Les mutants du J2S
Partenariat avec nos confrères du Serpent Retrogamer, qui, eux, opèrent sur le territoire du jeu vidéo (et surtout du rétro-gaming, comme l’indique leur nom). Cet article conjoint avec le leur colle à leur thématique de janvier, à savoir les mutants (OK, on est en retard !). Nous nous fendons donc d’un petit tour d’horizon de quelques jeux de société abordant ce thème précis. Jetez-vous sur leur versant de l’article si vous êtes branché jeux vidéo ! Retour sur trois jeux, trois visions du mutant un peu particulières ; on ne sera pas exhaustifs, très loin de là !
Temps d’incubation
Comment aborder la mutation sans évoquer le fabuleux Pandemic Legacy ? Ce titre bien connu de toutes sortes de joueurs vous fera coopérer pour éradiquer des maladies. Mais mieux que ça pour la version Legacy : sans trop de spoil, on peut dire qu’on se frottera à un virus plus coriace que les autres. Un virus qui évolue.
Et, coup de génie, le jeu lui-même se met au diapason, et s’altère en fonction des réussites, des échecs, et des choix des joueurs. Ainsi, plutôt qu’un jeu de société traditionnel qui se joue en vase clos, en parties aux règles toujours identiques, Pandemic Legacy s’inspire des campagnes de jeu de rôle ou de jeu vidéo, et permet de vivre une aventure qui aboutit en un jeu-parcours, complètement unique et personnalisé. Attention néanmoins, on vous recommande d’avoir un groupe de joueurs solide et régulier pour vous faire la quinzaine de parties de chaque saison de ces Pandemic un peu spéciaux. Si d’aventure ces jeux mutants et en campagne vous intéressent, on les décortique de façon un peu technique ici.
Le génie de cet opus opère surtout parce qu’on doit adapter son comportement face à l’omniprésence et à l’oppression des virus. Au fond, on va réagir de la même façon qu’un micro-organisme ou qu’une autre forme de vie : nous devrons muter nous-mêmes, changer de comportement et de stratégies face à un environnement toujours plus hostile. Pandémie, et sa version legacy plus encore, posent la question de l’adaptation et de l’évolution, plus que de la simple mutation. La force des joueurs s’exprime dans la contrainte.
Temps muté, temps mutant
Quand les mutants de Metro 2033 et consorts sont là pour parler de la grande figure de l’altérité, le jeu de société n’est pas en reste, et propose avec Reichbusters: Projekt Vril une vision de l’histoire prête à basculer dans le chaos. Seconde Guerre Mondiale. Les Nazis sont sur le point de gagner grâce à projet de recherche top secret qui menace d’aboutir : le projekt Vril. L’énergie vril, qu’ils ont découverte, permet de faire muter les corps et de créer de puissantes décharges énergétiques.
On retrouvera dans ce jeu (à paraître en novembre 2019, après un Kickstarter en novembre dernier et une nouvelle vague de précommandes ouverte fin janvier) une histoire altérée rappelant fortement Wolfenstein : des Alliés over the top, des méchants horriblement mutés, une infiltration dans un château lugubre et plein de recoins à explorer, de l’action survoltée à base de grenades dégoupillées à la va-vite, de sentinelles laser et de grands méchants scientifiques. Ici, le mutant fait donc figure d’Autre inconciliable, de belligérant ultime. C’est une version de l’homme, mêlée à une puissance lovecraftienne, et non un humain du futur. Autre facette que celle-ci : figure de l’ultime adversaire, de la puissance dévoyée, la thématique du mutant n’est pas là pour parler de l’évolution et de ses affres comme un sorceleur après l’épreuve des herbes. Non, ici nous parlons bien de monstruosité pure et dure : le mutant des jeux d’action, c’est celui qu’on ne peut entendre ou comprendre.
Mécaniquement, Reichbusters nous barre la possibilité de jouer du mauvais côté de la barrière, ne souhaitant pas salir les mains des joueurs (ou alors si, mais seulement de crasse) : les baddies sont et resteront des baddies. Aucune rédemption possible pour cette histoire alternative : il ne pourra rester qu’un camp : le plus ingénieux, ou le plus monstrueux. La compétence des joueurs déterminera lequel.
Le temps d’antan
La mutation, c’est avant tout un processus naturel de division cellulaire et d’ADN changé. Une erreur dans la symétrie. Mais cette erreur tend à persister si elle est bonne, gardée par le processus de sélection naturelle. Mais ces « bonnes » erreurs tendent surtout à faire évoluer les espèces en fonction de leur environnement. C’est l’hostilité qui détermine donc la nature des mutations viables.
Cette idée-là, Évolution s’en empare à cœur-joie et en fait un titre où la pression ne vient non pas du jeu ou du système, comme on l’aura vu dans la série Pandémie, mais où cette adversité provient des espèces créées et nourries par les autres joueurs.
Ainsi, avoir une peau bien dure, c’est un trait évolutif certain, mais si aucun de vos adversaires n’a d’espèce carnivore prête à vous niaquer dans le lard, c’est assez peu intéressant. Chacun ira de sa petite astuce évolutive : untel misera sur le nombre, quitte à sacrifier de nombreux membres de son espèce, quand d’autres diront « go big or go home » et engendreront de gourmandes populations de colosses. Miser sur ses traits évolutifs, s’adapter aux besoins du moment, prévoir l’agressivité de ses adversaires : le royaume animal n’a jamais été qu’une immense arène où tout le monde se bat pour son bout de gras.
Le mutant du jeu de société prend bien des formes, physiques comme ludiques. De l’adversaire à abattre à un avatar à contrôler et à adapter, le mutant pose toutes les questions liées à un gameplay donné : comment vaincre la contrainte, qu’elle provienne du jeu ou des adversaires, pour asseoir sa stratégie et l’emporter ? Quelles actions changer dans un comportement typique pour parvenir à évoluer, à passer au défi d’après ? Voilà ce que nos mutants semblent nous demander…
Pour aller plus loin : les mutants en jeu vidéo, rétrospective sur Le Serpent Rétrogamer
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