Essen 2023 : Les retours de MeepleCam : Waterfall Park, Evacuation, Earth 2053, Orion duel, Méliès 1902…
Une image générée par IA. On le voit sur les détails des mains imparfaites
Ça y est, Essen 2023, c’est terminé. Le Spiel Essen, c’est un tout petit événement qui se déroule dans le nord de l’Allemagne. Une toute petite édition cette année. Jugez-vous même : 193 000 visiteurs, 1700 jeux proposés, 85 pays représentés, plus de 62 000 m² de surface de jeux à travers 6 halls…
Non, Essen, c’est gigantesque. Un marathon ludique pendant 4 jours. Une immersion dans des allées bondées de boutiques, de joueurs, de stands parfois bien mis en avant. Le Spiel, c’est ingurgiter des règles en anglais à la suite, à s’en faire cramer les neurones du cerveau, à jouer avec des joueurs de toutes les nationalités, à essayer des pépites, comme des jeux absolument inintéressants.
Bref, une bulle ludique formidable.
Cette édition 2023 a été plus importante que l’an passé. On note une augmentation de 20% de tous les indicateurs par rapport à l’édition précédente, en moyenne. Un changement majeur a été une réorganisation complète des espaces de jeux, avec un regroupement par type de jeux (Famille/Expert/jeu de rôle, …), mais cela ne m’a pas perturbé plus que cela. J’ai eu plus de mal sur la numérotation des stands dans chaque hall, où il m’a fallu parfois tourner un peu pour trouver le stand recherché. On pouvait s’aider de l’application proposée par le Spiel, qui a eu quelques ratés le premier jour.
Un changement a aussi eu lieu sur l’accès aux parkings pour arriver au Messe. Il y a eu visiblement une volonté de limiter les accès aux parkings pour les visiteurs, devant se rendre sur un parking un peu excentré, avec des navettes pour rejoindre le Messe. Il fallait anticiper son arrivée, pour ne pas se retrouver bloqué dans les files d’attente et rentrer bien en retard.
Les journées de vendredi et samedi furent d’ailleurs particulièrement chargées, avec de (très) longues files d’attente des boutiques éditeurs, et tout particulièrement pour la zone Lorcana, inaccessible si ce n’est prendre son mal en patience (ce dont je ne suis pas capable), pour avoir la carte spéciale promo Donald Duck à l’achat d’un starter ou booster (carte qui se négocie déjà à partir de 75€ sur Internet…). De manière générale, beaucoup de jeux ont été Sold Out très rapidement.
Enfin, une petit polémique a eu lieu au début du salon car les illustrations des affiches du Spiel ont été réalisées … par IA, ce qui a naturellement provoqué le mécontentement des illustrateurs. Les organisateurs du Spiel ont dit revenir là-dessus une fois le salon terminé.
Bon, place aux jeux maintenant ! Sur une journée, j’arrive à essayer en moyenne une dizaine de jeux (et c’est déjà pas mal !). Je fonctionne beaucoup en solo, ce qui me permet de m’incruster facilement à des tables de jeux qui m’intéressent (« Hello, could I join you ? »). Je n’ai presque jamais de refus.
Waterfall Park
Waterfall Park est un jeu où l’on va construire un parc d’attractions autour d’une cascade dans les nuages.
Tout au long des 4 tours de jeu, on commencera à se réserver des emplacements du plateau (tirage aléatoire de 6 cartes moins 2 écartées de son choix), et piocher 4 tuiles attractions au hasard. L’idée est d’avoir des attractions de même type que l’on va regrouper sur des zones adjacentes et dont la rentabilité sera dépendante de leur complétude à la fin de chaque tour.
Evidemment, les tirages d’emplacements et de tuiles attraction ne seront que rarement en votre faveur, vu que piochées au hasard. C’est là que se trouve le cœur du jeu : on va échanger entre nous, en même temps, ce qui nous appartient. Un vrai souk du parc d’attractions ! « Je t’échange cette tuile contre cet emplacement. Ok, mais donne-moi un sou avec. » « Qui veut me vendre sa tuile attraction bowling ? » On se transforme en vrais épiciers !
Et tout cela reste assez fluide, même si les échanges peuvent durer, voir être frustrants si on n’arrive pas à obtenir ce dont on a besoin. Le dernier tour peut vite devenir calculatoire pour ne pas vendre à un joueur quelque chose qui lui rapporterai plus que ce qu’on gagne en retour.
Bon, en fait, le thème, il est joli, les illustrations sont chouettes (surtout le plateau principal), mais il est assez inexistant. À noter que c’est une réédition du jeu Chinatown (1999).
Earth 2053
Je souhaitais m’intéresser aux jeux autour du réchauffement climatique, et Earth 2053 en faisait partie. Kickstarter à venir début 2024, on va incarner des nations pour user de notre influence et prévenir en coopératif les désastres liés au réchauffement climatique. On va devoir jouer des cartes en les payant, qui permettront de progresser sur des pistes propres à chaque nation (éducation, eau, industrie…).
