Des jeux à la PEL – Retours sur Paris est Ludique 2022, #2 : Bestioles en guerre, Gardeners, Glisse Banquise, Hansel et Gretel, Orichalque, Tokaido Duo, Vaalbara
Paris est ludique dixième édition a eu lieu les 2 & 3 juillet, sur la Pelouse de Reuilly, dans le 12e arrondissement.
Vous avez pu lire nos premiers retours ici, voici la suite avec huit autres jeux découverts sur le festival, certains déjà en boutique, d’autres à venir pour la rentrée.
Air, land & sea – Bestioles en guerre
Dans Bestioles en guerre, les deux joueurs reçoivent un tiers des 18 cartes du jeu chacun, et en jouent une à son tour, sur un théâtre d’opération parmi trois, face visible ou face cachée. Puis c’est à l’adversaire de répondre sur ce théâtre ou sur un autre, en plaçant une de ses cartes. Bestioles en guerre est un jeu d’attente, car il faudra guetter le bon moment pour exposer les cartes puissantes et déclencher leurs pouvoirs. Jouer face cachée à l’énorme avantage de ne pas devoir respecter la contrainte de placement, mais a comme inconvénient une faible puissance de frappe. On pourra jouer avec cette face cachée en utilisant le pouvoir d’autres cartes qui permettront de révéler ce qui est caché dessous, un gros 6 qui frappe fort par exemple. Jon Perry propose ici un jeu d’intimidation, car l’adversaire peut décider de se retirer de la manche s’il constate qu’il ne sera pas en mesure de remporter la victoire sur la majorité des théâtres d’affrontement. Et plus il aura engagé de forces, plus il laissera de points à son adversaire ! Décider de perdre avec panache, mais perdre moins de points que le cas normal qui nous entraîne à comparer les puissances de part et d’autre, et de voir qui remporte les 6 points en jeu à chaque manche. La bestiole qui totalise 12 points remporte la guerre. C’est tendu et concis, un bon format qui promet des retournements de situations, entre Shotten totten qui dure 15 mn et Blitkrieg.
Cette petite boîte vient juste de sortir chez votre ludicaire préféré !
Un jeu de Jon Perry
Illustré par Derek Laufman
Edité par Lucky Duck Games
Tokaido duo
Un seul trajet, ça ne suffit pas : dans cette suite spirituelle de Tokaido réservée à deux joueurs, vous n’incarnez pas un personnage, mais trois : un pèlerin, un peintre et un marchand.
Votre adversaire, comme vous, essayez de marquer le plus de points possible, et chacun des pions a son gameplay, son scoring, et peut mettre fin à la partie.
Lors de votre tour, vous jetez trois dés : l’un pour le peintre, l’autre pour le marchand et le troisième pour le pèlerin. Vous en choisissez un et appliquez l’effet, votre adversaire choisit un dé et vous récupérez le restant.
Le pèlerin se déplace et déclenche divers bonus, gagnant surtout des points en visitant temples et jardins qui se multiplient. Le marchand, lui, va de terre en terre, en suivant les routes commerciales, et se rend aux ports pour vendre, avec pour but d’accumuler le plus de choses, quand le peintre se déplace à l’intérieur des terres pour révéler puis livrer ses tableaux.
Puisque vous concluez la partie dès que les objectifs d’un des personnages est atteint, il faut surveiller ce que fait notre adversaire pour le priver des bons coups. Bien entendu, difficile de tout bloquer, et on laissera toujours une opportunité à l’autre.
Les coups s’enchaînent fluidement, mais avec un brin de répétitivité à mon goût : les micro-choix me semblent intéressants, mais au détriment de la stratégie globale. C’était aussi une des choses qui m’embêtaient un peu dans Tokaido pas-duo, donc… je gage que l’esprit est respecté à la lettre ? Le jeu suit tout de même dans les traces de son aîné : introspection, voyage, collections multiples, rythme calme.
Tokaido Duo devrait sortir dans l’année.
Orichalque
Dans la famille 4X, on demande Orichalque ! Cependant, loin d’être de la durée d’un Twilight Imperium, ce titre-ci tient en une petite heure. Vous vous étendez sur un plateau personnel, et donc, l’extermination se fera sur des monstres mythologiques qui envahissent l’île que nous voudrions coloniser (les vilains). Car oui, en Atlantes, nous avons besoin d’investir de nouvelles terres (chez nous, ça coule). Pour ce faire, les joueurs sélectionnent des tuiles à placer sur leur terrain avec une action. La sélection de tuiles propose déjà un choix intéressant, mais est, en plus, couplée à un coût et à une tuile Action (recrutement de Hoplites, production d’Orichalque, construire, capturer des créatures).
Les actions sont souvent la partie exploitation du 4X, nous permettant notamment de construire des bâtiments, d’activer nos mines d’orichalque et nos casernes pour générer des hoplites (ceux qui permettent de tataner du monstre, oui). Les bâtiments permettent d’ailleurs de créer un entraînement notable… mais on n’a pas tant le temps de se développer.
