Essen 2024 : Voyage en Terre du Jeu (partie 1) Steam Power, Huang, DaDaDa, Zero to Hero…

[NDLR] Cette année, nous avons envoyé des reporters sur le salon d’Essen, vous aviez déjà pu découvrir les reportages de Novocaiin et Peckato des Ludopathe Pogonophile, avec un premier article et un deuxième article. Aujourd’hui, c’est Guilou et Marion qui vous présentent leurs découvertes d’Essen avec de nombreuses photos pour terminer !

Enjoy !

L’édition 2024 du célèbre salon allemand vient de se terminer. Le Spiel d’Essen, moment tant attendu par nombre de joueurs au cours d’une année, passe décidément beaucoup trop vite.

 

 

Si on devait résumer cette édition à deux mots : toujours plus. En effet, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands. Plus d’espaces alloués, plus d’exposants et du coup plus de jeux ou d’accessoires présentés. Les visiteurs ont eux aussi répondu à l’appel. Le salon affiche des records d’affluence, avec notamment trois journées sold out (une première ! Avec, selon les chiffres officiels, 50 000 entrées payantes par jour). D’ailleurs, les mots « Sold Out » ont très vite fait leurs apparitions sur nombre de jeux, et ce dès le jeudi matin. Il faut dire que le hasard du calendrier a bien aidé avec le jeudi férié pour les Allemands. Au total, 20 4000 visiteurs et pas loin de 80 pays différents représentés.

 

 

Niveau positionnement, Asmodée et ses partenaires occupent toujours une place centrale dans l’évènement. Par contre, il n’est pas rare de voir certains autres traditionnels gros éditeurs disposer d’espace légèrement plus restreint que les autres années. Ce qui est sûr, visuellement, tout le monde tente de tirer son épingle du jeu. Les stands sont de plus en plus travaillés et offrent un dépaysement garanti au grès des déplacements entre les allées. À noter aussi, le retour de Dice Tower, avec deux importants stands.

Même si la star du salon reste encore et toujours le traditionnel Currywurst, il est temps de parler jeu. Parce qu’outre le fait de dépenser ses deniers bien économisés, le salon offre la possibilité aussi de jouer. On peut donc découvrir au milieu des grosses sorties qui buzzent tant, des petits jeux plus obscurs et exotiques. En un week-end seulement, ce fut court pour essayer tout ce à quoi on aurait aimé jouer, mais on a eu la chance de pouvoir découvrir quelques jeux et de bien profiter du salon.

 

Steam Power

 

          

 

Issu d’un Kickstarter, le jeu de la compagnie Wallace Designs disposait d’une bonne exposition. Le célèbre auteur Martin Wallace (comme vous l’avez deviné, c’est sa maison d’édition) nous offre ici un jeu de train, thème qu’il affectionne particulièrement. Pour les fans de cet auteur, le jeu n’est pas sans rappeler certains autres de ses titres.

Nous sommes ici face à un système assez particulier. De prime abord, on s’attend à un jeu « light » de connexion. Mais il est beaucoup plus malin qu’il n’y paraît. Surtout, au-delà de son apparence, il s’agit d’un jeu de course. Il est important de trouver le bon timing entre se développer sur la carte et remplir ses contrats. L’interactivité omniprésente devient d’ailleurs beaucoup plus forte et retorse au fil du jeu. L’erreur de construire dans son coin sans s’occuper des autres peut vite vous coûter cher.

Avec seulement deux actions par tour, vous allez devoir optimiser au mieux pour agrandir votre réseau, ou vous lancer dans la production de ressources. Ces mêmes ressources qui vous serviront pour l’accomplissement de vos objectifs… à moins qu’elles soient utilisées par vos adversaires, en échange bien évidemment de quelques deniers.

 

 

Le jeu s’explique en peu de temps, mais est loin d’être simpliste. Il offre un challenge intéressant tout en se plaçant dans le segment des jeux initiés accessibles et rapides (compter en moyenne 45 minutes la partie). De plus, même dans la boîte retail, le matériel est de bonne facture. Comme Bloodstones avant lui, le plateau de jeu est remplacé par une nappe (il y en a deux à l’intérieur différentes). C’est un détail, mais c’est vrai que le résultat est assez agréable sans pour autant faire de pli. Sans renouveler le genre, Steam Power offre une expérience très agréable et hautement interactive. Un très bon moment passé autour de ce jeu.

Un jeu de Martin Wallace
Illustré par Leith Walton
Edité par Wallace Design

 

 

Zero To Hero

 

On va rester chez Monsieur Wallace pour un mix entre party game et jeu de pli. Ici, pas de cartes, mais des tuiles en bois.

À chaque pli correspond une modalité qui vous indiquera les récompenses du vainqueur et du second. Ces gains peuvent être positifs… ou négatifs. Chaque joueur dispose de sept tuiles avec des valeurs et des couleurs différentes. Les couleurs sont connues de tous autour de la table, ce qui n’est pas le cas des valeurs.

