… un paquet de chips, avec son opercule fraîcheur. Cela semblait relever de la fanfreluche éditoriale, d’un coup d’esbroufe pour mieux attirer l’œil sur les étals des ludicaires. Il y a certainement un peu de cela, mais dire que cela ne sert pas le jeu est erroné : non, Paquet de Chips se sert véritablement de son sac. Et c’est un jeu qui sait aller au-delà de son gadget, et qui sait donner du fun à ses joueurs.

Le but ? Des points. Comment les marquer ? Ah, ça, ma bonne dame : chaque joueur commence avec six objectifs en main, et en marquera deux maximum. Les objectifs s’indexent sur le nombre de chips tirées : huit points par chips orange, ou 200 dans le cas de combinaisons plus extrêmes. L’un d’entre eux vous fera même gagner la partie !

Des chips de tous les légumes du monde !

Mais. Le hasard est avec vous. Lors de la première manche, on tire cinq (fatidiques) chips du (fatidique) sac. Puis les joueurs se séparent de deux objectifs. Le choix semble alors plutôt aisé, plutôt ouvert… mais pas d’inquiétude, la vraie difficulté arrive.

Manche deux. D’autres chips sont tirées du sac. Patatras, on aurait bien gardé cet objectif que l’on a défaussé. Ah, au fait, on avait des infos sur les chips : certaines sont plus rares, d’autres moins. Tout le jeu est de bien estimer les probabilités d’une carte objectif de se réaliser… Et, pour rajouter du sel à cette manche, vous devez défausser une carte supplémentaire. Votre main est réduite à trois cartes. Dur dilemme que de défausser !

Manche trois. Encore des chips, trois pour être précis. Et vous décidez enfin du scoring que vous adoptez : deux objectifs doivent se réaliser, et l’un d’entre eux ne doit pas se réaliser, sans quoi vous perdrez des points. Vous sentez la fébrilité monter. Vous avez des objectifs trop proches ? Les trois pourraient se réaliser, et vos points pourraient en accuser le coup.

Quatrième manche : la résolution, la libération. Deux dernières chips complètent le tableau.

Avec de l’ergo sur le dos !

Et on compte les points. Quiconque en a le plus gagne la manche et deux points de victoire, le second en récupère une, et à quatre, c’est gagné.

Paquet de Chips a ce côté simple, intuitif, immédiat. On sait ce qu’on y fait, on regarde surtout son petit scoring, pendant les dix minutes que durent la partie. Mais la précision d’une manche est redoutable : le script des différents tirages de chips et de défausse d’objectifs marchent à merveille, les cartes prodiguent aussi un certain ascenseur émotionnel. D’aucunes paraissent ridicules, mais pourraient bien trancher une égalité, d’autres sont atrocement situationnelles. Tout le fun (chaotique) du jeu tient là, crée un enjeu sans s’embarrasser de fioritures. Pour un peu, on passerait du zéro à cent ludique en un tournemain. Paquet de Chips est exactement ce qu’il prétend être : un apéro craquant qu’on savoure en rigolant. Pas sûr qu’il repaisse les gamers aux palais les plus délicats, mais, en tout cas, il remplit son office de jeu de table de bar à merveille !

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