Gagner dans Orichalque revient à gagner cinq points, octroyés par la faveur d’un Titan (pour l’agencement d’un type de terrain contigu), par des temples (construits sur un medley de terrains), ou un médaillon d’orichalque (forgé en ayant dépensé moult minerai). Le fait de réduire les points de victoire, la course, à cette portion congrue, rend chaque choix déterminant. Bruno Cathala et Yohannes Goupy offrent un jeu à la fois généreux et tendu : généreux de par son ouverture et sa générosité de contenu, et tendu grâce à cet aspect de course… tout ceci saupoudré d’une petite touche de modularité et de hasard afin de laisser aux joueurs la possibilité d’exprimer leur stratégie.
On l’attend pour octobre.
Un jeu de Bruno Cathala, Johannes Goupy
Illustré par Paul Mafayon
Edité par Catch Up Games
Gardeners
Un jeu coopératif, dans lequel communication ne signifie pas parole, ça vous rappelle sans doute le pitch de Magic Maze ? Gardeners est en effet un jeu de Kasper Lapp, également publié par Sit Down., Il s’agit de construire simultanément et collectivement une seule et même grille en posant différents types de tuiles de jardin, puis de les redisposer pour répondre à des contraintes qu’une seule personne connaît. Chacun guide les autres joueurs en écartant de la grille les tuiles mal placées, afin que les joueurs concernés comprennent la teneur des contraintes et reconstituent correctement le jardin. Les contraintes s’accumulent au fur et à mesure de la partie, jusqu’à trois pour être précis. Après des niveaux de difficulté simples, on a appris à jouer en douceur et on saute dans le grand bain : la grille sera composée de 36 tuiles, et nous aurons le temps d’un gros sablier (15 mn) pour accomplir le plus de cartes Contraintes. Les sensations du jeu rappellent un peu Yokaî pour l’aspect tuiles qu’on écarte pour faire comprendre au groupe quelque chose, mais dans Gardeners, ce n’est qu’une personne qui va réfléchir et repositionner. Il sera sans doute plus facile de se comprendre entre deux cerveaux connectés que quatre. Le défi est intéressant et parfois compliqué, surtout sous la contrainte du sable qui s’écoule, défis auxquels j’ai très envie de me confronter, mais je pense lui préférer une configuration à deux joueurs.
La sortie du jeu est prévue pour cet automne.
Naëco
Non contents de prolonger [Kosmopoli:t] avec un mode service continu puis une extension à la rentrée, les Jeux Opla annoncent trois autres Cartzzle, l’un sur Van Gogh, l’autre sur la foule à l’occasion d’une exposition consacrée à ce thème à la Cité des sciences de la Villette, et le dernier sur un petit blaireau perdu dans un labyrinthe végétal, et un nouveau projet dans leur gamme BD (on a joué, c’est cool, on ne peut pas encore en parler). Mais si vous lisez encore ces lignes, c’est que vous voulez qu’on vous parle de Naëco.
Ce jeu se fait en collaboration avec l’association Sea Shepherd et propose de collectionner les poissons et êtres vivants de quatre niveaux de mer. Mais attention, il faut respecter la chaîne alimentaire ! Les petits poissons sont mangés par les gros, mais les différentes couches n’interagissent pas. Et puis vous piochez dans quelques pioches, toutes face visible… Et pour avoir accès à plus, il faudra se conformer à des objectifs d’organisation spatiale de votre pré carré… enfin, océan pas-très-carré.
Naëco est d’ailleurs tout à fait compétitif : collectionnez les symboles et atteignez des majorités pour gagner des points. En résulte un cocktail plein de choix et de sacrifices. Nous avons joué sur un prototype non illustré mais les cartes devraient être uniques, avec une espèce différente représentée à chaque fois.
Vaalbara
Sous ses esthétiques tribales, Vaalbara cache un petit jeu de scoring assez retors ! En neuf tours, vous devrez collectionner les terrains vous apportant le plus de points possible. Pour ce faire, vous jouerez une carte d’initiative en simultané avec les autres joueurs. Les cartes à basse initiative (choix premiers) ont des pouvoirs faibles voire négatifs, mais vous assurent la part du lion. En revanche, les cartes à haute initiative vous permettent de marquer des points d’autres façons, voire de contrôler le jeu de manières tout à fait différentes.
Si les façons d’attribuer des points des Terrains ne réinventent pas l’eau chaude (et encore !), ses douze cartes d’initiative sont très satisfaisantes, et proposent un certain nombre de possibilités, avec de la potentielle interaction/course.
Avec ses parties de vingt minutes tout pile, et sans chichis, Vaalbara, sans avoir l’air d’y toucher, taquine Oriflamme du pied (même éditeur, mais auteurs différents : ici, on parle d’Olivier Cipière, qui a déjà conquis le cœur de nos bouts de chou avec Hâpy Families). Décidément plus abordable que le premier titre de Studio H, Vaalbara ravira les adeptes des jeux de collection sans laisser les comboteurs sur le carreau… et vous pourrez le découvrir dès cet automne.
