Champions of Midgard : ça va trancher

Amateurs de jeux « cubenbois » et d’ameritrash, Champions of Midgard de Ole Steiness mélange les deux, avec de la pose d’ouvriers pour planifier ses voyages et ses combats, et des dés (qui représentent les vikings) pour combattre les monstres. Des promesses de gestion avec du fun et de l’aventure donc, mais est-ce que l’alchimie fonctionne réellement ? La version française est sortie sous nos latitudes au mois d’octobre 2017, l’occasion pour nous de s’y frotter.

 

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Troll, Gloire et déboires

Dans ce Champions of Midgard nous sommes des chefs vikings désireux de prendre la place du Jarl qui vient de périr. Pour cela nous allons prouver notre bravoure en protégeant le village des trolls, en combattant des Draugrs et en embarquant dans nos drakkars pour affronter les monstres en mer. Rien que ça !

La partie se joue sur 8 tours. Pour être le plus valeureux viking, il faudra avoir gagné des points de gloire pendant la partie, sachant qu’à la fin on pourra en glaner quelques uns de plus si l’on a accompli nos cartes destinée (chacune nous donne des points si l’on est majoritaire sur une condition particulière). Les jetons déshonneurs à l’inverse nous feront perdre des points de victoire.

Chaque joueur commence avec ses « ouvriers » et quelques ressources (argent, nourriture, et bois), plus quelques vikings représentés par des dés, ainsi qu’un plateau de chef viking, il en existe 5 et tous ont un pouvoir différent (oui c’est bien asymétrique).

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Dans l’ordre du tour, nous allons placer nos ouvriers sur le plateau et prendre des ressources (or, nourriture ou bois), des jetons faveur ou des cartes destinées (ce sont des objectifs), ou des cartes runes, qui nous donnent quelques capacités bien agréables, ou recruter des vikings (les fameux dés).
Mendier nous permet de gagner une nourriture (quand on ne peut / veut pas poser d’ouvriers) mais aussi un jeton déshonneur (c’est très vu mal de mendier que voulez-vous).

Comme dans n’importe quel jeu de pose d’ouvriers traditionnel, on est naturellement limité par le nombre d’ouvriers que l’on possède. La baraque des ouvriers nous permet d’en engager un de plus, cela coûte 5 pièces au premier joueur qui le fait, les autres auront une réduc (mais il n’y a qu’une place de disponible par tour).

 

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Si l’on place nos vikings sur des monstres, que ça soit le Troll ou les Draugrs, on résoudra les combats à la fin du tour. Les actions de combat requièrent nos dés, sachez que l’on engage dans le combat autant de dés que l’on veut.

Les vikings sont de 3 types (les gardes, les lanciers et les berserkers) et chaque dé comporte des faces vides (= pas de touche) des armes (épée, lance ou hache) ou des boucliers. Bien sûr les berserkers font plus de dégâts potentiellement mais n’ont pas de boucliers (vous avez déjà vu des berserkers survivre au combat vous ?).

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Fight!

Un monstre ou un troll aura une valeur de défense (il faudra faire autant ou plus de touche.s) et une valeur d’attaque. Par exemple, si le monstre a 2 en attaque, il détruira deux vikings de notre choix (sauf si l’on a des faces boucliers). C’est un combat à mort, la fuite n’est pas une option ! Soit vous battez le monstre, soit vous continuez jusqu’à ce qu’il soit battu, ou que vous n’ayez plus de viking. Les dieux nous aident, heureusement ! Nous pouvons, si nous le voulons, relancer un ou plusieurs dés, mais pour cela il faudra dépenser un jeton faveur…

 

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Combattre rapporte de la gloire, et souvent de l’or aussi. Combattre les trolls rapporte du bois (ils doivent venir se battre avec leurs cure-dents j’imagine ?). Si un troll n’a pas été vaincu à la fin d’un tour de jeu, alors chaque joueur est sanctionné par un jeton déshonneur. Plus on en a à la fin de la partie et plus on perdra de points de gloire.
Quand on combat un troll, on peut donner un de nos jetons déshonneur à un de nos adversaires, c’est la cerise sur le gâteau puisque l’on se débarrasse d’un malus pour le donner à un autre joueur !

