Fondé en 2014 par Nick Curci et Toby Hamand à Hackney, « Draughts » est le premier café ludique de Londres, inspiré par des modèles canadiens comme « Snakes and Lattes ». Il se présente actuellement en deux lieux principaux, Hackney (plusieurs salles et terrasses) et Waterloo (sous une arche ferroviaire à Leake Street) avec une troisième ouverture prévue cette année, à Stratford, d’une taille ambitieuse pour une capacité d’accueil de 200 personnes. Il s’agit d’un haut lieu de la culture ludique londonienne, chaque site disposant de plus de 1 000 jeux jouables.
Pourtant, actuellement, rien ne va plus. Comme nous l’apprend un article paru dans MyLondon, le personnel pointe de nombreux dysfonctionnements et menace de faire grève.

Le mouvement new-yorkais a peut-être donné la voie : souvenez-vous, dernièrement, les employés de cafés ludiques de la grande pomme remportaient une victoire historique avec la création d’un syndicat, le Tabletop Workers United (news) et de nombreux acquis sociaux.

Image :  Jack Witek – source mylondon.news

Les salariés de Draughts dénoncent des conditions de travail dégradées : heures instables, salaires insuffisants, pression constante et un manque d’écoute de la direction. Concrètement, ils revendiquent : 

• Contrats à heures fixes

• Délai minimum de 24h avant toute modification d’emploi du temps

• Planning publié au moins trois semaines à l’avance

• Présence d’un agent de sécurité agréé tous les soirs à partir de 19h

• Retour au service à table (suppression du système de commandes via QR code)

• Possibilité de demander des congés non payés via le planning

• Formations rémunérées et effectuées sur place

Image :  Jack Witek – source mylondon.news

Les salarié·es regrettent que l’esprit communautaire de Draughts, basé sur l’échange, le jeu et la convivialité, ait été remplacé par une logique purement commerciale. L’introduction des QR codes pour commander, la suppression du service à table, et des changements de planning de dernière minute (parfois le jour même) ont profondément modifié leur quotidien. Des situations de harcèlement et d’agressions sont également dénoncées. 

Chris Drummond, employée en salle depuis décembre, témoigne dans un article de MyLondon : « Nous ne demandons pas le luxe. Nous voulons simplement pouvoir faire le travail que nous aimons sans crainte, sans épuisement et sans être méprisés ».

Pourtant, lors de la dernière rencontre entre les délégués syndicaux et la direction, les représentants du personnel ont été, selon les employés, écartés sans réelle discussion. La direction refuserait de reconnaître formellement le syndicat United Voices of the World.

crédits DRAUGHTS

C’est pourquoi une mobilisation s’organise : événements, fresques militantes, communication avec les clients… On a pu voir une œuvre peinte dans le tunnel Leake Street avec le message « Workers’ Rights Now » être effacée dès le lendemain.

Actuellement, les salariés ne demandent pas le boycott du bar, mais appellent à la solidarité via des dons pour leur caisse de grève.

Lors du mouvement Tabletop Workers United new-yorkais, c’est la pression conjointe des salarié·es et de la clientèle qui avait permis aux discussions d’avancer. Selon Tabletop Workers United, leurs réussite mettait en lumière l’impact concret de l’organisation collective et solidaire et la nécessité de mettre en place des protections pour les salariés d’un secteur ludique en rapide développement – ce qui n’est pas sans rappeler notre dernier Edito : une croissance à double tranchant.

Partagez cette publication