Un jeu de Olivier Cipière
Illustré par Alexandre Reynaud, Felix Donatio
Edité par Studio H
Hansel et Gretel
Alors, pour une fois, on nous propose un jeu pour enfant avec un thème un tant soit peu flippant ! Plus précisément ccelui de la sorcière anthropophage qui nous attire avec sa maison faite en péchés gourmands.
Hansel et Gretel sont incarnés par les joueurs qui tentent de reconstituer différentes sucreries en optimisant leur placement afin de garder loin d’eux la sorcière.
À chaque tour, un joueur utilise l’une des deux tuiles présentes devant lui, et la connecte aux autres tuiles, essayant à la fois de finir une sucrerie (entre 2 et 5 tuiles pour chaque espèce), et de faire en sorte que Hansel ou Gretel ne croise pas la sorcière. Une fois que chacun a placé sa tuile, on compte le nombre de points qui apparaissent en extérieur des tuiles, ces point de couleur seront autant de cases franchies par chacun des trois protagonistes qui se tournent autour sur le bord de la boite. Car on joue avec la boîte. Une maison de pain d’épice au centre, les bords du jardin autour, qui sont la piste de déplacement, et en haut de la cheminée, les cinq cookies qu’il faut tous prendre (en finissant les espèces de gourmandise) pour repartir vivant et gagner la partie.
Un thème bien illustré par une tension assez forte autour de la table. L’optimisation n’est pas évidente, il faudra l’accompagnement des parents face à cette épreuve terrifiante et organisationnelle.
Ce jeu original de Luigi Ferrini & Daniele Ursini tient dans une petite boîte qui sert de plateau, illustré juste comme il faut. Un jeu de Krzysztof Jurzysta chez Granna. À découvrir à la rentrée, localisé par Atalia.
Dessino Simplissimo
Qui ne tord pas le nez devant un nouveau jeu de dessin ? Si on vous parle de celui-là, c’est pour sa petite particularité, son côté « concept » de l’image. Est-ce que vous voyez cette scène de Vice Versa où les personnages prennent un raccourci et rentrent dans une zone où ils vont passer en 2D puis en 1D ? Ce jeu me fait penser à ce moment. Vous avez un mot personnel à dessiner avec les contraintes de formes tirées par les quatre dés. Trois carrés et un triangle par exemple comme seules formes à utiliser pour dessiner un peigne ou une banane. Puis on expose nos mots qu’on complète à huit. On met aussi nos dessins sur la table, et on va tenter de comprendre ce qui s’est passé dans la tête de chacun, ce moment drôle, similaire à Fiesta de los Muertos. Vous serez étonné de reconnaître un dromadaire. Il était un temps où ce jeu d’Artem Lis s’appelait Artbox, mais sans doute pour créer une gamme dessin, et un titre explicite, il trouve un nouveau look également. Et nous vous parlerons aussi de Dessino Presto, chez le même éditeur (Matagot)… vous ne devinerez jamais de quoi il en retourne !
Glisse banquise
Dans un univers sans fonte de glace, la banquise existe encore, et les pingouins, ces petits animaux glisseurs, passent sur de petits radeaux de glace pour rejoindre la banquise. Et nous allons les aider, en faisant en sorte de ne pas rompre la continuité entre les floes, ces fragments de glace de mer. Pour ce faire, nous allons à chaque tour, glisser un nouveau morceau de glace dans un côté de la boîte de jeu qui nous sert de plateau, et ce floe poussera les autres morceaux. Vous espérez rapprocher les éléments de jeu suffisamment pour que le pingouin puisse passer d’une tuile à l’autre, et ainsi amener nos quatres petits protégés vers leur refuge, sur la glace solide.
La proposition ludique d’Oussama Khelifati n’est pas un jeu d’adresse, mais. On a cependant la sensation de calculer les mouvements, d’expérimenter la physique du jeu. L’ensemble fait penser à Push A Monster dans l’estimation des déplacements de volumes à forme bizarre. Un version avec des tuiles Lion de mer corsera la difficulté pour accompagner nos petits de 5 ans vers plus de complexité. Rafraîchissant !
Un jeu de Oussama Khelifati
Illustré par Laurent Boissier
Edité par Blue Orange Games
À bientôt pour d’autres découvertes de Paris Est Ludique 22 !
Article écrit par Natosaurus et Umberling
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Sophie.Sitdown 13/07/2022
Hello la Team Ludovox! Merci pour votre petit passage sur le stand Sit Down! et pour parler de Gardeners, nous avons aussi hâte qu’il soit disponible 🙂
(Juste un petit détail, le carré fait 36 tuiles maximum dans la version de base 😉 )
Natosaurus 14/07/2022
Merci Sophie, c’est corrigé. On n’a effectivement pas été aussi loin lors de la découverte !