[Les Petits Joueurs #7] : Carla Cat, Bye Bye Mr Fox, la Chasse aux Chaussettes, Kibrul, Mon Royaume pour un conte et Le Royaume de Carrotia

Cette rubrique « enfant » vous est présentée grâce au concours de Tim, 11 ans, Clem, 7 ans, Zabou 9 ans et Milo, 3 ans et demi.

Ce sont nos petits cobayes (joyeux et consentants !) toujours prêts à essayer de nouveaux jeux ! Aujourd’hui au menu ce sera six titres : Carla Cat, Bye Bye Mr Fox, la Chasse aux Chaussettes, Kibrul, le deck-building pour enfants, Mon Royaume pour un conte avec son draft narratif et Le Royaume de Carrotia.


- Profil psychologique des petits joueurs -

Milo : Petit joueur en herbe haut comme trois pommes, Milo est très attiré par les jeux de société. Malgré son jeune âge (3 ans et demi), il est toujours partant pour tester un jeu. Bien accompagné, il comprend rapidement les enjeux des titres pour enfants. Insatiable, il en redemande tous les jours !

–  Zabou : Enfant d’un père très joueur et d’une maman peu porté sur la chose ludique, Zabou (9 ans) a choisi la voie du milieu. Exigeante, elle ne succombe pas facilement à tous les jeux. Elle aime la profondeur mais pas trop la complexité des règles. Elle s’investit beaucoup dans une partie mais déteste perdre. Elle adore par-dessus tout, les moments privilégiés qu’elle partage avec son papa grâce aux jeux de société.

– Tim (11 ans) baigne dans le jeu de société depuis qu’il est tout petit. Il a une nette préférence pour le jeu vidéo, mais ne rechigne pas à jouer à des jeux de plateau, principalement avec sa sœur. En ce moment ils enchaînent les pages de Cap Color. S’il aime jouer avec elle ou d’autres enfants plus jeunes, il apprécie aussi de jouer avec ses parents à des jeux un peu plus costauds, comme L’âge De Pierre, Solenia, Istanbul et d’autres encore plus lourds, la seule barrière étant le temps de jeu. J’avoue, il est parfois mon testeur maison 🙂

– Clem (7 ans) en grandissant s’intéresse plus aux jeux, mais elle a toujours de la difficulté dans la gestion de ses émotions et la défaite. Elle apprécie surtout les jeux coopératifs, surtout si le jeu raconte une histoire en filigrane. Kosmopoli:t a un beau petit succès, même si on a réorganisé l’équipe pour éviter de lui mettre trop de stress sur les épaules. Elle aime bien aussi les jeux qui font appel à la mémoire que ça soit Memoarrr qui fonctionne toujours très bien chez nous, ou bien Mountains. Elle aime aussi beaucoup me défier sur Patchwork Express. En ce moment, elle a jeté son dévolu sur Via Magica la réédition d’Augustus dans un univers fantastique qui lui sied bien.

 

 

 

Toc toc toc ! Qui se cache dans la boîte de Carla Cat (de Susanne Kummer) diffusée récemment chez Atalia, partenaire de l’éditeur Allemand Huch!. Une énième version du jeu du chat et la souris déjà édité sous diverses formes depuis plus d’un demi-siècle ? Oui, il s’agit d’une nouvelle version certes, mais qui semble de qualité ! Allons voir cela de plus près…

Nous ouvrons le couvercle avec les enfants et surprise, nous y trouvons … pas grand-chose ! Six petites souris en bois, emberlificotées dans leurs longues queues, un gros matou en forme de gobelet, une fine tranche de fromage en mousse et quelques cartes, le tout enrobé de beaucoup de vide. Le matériel semble être de bonne facture et agréable à prendre en main. L’éditeur était-il obligé de vendre une boîte surdimensionnée pour rentabiliser son matériel ? Toujours est-il que se dégage une première impression mitigée à l’ouverture de la boîte qui tourne quand même autour des 25 €.

