Detective: L.A. Crimes, on a une nouvelle affaire sur les bras chef
Detective, ma meilleure expérience ludique de 2018, le retour !
LA Crimes est la première suite – préquel – extension – stand alone de ce jeu d’enquête moderne.
Bon, on peut trouver mieux comme punchline, c’est vrai.
On a entre les mains une grosse enquête, une campagne de trois nouvelles affaires où on est toujours libre de suivre les pistes qui s’ouvrent à nous. On joue avec son équipe (attention le mode campagne requiert une certaine régularité, et dans une enquête il est préférable d’espacer le moins possible les parties) ou seul.e, c’est très bien aussi. Le temps est toujours compté, on ne pourra pas tout faire, tout savoir ! Notre journée d’enquête est limitée dans le temps et par conséquent dans les actions quotidiennes. Sur les 35 cartes de chaque affaire, on en consultera à peine la moitié.
Detective premier du nom, celui qui a gagné l’As d’or Expert en 2019 (lire le Just played), était une campagne en 5 épisodes, une seule histoire avec de sacrés rebondissements, des moments d’approfondissements, des moments d’adrénaline, de la déduction, de la sagacité. Du polar où pour une fois on incarnait vraiment l’enquêteur. Je me réjouis de me plonger à nouveau derrière ce quatrième mur…
Le premier opus se passait à Richmond en 2018, ce LA Crimes se passe en 1986, à Los Angeles. Ce n’est ni la même équipe, ni la même ville : aucun rapport avec les événements qui surviendront 30 ans plus tard dans l’épisode précédent. Plutôt un stand alone alors ?
Hey, mais L.A. , les années 80, Columbo va nous aider !?
Comment jouer au même jeu, mais 30 ans plus tôt ? Après avoir goûté aux largesses technologiques de Détective, avec son site de base de données Antares et la possibilité de chercher des informations sur internet, ce retour dans les années 80 nous laisse plein d’interrogations sur les adaptations nécessaires à notre enquête – surtout si on joue avec les mêmes mécanismes.
À quelles différences peut-on s’attendre ? Pas d’internet en 86 (mais que faisaient les gens à cette époque quand y avait une pandémie ?), il y avait le minitel évidement, mais c’est français le minitel, on est à LA (la ville de tous les crimes)… Les empreintes papillaires ne sont pas encore en identification automatique dans un fichier automatisé. Bon, on n’est pas non plus à la vieille époque d’Edmond Locart qui créait le premier labo de police scientifique à Lyon en 1910 ! On peut donc espérer quelques apports du labo.
Oui on avait déjà inventé le café en 86, ça aussi on garde.
Bref, on part sur une enquête à l’ancienne, sans les données ADN, ni le labo de pointe… Mais on a quand même accès au fichier du LAPD (Antares quoi) que l’on peut interroger quand on y est invité pour lire des comptes rendus d’interrogatoires, des fiches sur les gens, et rentrer les preuves matérielles que l’on trouve. Petite sensation de décalage anachronique.
Au rayon nouveauté, nous avons une nouvelle équipe d’enquêteurs qui nous apporte son expertise, et signalons aussi les nouvelles actions possibles : poser une question (connaissance), mettre sous surveillance, ou encore prendre un risque (franchir la ligne, se la jouer Harry Bosch).
La règle nous conseille, surtout pour celles et ceux qui n’ont pas trop connu les années 80, d’écouter une playlist musicale pour se mettre dans l’ambiance. On pense aux moustaches et aux verres fumés des lunettes de notre consultant Barry Reynolds, et on écoute Les démons de minuit (n°1 au top 50 en France en septembre 86 s’il vous plait).
Pardon, ça ne va pas vous aider avec cette musique dans la tête maintenant…
Sunset Blvd
Début presque banal, une jeune fille se retrouve au même étage de l’hôtel qu’un politicien en campagne, peut-être pas par hasard, parce qu’elle lui tire dessus comme ça, à 1h17 du mat’ après avoir fêté son anniversaire. Notre chef nous donne 4 jours pour comprendre pourquoi elle a essayé de le tuer et où elle s’est procurée l’arme. En termes de jeu, cela signifie répondre correctement à un questionnaire à choix multiples. Mais avant cela, il va falloir aller à la pêche aux indices. Certaines pistes que nous allons suivre pourraient bien être des cartes à glisser dans le paquet de l’affaire 2 ou 3. Comme dans le premier opus, ce système assure un peu de liant dans la campagne.
Néanmoins les deux premières affaires sont relativement indépendantes. Nous croiserons à nouveau certains personnages qu’il vaut mieux avoir bien cernés. Et nous retrouvons tous nos copains de la politique, de la drogue, de la CIA (et ses expériences sous LSD) dans une affaire finale. Un dernier acte qui est mené sur un rythme différent. Nous avons en effet cette fois une seule (grosse) journée afin de comprendre les menaces de mort qui pèsent lors d’un événement qui aura lieu le lendemain, et les déjouer bien sûr.