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Tout en bas du plateau, des monstres un peu plus coriaces sont présents, ils ont l’avantage de rapporter beaucoup plus de points de gloire ! Par contre pour pouvoir aller les combattre, il nous faudra embarquer dans un drakkar, que ça soit ceux présents sur le plateau, ou bien le notre que l’on aura préalablement construit.

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Certains d’entre eux, en plus de nous donner beaucoup de points de victoire, nous offrent aussi un jeton faveur, par contre d’autres ne peuvent être combattus qu’avec un type spécifique de guerrier.

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Attention, un drakkar a une capacité limitée : on ne pourra pas partir avec tous nos guerriers, de plus il faudra pouvoir les nourrir et cela nous coûtera plus ou moins cher.
Ces voyages ne sont pas sans risque bien sûr, et il se pourrait que nous ayons quelques surprises sous la forme de cartes expéditions. On peut là aussi décider courageusement de les découvrir au moment où nous allons affronter le monstre ou bien avoir secrètement pris connaissance de l’information à la hutte du sage.

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Chaque fin de tour, tous les ouvriers reviennent au bercail : on rajoute sur les lieux une nourriture, un garde, un lancier et un berserker, ce qui rend les lieux plus attractifs si personne n’a pris la peine de les visiter. Sur les montres qui n’ont pas été combattus on ajoute une pièce. Il faut appâter le chaland !

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Alors ? Faut-il monter dans ce drakkar ?  

La première chose qui marque quand on joue à Champions of Midgard c’est l’aléatoire : on ne peut pas vraiment le contrôler, on peut réduire les risques en choisissant bien les guerriers que nous allons envoyer au combat, mais pas beaucoup mieux. Notre seul recours, concrètement, c’est de relancer nos dès grâce à un ou plusieurs jetons faveurs, mais les dieux sont parfois capricieux et on ne pourra rien y faire, à part rager contre le sort…

Les Trolls donnent des jetons déshonneurs si personne ne les combat, et permettent quand on sort d’un combat victorieux contre l’un deux, de refourguer un de ses propres jetons à un joueur. Je conseille de ne pas trop laisser un joueur s’en occuper sans quoi il pourrait vous inonder de points négatifs surtout s’il vous voit comme une menace pour la victoire.

Le jeu est plutôt bien équilibré, on va gagner des points de gloire pendant la partie, en combattant, en construisant son drakkar, et grâce aux cartes destinée qui nous permettent de grappiller quelques points. Les autres joueurs peuvent contrecarrer les plans d’un joueur s’ils ont deviné son objectif, ce qui offre une certaine interaction.
À noter qu’un bonus de 5 points de victoire est octroyé pour chaque lot de 3 cartes monstres de couleurs différentes, ça donne un petit objectif en plus plutôt sympathique. Côté bémol, j’ai un doute sur l’asymétrie des plateaux personnages, certains semblant plutôt puissants, à vérifier dans un prochain Test.

 

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Le joueur majoritaire gagnera la récompense à gauche, à droite s’il est juste à égalité avec un autre joueur.

 

L’édition est agréable, nous avons de nombreux dés, des cartes toilées, des plateaux joueurs de bonnes qualité (double face avec un côté en format paysage et l’autre en portrait), c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Notons que l’on a 5 plateaux joueurs différents.

Bref, Champions of Midgard est plaisant si l’on accepte l’aléatoire. Pour ma part, cela ne me dérange pas car on joue sur un laps de temps d’une heure. Au-delà, je l’aurais plus mal vécu. Mais cet aléatoire rend le jeu fun, et le tout reste bien fluide. Ce Champions est à mon goût un bon mélange de pose d’ouvriers et d’ameritrash. Avec ce mixe détonnant, c’est le jeu idéal à sortir avec ceux qui n’aiment pas trop les thèmes froids et l’interaction indirecte des jeux à l’allemande habituels. Idéal aussi pour faire découvrir le jeu de pose d’ouvriers ou initier votre enfant (à partir de 8 ans).