Assez parlé d’air, parlons plutôt du jeu. Un joueur incarne un gros matou vorace prêt à déguster les petites souris jouées par les autres joueurs. Le chat lance un dé sur lequel est illustré un dessin de chat sur deux de ses faces et un dessin de souris sur les quatre restantes. Si le dé affiche une souris, ne paniquez pas petits rongeurs, vous pouvez continuer à déguster le morceau de fromage sur lequel vous êtes confortablement installés. Par contre, si le chat apparaît sur la face du dé, ce dernier va tenter d’attraper une ou plusieurs petites souris en recouvrant celles-ci avec son chat gobelet. Il faudra alors beaucoup de réflexes aux joueurs pour tirer sur la queue de leur souris afin de les faire déguerpir du fromage au plus vite et au chat pour recouvrir un rongeur avant qu’il ne s’extirpe de la tranche de Brie. Pour vous faire une idée en vidéo, le Ludochrono est dispo par ici

Si le matou attrape une souris, il reçoit de sa victime une de ses cartes et conserve le rôle de Chat pour le tour suivant. Mais gare à l’erreur, car si un joueur trop stressé retire sa souris alors que le chat n’attaque pas (dé sur la face souris), il doit remettre une de ses cartes au chat. Si ce dernier n’arrive pas à attraper un rongeur lors de son attaque, il deviendra souris au prochain tour et donnera le gobelet chat à son voisin de gauche. Quand un joueur ne possède plus de cartes, la partie s’achève et on récompense celui qui en possède le plus.

A-t-on eu du plaisir à jouer en famille à Carla Cat ?

OUI et re OUI ! Le jeu est extrêmement simple à expliquer aux enfants et permet aux tout petits de prendre du plaisir immédiatement, sans pour autant laisser les plus grands de côté.
Le stress est bien présent, tant la tension monte lorsque roule le dé, mais la rigolade est aussi au rendez-vous, car le moindre petit sursaut du chat nous fait paniquer et tirer sur la queue de la souris.

Mon fils de 3 ans en redemande et ma fille de 9 ans ne cache pas qu’elle est sensible à ce jeu, plutôt ciblé tout petit. Les parents, eux aussi, passent un bon moment autour de la table. Voilà donc ce que l’on appelle un jeu intergénérationnel qui rassemble petits et grands, dans une belle ambiance de tension et de rigolade. On comprend mieux la longévité du titre, qui rappelons-le, date tout de même de 1955. 

 

Un jeu de Suzanne Kummer
Illustré par Sabine Kondirolli
Edité par HUCH! & friends

 

 

En l’espace de quelques années le couple Fort, Wilfried et Marie, ont réussi à s’imposer comme des auteurs de qualité dans le monde du jeu de société pour enfant. Cette réputation n’est pas usurpée, tant la qualité de leur ouvrage est au rendez-vous pour la majorité de leurs très nombreuses créations. Associés à Blue Orange, le jeu Bye Bye Mr Fox, ne peut qu’attiser notre curiosité…

Ouvrons la boite et partons à la rencontre de cette drôle de basse-cour menacée par Maître Renard. Nous tombons nez à nez sur un plateau qui remplit la totalité de la boîte sur sa largeur et sa longueur. En dessous, un support pour maintenir le plateau, un sachet de jetons Girouette, et trois petits jetons poule le tout noyé dans un vide omniprésent. Nous voilà encore confrontés à ce sentiment que l’on nous vend un peu trop de vide dans les boîtes ces derniers temps ! Comptez une bonne vingtaine d’euros pour acquérir ce jeu.

 

Mais que se passe-t-il dans le poulailler ? Serait-ce le jour de ponte ?
La mécanique du jeu est très simple et semble bien adaptée aux jeunes joueurs à partir de 5 ans. Devant lui, le jeune fermier va piocher un jeton Girouette pour découvrir sa face cachée.
S’il s’agit d’un œuf, il doit poser son jeton sur l’un des six emplacements centraux prévus à cet effet. S’il s’agit d’une poule, il va devoir recouvrir soit un renard, soit une poule d’une autre couleur, tous représentés sur la partie extérieure du cercle. Par contre s’il s’agit d’un renard, ce jeton remplacera obligatoirement une des poules.

