Blood Rage : Tu transporteras ton or sur mes drakkars avant la fin du soleil couchant !
Qui suis je, où vais je
J’écris cet article car après avoir fait une dizaine de parties de ce magnifique jeu qu’est Blood Rage, je me suis senti obligé de partager cette nouvelle passion que j’ai pour les crimes.
Je vais décrire un peu le jeu et ses mécaniques dans les grandes lignes et ensuite vous dire ce que j’en ai pensé. Mais vous me direz, qu’est-ce que vous en avez à faire de mon avis sur un jeu, d’ailleurs il sort d’où ce mec ? C’est à ce moment-là que soit j’ai capté votre attention et vous continuez à lire cet article, me rapprochant ainsi de plus en plus de devenir milliardaire [NDLR : Ha bon ?], soit vous passez tout simplement votre chemin en prenant la pilule bleue et rentrez au bercail.
C’est donc mon premier article sur Ludovox, j’en suis d’ailleurs très heureux et merci à l’équipe ! Pour me présenter un tantinet, j’ai 24 ans, habite en suisse, je joue depuis environ 5 ans régulièrement à tous types de jeux de plateau et également de temps à autre à des jeux de rôle. Je peins pas mal de figurines (principalement de jeu de société) et suis jeune papa (cette dernière information ne vous sert pas à grand-chose mais je suis bien content de le dire).
En tant que joueur j’aime tous les genres de jeux mais avec une préférence pour les jeux de stratégie et de civilisation comme… Civlization… Cyclades, Kemet, J’apprécie aussi volontiers les ameritrash à la Zombicide, Arcadia quest, Claustrophobia… Ou bien les excellents 7 wonders, Dungeon Lords et Mage knight qui sont difficiles à ranger dans des catégories. (Je note que c’est assez drôle de se présenter en citant des jeux).
Eric Lang
Donc pour en revenir à Blood Rage : Je précise qu’à l’heure où je vous parle j’ai reçu le jeu via la plateforme Kickstarter en anglais avec tous les bonus possibles et imaginables, et sachez qu’une VF est prévue pour la fin de l’année. Je ne vais d’ailleurs pas aborder les exclusivités et bonus de KS ici.
Nous avons donc un jeu d’Eric Lang (Chaos dans le vieux monde, Arcadia quest, Warhammer conquest, …) édité par Cool mini or Not, pour 2 à 4 joueurs et pour une durée d’1h à 1h30.
Blood Rage est un jeu de conquête de territoire utilisant des mécanismes de draft et de gestion de points d’action.
Je thème
Je vais déjà me permettre une parenthèse culturelle sur les vikings et leur mythologie (il a même pas commencé et il fait déjà des apartés pfff…). On ne sait pas grand-chose sur ce peuple pour une raison assez simple : On a très peu d’écrits les concernant. On a découvert des runes gravées sur divers monuments mais ça s’arrête là, les seuls écrits qu’on a sur eux sont principalement les descriptions qu’en faisait leurs ennemis de l’époque (Saxons, Francs,…), donc forcément, vu qu’ils n’étaient pas très copains-copains, ils les faisaient passer pour des sauvages sanguinaires démunis de toute forme d’intelligence.
Concernant la mythologie nordique, elle est plutôt tirée d’un folklore du 19e siècle que de réelles croyance vikings vu qu’on ne savait pas grand-chose d’eux. Tout ça pour dire que l’image que nous avons des vikings n’est pas forcément représentative de ce qu’ils étaient réellement… Mais ce n’est pas grave ! On aime bien quand même ! Blood Rage va coller parfaitement aux stéréotypes qu’on a d’eux et c’est tant mieux.
Nous allons incarner chacun un chef de clan viking sur les terres de Midgard (le royaume des hommes). Cependant, le Ragnarök approche… Aïe… Et ce faisant, diverses créatures issues de la mythologie nordique (géant, troll, valkyrie, nain …) font surface pour se battre lors de cette dernière bataille, bien évidemment sous le regard de nos très chers dieux tel qu’Odin, Tyr, Loki, Heimdall,… qui auront aussi leurs mots à dire.
On fait tourner le matos
Le matériel est comme souvent, dans les jeux de Cool mini or Not, un des points forts. Les figurines sont magnifiques, je n’ai personnellement jamais vu ça dans un jeu de plateau. Ok on dit tout le temps ça [NDLR : pas sur le Vox ;p], mais je vous jure que cette fois c’est vrai, preuves à l’appui. Ce jeu à pour moi clairement deux fonctions : jouer et peindre. Les deux sont complètement indépendants. Le jeu est excellent, et ce, que les figurines soient peintes ou non. Mais si vous souhaitez uniquement peindre des figurines vous y trouverez un excellent rapport qualité/prix (relatif au nombre de figurines et à leur niveau de détails).