À chaque pli, la tuile jouée n’a pas forcément besoin d’être de la même couleur que celles jouées précédemment. Il faudra jouer la valeur la plus élevée dans la couleur la plus forte pour remporter le pli. En sachant que tous ne sont pas forcément bons à remporter, vous voyez déjà le côté fourbe de la chose ?

 

 

Pour tenter de résoudre le potentiel chaos présent au cours de la partie, l’auteur y a ajouté un petit twist. Si par malheur, vous arrivez à zéro en point suite à une manche (qui correspond à sept plis), vous avez le droit au second souffle. Si vous débutez une manche avec zéro point, vous pouvez créer l’exploit de gagner cinq points en une manche. Vous vous transformez alors en héros en gagnant la partie immédiatement.

Zero To Hero n’est pas un jeu exempt de défauts (à noter que le tirage fait exprès pour Essen possédait des soucis de production corrigés par le biais de tuiles remplaçantes). Il a d’ailleurs divisé pas mal sur son intérêt et son fun. Pour nous, le plaisir fut au rendez-vous. Il s’agit d’un petit jeu d’apéro malin qui peut offrir de beaux moments de fourberie. Ajoutez à cela une bonne dose de hasard, pas mal de fun, un matériel agréable, un prix correct, que demandez de plus ?

Un jeu de Martin Wallace
Illustré par Leith Walton
Edité par Wallace Design

 

Huang

 

Direction ensuite le stand de Phalanx pour y découvrir un autre titre. Il semblerait que les démonstrateurs étaient trop occupés pour venir nous l’expliquer. Qu’à cela ne tienne, nous nous sommes débrouillés tout seuls !

Tigres & Euphrates, qui date de 1997, est un des jeux les plus connus du Dr Knizia. Véritable institution pour beaucoup de joueurs (que ce soit l’auteur ou le jeu d’ailleurs), il reste une référence. Mais dans le monde du jeu, le temps passe ultra vite. En 2018, Matagot et Grail Games ont donc souhaité moderniser et actualiser le jeu. C’est ainsi qu’est apparu Yellow & Yangtze. Mais pourquoi vous parlais-je de cela ? Parce que tout simplement à la suite de cette remise en avant, des critiques et des demandes provenant de tous types de joueurs ont fait leurs apparitions. Pour répondre à cette vague, Dr Knizia himself, a voulu revoir la copie de la copie. C’est ainsi que sous l’étendard Phalanx, l’auteur a proposé un nouveau jeu, Huang, en Gamefound. Suite à une campagne réussie, le jeu arrive chez vos ludicaires en version boutique (en France chez Pixie).

 

 

Huang reprend les mécanismes d’origine tout en les modifiant. Maintenant, les leaders possèdent des pouvoirs aussi en dehors du plateau (mais du coup ne rapportent pas de points s’ils sont laissés là). Les révoltes ou les guerres sont moins décisives. Les pagodes sont plus faciles à poser et les tuiles bleues ont une importance plus marquée. Ces petits changements offrent un vent d’air frais au jeu d’origine sans pour autant en changer son essence.

Toujours retors et tactique, Huang transforme quand même l’expérience. En choisissant sciemment d’amoindrir la frustration et le côté punitif des anciennes moutures, Dr Knizia rend son jeu plus ouvert, plus dans l’air du temps. La qualité du matériel et le choix des illustrations ne font que renforcer cet effet.

Le thème est toujours assez absent, mais l’enrobage appuie l’ensemble et en séduira plus d’un. Huang est une remise à jour au goût actuel d’un classique du jeu de société. En sacrifiant le côté punitif des batailles, et la pression que pouvait donner une défaite, le jeu s’offre le luxe de s’ouvrir au plus grand nombre pour peu qu’on aime les jeux tactiques avec une interaction forte.

Un jeu de Reiner Knizia
Illustré par Bartek Jędrzejewski
Edité par PHALANX

 

DaDaDa

Petit détour par le stand The Ops Game qui offre cette année deux jeux d’ambiance qui vont faire leur petit effet. Le premier est DaDaDa. C’est un jeu de Gustavo Ceci Guimarães, Lee McGirr, TJ Spalty et Julian Spinelli (oui, ça en fait du monde). Nous sommes ici clairement dans le party game crétin/malin (ce n’est pas une insulte).

 

 

Sur la table sont disposées des cartes d’onomatopées représentant des sons : bong, flo, bing… Nous allons alors associer quelques images au hasard à ces sons. Première contrainte, les joueurs doivent se mettre d’accord. Deuxième contrainte, ils doivent le faire en utilisant uniquement les bruits présents sur la table. Une abeille c’est plutôt « Bong » ou « Flo » ?

