C’est de Seasons !
Oh oui, comme de nombreux autres ludopathes, je l’avais repéré celui-là. Les graphismes chatoyants de Naïade, ça fait presque un an qu’ils nous titillent les iris.
Au festival de Cannes, il fallait sortir le couteau à cran d’arrêt pour pouvoir s’asseoir à la table d’un Seasons (manque de bol, on était venus, mais pacifiquement).
Après ça, on a continué d’en entendre parler, de temps en temps. Dernière info venant alimenter le buzz avant sa sortie : à la GenCon Indy 2012, les boites de Seasons s’étaient arrachées en moins de temps qu’il ne le faut à mon Zom pour avaler un big burger…
Chasse à la boiboite
Et puis, bientôt, la voilà.
L’œuvre fin prête.
Juste là.
Chez notre dealer habituel. (Celui qui nous sourit quand on arrive).
Forcément, on repère d’entrée de jeu la boite sur l’étal.
Zom me jette un regard lourd de sens. « Belle tu es. Mienne tu seras. » Mais je sais qu’il pense à la même chose que moi. La boiboite. Débute alors une parade nuptiale qui nous est propre, une sorte de prise en tenaille chorégraphiée. On jette d’abord une œillade à la cible, comme ça un peu par-dessus l’épaule, on lui tourne autour, l’air indifférent, et puis on va regarder d’autres jeux en meumeumant du Mano Negra (« je peux très bien me passer de toi »…).
Et puis paf ! Brutalement on la prend, on la retourne (oui une parade nuptiale un peu crue et néanmoins sensuelle) et puis… on passe en caisse avec un sourire niaiseux. Pas un pour rattraper l’autre…
Arrivés à la maison, c’est Zom qui part dompter la bête. Le livret de règles, apparemment, est très clair. Je suis contente pour lui. On me dit qu’il existe un mode « découverte ».
Tant mieux, c’est bien des préliminaires. Je sais, on ne dirait pas comme ça, mais j’ai un peu peur en fait. Seasons est souvent apparenté à Magic -l’Assemblée. Non pas que je n’aime pas Magic… mais je ne connais pas. Pas vraiment. Pas du tout comparé à Zom, qui lui, est un ex-aficionado.
Oui, j’avoue : son passif de joueur de Magic m’intimide. Les combos de cartes, il est au taquet. Moi je suis plutôt un diesel en la matière… (Sous-titres : «Maman, je vais me faire bouffer !»).
In the boiboite
Alors, déjà, le contexte c’est heu… pastoralo-guerrier. Nous sommes des magiciens et nous invoquons des énergies pour nous sécher le portrait au beau milieu d’une forêt bucolique.
T’as de beaux dés tu sais !
Oui le matériel a de l’allure. Même question rangement, nous qui, d’habitude, ne sommes pas fan du thermoformage (qui a de plus en plus tendance à atterrir au vidoir) reconnaissons que celui-ci est vraiment pas mal. Il permet notamment de bien caler les dés, c’est tip top (et la petite s’éclate avec ça).
Bref, on apprécie le sens du détail. Et Naïade… Quel goût, mes amis, et quel grain. On dirait du Myazakitch’sous-acide, non ? « J’adhère, j’adore, j’admiiire » comme on dit aux vernissages de par chez nous.
With the boiboite
Inspirations, aspirations : Magic, 7 Wonders, Dominion, d’aucuns évoquent Race for the galaxy et Gosu itou… Bref, de la carte, et de la belle carte m’ssieurs-dames !
Pour une partie découverte, on a pris les decks proposés aux novices (petit scarabée doit reconnaître ses faiblesses pour gravir les échelons avec grâce). On a zappé la phase de draft. Paf, zappé. Oui et voilà qui est fort pratique. Cela permet de se jeter dans une eau très tiède sans se mouiller la nuque.
C’est important car se mouiller la nuque en posant des cartes ça fait gondoler le matériel.
Je ne vous l’ai pas dit ? Ici on pose des cartes (qui représentent des objets magiques ou des « familiers ») mais on a une limite de pose, oui car il faut savoir poser des limites (François Pérusse sort de ce clavier). Mais ces limites peuvent cependant augmenter. En rallongeant sa « jauge d’invocation », celle avec les zolis nétoiles (parce que faut pas déconner, tout s’achète en ce bas monde, même les zolis nétoiles).