Pour la petite anecdote, même ma copine qui ne s’intéresse pas du tout aux figurines, a eu envie d’en peindre une pour essayer, si ce n’est pas beau ça ?
On trouve donc quatre clans, celui du loup, de l’ours (avec une figurine en cours de peinture, merci de ne pas me juger 🙂 ) le clan du serpent et celui du corbeau, donc chaque fois avec un leader (celui qui a la plus grosse… arme) un bateau, et deux guerriers d’esthétiques différentes.
Chaque clan est donc muni de 8 guerriers, d’un leader, d’un bateau et d’une fiche de clan qui récapitule les différents pouvoirs, améliorations et les 3 caractéristiques du peuple : la rage, les haches et les cornes.
Il y a également plein de petits socles de couleurs différentes à fixer sur les figurines pour se rappeler à qui appartient quoi, chose assez utile. J’avais peur au début de ce moyen de différentiation, faute à des mauvais souvenirs avec certains jeux comme Arcadia Quest où on passe trop de temps à mettre/enlever ces petits socles, mais là pas du tout, y a eu du progrès. Le tout se fixe et se déclipse en un claquement de doigts.
Il y a une petite dizaine de créatures neutres que l’on pourra ensuite recruter pendant la partie. Elles sont magnifiques, je vous laisse juger.
On a droit à une centaine de cartes, divisées en trois catégories : les cartes de combat (rouges), les cartes d’amélioration (noires) et les quêtes (vertes).
J’ai vu sur des forums des gens hurler au scandale car tout ça est finalement cher et les figurines, aussi belles soient-elles, n’apportent rien au jeu. J’ai envie de dire qu’il faut brûler ces gens que je pense qu’il y a quelque chose à savoir quand on joue à des jeux comme celui-ci : ce qu’on aime c’est le thème, l’ambiance du jeu, l’univers dans lequel on plonge, et les figurines sont là justement pour aider à cette immersion, pour renforcer l’expérience du jeu. Elles ne sont pas obligatoires, bien sûr, mais représentent un plus non négligeable. Le jeu ne serait clairement pas le même sans. Si on aime jouer à des purs jeux de gestion avec des kubenbwa complètement abstraits, en effet les figurines ne sont pas utiles, mais je ne crois pas que c’est le public que visait CMON en faisant ce jeu.
Personnellement, je trouve que c’est un peu comme comparer une bande dessinée et un livre. On pourrait tout simplement lire les dialogues d’une BD et suivre l’histoire quand même, mais ce n’est pas l’idée.
Le plat de résistance
Blood Rage se joue sur 3 âges au bout desquels on procédera à un décompte de points, bien évidemment celui qui en aura le plus gagnera la partie. On peut qualifier ce jeu de semi-asymétrique (terme que je viens d’inventer), car en début de partie chaque peuple est identique aux autres. Cependant, durant le jeu chacun pourra s’améliorer dans différentes voies influant grandement sur sa façon de jouer, rendant le jeu ainsi très riche stratégiquement.
Le plateau est constitué de 9 provinces : 8 avec un nombre défini de villages, autrement dit d’emplacements pour accueillir des figurines, et Yggdrasil qui est une province-boucherie au centre du plateau sans limite de place. On trouve également 4 fjords pour placer nos bateaux. Sachant qu’un fjord touche toujours 2 provinces et qu’il est considéré comme faisant partie de celles qu’il touche, ce qui se passera dans une province influera aussi le fjord.
Au début de la partie, en fonction du nombre de joueurs, certaines provinces seront déjà détruites par le Ragnarök, rendant ces zones inaccessibles pendant le reste de la partie et réduisant bien évidemment l’espace pour nos petits soldats. Il faudra donc jouer un peu des coudes.
Ensuite, à la fin de chaque âge une nouvelle province sera détruite. Je tiens à préciser que pour un viking, il n’y a rien de plus beau et magnifique que de mourir brûlé et calciné par les flammes du Ragnarök. Si, à la fin de l’âge, vos figurines se trouvent sur la province détruite, tous vos soldats meurent… Mais vous gagnez des points !
Chaque âge peut se diviser en deux phases principales (y en a des petites aussi si on veut pinailler, mais ces deux-ci sont le cœur du jeu).
