Good Fortune – Collect’omino

Certains jeux modernes partent d’une mécanique provenant d’un jeu traditionnel pour proposer quelque chose de nouveau. Pour n’en citer que trois, nous avons Ziggurat qui reprend le Jeu de serpents et échelles, Challengers qui revisite la Bataille, ou Captain Sonar qui dynamise la Bataille Navale, sans parler des innombrables jeux de plis, héritiers de la Belote et du Tarot.

Good Fortune, à l’instar de Kingdomino, utilise la mécanique des dominos, mais sous forme de petit jeu de collection pour deux joueuses exclusivement. Repéré par mes camarades au Festival de Vichy, j’ai été attiré par leur présentation. J’ai tout d’abord été surpris en voyant le nom de l’auteur : Jean-Louis Roubira, le papa de Dixit et Feelinks. Exit la poésie, les émotions et l’échange verbal avec les autres joueurs, Good Fortune est un jeu mécanique et cérébral.

 

Qui aura le plus de chance ?

Comme dit plus haut, le but est de faire la collection de dominos qui rapportera le plus de points. Sur ceux-ci sont représentés deux symboles porte-bonheur parmi sept. Outre le trèfle à quatre feuilles et le fer à cheval qui sont peut-être les plus connus en France, on trouve aussi des symboles provenant d’autres cultures : la main de Fatma (Afrique du Nord), Maneki-neko (Japon), Ganesh (Inde), Matiasma (Grèce), Scarabée (Egypte).

 

Les sept symboles de chance.

 

Les dominos ont aussi en leur centre une valeur entre 1 et 4. Ce nombre est représenté comme une face de dé. Plutôt bien trouvé pour un jeu sur le thème de la chance. En fin de partie on réunit ses dominos en groupes de symboles majoritaires. Par exemple, si le symbole que j’ai le plus est Scarabée, je les mets ensemble (indépendamment du deuxième symbole des dominos), puis parmi les dominos restants je cherche le symbole majoritaire et je crée un autre groupe, et ainsi de suite. Pour chaque groupe, je fais l’addition des “faces de dé” que je multiplie par le nombre de dominos du groupe. On veut donc récupérer les dominos de forte valeur mais aussi se spécialiser dans un nombre limité de symboles.

 

Collection qui rapport (4×8) + (2×5) + (2×6)

 

L’initiative : le cœur du jeu

D’accord, mais comment récupère-t-on les dominos ? C’est là que rentre en jeu l’autre valeur (en chiffre arabe) présente sur les dominos. Tous de valeur différente (entre 1 à 21), ils sont répartis entre les joueurs, sauf trois qui sont placés alignés au centre de la table. À tour de rôle, les joueurs vont choisir un domino disponible devant eux qu’il va falloir placer d’un côté ou de l’autre du groupe de trois en respectant un symbole commun pour pouvoir récupérer (et collecter définitivement) le domino se trouvant à l’autre extrémité du groupe.

La règle en vidéo dans le Ludochrono.

Mais toute la subtilité du jeu est qu’on ne place pas notre domino de manière alternée au centre de la table. L’ordre d’initiative dépend de la valeur du domino choisi : ça sera tantôt le plus élevé à se positionner en premier, tantôt le plus faible. Tout l’intérêt stratégique du jeu est dans la gestion de cette initiative, pour essayer de bloquer l’adversaire ou de lui faire prendre un domino peu intéressant. Je dis bloquer, car si par malheur aucun symbole ne concorde entre son domino et ceux aux bords du groupe, on place son domino comme d’habitude mais le domino de l’autre extrémité est défaussé et non pas récupéré. Ouch !

 

Début de partie

 

Au fur et mesure que la partie avance, les possibilités diminuent, on a moins de dominos et moins de symboles devant soi. (Les domino remportés sont mis de coté). Tout est visible, donc on sait ce que l’adversaire peut jouer. Quand on est premier joueur (le premier à choisir son domino) on est susceptible de se faire coincer puisque l’adversaire joue en conséquence de notre choix. Il faut essayer de se couvrir pour être en mesure de récupérer un domino quelque soit le cas de figures : que l’on soit premier ou second à se placer au centre. En gros, il faudrait avoir un symbole commun avec un domino du bord et un du centre. Mais ça n’est pas toujours possible 🙂  

 

Le matériel est très joli, que ce soient les tuiles domino, la boîte à rabat aimanté qui s’ouvre par le côté, ou le jeton métallique coccinelle (autre symbole de chance) qui rappelle l’ordre d’initiative pour le tour en jeu. C’est du beau travail pour la nouvelle maison d’édition Daïmon play. L’unique bémol pour moi, serait la proximité chromatique entre le turquoise du scarabée et le vert du trèfle qui peuvent être confondus sous un faible éclairage.

 

Une belle boite bien remplie.

 

Variantes : du bon et du moins bon

Le jeu propose deux variantes. Dans la première, nommée guessing, les deux joueuses choisissent en simultané leur domino. Ensuite le placement suit l’ordre d’initiative normal. Dans cette configuration le risque de se faire coincer est plus grand puisque cela peut arriver à chaque tour et pas uniquement un tour sur deux, quand on est celui ou celle qui choisit en premier. J’ai bien aimé les sensations que ce mode de jeu propose. À l’inverse, la seconde variante m’a semblé très fade. Les adversaires jouent leurs tuiles alternativement. Il n’y a pas d’initiative. Ce mode retire le cœur du jeu à mon sens, qui est de contrôler le tempo, avoir la possibilité de collecter deux dominos d’affilée (lors de deux tours successifs). Avec une alternance stricte des tours de jeu, on est trop sujet à offrir des dominos intéressant à l’adversaire puisqu’il joue systématiquement après nous. Je pense que cette variante est à réserver uniquement aux plus jeunes.

 

Ce Good Fortune est une belle surprise pour ma part. Un jeu rapide dans une boîte compacte avec un joli matériel. Dans les jeux de collections, l’intérêt réside dans la manière dont on va récupérer les éléments. J’ai trouvé la mécanique de prise de domino intéressante. Elle offre un certain contrôle, puisque tout est visible. On peut anticiper plusieurs coups si on le souhaite, mais on n’est pas obligé de se faire mal à la tête (personnellement, je calcule juste le tour suivant). Le jeu n’est pas très méchant, car il est au final assez rare de se retrouver à ne pas pouvoir prendre de domino (on aura juste une tuile moins intéressante). Je ne dis pas que je ferai cinquante parties, mais je pense qu’il mérite d’être découvert et qu’on lui donne une chance 😉 au milieu de la vague de sorties pré-Noël.

 

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