Là où le bât blesse, c’est sur la rejouabilité, que je pressens limitée, malgré quelques bonnes idées (comme des tuiles que l’on ajoute au hasard sur le plateau et qui ne seront donc pas toujours les mêmes à chaque session). Après quelques parties on a déjà un sentiment de répétition, malgré les différentes cartes existantes, mais nous verrons cela dans un Test futur. 

Il existe d’ailleurs deux extensions qui devraient sortir en français en 2018 si le succès est au rendez-vous. La première : Dark Moutains permet de jouer à 5, et elle ajoute le plateau des montagnes noires avec de nouveaux ennemis à combattre et des trolls plus forts. Nous avons aussi de nouveaux combattants, des archers. En jouant avec l’extension Valhalla vous allez marquer des points de victoire avec les guerriers tombés au combat. Vous pourrez aussi combattre de nouveaux monstres, toujours plus puissants.

 

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Notez que les illustrations sont de Victor Perez Corbella, un illustrateur qui a une patte bien particulière et que l’on ne voit pas partout, ce qui est plutôt une bonne chose ! (Vous l’avez peut-être déjà croisé sur Samourai Spirit de Antoine Bauza). 

 

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Et quant à la question parfois posée à savoir s’il faut jouer à Pillards de la mer du Nord ou à Champions of Midgard, à mon sens les deux sont différents hormis le thème : Pillards a un ADN plus proche d’un jeu de pose d’ouvriers pur (malgré la présence de dés), alors que Champions of Midgard flirte comme vous le voyez clairement avec l’ameritrash. La réponse vous appartient et dépendra de vos goûts.

 

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7 Commentaires

  1. morlockbob 01/02/2018
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    Bien vu d’avoir appuyé sur l’aléatoire de Midgard, qui est à la fois très pénible et amusant une fois qu’on le sait. Mais pour moi cela reste un peu « tout ça pour ça » , de la préparation pour se faire poutrer parce qu’on a pas eu de bol. Je le préfère quand même à Pillards qui fait un peu la même chose mais en se prenant plus au sérieux et en nous faisant croire qu’il est plus tactique alors que non…

    • eins 06/02/2018
      Répondre

      Salut, l’aléatoire est mieux géré avec l’extension Valhalla car lnos guerriers morts servent à remplir des quêtes et de gagner des points de victoire autrement et seulement grâce à leur mort… on ne peut plus pleurer notre manque de chance, car il ouvre sur de nouvelles stratégies et de nouveaux objectifs. Un MUST HAVE selon moi.

      • morlockbob 06/02/2018
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        merci pour la précision car je ne savais plus le nom de l exten….

      • atom 06/02/2018
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        Merci pour ta réponse. Tu as essayé les deux extensions ? Les deux sont intéressantes ?

        • eins 07/02/2018
          Répondre

          The Dark Mountains donne, après une nouvelle façon de voyager (à pied avec des rencontres spécifiques) plutôt que le bateau avec de nouveaux monstres = les géants et des récompenses qui sont identiques (des archers – un nouveau type de dé qui est intéressant).
          Valhalla est lui beaucoup plus varié avec l’exploitation de nos morts (sous forme de jetons) qui, en les combinant permet de battre des monstres légendaires (nouvelle source de points de victoire) et des cartes pouvoir/gains de points de victoire.
          Les deux sont dans la même boîte, mais Valhalla, à l’instar de Skullport dans Lords of Waterdeep est indisociable du jeu de base pour nous, tellement il rééquilibre la part laissée au hasard.

  2. Laurent 02/02/2018
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    Les extensions, et surtout Valhala, améliorent très fortement l’expérience, on passe d’un jeu moyen+ à un vrai bon jeu, beaucoup plus fun à mon goût que Pillards. J’espère qu’elles seront traduites!

    • atom 02/02/2018
      Répondre

      Elles vont être traduites, pour cette année. Pour plus de précisions je vais leur envoyer un e mail.

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