On ne divulgâche rien
Déçu par la saison 1 de Detective, ses paquets de cartes et ses intrigues de Supermarché discount, je dois mon intérêt à ce nouvel épisode à son thème « guerre froide » (et aussi parce qu'on me prête la boîte). Les espions, le mur de Berlin tout ça, tout ça. Le matériel, conséquent (soulignons au passage la qualité de la traduction), fait la part belle aux hommes au chapeau mou, aux fiches noircies par le carbone et aux photos d'époque (1977). Les auteurs listent leur références, allant des livres aux films traitant du sujet et il y a de quoi approfondir si on le désire, l'univers mélangeant réalité et fiction. La règle vous plonge directe dans l'ambiance avec ses notions de zone libre, mafieuses ou sous contrôle du KGB. Cette règle, il faudra y revenir, certaines explications, notamment sur le chiffrage des énigmes ne sont pas assez claires. Même s'il faut se connecter à Antares, le site internet du jeu, pour démarrer, il y aura peu d'interaction avec cette base de données, la toile n'existant pas à l'époque. On y sauvegardera son avancée et la résolution des énigmes, qui débloqueront, parfois un peu trop en regard de ce qu'on y met, des indices pour la suite. Niveau jeu ça commence fort avec la première affaire, les fans du « Bureau des Légendes » retrouveront l'ambiance de suspicion qui règne en maître tout au long de ces quatre épisodes (reliés entre eux). Des personnages à interroger, des codes simples à résoudre, des énigmes à compléter suivant les personnes rencontrées, des assassinats...les hypothèses vont bon train. Baignant dans les services secrets yougoslave, russe, autrichien, les noms de codes, la mafia et les fausses identités, on ne sait plus où donner de la tête et vers qui se tourner. Le jeu peut être beaucoup plus simple, et vous pouvez éviter de creuser trop profond pour aller à l'essentiel : griller vos points d'interrogatoire pour chercher l'info et le code d'énigme. Car au final, on ne vous en demande pas plus et les enquêtes sont assez dirigistes, même si se noyer dans les supputations est rapide. Contrairement à la première boîte, c'est à la dernière la mission que nous sommes tomber en rade de points d'exploration, subissant alors de gros dilemmes sur les décisions à prendre. Quatre soirées plus tard, l'équipe de la Cia étant rentrée au pays, nous sommes ravis des moments passés à discuter, à échafauder des hypothèses, à tenter de contrer les services secrets, et c'est le principal. Vienna Connection est le fruit d'un énorme travail qui atteint son but avec une forte narration et une ambiance réussie. Bien sûr, le jeu narratif ultime n'existe pas et il y a des limites que l'on doit accepter, se manifestant par une fausse liberté de choix, sachant qu'il vaut mieux griller tous ses points pour aller voir des pistes que l'on aurait pas choisi plutôt que de les perdre ou se voir confier des infos qu'on avait pas demandé. Malgré ce sentiment de flou qui pointe par moment, le résultat est positif, le thème est bien rendu, on se fait balader, on croit trouver et on doute... Vienna réussit à recréer le ressenti que nous avions eu en découvrant la première boîte de Detective, ce mélange de ravissement et de frustration avec l'envie de savoir et d'aller au bout. En cela, Vienna est son digne successeur.