In Search of Extraterrestrial Life : SETI bien que ça ? 

Une folle envie de déchiffrer des signaux extraterrestres et résoudre les plus grands mystères de l’univers ? 

Voilà en tout cas l’ambitieuse introduction de SETI : In Search of Extraterrestrial Life, le prochain jeu de Czech Games Edition (CGE), ultra attendu par la communauté scientifique heu ludique. Faut dire, CGE, c’est un nom qui tout de suite trigger les gamers (désolée les anglophobes, mais ça rime – donc c’est vrai). Autre chose de vrai, SETI : c’est une organisation bien réelle qui recherche des signes de vie extraterrestre. On n’est pas dans la SF ici monsieur, jouer est une affaire sérieuse. Chaque carte a des effets et des illustrations uniques et représente des technologies, des projets et des découvertes de la vie réelle (comme l’ISS, le Grand collisionneur de hadrons – celui qui a confirmé l’existence du boson de Higgs -, le rover Persévérance, la sonde Voyager et bien d’autres). Pour ce faire, le tout est illustré par une palanquée impressionnante d’artistes : Ondřej Hrdina, Oto Kandera, Jiří Kůs, Jakub Lang, Michaela Lovecká, Jiří Mikovec, Jakub Politzer, Petra Ramešová, František Sedláček, Petr Štich et Josef Surý (merci ctrc + ctrv). 

 

Séance de playtesting chez CGE (work in progress) image éditeur – crédit ze BBG

 

Vous incarnez les membres de cette organisation scientifique et vous recherchez activement des traces de vie. Pour ce faire, vous lancez des sondes depuis la Terre, les mettez en orbite autour de planètes, ou les faites atterrir à la surface de ces astres ; vous envoyez des signaux vers des étoiles lointaines et traitez les données que vous collectez ; et vous développez des technologies afin de pouvoir faire tout cela plus efficacement. Votre but est simplement d’apporter la plus grande contribution scientifique possible à cette entreprise.

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de plonger dans les abysses de l’espace, mettez un pull, il fait froid là haut regardons le matos. Juste pour souligner que les composants sont fabriqués à partir de RE-Wood et de RE-Plastic®, des procédés valorisant la durabilité du matériel et ça, c’est chouette. Mais ce matériel, tout de même, oui, il donne envie de le regarder. Il a quelque chose où tout de suite, on se dit miam, ça va cruncher les neurones. Le plateau, présentant diverses galaxies et systèmes stellaires, ne manquera pas d’être plus mobile qu’une roue de Mac Gerdts à la recherche d’une planète X. 

Mais l’une des forces majeures du titre, c’est sa rejouabilité : la boite vient avec 5 races aliens et autant de manières de découvrir une vie extraterrestre – vous jouez avec deux tirés aléatoirement au début de la partie, sans savoir lesquelles – et chacune a son deck unique de cartes, et sa propre mécanique qui se superpose au jeu lui-même. Par exemple, dans l’une d’elles, vous aurez à faire une découverte vraiment lointaine, et pour représenter le temps que prend l’information pour revenir sur terre, lorsque vous jouez une carte vous déclenchez son effet initial et vous obtenez également un effet retardé, qui se déclenchera quand vous serez X points de victoire plus loin. Chaque vie alien à découvrir amène ainsi son twist, sa propre saveur au jeu. L’auteur aurait-il joué à Unsettled ? 😉  

SETI est un Euro qui se déroule en cinq manches, chacune avec un nombre variable de tours. Dans l’idée, vous continuez à jouer tant que vous avez des choses à faire et des ressources à dépenser. À votre tour, vous choisissez une action principale et autant d’actions gratuites que vous le souhaitez/pouvez. Mais que sont donc ces actions ? 

Séance de playtesting chez CGE (work in progress) image éditeur – crédit BBG

 

Ce qui fait le cœur de SETI, nous l’avons déjà mentionné un peu, ce sont les cartes. C’est le palpitant car c’est là que se cachent tous les effets principaux, souvent moteurs de combinaisons permettant de réaliser tout plein de choses. Elles sont donc les actions clefs du jeu, et plus encore. Vous pouvez également les défausser pour obtenir leur bonus associé, les utiliser pour leur couleur lorsque vous envoyez des signaux (on en parle juste après), ou les ranger pour toucher leur revenu.
La plupart des actions détaillées plus loin coûtent des ressources : du pouvoir ou du crédit. Quand vous en manquez, vous passez généralement votre tour pour obtenir les revenus du tour suivant. Mais le jeu permet d’obtenir des ressources de bien des manières, plus indirectes, ou de continuer à jouer par des effets rebond (je fais cette action, qui me me permet de gagner une carte, qui me permet de …). En tout cas, dans ce jeu d’imbrications, les cartes ont un rôle central, lié à leurs nombreuses utilisations. D’ailleurs, certaines cartes comportent aussi une case argentée avec un objectif à remplir pour obtenir davantage de bonus, ou une case dorée avec une condition de score en fin de partie.