Une fois son jeton girouette déposé, le vent tourne et le joueur actif doit faire tourner la grande girouette centrale fixée au centre du plateau. Celle-ci stoppée, la flèche indiquera à sa queue l’œuf ciblé et à sa pointe le destinataire de cet œuf. Si ce dernier finit sous le postérieur d’une poule, tout va bien, mais si c’est un renard qui récupère l’œuf ou si la poule est au complet sous ses plumes, alors l’objet de toutes les convoitises est perdu pour le poulailler ! Vous devrez alors glisser le jeton œuf dans la fente du plateau pour le faire disparaître.

À chaque tour, les joueurs répètent l’opération jusqu’à épuisement de jetons girouettes. Avez-vous réussi collectivement à glisser 3 œufs sous chacune des 3 poules ? Dans ce cas, vous gérez à merveille votre poulailler, mais s’il venait à manquer ne serait-ce qu’un seul œuf sous une poule, vous échouez et Maître Renard vous salue le ventre bien rempli !

Qu’avons-nous pensé de Bye Bye Mr Fox ?

Le jeu est plutôt efficace chez les plus jeunes (4-7 ans). La mécanique est très simple, laissant une grande place au hasard et les bambins prennent un énorme plaisir à faire tourner la flèche centrale. Il faut certes les guider sur l’emplacement des jetons sur les premiers tours mais ils comprennent assez vite où placer les œufs et les animaux. Les plus grands quant à eux se chargeront de la stratégie délaissée par leurs cadets, en ne plaçant pas les œufs au hasard et en remplaçant les poules déjà au complet. Stratégie qui sera tout de même limitée par le hasard de la roue, frustrant les plus stratèges d’entre nous mais de mon côté j’attends généralement plus de hasard que de stratégie dans les jeux pour tout-petit, le facteur chance étant un bon apprentissage pour gérer la frustration. La stratégie a certes une petite place dans ce titre, elle enseigne tout de même la logique aux enfants en les incitant à changer la couleur des poules déjà servies en œufs ou ne pas garnir l’emplacement en face du renard.
J’ai pris du plaisir à accompagner mon petit de 4 ans dans ce jeu agréable, à la thématique bien présente, bien adapté à la tranche d’âge ciblée et accessible pour les tout petits sans être trop long. 

Un jeu de Marie Fort, Wilfried Fort
Illustré par Gaëlle Picard
Edité par Blue Orange Games

 

 

 

Une très belle boîte, aux illustrations léchées qui attirent l’œil des petits et grands, tout droit sortie de chez l’éditeur Lifestyle, qui nous avait déjà récemment étonné avec Fabulia du couple Fort. L’autrice, la prolifique Liesbeth Bos, n’est pas à son premier coup d’essai, puisqu’elle compte à son palmarès des dizaines de créations ludiques pour enfants. Ce titre semble être son travail le plus abouti, autant d’un point de vue du matériel que de la mécanique, tous les deux bien riches. À l’ouverture de la boite, pas de vide cette fois-ci, mais un plateau en plastique (de qualité moyenne) et pléthore de matériel, coincées entre 4 parois réduisant l’espace central de la boîte. Mais que cachent ces parois hermétiques ? Sûrement un trésor pour les joueurs qui useront leurs chaussettes jusqu’au bout de l’aventure… (Ludochrono à voir ici

 

Dans La chasse aux chaussettes, vous incarnez un elfe à la recherche de trois paires de chaussettes identiques pour mettre au chaud vos pieds nus, vos mains et vos longues oreilles frileuses. Les chaussettes se trouvent dans quatre meubles spécifiques, au verso de certaines des 36 tuiles qui composent le plateau.