La bonne idée se déploie autour d’une balance qui penchera d’un côté ou de l’autre en fonction des désastres non traités dans les temps, ou des actions de prévention faites par les joueurs. L’explication, et un seul tour de jeu ne m’ont pas permis d’être très enthousiaste sur le jeu, le système de gestion des pistes et influence ne m’ayant pas bien convaincu, mais j’ai apprécié le système de balancier.
Le jeu, d’une durée d’une heure, est assez visuel pour bien sensibiliser sur le dérèglement climatique, mais je n’ai pas l’impression que le plaisir ludique sera au rendez-vous..
Evacuation
Un avantage de pouvoir entrer un peu en avance sur le Spiel est de pouvoir se positionner sur une table de jeu prisée et quasiment inaccessible une fois les portes ouvertes. Evacuation est de ces jeux qui furent extrêmement sollicités durant toute la durée du salon.
Dernière sortie en date de Vladimir Suchy (Last Will, Pulsar 2848, et Underwater Cities), Evacuation nous emmène sur une migration planétaire. Vous avez 4 tours pour migrer vos populations et industrie de votre planète d’origine vouée à la destruction vers votre nouvel Eldorado. Un système de vases communicants très agréable va se mettre en place. Pendant que vous allez décroître population et industrie d’un côté, qui produisent à plein régime, vous irez remettre en place de l’autre côté.
Et les ressources produites de part et d’autre des planètes ne sont évidemment pas interchangeables. Chaque joueur dispose de ses propres technologies, ce qui donne des plateaux asymétriques, mais équilibrés.
Le jeu monte en puissance le long des quatre tours de jeu, avec un système intéressant d’exécution d’actions qu’il faudra payer de plus en plus cher en fonction du nombre que l’on veut faire, et qui, choisies astucieusement, peuvent donner un bonus appréciable en fin de tour.
J’ai trouvé que le jeu proposait moins de profondeur qu’un Terraforming Mars, mais le plaisir était au rendez vous. C’est fluide, harmonieux dans l’exécution des actions, gratifiant sur la progression. Un très bon cru de Vladimir Suchy, qu’il me tarde de recommencer.
Il arrivera en France mi 2024 chez SuperMeeple.
Orion duel
Voici un jeu auquel je ne m’attendais pas. Je ne suis pas forcément un grand adepte des jeux abstraits, mais passer devant le stand de Matagot et les tables d’Orion Duel oblige l’arrêt, ne serait-ce que pour la superbe édition proposée (Deluxe en tirage limité).
Dans Orion Duel, deux joueurs vont poser des tuiles alternativement de différentes formes pour atteindre une des trois conditions de victoire : faire une ligne continue de sa couleur d’un bout à l’autre du plateau circulaire, avoir une zone continue avec trois galaxies, ou faire une zone adverse continue avec trois trous noirs. On essaye de se frayer un chemin, on se bloque, on cherche à piéger l’adversaire, à l’obliger à poser ces pièces intéressantes.
Cela rappelle un peu le Go en plus rapide, le tout sur un matériel de toute beauté pour la version Deluxe (Boîte superbe et plateau néoprène). La version de base donne visuellement un peu moins envie. Mais assurément une belle surprise de cette année.
Méliès 1902
La série des jeux 19xx (1942, 1923, 1987, 1998) est tout bonnement incroyable. On pourrait rétorquer que je suis un convaincu d’avance, mais force est de reconnaître que Looping Games a encore tapé juste avec 1902 Méliès.
Dans ce jeu, vous êtes les assistants du grand Méliès, magicien précurseur du cinéma sur les effets spéciaux. Vous allez devoir monter le film « Voyage sur la lune » depuis l’acquisition des artifices et décors, en passant par le tournage des scènes sur film à bande, jusqu’à terminer par l’assemblage des scènes. Si la mécanique de pose/récupération d’ouvriers n’est pas si originale, le thème sert comme d’habitude les actions du jeu à la perfection. On assemble véritablement le film, on vit sa réalisation.
Toujours sur un format expert de moins d’une heure dans une petite boîte, 1902 rejoint la série d’une admirable manière, en étant un hommage à ce maestro que fut Georges Méliès.
Rubber Paper Scissors
Faire un jeu sur la mécanique de Feuille-Papier feuille-Ciseaux, ça s’est déjà vu, et on peut prendre un peu peur à l’expérience ludique que cela peut apporter. Et pourtant, ce petit jeu (Coréen) fonctionne ! On va effectuer neuf manches pour récupérer des collections de jetons, ou placer nos pions sur une grille, afin d’obtenir des points avec cette mécanique ancestrale.
Alors oui, c’est du hasard pur, et il ne faut pas y voir plus de stratégie que le choix de prendre un jeton ou poser un pion, mais le fun est présent, et je pense que mon p’tit meeple va adorer (et il a adoré) !