SETI : La piste aux étoiles

Quelles autres actions sont disponibles pour trouver des vies extraterrestres ? Vous pouvez envoyer des signaux vers des étoiles lointaines. L’un d’entre eux sera toujours envoyé dans le secteur où se trouve la Terre, l’autre dans une étoile de la couleur de la carte que vous avez défaussée. Lorsque vous débloquez des technologies, vous pouvez améliorer cette action ou envoyer plus de signaux. Quand vous envoyez un signal à une étoile, vous y placez un marqueur et récupérez un jeton de données (nous y revenons juste après). Les signaux sont joués avec une règle de majorité (un peu d’interaction ici) : chaque fois que la piste d’une étoile est remplie, le joueur qui en a le plus reçoit une trace de vie extraterrestre (type rose).

Les données que vous collectez sous forme de jetons via vos signaux sont placées sur votre piste de données par des actions gratuites, permettant de gagner des bonus au passage. Là aussi, cette piste peut être personnalisée via des améliorations pour devenir plus intéressante. Chaque fois que la piste est complètement remplie, vous pouvez utiliser l’action ‘Process data’ pour défausser toutes les données récupérées et gagner une nouvelle trace de vie extraterrestre (type bleu). 

Séance de playtesting chez CGE (work in progress) image éditeur – crédit BBG

 

Vous pourrez aussi lancer une sonde depuis la Terre, moyennant quelques énergies. C’est là que le système solaire rotatif du plateau central se met en branle : certains effets feront tourner les anneaux du système solaire, déplaçant les planètes et les champs d’astéroïdes. C’est magique, chaque niveau du plateau peut être tourné. On a hâte de mettre les mains dedans !

Autre action possible : envoyer la sonde en orbite. Chaque fois que votre sonde se trouve sur une planète du système solaire, vous pouvez utiliser cette action pour l’envoyer sur l’orbite de cette planète. Vous jouez une carte pour obtenir le bonus de revenu correspondant. Vous pouvez aussi atterrir sur une planète, en payant des coûts divers et variés, pour obtenir des traces de vie alien (type jaune). Avec une amélioration, vous pouvez atterrir même sur les lunes des planètes, qui offrent des bonus encore plus juteux. 

Exemples de cartes – image éditeur – crédit BBG : Emile de Maat

 

Nous l’avons vu à chaque étape, l’amélioration des actions est au cœur du système. Il existe trois types de technologies. Vous pouvez améliorer tout ce qui concerne les sondes, pour par exemple avoir deux sondes dans l’espace en même temps, atterrir à moindre coût, ou aller aussi sur les lunes comme on l’a dit. Nous avons déjà mentionné également la possibilité d’améliorer votre capacité d’envoi de signaux, et enfin, celle d’améliorer le suivi de vos données, de façon à gagner plus de bonus via cette action. 

Nous avons également mentionné le fait qu’il existait des traces de vie alien de trois couleurs : type jaunes, bleues, et roses. Ces éléments une fois obtenus iront se placer sur l’un des deux plateaux tirés aléatoirement en début de partie et tenus face cachée pour plus de suspens. Dès la première trace de vie trouvée, le plateau est retourné, et vous découvrez les emplacements qu’il contient pour les futures traces de vie ainsi que la mécanique particulière de cet alien-là.

  

SETINTERACTIF ?

Si ce n’est le jeu de majorité des signaux, l’interaction semble pour le moins indirecte dans SETI. Les joueurs vont certes se gêner sur les emplacements de planètes ou sur ceux des traces d’extraterrestres. Vous allez prendre ou défausser des cartes, déclencher le mouvement du système solaire, autant d’actions qui auront inévitablement des incidences sur les décisions des autres, mais vous n’êtes pas là pour vous mettre des bâtons dans les roues. Mentionnons la course aux objectifs qui mettra la pression sur tout le monde : un joueur peut prendre un objectif dès qu’il atteint 25, 50 et 75 points de victoire. 

