Les dragons sont d’avides créatures qui se plaisent à thésauriser tout ce qui brille en ravageant les contrées voisines. Leur convoitise les pousse à accumuler toujours plus de trésors que leurs congénères, au risque d’en oublier parfois de se nourrir.

Tel est le postulat du nouveau jeu de Bruno Faidutti, à paraître prochainement. L’auteur de Citadelles, Diamant, Mascarade, ou encore les récents Chawaï et Kamasutra, nous propose ici un jeu de collection, de mémoire et de stop ou encore très accessible, pour des parties de trente minutes embarquant de 3 à 6 joueurs à partir de 8 ans. Le Ludochrono de Dragons vous indiquera sûrement de quoi il retourne. 😉

L’Antre du Dragon

Le jeu, édité chez Matagot, tient dans une petite boîte et devrait avoisiner les 20€ dans votre boutique favorite. Nous vous le présentions déjà lors du FIJ 2018 dans cette vidéo.

On y trouve principalement les 104 cartes qui composeront le trésor à piller et la nourriture (vaches et moutons), 6 cartes d’aide de jeu et 6 silhouettes en carton et leur socle en plastique pour représenter les dragons.

Le livret de règles tient en 4 pages petit format, bien illustré et très clair dans ses explications.

C’est David Cochard qui œuvre à l’illustration du jeu et son travail est, comme toujours, de grande qualité. Il avait déjà collaboré plusieurs fois avec Bruno Faidutti (Kamasutra en 2017 et Waka-Tanka en 2016). On le retrouve également beaucoup chez Iello avec notamment Codenames : Images en 2017, Alchimistes en 2015, Croâ en 2012, Dungeon Petz en 2011, Dungeon Lords en 2009.

Le style de l’illustrateur se prête très bien à Dragons pour lequel il semble avoir eu un réel plaisir à se replonger dans un univers proche de Dungeon Petz. David Cochard a poussé les détails assez loin en incorporant des visuels de dragons sur les pièces d’or, les armures et les bijoux représentés dans le jeu. Ces détails donnent presque corps à une civilisation au contact direct et menaçant de ces sombres créatures, au point d’en imprégner tous leurs us et coutumes.

Pillages et empilages

Dans Dragons, vous incarnerez donc un de ces puissants monstres ailés durant 3 à 4 manches en fonction du nombre de joueurs. Durant chacune, on prépare autant d’emplacements pour un tas de cartes que de joueurs autour de la table. À son tour, un joueur pioche une carte et choisit de la déposer sur l’un des tas disponibles.

Lorsqu’un paquet lui semble intéressant, un joueur peut, au lieu de piocher, y déposer son dragon pour le réserver. Les autres joueurs continuent alors sans lui, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un joueur sans pile réservée. Ce dernier s’empare alors de la dernière pile à laquelle on ajoute le contenu de la pioche.

Les joueurs organisent alors leurs trouvailles par type de carte, faces visibles sur la table de jeu. C’est le moment de faire le point sur ce que l’on a acquis et ce qu’il nous faudra privilégier lors de la prochaine manche.

Une nouvelle manche commence alors, de la même façon que la précédente. Lorsque toutes les cartes ont été distribuées c’est le moment de compter ses points.

Un bon dragon doit savoir scorer (et manger)

À la fin de la partie, on commence déjà par comptabiliser la nourriture accumulée. Celui qui en a le moins est éliminé et on ne prend même pas la peine de calculer son score. À 5 ou 6 joueurs, deux joueurs peuvent même être éliminés puisqu’on compte celui qui a le moins de moutons et celui qui a le moins de vaches.

Pour ceux qui restent, il va falloir calculer leur score. Chaque élément a sa propre façon de donner des points. Certains fonctionneront par majorité (exemple : seul celui qui a le plus de gemmes bleues gagne 12 points), d’autres par combinaisons (exemple : chaque ensemble casque + bouclier + épée + armure rapporte 10 points), ou encore par série (exemple : chaque ensemble de 3 couronnes rapporte 10 points). L’anneau unique ne rapporte des points que s’il est vraiment unique dans votre collection. Enfin, chaque pot de Polish rapporte autant que le nombre de pot possédé par le dragon (exemple : 4 pots de Polish = 16 points).

Une feuille de score permet de calculer tout ça facilement. Celui dont le trésor atteint le plus grand score est déclaré vainqueur.

Alors, Dragons, un jeu fumant ?

Nous avons donc affaire à un jeu de stop ou encore, de collection avec composante de mémoire importante. Mais au final, est-ce plaisant à jouer ?

Ce qui est certain, c’est que Dragons n’est pas un brise-neurone. C’est plutôt le genre de jeu à sortir quand on se la couler douce avec une petite tasse de thé et les enfants à surveiller. Pendant la partie, on a le sentiment d’ajouter inéluctablement des cartes sur des paquets pour les équilibrer, sans vraiment savoir ce qu’on fait.

C’est typiquement le genre de jeu avec lesquels j’ai un problème de positionnement. Je l’ai testé avec des enfants de 8 à 13 ans et ils n’ont pas vraiment l’air de maîtriser les stratégies de scoring. Je l’ai testé avec des adultes plus ou moins ludopathes et ils se sont plutôt ennuyés, sans pour autant passer un mauvais moment. Dans les deux cas, l’élimination du joueur ayant le moins de nourriture est vécue de manière assez punitive.

Au niveau du gameplay, le jeu n’apporte rien de nouveau. Bruno Faidutti, de son propre aveu, se plagie lui-même. En 2003, il sortait De l’Orc pour les braves (dont vous trouverez le Ludochrono ici). Dans ce jeu il y avait déjà les tas de cartes à repérer et à réserver, les géants devaient être possédés en un seul exemplaire pour rapporter des points (comme l’anneau unique)…

Dragons est, selon moi, plutôt un jeu pour adolescents qui veulent taper le carton entre 2 heures de cours.

Dragons,

Un jeu de Bruno Faidutti
Illustré par David Cochard
Edité par Matagot
Distribué par Surfin’ Meeple
Pays d’origine : France
Langue et traductions : Allemand, Anglais, Français, Néerlandais
De 2 à 5 joueurs 
A partir de 8 ans 
Durée d’une partie entre 15 et 25 minutes

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