Champ d’Honneur met échec et mat les jeux abstraits !
Quand on évoque les jeux abstraits, on pense de suite aux échecs et leurs déclinaisons selon les régions du monde. Champs d’honneur (War Chest en anglais) de Trevor benjamin et David Thompson est un jeu qui mélange du contrôle de zones et du bag building avec une démarche qui pourrait intéresser un joueur d’échecs. Le titre est arrivé chez nous sous bannière Gigamic fin 2019.
Puisqu’il faut un thème
Chaque joueur incarne un chef de guerre médiéval qui dispose d’une armée de 4 unités différentes avec leurs forces et faiblesses. Ces unités sont représentées par des jetons de poker et une carte qui définit leur mouvement et leur tactique.
Au début d’une partie, on détient deux territoires sur le plateau central. C’est bien gentil mais pour l’emporter il faudra en contrôler six. Nous avons aussi dans notre sac 2 jetons de chaque type d’unité et un jeton Faveur royale.
L’affaire est dans le sac.
Les règles sont très accessibles. Pendant une manche, chaque joueur va piocher 3 jetons dans son sac en aveugle. Tour à tour les joueurs vont les utiliser pour les placer sur des zones qu’ils contrôlent, ou pour déplacer une unité, contrôler une zone ou attaquer un adversaire ou encore utiliser leurs Tactiques.
Si je souhaite déplacer une unité présente sur-le-champ de bataille, je dois défausser face visible un jeton que je viens de piocher et réaliser mon déplacement ; idem pour attaquer, contrôler une zone ou utiliser une Tactique. En jouant un jeton face cachée, je peux recruter une nouvelle unité, passer mon tour, ou bien prendre l’initiative pour la prochaine manche.
Les unités que vous avez recrutées viendront dans la zone représentant votre défausse. C’est quand votre sac est vide et que vous devez compléter votre main que vous ajoutez les jetons présents dans votre défausse, comme dans n’importe quel jeu de deck/bag-building. Par conséquent, il faudra gérer intelligemment l’approvisionnement de votre sac pour ne pas “diluer” vos jetons et maximiser vos chances de sortir ceux que vous souhaitez. Probabilité mon amour.
L’art de la guerre : des joutes tactiques et stratégiques
Une partie se joue avec 4 unités différentes par joueur. Si lors de la première session on vous préconisera des configurations, pour les suivantes vous allez pouvoir choisir comme bon vous semble. En général, on aime réaliser un draft pour essayer de s’adapter à l’adversaire, on sait ce qu’on laisse et ce qu’il a sélectionné, ce qui évite les combos qui pourraient s’avérer trop puissantes. Il existe 16 cartes différentes, ce qui donne indubitablement une jolie rejouabilité.
Nous avons des unités comme l’Archer qui tire à distance, le Cavalier qui se déplace de 2 cases au lieu d’une, le Capitaine qui donne l’ordre d’attaquer à un jeton de son équipe présent à deux cases ou moins de lui. J’aime bien le Moine Soldat : quand il réalise une attaque ou prend le contrôle d’une zone il permet de repiocher immédiatement et de jouer le jeton que l’on vient d’extirper du sac. Pratique et perturbant pour l’adversaire. Tout le plaisir du jeu réside dans le fait de trouver les bonnes combinaisons et de pousser l’ennemi à la faute, en tout cas mettre la pression. Par exemple, si votre Lancier est présent sur le plateau, votre adversaire ne va jamais rester dans sa ligne de mire à 1 ou 2 cases de distance. Connaissez les forces et faiblesses des unités adverses, en plus des vôtres. Pensez bien que lorsque vous prenez le contrôle d’un nouveau lieu, vous pourrez faire advenir un jeton à cet endroit, mettant de fait un peu plus de pression sur votre adversaire.
Comme aux échecs, il faut apprendre à sacrifier une pièce pour créer une ouverture, mais aussi savoir gérer le timing du jeu, d’abord par la gestion de son sac, mais aussi en perdant une action pour prendre le jeton d’initiative et commencer la manche suivante. Parfois la victoire se joue sur cette simple manœuvre.
Un jeu qui a du coffre !
Le matériel est somptueux et participe à l’attraction du titre, en effet chaque unité est composée de jetons de poker bien lourds et agréables, de très bonne qualité. Mais ce n’est pas tout : les jetons sont placés dans des sacs de velours brodés aux armoiries de votre équipe. Le plateau est aussi de bonne qualité, même si on aurait aimé un rappel sur les zones que l’on va contrôler car on ne les visualise plus quand on a un jeton présent dessus. Rien de bien méchant, mais un peu dommage. Le réceptacle pour positionner les jetons est aussi un peu fin et je suis un peu inquiet sur le long terme. La boite est en forme de coffre (ce qui explique le nom original du jeu « War Chest ») et il envoie du bois comme on dit.
Une partie se déroule en 30 minutes maximum. Chaque mouvement est important. On analyse les forces de l’adversaire, on compte même ses pièces, celles qui sont tombées, celles qu’il n’a pas encore recrutées, et on déduit ce qui lui reste dans le sac. Le hasard du sac pourrait déranger, mais au final il s’avère une force pour le jeu car il évite l’aspect totalement calculatoire. On devra s’adapter et pour cela à nous de bien appréhender la gestion du sac.
Ici, nous y jouons en famille – j’y joue avec ma fille de 7 ans qui aime de temps en temps jouer aux échecs avec sa mère et qui retrouve un peu des sensations similaires ici. Champ d’Honneur ajoute à une dimension stratégique imparable un peu d’opportunisme et de hasard qui rend le gameplay moins frustrant. Passé l’aspect bag-building qu’elle ne cernait pas au premier abord, elle a vite compris le principe du jeu et se révèle de plus en plus tenace.
Champ d’Honneur avait tout pour me déplaire. Je ne suis pas vraiment amateur des jeux abstraits, ni des wargames. Et pourtant sa simplicité m’a convaincu immédiatement. Le jeu s’explique en 5 minutes et l’on enchaîne les parties pour essayer de nouvelles combinaisons. D’une certaine façon il me fait penser à Onitama qui m’avait séduit pour sa finesse et sa simplicité, mais la comparaison la plus immédiate reste les échecs. En effet chaque unité a ses déplacements ou ses types d’attaques.
Un énorme coup de cœur et d’excellentes sensation ludiques. La rejouabilité est excellente, 16 cartes différentes sachant que l’on n’en jouera que 4 et que l’on peut réaliser de jolis synergies entre elles. Il y a de quoi faire avant de poncer le jeu. Une extension, Nobility est sortie aux US, et sera traduite par Gigamic. Sachez pour finir que le jeu peut se jouer en équipe, nous y reviendrons dans un futur test.
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Ytrezius 30/01/2020
Ce jeu a été une bonne surprise chez moi aussi. Ma campagne à la phobie des échecs, dégoutée toute jeune parcequ’on lui imposait d’y jouer. Champ d’Honneur l’a réconcilié avec ce type de jeu et on enchaîne les parties, en tentant de nouvelles combo d’unités.
Le mode à 4 joueurs est quad à lui excellent, à condition que les joueurs maitrisent déjà la version 2 joueurs et ont une bonne connaissances des différentes unités. Ce mode permet de faire aussi des combos sympa avec son coéquipier (j’utilise mon capitaine pour activer ton unité qui va pouvoir attaquer!) et de répartir le conflit sur plusieurs fronts. Très bon!
morlockbob 31/01/2020
il rappelle aussi l’excellent The Duke sur un principe approchant, si vous aimez
LeoP 02/02/2020
Excellent jeu ! Addictif et intéressant