 

Premier proto du jeu, en 2018. Image de l’auteur, crédit BGG

 

« SETI a été très exigeant à développer, et j’ai donc dû faire une pause sur plusieurs autres titres plus petits que j’avais également commencé à concevoir dans les années suivantes. Par ces « petits » jeux, j’entends des jeux Euro de taille moyenne, qui étaient beaucoup plus faciles à concevoir que SETI. Certains d’entre eux sortiront cette année ou l’année prochaine. Bien sûr, je dois mentionner un jeu qui travaille sur un thème similaire mais qui se déroule 400 ans plus tôt que le SETI. Ce jeu s’appelle Galileo Galilei (cf news). La différence essentielle entre les deux jeux est que dans Galileo Galilei, les joueurs échangent des sondes de haute technologie et de grands radiotélescopes contre les premiers petits télescopes optiques, grâce auxquels ils exploreront pour la première fois la beauté du ciel nocturne. Je vais sortir Galileo Galilei avec le nouvel éditeur tchèque Pink Troubadour à Essen 2024 cette année. » raconte l’auteur dans un designer diary en ligne. 

Entre les cartes et les actions gratuites, il semble se passer en effet beaucoup de choses d’un tour sur l’autre dans SETI, via toutes sortes de déclenchement d’actions en cascade. Un gros tour pourrait ressembler à : une première action permet d’acheter une carte, qui découle sur une autre action, qui déclenche un décompte de majorité, qui vous donne une trace de vie alien, et avec les points de victoire obtenus, paf, vous revendiquez un objectif. 

Y a-t-il pour autant d’importants risques d’Analysis paralaysis ? La sérendipité et l’aspect opportuniste semble très présent, mais on reste dans du gros Euro où stratégiser ses tours sera indispensable. Gros jeu aussi en termes d’investissement : comptez bien 180 minutes pour 4 joueurs, surtout en partie découverte. En tout cas, la sensation qu’il semble offrir paraît à première vue moins directrice que dans un Narak (on retrouve Elwen & Mni au développement). Le thème ne se perd-il pas trop en cours de route, une fois que l’on plonge la tête dans l’optimisation des actions et le développement de notre moteur ? Maintenant, reste à y jouer pour pouvoir vous en dire plus !

L’opus signé Tomáš Holek sera dispo en octobre à Essen du côté de Czech Games et la localisation, gérée par Iello, est prévue pour décembre 2024. 

 

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5 Commentaires

  1. Groule 11/09/2024
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    Setin bel article, merci

  2. ocelau 12/09/2024
    Répondre

    Merci pour la présentation qui ne fait que confirmer ce jeu dans ma top liste de cette fin d’année. Et merci à Iello d’assurer aussi rapidement la VF

    • Shanouillette 13/09/2024
      Répondre

      Merci Ocelau ! Oui, c’est sûr que j’ai été étonnée de voir que ça arrivait déjà fin d’année !

  3. atom 11/10/2024
    Répondre

    J’ai joué à Seti hier soir. Pour la petite histoire, ce cher Mickael qui nous a expliqué le jeu jouait avec nous, tout en expliquant à la table d’à côté Dead Cells, donc ça a été un peu entrecoupé et plus long qu’une vraie partie j’imagine. De plus, le jeu était en anglais, donc quelques questions aussi sont venues en jeu.

    Concernant le jeu et bien c’est assez perturbant au premier abord, la séquence de tours est la même que Narak, on joue une action on passe au suivant ou on passe tout cours dans ce cas on attend que les autres aient terminé. Même si on est un gros cran au-dessus.

    C’est un euro avec beaucoup, mais alors beaucoup de cartes, et soit on joue une action, parmi les actions possibles, soit on joue une carte en payant son coût.

    On sent que le jeu demande un peu de maîtrise, et il y a un tempo à attraper, pour envoyer nos sondes dans l’espace, les déplacer pour les faire atterrir sur des planètes avec les gains associés. Plusieurs actions permettent de faire avancer le jeu et découvrir les espèces ET. Ces espèces justement sont des sortes de modules qui arrivent en cours de jeu et qui ont leurs propres règles et gameplay (un peu comme Shackleton base dans un autre genre). 

    Je ne sais pas quoi en penser, j’ai besoin de rejouer pour me faire un avis plus solide.Il y a des trucs que j’ai beaucoup appréciés, la liberté dans le jeu, le thème qui est plutôt bien présent, l’interaction présente mine de rien. Pour le négatif, c’est un peu long, mais c’était peut être l’effet première partie et j’aime moins le côté salade de points, pourtant j’aime bien les salades de points, mais ici je trouve que ça casse un peu le thème, l’exploration des planètes, etc. Bref à rejouer et ça tombe bien j’ai envie de rejouer ce qui est plutôt bon signe.

     

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