Une fois quelques cartes mises en place pour servir d’indicateur, la vraie partie peut commencer. Un joueur pioche une carte, l’associe à un son (ou plus parce qu’on peut les cumuler rendant la chose encore plus difficile) puis pioche d’autres cartes, les mélange à celle qu’il faut retrouver et les pose sur la table. Tout le monde doit alors placer la bonne carte au bon endroit. Il n’est toujours pas possible de parler.

Ce n’est pas forcément ma came mais il faut avouer que cela donne des situations assez loufoques ! Voir des tablées de joueurs s’exprimer comme dans un autre âge ça donne le sourire. Le jeu n’est pas forcément original, mais dans son style il est efficace.

Un jeu de Gustavo (mut/moochi) Ceci Guimarães,, Julian Spinelli, Lee McGirr, TJ Spalty
Edité par The Ops Game

 

Flip7

 

Je ne vais pas m’éterniser sur celui-là, d’autres l’ont très bien fait lors du retour du festival de Vichy par exemple. Toujours chez The Op Games, ce jeu d’Eric Olsen, a tout d’un grand. Mélangeant savamment le stop ou encore et le jeu de cartes, Flip7 offre ce qu’il faut d’adrénaline et de bonnes ambiances pour dynamiser vos parties. Une réussite tout simplement !

 

 

 

 

 

Mini Dinosaur

 

Typiquement le genre de jeu qu’Essen nous propose de découvrir. Au hasard d’un stand, nous allons nous diriger vers un éditeur thaïlandais : Good Game Studio. Au programme, petite plongée dans l’ère des dinosaures pour un petit jeu de cartes haut en couleur de l’auteur Zong-Ger.

Il s’agit d’une course de dinosaures. Le principe est simple. Chaque joueur dispose d’une main de carte dinosaure et de carte objectif / scoring. À son tour de jeu, on peut jouer une carte. Il peut s’agit d’une carte dino pour faire avancer la course ou une carte objectif. Au cours de la partie, on pourra poser devant soi deux cartes scoring face cachée et deux face visible. Et c’est tout.

 

 

Chaque objectif est unique et il existe cinq types de dinosaure (couleur différente). Lorsqu’un reptile obtient sa cinquième carte, la course est finie. Celui-ci est le grand gagnant. Chaque joueur compte alors ses points en fonction des scoring qu’il est parvenu à placer en jeu et dont les conditions sont remplies.

Le jeu est estampillé 8 ans et plus, mais il pourrait très bien se jouer plus tôt une fois que l’enfant connaît ses chiffres. Les dessins de Ming sont très colorés et choupis, ce qui peut attirer un public enfant et familial.

D’une durée très courte, environ 15 minutes voire moins, le jeu n’offre malheureusement pas vraiment de diversité dans sa jouabilité. Même si a priori il a trouvé son public, grâce notamment à son prix très doux, il n’a pas réussi à nous convaincre. En l’état, dans ce style de jeu, il y a beaucoup de concurrence et celui-ci n’arrive pas à proposer quelques chose d’assez original pour s’imposer.

Un jeu de Zong-Ger(蔥哥)
Illustré par Ming
Edité par Good Game Studio

 

 

Vegetable Stock

Toujours du même auteur et du même éditeur, on a profité pour essayer Vegetable Stock. Il s’agit d’un jeu plus ancien qui a aussi connu une version Arcane Wonders au style plus cartoon.

Nous sommes des fermiers qui souhaitons nous lancer dans l’économie des légumes (pour les besoins de thématique pour ce jeu, il faut partir du principe que les tomates sont aussi des légumes).

Comme à la bourse, au centre de la table, il y a la liste des produits dont la valeur est définie aléatoirement. Un joueur reçoit un nombre de cartes égal au nombre de joueurs +1 en main. Il en choisit une puis passe le tas à son voisin. Le dernier joueur dispose de deux cartes en main. Il en choisit une pour lui, et l’autre servira à influer le cours du marché. Pour chaque symbole sur cette dernière, le légume correspondant augmente d’un. S’il dépasse la valeur maximale, alors il y a un crash et le légume retombe à zéro (il pourra toujours augmenter avec les tours suivants). À la fin du jeu, chaque joueur multiplie son nombre de symbole pour chaque légume à la valeur boursière indiquée au centre la table.

Vegetable stock est un petit jeu de cartes sans prétention, facile à sortir. Il peut même pourquoi pas servir de base pour expliquer le principe boursier sans se prendre la tête. Les parties sont courtes et les règles faciles à apprendre. Cependant, les joueurs peuvent rester un peu sur leur faim.

Un jeu de Zong-Ger(蔥哥)
Illustré par Nadia Carrim, Poki Chen, Stevo Torres
Edité par Good Game Studio, Zacatrus

 

 

 

Avant de nous quitter pour aujourd’hui, faisons un petit tour du salon en photos …

 

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1 Commentaire

  1. Meeple_Cam 15/10/2024
    Répondre

    Et vous ne m’avez pas rapporté un exemplaire de Vegetable stock ? tssssss :). MeepleCam, fermier à cube de Ludovox

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