Bonsaï : Plantes en pixels
Contrairement à une croyance répandue, le Bonsaï n’est pas un arbre génétiquement modifié pour être atrophié mais une espèce authentique dont seule la petite taille est un signe distinctif. C’est au plaisir de développer ces plantes dans leur pot de céramique que ce malin petit jeu familial vous invite. Agencez votre plante le plus efficacement possible, remplissez un cahier des charges bien précis défini par 3 objectifs, c’est tout. En une trentaine de minutes, votre Bonsaï, constitué de tuiles hexagonales, a pris forme ; il est prêt à être présenté au jury.
Parmi la triplette italienne d’auteurs, on retrouve Martino Chiacchiera, co-auteur des séries Similo et Deckscape, qui s’est adjoint la contribution de Rosaria Battiato et Massimo Borzi. La direction artistique, quant à elle, a été confiée à l’illustrateur canadien Davood Moghaddami. Si vous ne connaissez pas ses très jolies productions aux paysages lumineux et contrastés, je vous invite à les découvrir ici. C’est sa première incursion dans le jeu de société, on espère qu’il y en aura d’autres.
Soyons zen !
Bonsaï se joue de deux à quatre joueurs (il y a un mode solo assez quelconque), lesquels vont se disputer une petite rivière de cartes qui défile. Certaines cartes peuvent s’activer immédiatement pour prendre des tuiles dans votre réserve personnelle ou poser des tuiles sur votre Bonsaï. D’autres seront placées devant nous pour augmenter nos capacités de stockage ou de pose. D’autres enfin octroient des points de victoire en fin de partie en fonction des éléments que vous avez réunis (cartes ou tuiles d’un type bien précis).
À votre tour, vous aurez le choix entre :
« méditer » : prendre une carte, l’activer s’il y a lieu et récolter les éventuels bonus du plateau.
« cultiver » : poser des tuiles en nombre et type autorisés sur votre bonsaï pour le faire grandir.
Trois des quatre emplacements de la rivière accordant des bonus de prise de tuiles supplémentaires, vous serez rarement confronté à la pénurie. Cependant, il vous faudra prétendre à une capacité de stockage suffisante pour ne pas être obligé de vous débarrasser de certains éléments. Surtout, vous devrez veiller à disposer d’un pouvoir de pose suffisant pour que l’action soit efficace, tant par le nombre de tuiles jouables que par leur type.
C’est l’heure de la pose !
Les quatre types de tuile n’ont évidemment pas les même contraintes de pose, ce qui vous oblige à planifier un minimum vos actions :
les tuiles Bois doivent être adjacentes à d’autres tuiles Bois, les tuiles Feuille également.
les tuiles Fleur se posent à côté d’une tuile Feuille et scoreront d’autant plus qu’elles ne seront entourées d’aucune autre tuile.
les tuiles Fruit se posent contre deux tuiles Feuille ; deux tuiles Fruit ne peuvent pas être adjacentes.
Des règles de pose plutôt simples, mais au début, certaines contraintes vous obligeront à vous faire des nœuds au cerveau. On manque souvent de Bois pour développer davantage l’ossature de notre plante, ou de Feuille pour poser les tuiles qui rapportent le plus (Fleur et Fruit). Il faudra s’adapter à votre stock et trouver le bon timing de pose.
Chacun va ainsi créer sa petite plante, pixel après pixel, jusqu’à épuisement du deck de cartes. À quatre joueurs, le jeu est assez nerveux et la fin de partie peut arriver rapidement. On aura vite fait de se faire surprendre alors qu’on avait prévu d’effectuer une pose de tuiles potentiellement riche en points. À deux joueurs, c’est beaucoup plus relax, on a le temps d’échafauder sa stratégie en améliorant ses conditions de pose, et on pourra viser haut sur les objectifs.
Exposition des modèles
Ce ne sera pas par un concours de beauté que vos plantes seront départagées, mais par le nombre et la variété de leurs tuiles ainsi que par le remplissage des objectifs. Ceux-ci constituent un pari intéressant, puisque chaque objectif se décline en trois niveaux (par exemple posséder 8 Bois, 10 Bois ou 12 Bois) : lorsqu’un niveau est atteint, on doit immédiatement décider si on revendique l’objectif ou si on y renonce pour viser plus haut. Autant vous dire que vous vous mordrez les doigts si vous n’atteignez pas la marche supérieure avant la fin de la partie, ou si vous vous faites devancer !
Mélange de planification et d’opportunisme, Bonsaï est un jeu qui ne fait finalement pas trop mal à la tête et où chaque arbuste créé réjouit par son esthétique simple et son originalité. Un gameplay plaisant donc, parfois même gratifiant. Cependant, les objectifs sont en nombre assez restreint : seulement cinq à disposition parmi lesquels on en choisira trois au hasard. Autant dire que la rejouabilité ne sera pas infinie : une fois la mécanique assimilée et les petites erreurs de débutant gommées, l’issue d’une partie risque fort de ne se jouer qu’au hasard de l’apparition des cartes dans la rivière (ce qui est d’ailleurs souvent le principal défaut des rivières…).
Ainsi, Bonsaï reste un jeu agréable à partager en famille, pourquoi pas entre deux repas de fête, mais qui risque ensuite de prendre la poussière sur votre étagère au profit de titres plus profonds. J’ai réussi à y faire jouer ma mère, pas gameuse pour deux sous, alors peut-être y parviendrez-vous même avec le tonton qui habite loin et à qui on ne sait jamais trop quoi dire. Le jardinage, ça fédère !
LUDOVOX est un site indépendant !
Vous pouvez nous soutenir en faisant un don sur :
Et également en cliquant sur le lien de nos partenaires pour faire vos achats :