Zom m’explique que certaines cartes ont un effet « one shot » au moment de la pose, d’autres peuvent être activées, et enfin certaines sont permanentes. Donc il faut gérer sa mimine pour monter en puissance et impressionner le (ou les) mago-s- d’en face.
Par ailleurs, on lance des dés (pas trop fort ! ils sont énormes !!) qui nous permettent au choix de choper des énergies (air, eau, feu, terre), de piocher une carte, de faire des points en « cristallisant » de l’énergie, sachant que la valeur des énergies évolue au cours des seazzons, et oui, le temps passe ma bonne dame ! Et même ça, c’est les dés qui le font ! Si si ! Sont trop balèzes.
Allez, au bain.
Les quelques premiers tours, on prend ses marques, en douceur, on regarde le décor en sifflotant et on cherche son rythme. Et puis, alors que je m’esbaudis gentiment devant les illustrations, je vois Zom qui commence à comboter comme une brutasse. Pas de panique. Pas de panique.
Panique.
Je le savais ! Il est trop fort pour moi.
Et…Moteur… Calimero entre en scène.
Au menu ce soir :
Sauce à la grimace sur énergies de saison et cristallisation de boudin (spécialité du terroir).
« Je n’sais pas pourquoi je continue de jouer…
avec tous les points de victoire que tu m’as mis dans la vue là ! Non mais t’as vu où t’es sur la piste de score ? C’est mort. Et j’suis fatiguée. Je continue hein… mais c’est pour la beauté du geste.»
Tandis que Zom s’envole haut dans les nuages victorieux, les saisons s’enchaînent, et moi je suis tellement à fond que même si je dis le contraire, je lâche rien, un vrai pitbull (pourtant même les dés ne me veulent pas et je passe plusieurs tours sans rien pouvoir poser de valable)…
La tension monte, l’optimisation des actions de Zom tourne de plus en plus à la punition, et le jeu avance, faut dire que c’est fluide comme de la farine tamisée… Et la fin du jeu arrive bientôt. Plus que quelques tours.
Dénouement
Enfin je commence vraiment à mieux gérer les combos et sors même un ou deux coups brillants.
« Bon oui… c’est sympa… mais de toute façon, je suis trop à la ramasse. Y a vraiment un effet win to win, pfff… et que de la chance, c’est trop dommage… [air accablé – ton morne – yeux cocker] Et tu m’as pas fait de cadeau hein. Chéri. »
Là, Zom jette un regard tranchant sur ma pauvre binette… puis sur les cartes que j’ai posées et il me sort d’une voix grave :
« Mais… t’as bien compris que ces cartes que t’as posées là font aussi des points ? On ne les compte qu’à la fin, t’as pas oublié… hmm ?
– De ?… Ha bon ?
– Bin oui. Et vu ce que je vois devant toi, tu vas tout cartonner chérie. Alors arrête de pleurnicher. »
Les cartes qu’on arrive à poser peuvent rapporter des points ? Ho purée comment ai-je pu oublier ce … détail ? Ho non !! Ho non… je vais gagner !!
Je… vais… gagner ?
MOUHAHAHA !
« Désolée mon amour… Je n’pensais vraiment pas y arriver là… et j’suis fatiguée… c’est pour ça…
– Bon, on en refait une et cette fois, c’est moi qui boude. OK ?
– Heu… et c’est toi qui gagne ?
– Bin c’est comme ça que ça marche on dirait non ?
– …Ghmpf. Bon. OK. Bha c’est parti ! »
Shanouillette_25/11/12_
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Shanouillette 26/01/2015
hahaha la mauvaise foi heureusement je ne suis plus DU TOUT comme ça maintenant!! 😀
atom 26/01/2015
Seasons c’est un jeu qui déchaine la mauvaise foi, en général j’accepte bien de perdre, sauf a seasons.
Les dessins de Naiade c’est a pleurer, mais dans les extensions les dessins des autres illustrateurs sont aussi a pleurer. libellud a le truc pour trouver de grand illustrateurs.
Et comme tu le dis tout est fignolé au petits oignons, les dés gravés, le thermoformage presque parfait ,puisque l’on peut mettre les cartes protégées dedans, mais pas avec les extensions en revanche. et puis on découvre toujours de nouvelles façons de gagner
Shanouillette 26/01/2015
héhé oui c’est clair ! le jeu se renouvèle très bien, il reste super agréable.