Pour débuter votre tour, vous bougez le monstre selon la couleur obtenue par le dé que vous venez de lancer puis, vous vérifiez, en soulevant la créature, si le dé qu’elle dissimule est sur sa face « éveillée » ou « endormie ». La créature déplacée, si elle est réveillée, vous permet de regarder discrètement des tuiles autour d’elle ou de dérober une chaussette orpheline à l’un de vos adversaires adjacent. Ensuite, vous pouvez déplacer votre jeton Elfe jusqu’à la tuile que vous voulez découvrir (avec une contrainte de 3 tuiles de déplacement). Si vous trouvez un des meubles à votre couleur, vous pouvez piocher une carte au hasard dans le sac. Vous ne pourrez plus fouiller dans ce type de meubles jusqu’à la fin de la partie. Mais peut-être serez-vous tenté de récupérer une des chaussettes dérobées par un monstre, pendant que celui-ci ne se trouve plus dans son repaire ? Dès qu’un joueur a récupéré trois paires de chaussettes, il remporte immédiatement la partie. 

Voilà le principe ! Mais les prochaines chasses aux chaussettes pourraient bien ne pas ressembler à celle que vous venez de terminer. En effet, à l’issue de plusieurs parties, vous aurez le droit d’ouvrir un des compartiments de la boîte, représentant une pièce de la maison, pour y découvrir du matériel supplémentaire et de nouvelles règles… Ce système, dit Legacy ou évolutif, a été pas mal décliné dans les jeux réservés aux adultes depuis quelques années. En plus de la surprise de découvrir du nouveau matériel et de renouveler un peu la mécanique du jeu, cela permet d’appréhender les règles en douceur. Vous commencerez donc l’aventure avec des règles simples qui s’étoffent au fil de vos parties, plus faciles à retenir à dose graduée qu’en une seule fois, mais ne vous attendez pas à une accumulation sans fin de nouvelles contraintes non plus, car le jeu a préféré miser sur la diversité des modes de jeu que sur l’accumulation des règles (tant mieux). En effet, au début de votre partie, vous pourrez choisir dans quelle pièce de la maison vous voulez chasser les chaussettes, en appliquant uniquement les nouvelles règles de la pièce en question.

 

 

La chasse est-elle bonne ? 

Le jeu est vraiment attirant. Certaines mécaniques sont du plus bel effet, comme ce monstre qui se déplace en faisant bouger son dé à l’intérieur. Certaines sont plus classiques, comme la recherche des chaussettes qui se base sur le principe du mémory. Plein de petites idées qui mises bout à bout donnent un jeu assez riche et calculatoire. Il faudra utiliser à bon escient les pouvoirs des monstres, déplacer son lutin sur les bonnes cases. Est-il plus pertinent d’aider un monstre à dérober une chaussette adverse pour aller la récupérer plus tard ou préférez- vous piocher au hasard deux chaussettes dans le meuble trouvé par votre lutin ? Un agréable mélange de calcul et de hasard qui génère une bonne ambiance autour de la table.

Malheureusement, la richesse des actions a son revers de médaille, entraînant des tours peu intuitifs où l’on se trompe souvent sur l’ordre des actions à effectuer. L’enfant qui attend son tour avec impatience pour retourner la tuile repérée oublie quelquefois de bouger d’abord le monstre et ne sait plus vraiment qui du lutin ou du monstre peut se déplacer en diagonal. Une fois le monstre déplacé, le joueur tentera de voler une chaussette à un adversaire, et dans son enthousiasme, oubliera souvent de regarder si le monstre est éveillé ou endormi. De même, quand il volera la chaussette, il la déposera intuitivement à côté de son plateau en oubliant que c’est le monstre qui dérobe et que son butin doit être déposé dans son repaire. Il faudra donc être vigilant aux erreurs et savoir calmer les enfants frustrés de ne pouvoir aller au bout des actions qu’ils avaient imaginées. Heureusement les nouvelles règles issues des pièces de la maison ne rajoutent pas d’étapes au tour de jeu. La première extension la chambre des enfants apporte quelques éléments intéressants dont je vous laisse la surprise mais à tendance à rallonger considérablement une partie.  Les extensions suivantes enrichiront le jeu et permettront de jouer sous un angle différent, apportant une diversité bienvenue.

