City blox : le lego lasse ?
Si vous en avez assez des puzzles Lego Technic et Creator Expert avec maquettes de 7000 pièces comme le Faucon Millénium ou le Taj Mahal, ralliez Jacob Berg, ancien consultant de la maison mère, qui a décidé d’aller à contre courant de la tendance actuelle et de nous ressortir les briques de base.
Si le but est de lancer une gamme de jeux basée sur l’utilisation du matériel bien connu, on reste dans un cadre classique pour ce premier opus. Vous avez le compas dans l’oeil ? Tant mieux (vous pouvez le retirer maintenant).
Ce n’est pas la première fois qu’on nous fait le coup du Lego (enfin de la brick). Iello avait tenté un agréable Tangram en 3D avec Brick Party, il y a quelques années mais on en était resté là.
City Blox retourne aux racines avec un jeu de bâtisseur et de blue print, quelque chose où il faut faire rentrer les formes dans des espaces correspondants. Enfin ici, c’est l’inverse : on livre la maison et on voit si ça coïncide avec le plan. Avec des briques de longueurs différentes (1 à 6 crans + L), il va donc falloir construire une résidence, une école et un supermarché (et la culture dans tout ça ?). Les différents chantiers sont calibrés en niveau de difficulté. Il faudra 2 éléments pour la résidence, 3 et 4 pour les autres. Leur plan variera entre formes liées et séparées. Il faudra avoir l’œil pour jauger de l’assemblage. Pour vous aider, les bords des tuiles contiennent des indices pour se positionner. On parviendra à ne plus si référer et puis on y reviendra, le doute s’installant par moment.
Commençons par nous faire la main avec une résidence de plain-pied !
Le joueur actif va sélectionner une pièce par joueur sur l’ensemble des formes disponibles, pas le droit de prendre deux fois la même. À lui de s’arranger pour justement ne pas arranger les autres en leur offrant ce dont ils ont besoin (ce qui est assez impossible dans les premiers tours). Ce joueur va se servir en premier et poser son élément sur sa plaque de base (le terrain). C’est ensuite au voisin d’officier, etc. Comme on n’a pas toujours ce que l’on veut, on peut stocker puis échanger ces blox inutiles afin de se se faciliter la vie (à raison de 2 contre 1). Vous aurez compris qu’on perd des tours à stocker du surplus. Car outre la construction, ce jeu est une course. Et oui. Le premier joueur ayant terminé ses trois bâtiments est élu meilleur architecte de France (où du Danemark, patrie de l’auteur).
Pour chambouler la partie et freiner les chefs de chantier un peu trop zélés, vous devez piocher un événement à chaque contrat validé. Ces mini cartes aux mignonnes illustrations vont offrir une pièce supplémentaire à vous ou à un autre joueur, détruire un élément ou faire passer un tour, rien de bien méchant mais tout dépend sur qui ça tombe et à quel moment.
Maintenant que savez manier la truelle et que vous avez l’étoffe pour être architecte DPLG, vous vous pouvez vous lancer dans l’empilement de cubes et rectangles. Même chose : une forme à construire sur 2 niveaux. Fini de rigoler. Au niveau 2, il faut s’arranger pour laisser au minimum un cran blanc de visible sur le terrain mais invisible si on regarde la forme par le dessus. En gros, il faut construire des balcons. Idem pour le troisième niveau avec cette fois une précision : un cran pour le bâtiment un, deux pour le deux, etc. C’est également quand on passe à ces niveaux qu’on perd parfois des joueurs, jugeant le défi trop complexe.
ANOTHER BLOX IN THE WALL !
Les jeux de construction, il faut qu’il y ait un rapport « affectifs » avec les matériaux pour que le courant passe réellement. Il est plus agréable de manipuler du bois que du plastique, prenons la Bocca ou les deux versions de Junk Art. Sauf ici. Le fait de se servir d’une brique bien connue est un très bon point. Je sais pas vous, jeunesse rebelle, mais moi ça me fait toujours plaisir de plonger les mains dans ces éléments, même si ça fait des années que je n’ai rien construit. Le plastique c’est fantastique et c’est le point fort de ce City Blox.