Le plateau est alors différent. La règle de stress est aussi modifiée puisqu’on ne peut plus prendre de stress. Impossible de faire des heures sup. Le jeu nous met sous tension. Et oui la journée va être longue chers collègues ! On pourra compenser le stress contre des points d’action, autant dire qu’il faudra faire les choix judicieux pour conserver nos points d’action du début de journée afin de pouvoir travailler plus, c’est-à-dire suivre plus de pistes.
Une bonne montée en stress et en puissance dans ce dernier acte où nous serons face à plusieurs types de menaces, dans différents endroits, et visant plusieurs cibles potentielles. Nous avons à disposition un système d’évaluation des risques. Les risques de survenu d’un type de menace (empoisonnement, bombe, tireur embusqué) vont évoluer en fonction des pistes suivies. J’aurais aimé que le scénario nous emmène jusqu’à vivre cet événement en temps réel ! Il faudra se contenter de répondre aux questions concernant ces menaces.
Série noire
À cheval entre l’extension et le stand alone, cette campagne à Los Angeles est sans doute un peu trop « au milieu ». Ni vraiment une suite, ni un préquel, même si la boite est bien plus petite, juste de quoi faire rentrer les 3 paquets d’enquêtes, les cartes personnages, ainsi qu’un petit plateau pour déplacer la voiture quand on quitte le poste de police pour aller mettre la pression sur nos témoins. La voiture, il suffit de la reprendre de la boite de base, ainsi que les jetons action et stress. Ou pas : on parle de jeton et de morceau de bois de n’importe quelle couleur. Vous trouverez bien ça chez vous !
Le livret ne rappelle pas les règles de base (c’est une extension alors ?) et ajoute quelques points. Il ne devait pas y avoir assez de place pour glisser les 3 feuillets introductifs de chaque affaire, on compte sur vous pour les imprimer ou les lire en ligne. Economie.
Si vous n’avez pas joué à Détective, vous pouvez commencer par LA Crimes, en vous aidant des Règles Express et Ludochrono. C’est peut-être même mieux de commencer par cet opus. Si la découverte du premier Détective était vertigineuse, cette saison à LA est moins riche, le fait qu’il n’y ait que 3 enquêtes au lieu de 5 y est pour quelque chose dans ce manque de profondeur.
Pour une découverte encore plus succincte et encore moins profonde, il y a une petite enquête en accès print and play (gratuit), l’affaire “Causes naturelles”. À noter aussi qu’il y avait déjà eu une démo, à la sortie de Détective : l’affaire n°6. Ça vous prendra moins de 2 heures.
Mulholland Drive ou La La land ?
Après l’éblouissement procuré par le premier Détective, je n’ai pas ressenti la même émotion ici. Ni la même richesse dans la trame, ni la même profondeur dans la plongée, ni la claque devant l’originalité (on a repris les mêmes technologies alors qu’on est en 86 – il faudra sans doute pousser un peu plus fort la musique, peut-être que la BO de Miami Vice pour une ambiance plus californienne pourrait aider). Malgré tout, le plaisir de jouer au Polar dont vous êtes le héros est encore là. Le scénario est intéressant, l’histoire est cohérente. Elle se passe en 86 pour des raisons qui sont de l’ordre du spoiler, disons que c’est pour la cohérence historique.
Dans Détective on courrait pas mal après les preuves (ADN, empreintes, autres données matérielles) qui nous rapportaient des points. La grosse frustration que l’on avait dans Détective d’avoir compris l’intrigue mais de n’avoir pas les preuves (et du coup pas les points des preuves) est moins présente dans LA Crimes. On obtient les points pour les réponses aux questions, moins les points de stress acquis (les heures sup’).
On a parfois la satisfaction immédiate d’avoir un message qui nous informe qu’on a permis d’arrêter un méchant ou apporté les preuves qui accuseront une organisation. Autre bon point : le site Antares est légèrement plus fluide. La narration est plus fine que dans Détective. Il reste cependant quelques petites coquilles dont on se rend compte, donc peu préjudiciables (surtout concernant les villes d’origine).
Portal a annoncé la sortie d’un nouvel opus appelé Détective saison 1, comportant 3 affaires différentes (dont l’affaire ‘Causes naturelles’). Le tout sera localisé par Iello chez nous en fin d’année. Je serai bien sûr au rendez-vous, mais j’ai désormais peur que ça n’égale pas les sensations du premier opus.
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Oh surprise, en finissant la campagne, une nouvelle affaire « case IV – Under the radar » est à télécharger. On me promet que ça sera plus difficile (bon, première difficulté, c’est encore en anglais). Allez, je vous laisse, le LAPD a besoin que je retourne en 1986…
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