Ecosysteme : Une trilogie qui s’enracine
J’avais découvert Écosystème de Matt Simpson, édité par Genius Games, il y a deux ans, à Cannes, dans la partie professionnelle du salon, chez Origames (son localisateur) qui nous avait présenté la version Forêt.
À l’époque, je le considérais comme un jeu de « remplissage » (filler), un jeu de construction de tableau et autres jeux du même genre. Ils poussaient en grappes, comme les chatons (les fleurs, pas les petits félins) d’un arbre au printemps.
Régulièrement, je me rends à ma boutique et j’échange avec les ludicaires, cela me permet de voir d’autres sensibilités. En tant que joueur et critique, je cherche des jeux innovants, marquants et uniques. Par contre, un ludicaire est à la recherche de jeux qui offrent un faible ratio règles/plaisir de jeu, ainsi que des mécanismes simples. Si cela ne plait pas beaucoup aux gamers que nous sommes, cela attire un autre type de public.
Bref dans la discussion, il me dit tout le bien qu’il pense de Ecosystème, et m’explique que le premier était une porte d’entrée, mais que les suivants ont d’autres qualités à faire valoir. Comme on dit, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, même si cette expression à quand même un fondement un peu stupide quand on y réfléchit 🙂
Écosystème c’est quoi ?
Dans chacune des boîtes, le principe est le même : on va drafter des cartes espèces animales ou végétales, et réaliser un tableau de cartes. Chaque carte est un moyen de marquer des points de victoire, qui dépendent parfois de leur position. Par exemple, on gagne 2 points pour chaque ligne ou colonne où se trouve un cerf. Parfois de leur position en fonction d’un autre, les abeilles nous donnent 3 points par clairière adjacente. Encore mieux, si je réussis à placer un ours adjacent aux abeilles, car, comme on le sait, tous les ours adorent le miel, mais aussi le poisson, une truite adjacente vous donnera des points en plus. Ces mêmes truites seront dans leur petit bassin si on place à côté d’elles les ruisseaux et libellules.
La seule règle étant qu’une carte doit être placée adjacente à une autre carte et que l’on ne devra pas dépasser une grille de 4×5 cartes. En revanche, si vous souhaitez marquer des points, il faudra jouer avec ces contraintes. Écosystème fait partie de ces jeux où l’on construit son score et ses contraintes.

Une fois que l’on a drafté nos 10 cartes, on repart pour un nouveau draft mais dans l’autre sens avec 10 nouvelles cartes. Puis on passe au décompte qui peut être un peu fastidieux. Onze cartes différentes afin de créer votre tableau de cartes le plus harmonieux, ou plutôt celui rapportant le plus de points de victoire. Vous gagnerez ou perdrez aussi des points en fonction d’un bonus de diversité (plus vous avez joué de cartes différentes).

Je vous ai décrit rapidement le principe de la version forestière, celle qui m’avait laissé un peu froid, la plus facile aussi et elle me laisse un goût de déjà vu, avec certes un décor enchanteur.
Sous l’océan
La version Océan fonctionne avec les mêmes règles, et quelques cartes sont similaires, ainsi les tortues ont le même fonctionnement que les cerfs. Mais on va se faire quelques nœuds au cerveau en plus, le corail rapporte des points s’il est dans la ligne la plus basse de notre écosystème, la murène va chasser des proies si elle est adjacente au corail, le requin va donner des points pour chaque proie dans sa ligne ou colonne, etc.
Plus de bonus ou de malus de biodiversité. Par contre, si on équilibre notre chaîne alimentaire, on peut marquer à nouveaux les points où nous sommes les plus faibles (un scoring à la Knizia). Et comme cela peut faire la différence, il vaut mieux en tenir compte.

Et dans la Savane ?
Je termine par la version Savane qui a ma préférence, car c’est, selon moi celle qui s’intègre le mieux thématiquement. Il y a des proies (Gazelle, Zèbre) qui vont se faire boulotter par les prédateurs (lions et guépards). Les cartes chassées sont retournées sur leur recto lors du décompte, mais pas de panique, elles auront été marquées avant. Enfin les vautours et autres hyènes vont venir se repaître des carcasses, réalisant ainsi leur travail nécessaire d’éboueur de la nature.

Le placement est plus subtil, il vaut mieux placer les vautours tout en haut de notre tableau, mais ils marqueront des points que s’ils ont des charognes au-dessous d’eux, ce qui implique qu’il faudra placer finement les prédateurs et les proies. Les hyènes doivent être à deux cartes de distance des charognes. Les éléphants rapportent des points (beaucoup) s’ils ne sont pas adjacents à d’autres espèces.
Vous avez un rappel des règles en ludochrono.
Un tableau building satisfaisant ?
Écosystème à un fonctionnement simple, avec deux règles principales (la grille et le placement adjacent, le reste étant des contraintes que l’on décide de s’infliger, un peu à la manière d’un Cascadia ou d’un Harmonies (mais l’analogie s’arrête là) et la prise en main est rapide.
L’éditeur a fait un choix qui peut être critiqué, les cartes n’ont aucune information, mais tous les joueurs ont une aide de jeu pour savoir qui fait quoi, ce qui implique que les premières parties, on fixe un peu le museau sur cette aide de jeux. Un parti pris discutable, mais qui permet de profiter du paysage que l’on est en train de construire, et puis les différentes espèces ont souvent une logique thématique que l’on va rapidement intégrer.
La salade de points peut être un peu fastidieuse et indigeste, mais c’est le principe de la plupart des jeux du genre. La gamme est plus intéressante à plusieurs, et l’interaction reste présente avec des principes de majorité, par exemple le plus grand banc de plancton rapporte 12 points, le suivant 8, etc. Mine de rien on surveille les autres joueurs, on peut aussi jouer en contre-draft si l’on voit une carte qui va trop fortement bénéficier au joueur suivant. À voir si le ratio de points est intéressant pour nous. À deux joueurs on ajoute un joueur fantôme, une pile de cartes supplémentaire qui va tourner et chaque tour le joueur fantôme prélève (comme les chasseurs ^^) une carte au hasard. Celles-ci peuvent être consultées par les joueurs et comptent pour les majorités.
Comme je l’énonçais dans l’introduction, des tableaux building il en existe beaucoup et pourquoi préférer ceux-là ? Si l’on me demande de citer des jeux de ce type, je vais avoir tendance à citer des jeux comme Race For the Galaxy, ou encore Terraforming Mars, dans un registre plus léger et actuel, je proposerais Château Combo.
Écosystème ne propose rien de nouveau, il reste un jeu de construction de tableau accessible, qui va de familial à l’initié en fonction des boîtes choisies. La version Océan m’a moins convaincu, sans trop savoir pourquoi, j’avais l’impression qu’il y avait des choix évidents. Pour un public très familial, je conseillerais la version forestière, simple et efficace. Savane à ma large préférence avec quelques éléments bien trouvés.
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