Firefighters on duty
Chez l’éditeur grec Artipia, on a bien compris que les jeux de lancers de dés frénétiques sur un thème bien posé plaisait aux joueurs. Après Kitchen Rush (où on gérait les plats d’un grand restaurant), Rush M.D. (où on gérait un hôpital), voici Firefighters on duty, où on va gérer une équipe de pompiers devant lutter contre les flammes en ville.
La première impression est que l’on se retrouve dans une réédition de Flashpoint Fire Rescue (18 – Soldats du feu en français). Effectivement, on va devoir déplacer nos pompiers dans les rues de la ville, éteindre des feux avant des explosions, lutter contre la propagation des flammes, sauver les civils. Mais la comparaison s’arrête là.
Car c’est avec des brouettes de dés qu’il va falloir jouer, le tout frénétiquement et en simultané sur une durée (très) limitée. Chaque joueur jettera ces 2 dés actions jusqu’à avoir le résultat escompté : déplacer un véhicule ou un pompier, tenter d’éteindre du feu, faire une action spéciale. Et chaque fois qu’on voudra éteindre du feu, il faudra utiliser les dés du camion-citerne à proximité, représentant l’eau disponible, et qu’il faudra aller recharger une fois à court d’eau. Comme ses deux aînés, on speede autour de la table, on gère au mieux le feu qui s’étend, les bâtiments qui explosent.
C’est du fun à l’état pur, malgré les flammes qui nous brûlent les orteils.
Prey another day
Probablement LE jeu du salon 2023. Petit jeu minimaliste de quelques cartes, avec une mécanique de guessing/bluff.
Cinq cartes pour chaque joueur, numérotées de 1 à 5, on va en sélectionner secrètement une, puis les appeler dans l’ordre croissant. Si un joueur est seul à l’avoir choisi, il pourra essayer de nommer une autre carte et gagner celles des autres joueurs. S’ils sont plusieurs, ils gagnent juste leur carte. Et si notre carte est « mangée », on est éliminé. Ultra simple et méga efficace !
Jeu terriblement laid graphiquement, mais pourtant tellement évident. Comme quoi on peut encore être surpris avec quelques cartes. Jeu évidement sold out très rapidement sur le salon… Umberling en parlait aussi dans ses retours d’Essen.
Path of civilization
Comment ne pas évoquer Path of civilization, de Fabien Gridel sur ce salon Essen 23, ce jeuétant sur toutes les lèvres françaises et internationales. Pour citer certains retours : Top 1 des jeux attendus par Tom Vasel, le plus connu des journalistes ludiques outre-Atlantique. Retour plus qu’élogieux de son homologue allemand Frank Shulte-Kulkmann.
Il faut dire que le jeu a eu un gros succès, malgré quelques remous en amont sur l’utilisation des IA pour les illustrations. Ce jeu de civilisation, fusion de 7 Wonders et de Through the ages, dynamique, avec une bonne profondeur d’analyse, pas trop long, et élégant à jouer, se hisse à la cinquième place du classementFair Play jeux Expert du salon. Il était sur un stand conséquent (de 17 mètres) du Hall 3, et vite tombé « sold out » (toutes les boîtes vendues). Une belle réussite.
On peut aussi noter Yohan Levet d’avoir trois de ses jeux dans le Similo special Essen 2023 (jeu de carte de déduction, contenant une cinquantaine de cartes des nouveautés de cette année) et prenant la sixième place du classement Fair Play jeux Expert avec Archeologic. Assurément, l’année 2023 est une très bonne année ludique pour ces deux auteurs, après le succès de Turing machine.
On notera aussi la belle performance de Catch up games, qui voit son nouveau Faraway se hisser à la première place du classement Fair Play jeux Famille.
Et voilà un bref aperçu des jeux qui m’ont marqués pour cette édition. J’aurais pu parler aussi de Planta Nubo et Rats of Wistar, dont je n’ai pu avoir qu’une explication des règles et un tour de jeu, insuffisant pour faire un retour, mais qui sont plein de promesses. Il reste maintenant à dépuncher les jeux ramenés dans les valises et jouer (des parties complètes et plus au calme). En attendant le Spiel 2024…
Epoch, KS à venir par l’auteur de Age of Civilization
La suite de Hybris
du Roberto Fraga
belle brochette d’auteurs : Ode, Michael Keller, Uwe Rosenberg
le nouveau plateau de Medieval Acedemy
Un jeu … surprenant
le nouveau Dungeon twister
hum…
La réédition de Northwest passage chez Matagot
la file à l’entrée
Planta Nubo, une belle table
Le jeu que j’ai le moins aimé du salon
cot cot cot
un ticket to ride en carte avec des chameaux
KS à venir sur Thorgal
La loco pour la version legacy de Ticket to ride
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