Sur la mécanique, on ne peut pas dire que l’on soit avec un produit novateur. De Tetris au Tangram, la série des polyssimo/cubissimo chez Djeco… Le coup de l’assemblage parfait de formes est courant. Déjà vu mais toujours efficace. Sauf si votre fort n’est pas le positionnement de pièces dans l’espace, mais là, on ne pourra rien pour vous. Si, on pourra, et le jeu est modulaire, vous donner des plans simples et donner à ceux qui maîtrisent, des choses plus compliquées afin d’équilibrer la partie. En gros, vous construisez les résidences, ils construisent les supermarchés. Pour ceux qui aiment les challenges, les niveaux à étages vous donneront du fil à retordre, avec une préférence pour le niveau 3 qui donne des constructions parfois étranges. Mais dans l’ensemble, ce jeu se vise plutôt un public familial.
Reste qu’il manque peut-être de subtilité. Sans vouloir la jouer stratégique et calculatoire, la prise de briques aurait pu être affinée. Si, à quatre, le fait de récupérer la dernière brique n’est pas ennuyeux les premiers tours, cela devient un malus vers la fin où on est sujet au stockage obligatoire. Un marché ou peut-être une pioche à l’aveugle dans un sac aurait-il pu donner un peu plus de challenge ? Idem pour les cartes événements qui sont assez puissantes (entre un élément bonus ou une destruction… il n’y a pas photo).
À deux joueurs, c’est encore plus marqué et la chance au tirage a de lourdes conséquences. Mais le but est-il vraiment d’être le premier à terminer ou d’avoir le plaisir d’achever ses chantiers ? C’est donc agaçant mais pas lourdingue puisque les tours vont vite et que les cartes événements remettent par moment les pendules à l’heure, freinant celui qui est en avance par exemple.
Au final
City Blox reste attirant par son concept nostalgie & fan de briques. Le plaisir est au rendez-vous, du moins dans les parties découvertes. Une fois que l’on maîtrise la bête, on regrette quand même que la sélection des matériaux ne soit pas plus tendue. Ce n’est pas non plus une fin en soi, peut-être suis-je trop exigeant, mais du coup pourquoi ne pas mettre un sablier et toutes les briques à disposition, l’interaction étant de toute façon moindre ? Gardons un œil sur cet éditeur et attendons de voir ce qu’il nous proposera si la gamme s’étoffe. Pour l’instant, prenons ce jeu comme il est, ça durera ce que ça durera !
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Shanouillette 12/05/2020
Merci pour ce jeu de mots déjà culte !
Cesare Mainardi 14/05/2020
Bonjour,
Je me permets de réagir par rapport au titre qui me semble injustement négatif (même si le jeu de mots est joli et qu’il était difficile d’en trouver un autre à partir de « lego »). Les tests en ludothèque ont prouvé que ce jeu ne « lasse » absolument pas sa cible : N’oublions pas que c’est un jeu pour les enfants à partir de 6 ans, même si les variantes permettent d’augmenter petit à petit la difficulté, et surtout de jouer en famille.
Ludiquement,
Cesare
morlockbob 14/05/2020
bonsoir
Le titre n’est pas un simple effet de style gratuit, il pointe du doigt le fait que Lego fasse tout sauf du lego (des licences, des simili playmobils, du mécano avec leur gamme technic ou expert…), ce qui me chagrine (et chagrine visiblement l’auteur du jeu), alors que les jeux cités avec leur brick et blox reviennent à l’essentiel: la brique de base. Alors oui, dans ce cas le Lego lasse, oui c’est négatif, mais pour la marque bien connue.
Cesare Mainardi 15/05/2020
Pour information, ce jeu utilise des briques qui ne sont pas fabriquées par Lego. Ce dernier n’a plus le brevet depuis longtemps. C’est pourquoi depuis plusieurs années on trouve dans le commerce de nombreuses autres marques de briques compatibles. Ce jeu et l’éditeur n’a aucun autre rapport avec Lego. Ce n’est pas de la licence, notamment. Libre à vous de ne pas apprécier la stratégie commerciale de Lego mais je trouve regrettable que vous la reprochiez à ce jeu édité par un tout petit éditeur passionné de jeux.
morlockbob 15/05/2020
Je dis exactement la même chose que vous. Je regrette que Lego se soit commis dans des assemblages qui sont loin des briques de mon enfance et , pour moi, ce qui en faisait son charme. Je ne fais pas l’amalgame (il suffit de relire l ‘intro). Soit je m’exprime mal, soit vous lisez d’une façon qui vous arrange. En tous cas , vos pleurnicheries sont hors de propos et je ne vais pas passer mon temps à me justifier. Et je pense que vous avez autre chose à faire.