L’expérience ludique est quelque peu mitigée de notre côté, où des sentiment confus d’excitation et d’ennui s’emmêlent durant nos parties. Excitation de programmer le vol d’une chaussette suivi d’une visite dans l’antre du monstre concerné, pour récupérer la dite chaussette. Excitation de rejoindre une tuile que nous avions gardée en mémoire pour y découvrir le meuble recherché. Mais aussi ennui quand le monstre dort après son déplacement, nous empêchant d’utiliser son pouvoir, ou quand on ne sait plus où aller et que l’on laisse le hasard guider nos pas. Une petite pointe de lassitude s’est aussi invitée sur nos dernières parties qui nous paraissaient longues et un peu redondantes, notamment quand les joueurs se volent sans cesse les chaussettes.

En conclusion je dirai tout de même qu’il s’agit d’un jeu plutôt agréable dont il faut souligner la qualité éditoriale. La découverte de nouvelles pièces en guise de récompense est une idée qui ravira vos enfants, heureux de découvrir du nouveau matériel et de beaux autocollants. Je vous conseille de découvrir la totalité des pièces et leurs nouvelles règles pour appréhender toute la richesse du jeu. Vous serez surement comme nous, plus à l’aise avec certains scénarios plus adaptés à vos attentes de joueurs. 

 

Un jeu de Liesbeth Bos
Illustré par Irina Pechenkina
Edité par Lifestyle Boardgames Ltd

 

 

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Dans Kibrul, nous allons collectivement rosser le pauvre dragon Titus qui sommeille dans sa caverne. Le but du jeu étant de le mettre KO. C’est le moment de faire découvrir cette mécanique qu’est le deck-building à nos petits joueurs dès 7 ans ! En effet dans Kibrul, chaque petit héros commence avec le même deck de cartes des pièces et des épées, les pièces permettent d’acheter de meilleures cartes qui vont dans la défausse et des épées afin de combattre le dragon. Ludochrono

Premier étonnement de ma cadette : « Mais on achète de l’argent avec de l’argent, dans la vraie vie ça ne fonctionne pas comme ça ! ». À ce moment je me suis dit que je n’allais pas lui expliquer la spéculation, la création monétaire, etc. Deuxième interrogation quand j’ai dû lui faire comprendre qu’on allait mettre les cartes jouées et achetées dans la défausse et qu’elles allaient revenir. Devais-je lui expliquer le mouvement perpétuel ?!

Passé ces deux étonnements, nous voilà donc partis dans l’aventure. On enrichit notre jeu soit à base de cartes combats, soit d’épées. Simple. Pour combattre, on jette les dés et on applique le résultat. Voilà qui est bien cohérent pour elle. Et puis, les dés ça l’a connait et quel plaisir de voir les points de santé de Titus descendre ! Un peu moins cool quand on se blesse dans la partie par contre… On peut aussi se blesser quand en remplissant la rivière de cartes on tombe sur une carte Titus.
Le deck-building est une mécanique exigeante où il faut trouver un équilibre dans son jeu pour avoir un deck qui tourne. Ici ce n’est pas vraiment le cas, on prend ce qui vient. Pour perdre la partie il faut soit qu’un héros soit KO, ce qui est quand même assez difficile à réaliser vu que l’on peut facilement se soigner, ou bien si l’on arrive au bout de la pioche, ce qui peut arriver si on fait trainer la partie en longueur vu qu’au tour de Titus il détruit une carte, mais aussi si on la vide en achetant trop de cartes. Un peu contre-intuitif puisque finalement on achète très peu de cartes.

