Nuts! Publishing est réputé pour ses wargames, mais il cache aussi dans ses tiroirs ce petit Diluvium de Antoni Guillen (Mech a dream, Mojo…), un jeu plus léger si on le compare à d’autres opus de l’éditeur (La guerre de l’Anneau, Imperial Struggle...) qui tarde à venir (on en parlait déjà en 2023) avec une promesse assez surprenante, jugez plutôt.

Diluvium est un jeu de société de type 4X (eXploration, eXpansion, eXploitation, eXtermination) conçu pour être compact et simple, on pourrait même dire accessible à toute la famille. Une proposition plutôt rare mais qui rappelle plus ou moins des jeux comme Tapestry ou encore Age of Civilisation. Dans Dilivium, les joueuses incarnent des leaders de civilisations antiques (Grecque, Chinoise, Incas et Égyptienne) ayant survécu à un déluge. Vous explorez et colonisez des îles afin d’accumuler le plus d’or possible. Le tout repose sur un système de choix d’action via un gouvernail, rappelant le tableau d’action de Scythe. À chaque tour, on choisit parmi quatre actions : explorer, coloniser, exploiter ou combattre. La partie se termine dès qu’une des réserves de ressources est épuisée, et celui ou celle ayant accumulé le plus d’or est déclaré vainqueur. Simple, efficace.

Mise en place

L’expérience de jeu dans Diluvium s’avère fluide et engageante. Le mécanisme du gouvernail permet aux joueuses de choisir entre quatre actions principales, chacune accompagnée de bonus secondaires, offrant des décisions stratégiques intéressantes malgré la simplicité apparente de l’ensemble. En pivotant le gouvernail on sélectionne l’action pour son tour, chacune représentant astucieusement un des X qui fait la particularité du genre. Le plateau est constitué de tuiles hexagonales dévoilées au fil de la partie, comportant des îles à exploiter et des monstres à combattre pour gagner de l’or. On pourra au cours de la partie améliorer ces actions en révélant des bonus au fur et à mesure que notre empire se développe.

Le gouvernail d’actions

Dilivium, un 4X qui coche bien tous les X ?

L’exploration est au cœur de l’expérience : à chaque nouvelle tuile découverte, on doit un peu adapter sa stratégie, soit par l’apparition de nouvelles ressources soit en révélant des monstres à combattre avant les autres afin d’obtenir de l’or. Cette dynamique varie un brin à chaque fois, puisque les tuiles sont sélectionnées de manière aléatoire. L’aspect eXpand est d’abord présent via l’exploration : au fur et à mesure que l’on explore, on place notre marqueur sur les cases visitées et cela nous donnera or, bonus, etc. De plus, un colon vient également se positionner pour nous permettre d’engranger les ressources indiquées. L’action coloniser permet de déplacer ces colons, afin d’aller chercher d’autres ressources. 

La gestion des ressources s’avère également essentielle, car elles sont nécessaires pour explorer l’univers qui s’offre à nous et augmenter notre force militaire. Le nombre de ressources dans la réserve de chacun·e est toutefois limité à six, forçant des décisions des fois difficiles. La fin de la partie est déclenchée par l’épuisement d’un des coffres de ressources, ajoutant une certaine tension stratégique autour du moment de fin de jeu.

Que ne serait un 4X sans les combats ? dans Diluvium on peut combattre des monstres mais aussi les autres joueurs. Le principe est fort simple, il dépend de la valeur militaire affichée sur notre plateau (valeur que l’on fera évoluer dans la partie) mais aussi des jetons Épée que l’on aura misés à poings fermés. Le vainqueur prend possession du territoire et gagne quelques sous. Quant au perdant, Diluvium n’est pas punitif, il renvoie juste son bateau sur son île de départ. Pour les combats contre les monstres, c’est en gros la même chose à ceci près qu’il faudra atteindre la valeur du monstre pour le terrasser. 

Du fast 4X 

Diluvium se distingue par sa capacité à offrir une expérience 4X en un temps très court, environ 15-20 minutes par participant, le rendant accessible à un large public, y compris les familles adeptes de jeux de plateau et les nouveaux venus dans le genre. Il demeure intéressant à deux et devient plus interactif et compétitif avec un plus grand nombre de joueuses et de joueurs. À mon sens, les illustrations de Maud Chalmel apportent une touche visuelle superbe et original, rendant le jeu attractif dès le premier regard. 

Plateau en début de partie

Malgré son format compact, Diluvium intègre des décisions stratégiques intéressantes au fur et à mesure que la géographie du plateau se dévoile. Une fois les règles de base maîtrisées, une variante permet de rendre les factions légèrement asymétriques, augmentant ainsi la rejouabilité. Le mécanisme de combat est simple et peu punitif comme on l’a vu, rendant accessible l’ensemble sans sacrifier la profondeur stratégique. Un mode campagne en solo complète cette offre ludique. Il s’agit d’un système simple qui permet de jouer soit à des scénarios soit à des mini-campagnes.

Bref, le tout s’avère une belle surprise. Néanmoins, deux regrets, venant diminuer l’envie d’y retourner : les monstres présents sur les tuiles ne représentent pas une menace assez significative, et les cartes trésors manquent d’originalité, réduisant l’excitation de leur découverte. Cela vient avec un manque de profondeur thématique qui nuit un peu à l’immersion et rend l’exploration moins stimulante surtout pour les plus joueurs expérimentés.

Les pions de ressources

En bref 

Les plus habitués au 4X trouveront probablement l’expérience un peu basique et sans surprise, mais Diluvium s’avère un excellent point d’entrée dans le genre 4X. Sa simplicité et sa rapidité en font une option idéale pour faire découvrir les jeux de plateau modernes et le genre 4X, tout en offrant suffisamment de profondeur pour les amateurs de jeux de stratégie cherchant une session rapide mais avec une vraie dimension stratégique. Pour les plus exigeants, une option asymétrique pour chaque faction donne un défi supplémentaire. La promesse du 4X qui tient en 1h est tenue avec un corpus d’actions clair et simple. Offre-t-il suffisamment de profondeur ou ce petit X factor en plus pour lui permettre de sortir du lot et de s’installer durablement ? Nous y reviendrons…  

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