King of Monster Island : Hiroshima mon amour
Godzilla (prononcer Gojira), né à la suite d’essais nucléaires, vient ravager Tokyo. Le tout premier film était signé Inoshiro Honda, avec des décors en carton pâte et un acteur caché sous un costume. D’antagoniste dans le tout premier film, le saurien irradié est devenu un héros dans les autres Kaiju Eiga, et vient sauver la Terre contre d’autres monstres tout aussi improbables. (Mothra la mite géante^^) .
King of Tokyo de Richard Garfield, auteur connu aussi pour Magic The Gathering, est un bon gros défouloir où l’on se distribue des baffes entre copains (par monstre interposé) avec entrain. Dans King of Monster Island, ces mêmes monstres vont coopérer pour sauver le monde de la destruction. Car Lavalord s’est réveillé et veut détruire notre terrain de jeu. On va lui apprendre de quel bois on se chauffe !
Le jeu est signé par Richard Garfield, mais l’équipe ludique participe aussi, une agence de game design qui a déjà officié sur L’année des 5 empereurs à la suite d’un appel d’offres du musée de Lyon.
Faire d’un défouloir un jeu coopératif est osé. Alors, pari réussi ?
Distribution de baffes
Le but du jeu est on ne peut plus simple : réduire les points de vie du monstre à zéro. En revanche, on peut perdre la partie de plusieurs façons différentes : si un joueur passe de vie à trépas, si trois piliers sont construits, ou si l’on ne peut plus placer de minions, car oui, il ne vient pas seul notre Lavalord, il est flanqué d’une pelletée de minions tous plus agressifs les uns que les autres. Ils ont aussi le chic pour prendre les baffes à la place du Boss, ce qui ne nous arrange pas vraiment.
Le boss a aussi des dés (rouges), ceux-ci sont placés au centre du volcan qui sert de tour à dés, ce qui va répartir “gracieusement” les dés dans les différentes régions. Le lavalord va ainsi se déplacer dans la zone adjacente avec le plus de dés, et appliquer leurs effets, ajouter des minions sur le terrain, gagner des points de gloire, ce qui va le booster et aussi construire des cristaux. Au bout de trois cristaux, il construit un pilier : Game Over quand trois piliers sont construits. Si vous souhaitez plus de détails, vous avez le Ludochrono.
On retrouve le système de tour à dés de The Loop. J’avais trouvé que dans The Loop le tirage était un peu trop imprévisible, ici on a partiellement le moyen de le contrôler.
À notre phase active, on lance tous les dés monstres, et comme au Yams, on peut relancer jusqu’à trois fois. Il va falloir tout de même composer avec nos lancers de dés, on peut se déplacer (ou déplacer les autres monstres amis) avec les faces pieds, tarter le monstre ou les minions avec les faces baffes. On peut même laisser les dés qui ne nous servent pas pour qu’ils soient utilisés par les copains. Dès notre premier point de gloire, on choisira une fiche alliée qui va teinter notre jeu, pour être plus bourrin, ou au contraire dans le soutien et le soin, dans la gestion de l’énergie, etc.
Coopération monstrueuse
La première chose qui me dérange dans ce nouveau King of, c’est l’aspect coopératif, je n’irais pas jusqu’à dire qu’il est inexistant, mais dans les faits, on s’adapte à nos dés plus qu’autre chose, on fera donc avec les moyens du bord, plutôt que vraiment planifier, même si certains pouvoirs permettent de tataner plus fort si un autre monstre est présent sur la zone.
On peut laisser des dés (sur leur face) sur une zone pour aider un joueur, mais en général quand on le fait, c’est rarement pour aider un joueur, mais plus parce que ce dé ne nous est pas utile sur le moment. Je n’oublie pas les tuiles bateaux qui peuvent être activées pour leur effet : un cœur pour se soigner, des baffes etc, mais on a trouvé assez peu d’intérêt à les construire, en effet entre trois dés clés à molette ou aller distribuer des baffes, on préfère les baffes, ça doit être notre côté Gaulois réfractaire.
Le tout premier Boss, Crystal Dragon, ne nous a pas offert beaucoup de résistance, au bout de quelques tours, il rendait son dernier souffle. Ce qui a frustré les enfants, car ils n’ont même pas eu le temps de voir leur monstre évoluer, le jeu était déjà fini, un peu décevant pour un début… Mais il en existe quatre, avec deux niveaux de difficulté pour chacun. Plus on monte en difficulté, et plus ils ont d’effets puissants, plus on lance de dés rouges aussi, accentuant la pression.
Pour retenter l’aventure, on a directement été narguer le gros boss avec sa figurine.. son énorme standee. Déjà on avait trouvé à qui parler : plus de dés rouges à lancer, donc plus d’effets à déclencher. La planification est plus importante, et cette fois on a ressenti la montée en puissance, le besoin de laisser quelques dés pour le cas où. Les cartes pouvoirs ont ainsi été utiles. On finit la partie en l’emportant, mais avec deux piliers construits côté méchant. On sentait qu’il ne fallait pas trop traîner, mais on ne s’est pas non plus vraiment senti en grand danger, je me suis même permis de ne pas achever le boss pour que ma cadette qui trépignait puisse se faire ce plaisir..
Au final, un jeu monstre ?
On adore l’univers, d’autant que ces monstres peuvent être évidemment utilisés pour une partie de King of Tokyo, pour le fun. Le volcan tour à dé au milieu est plutôt sympa pour distribuer le hasard. On peut aussi trouver à redire sur le côté un peu chargé du plateau quand on a plein de minions, des dés, des standees, d’autant que le volcan cache un peu le côté opposé du plateau. La gestion de Lavalord peut être un peu lourde, il se déplace, active les dés, les minions etc. Il vaut mieux un joueur (celui qui connaît les règles) qui gère cette partie. N’espérez pas laisser cette gestion à un de vos enfants, sauf s’il a des habitudes, et que vous jouez déjà avec lui à des jeux exigeants.
King of Monster Island fait le job, mais ne se démarque pas de la concurrence. On reste plutôt mitigé par la proposition. Si vous cherchez un jeu coopératif tendu, où il faudra se coordonner finement, passez votre chemin. Si vous cherchez un jeu fun pour jouer avec les enfants, en mode Yolo, alors King of Monster island peut faire l’affaire. Personnellement, je ne rechignerai pas à y mettre les pattes, mais je préfère quand même King of Tokyo et la joie de se tarter en famille.
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