Quand on a compris qu’il faut pas trop piller la rivière et qu’il faut se soigner de temps en temps, le dragon se retrouve avec des cure-dents en guise de griffes et ne fait pas long feu (pour un dragon ça la fiche mal ^^). On peut du coup jouer avec les persos améliorés. On va retrouver tous les archétypes de l’heroic-fantasy, le barbare avec plus de points de vie et un dé en plus (même si on en appliquera qu’un seul), le chevalier qui peut encaisser des dégâts pour protéger les autres, le mage qui peut soigner, l’archer lui ne se blesse pas avec les résultats des dés. Titus commence avec 30 points de vie pour compenser, mais le dragon se fait fumer sans préavis.

kibrul-Couv-Jeu de société-Ludovox

 

En ce qui me concerne, en tant qu’amateur de deck-building, je trouve ce gameplay bien pauvre. On a 6 cartes différentes pour remplir notre jeu. Les choix sont très limités et il n’y a pas vraiment de challenge. Mais le jeu s’adresse aux enfants. Pour eux, heureusement, le constat est plus positif. L’expérience a rappelé Clank! à Timothée et lui a même donné envie d’y rejouer. Autant dire qu’il s’est laissé prendre au jeu. Il faut reconnaître qu’il n’est pas rare qu’il le ressorte pour jouer avec sa petite sœur. Bref, le jeu lassera vite le parent s’il s’attend à trouver du croquant en matière de deck-building, mais parlera bien à son public. Clémentine (7 ans) découvre le genre et elle a beaucoup apprécié cette nouvelle expérience. Peut-être que ça lui donnera envie d’essayer d’autres deck-buildings ! Le seul point où elle a vraiment tiqué c’est sur la violence dont on fait preuve sur ce pauvre Titus. Il nous a fait quoi le dragon papa ?

Un jeu de Quentin Guesnel
Illustré par RKAL
Edité par Paradice Games

 

 

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Si avec Kibrul nous avons réalisé une initiation au deck-building, cette fois nous nous attaquons au draft !
Vous savez cette mécanique où l’on choisit simultanément une carte (ou une tuile, ou…) et on passe sa pile de cartes restantes au voisin qui fait simultanément de même avec son propre voisin.

Dans Mon royaume pour un conte (Ludochrono), nous réalisons donc un draft, et au terme de deux phases de sélection, tous les joueurs se retrouvent avec 12 tuiles avec des personnages. Avec, ils vont composer une pyramide : les niveaux 1 en bas pour la base, les 2 au-dessus, etc. Mais il y a une contrainte (sinon ce n’est pas drôle !) pour pouvoir poser une tuile au-dessus d’une autre, il faut qu’elle repose sur une tuile de même couleur. Si l’on ne peut pas le faire, pas de panique, on peut utiliser n’importe laquelle de nos tuiles face cachée, ça nous fera juste perdre les points. Une fois la pyramide terminée, on compte les points et on sacre le vainqueur.

Si Timothée connaît bien la mécanique du draft grâce entres autres à 7 Wonders, c’est un peu nouveau pour Clémentine et il lui a fallu un tour de chauffe pour s’adapter. Après 2 ou 3 parties, on a senti le besoin de corser les choses. Ça tombe bien, le jeu le permet. En effet le jeu est décliné en trois niveaux de règles, à même de toucher un large public. 

Ainsi, si l’on monte d’un cran, c’est peu ou prou la même chose, mais cette fois on distribue à chaque joueur des cartes Contes avec des prérequis. En fin de partie, en plus de compter vos points sur les tuiles composant votre pyramide, vous allez marquer aussi des points si vous avez obtenu les prérequis. Ce petit ajout est quasi indolore puisqu’il ne sanctionne pas celles et ceux qui n’y arrivent pas, sauf les adultes, au lieu de vous donner des points, ne pas les respecter vous en fait perdre ! Ce petit équilibrage est bienvenu, car il faut reconnaître que l’on part avec un avantage, qui finalement est compensé. Cerise sur le cupcake, quand on retourne la carte Conte, on découvre un petit texte avec un conte qui comprend les personnages pré requis, et plutôt bien écrit. Un vrai plaisir pour les enfants que de terminer la partie en lisant leurs cartes à haute voix pour toute l’assemblée !

