Games Factory : faillite d’un éditeur polonais
Kickstarter est une formidable machine pour vendre des produits originaux, qui ne sont encore qu’à l’état d’idée (plus ou moins avancée certes). On soutient une promesse. Mais il arrive (très rarement) que l’engagement ne soit pas tenu. Après tout, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Et puis il arrive parfois que des aléas humains, techniques ou financiers plombent la structure, ce fut le cas entre autres de “Massilia” (souvenez-vous).
Hier, on apprenait que le projet Solar City mais aussi le Board Game Creative Kit ne verront pas la lumière du jour. En effet, les porteurs des projets ont informé les backers que l’entreprise Games Factory avait été mise en faillite par son PDG. Celui-ci a décidé de quitter le pays non sans laisser une facture exorbitante, avec d’énormes dettes, et sans payer les imprimeurs.
En conséquence, l’entreprise doit désormais faire face à ses créanciers. Les salaires ne seront pas payés. Les droits ont été rendus aux auteurs, Marcin Ropka et Viola Kijowska, et l’entreprise ne pourra pas livrer les backers. Plus de 104 000 $ ont été perdus dans l’aventure et 1 279 personnes ne verront jamais le jeu sur leur table, à moins qu’un éditeur décide de le récupérer et de le produire comme l’avait fait Quined Games pour Massilia.
Selon l’éditeur polonais, c’est à cause de négligence de son ancien PDG, mais en réalité l’entreprise était déjà en difficulté avant cette annonce. Marcin Ropka, le créateur de Solar City avait quitté l’entreprise en août dernier, quand il a découvert que son éditeur aurait arnaqué des backers sur un site de financement polonais. (source)
Notamment, pour le jeu Raiders to the North Sea (Pillards de la mer du Nord) en polonais : l’éditeur a annoncé aux backers que le jeu était bloqué à la douane. Un des backers a décidé de contacter Garphill Games, l’éditeur original du jeu. Shem Philips, auteur et éditeur de Pillards, a confirmé ses soupçons et découvert que Game Factory n’avait pas payé les produits à l’usine chinoise, et ce, depuis plus d’un an. Garphill Games a depuis rompu ses contrats de distribution avec Games Factory.
Pour informations, à l’heure où nous parlons, la page du site de Game Factory n’est plus accessible. Cet éditeur distribuait des licences comme Dominion, mais aussi Valeria, Kingdomino, Star Realms, Not Alone, et bien d’autres encore.
Sommes-nous protégés de ces dérives ?
Quand un projet est financé, le porteur de projet reçoit l’argent récolté par Kickstarter pour mener à bien celui-ci, mais la plateforme n’a aucun contrôle sur le projet en lui-même. Les statuts de Kickstarter sont clairs : le site n’apporte aucune garantie sur le fait que les porteurs de projet conduisent le projet à son terme. En conséquence c’est au financeur, le fameux backer ou soutien, de prendre ses responsabilités et de s’informer quant à la viabilité du projet et au sérieux des porteurs… Mais on n’est jamais à l’abri d’un retournement de situation.
Est-ce que Kickstarter va revoir sa charte et ses règles d’admission ? Celles-ci ont déjà été modifiées suite à une affaire de plagiat en 2012. Mais ne risque-t-on pas de voir d’autres affaires de ce genre se démultiplier dans le futur ? Après tout, Kickstarter pourrait s’apparenter, pour certains éditeurs, à une sorte de Pyramide de Ponzi : c’est avec l’argent du jeu précédent que l’on peut lancer la campagne pour le suivant, avec le risque d’un échec que l’on connaît.
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Sgt Pépère 18/04/2019
M’étonnerait que Kickstarter change quelque chose qui les pousserait à prendre plus de responsabilités de leur part. J’en ai perdu des sous sur KS. Et la seule réponse, c’est « c’est votre faute, vous saviez à quoi vous vous engagiez ». Avant, on avait un message disant que KS allait contacter l’auteur du projet pour le relancer et lui demander où il en était. Plus maintenant.
Du coup, je soutiens beaucoup moins de projets …
Umberling 18/04/2019
Il n’y a pas que KS dans l’affaire ; tu remarqueras que parmi les jeux de Games Factory, il y a les localisations de Not Alone ou Kingdomino, bien loin du financement participatif donc. Après, KS a toujours été un coup de poker avec des mauvaises pioches (pour des raisons plus ou moins justifiables).