Le niveau encore au-dessus des règles ajoute de la majorité et un peu de roublardise, on s’est dit que l’on allait arrêter là pour le moment. Mais les deux niveaux précédents ont vraiment séduit les enfants, surtout la partie lecture qui clôt l’aventure.
Soulignons par ailleurs une belle qualité d’édition (on retrouve avec plaisir Guillaume Tavernier & David Cochard aux illustrations).  

 

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Un jeu de Jérémie Caplanne, Lionel Borg
Illustré par David Cochard, Guillaume Tavernier
Edité par Sweet November

 

 

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Le Royaume de Carottia est un jeu coopératif où nous devons collecter ensemble un certain nombre de carottes. Comme nous étions trois, il nous en fallait 20 en fin de partie. Passons sur le fait que 20 ne se divise pas par trois, c’est pour la communauté ^^. Ludochrono par

La mécanique de Carottia est un peu étrange, nous avons plutôt affaire à un amoncellement de mécaniques. En premier lieu nous devons construire le terrain de jeu avec des tuiles, le temps d’un sablier, puis nous déplacer et collecter les pions carotte, sans oublier de lancer les dés pour les pions oiseaux qui vont nous embêter puisqu’ils cherchent à voler notre butin.

Mais chaque joueur a une carte avec un pouvoir spécial que l’on pourra activer pour arriver à notre fin. Quand on termine le niveau (ce qui consiste à aller d’un point A à un point B), sans faire demi-tour, et en collectant un max de carottes, on agrandit le terrain de jeu avec des tuiles et toujours sous la pression du sablier (cette fois un peu plus long). On fera cela une troisième fois et on sera sorti de Carottia.

 

Les carottes sont-elles cuites ? 

Pour commencer par une note positive (la seule ?) l’univers est magnifique, les dessins enchanteurs et on a vraiment envie de s’ébattre et gambader dans ce petit monde. Le matériel est lui aussi d’excellente qualité que ce soit les trois sabliers, les tuiles épaisses, les dés.

Bref, à la vue de tout ça on a envie de jouer. Malheureusement, le livret de règles est un calvaire. Mon fils a voulu les lire il est revenu en disant qu’il ne comprenait rien (pourtant il commence à être habitué). Faut reconnaître qu’elles sont mal organisées et imprécises, voire même contradictoires : notre lapin on le déplace avant ou après les oiseaux ? Ce n’est vraiment pas clair. À la fin de la lecture on se pose encore des questions, c’est grâce au Ludochrono que j’ai pu lever les doutes.

Comme dit plus haut, nous sommes dans un amoncellement de mécaniques. Chaque jeton oiseau (il en existe 5) à deux effets et il faudra en début de tour résoudre d’abord tous les effets des oiseaux. Impossible de tous les retenir, comme il n’y a pas d’aide de jeu, on reprend le livret. Il se peut qu’il y ait plusieurs oiseaux, alors la mouette prend une carotte, la chouette nous renvoie au début, quant au faucon …

Les concepteurs de jeux à destination des enfants ont pour difficile objectif de réaliser un jeu agréable à pratiquer, où la tension est calibrée. Rien que la première phase de Carottia où l’on doit composer un labyrinthe de neuf tuiles en 30 secondes bien trop courtes pour faire quelque chose d’efficient sous l’effet du stress qui pénalise l’expérience du jeu, sans oublier le hasard qui peut nous punir salement, ne donne pas envie d’y revenir.

Sauf si vous avez l’habitude de jouer avec vos enfants à des jeux plutôt dimensionnés pour des adultes, je pense notamment à Mice and Mystic, ils vont rapidement arriver à saturation. C’est quasi impossible de jouer sans diriger la partie en tant qu’adulte, n’espérez pas qu’ils jouent entre eux il faudra un grand pour chapeauter tout ça. Bref, c’est râpé (je sais elle est facile, mais je me suis retenu jusqu’au bout ^^) !

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Un jeu de Malte Kühle
Edité par Castelmore
Distribué par MAD Distribution

 

 

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1 Commentaire

  1. Gaume 19/05/2021
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    Chouette concept, super article. Merci

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