Une phase de Draft et une phase d’Action.
La phase de draft
C’est une phase hyper giga méga importante parce qu’elle va définir le reste de l’âge. Je ne vais pas expliquer ce qu’est du draft ici, c’est simplement une méthode de choix de cartes. Je la trouve extrêmement intéressante et bien choisie ici car de ce fait, on aura une petite idée du jeu des autres, réduisant un peu le hasard mais pas complètement. Les choix seront légions. « Est-ce que je prends cette carte intéressante pour moi mais laisse une autre encore plus intéressante pour l’ennemi ? »(contre draft), « Il m’a laissé cette carte sûrement en imaginant que je la prendrai, alors est-ce que je la prends ou lui fait une surprise ? » (bluff), etc.
Cette phase est très intéressante mais assez laborieuse au début : l’auteur recommande d’ailleurs pour la première partie de simplement distribuer les cartes et de jouer avec, sans les drafter. Ce n’est pas bête car au début on est assez largués.
On parle de cartes mais je vais quand même un peu les détailler sinon vous n’allez rien comprendre à ce que je vais dire et ça va être l’escalade de la frustration et la montée en puissance des extrémismes.
Elles sont réparties de deux manières différentes, par couleur et également par dieu.
> Tyr : dieu de la guerre, donc principalement des cartes à jouer en combat ;
> Odin : dieu des dieux, le Zeus Viking, des cartes qui vont permettre de plus rapidement booster ses caractéristiques ;
> Heimdall : je me permets un petit intermède culturel, dans la cosmologie Viking, notre monde est un arbre appelé Yggdrasil, et celui-ci est composé d’Asgard, le royaume des dieux et de Midgard le royaume des hommes, ces deux sont reliés par le bifröst, une sorte d’arc-en-ciel qui fait office de passerelle. Heimdall est le gardien de ce chemin. Tout ça pour dire que ces cartes sont principalement pour le combat mais permettent de faire quelques petites surprises aux autres joueurs.
> Loki : dieu de la perfidie et de la trahison, je crois que c’est assez clair. Ce seront des cartes qui permettront des faire des coups bas aux autres joueurs, tel que voler des points de rage/gloire, ne pas perdre d’unité, gagner des points lors de défaite…
> Frigga : déesse de l’amour (quelle horreur !) et de la fertilité qui permettra de protéger ses unités et de les améliorer plus facilement ;
> Thor : dieu du tonnerre, contient principalement des cartes d’amélioration pour son peuple ainsi que des moyens de gagner des points de victoire.
Les rouges : Ce sont des cartes à jouer pendant les combats ;
Les vertes : Les quêtes, elles permettent de gagner des points et augmenter ses caractéristiques ;
Les noires : Les améliorations, il y en a de plusieurs types, pour les guerriers, leaders, bateaux, pour son clan et également les monstres neutres qui sont aussi considérés comme des améliorations.
La phase de draft va donc avoir pour but de choisir 6 cartes que l’on va jouer pendant l’âge.
La phase d’action ou appelée « le massacre »
La Rage : elle définit notre nombre de points d’action pour le début de l’âge ;
Les haches : c’est le nombre de points de gloire (victoire) qu’on gagne lorsqu’on sort victorieux d’un combat. Je précise, je dis « victorieux » et pas « vivant » parce que ce n’est pas nécessaire d’être en vie pour gagner…
Les cornes : c’est tout simplement notre limite de nombre de figurines qu’on peut disposer sur le plateau.
Ensuite, voici le nerf du jeu, il vous les mettra d’ailleurs à vif ! Chaque joueur effectuera à son tour UNE seule action parmi les cinq suivantes en dépensant des points de rage :
- Envahir
- Déplacer
- Améliorer
- Poser une quête
- Piller
Ensuite, l’âge se terminera de 2 façons : soit plus personne n’a de rage, soit toutes les provinces ont été pillées. C’est très important : si on gère mal son coup, on peut au final avoir économisé de la rage pour rien car les autres joueurs ont finalement tout pillé…
Je vous décris le pillage car pour moi c’est l’action la plus intéressante. On va piller une province (on n’attaque pas directement un autre joueur), on va donc devoir être celui qui a le plus de Force (évidemment, chez les Vikings, le dialogue et la négociation n’ont pas beaucoup d’utilité). Je rappelle que la Force dépend de nos figurines : un leader vaut 3 points, un bateau dans un fjord adjacent 2 et un guerrier 1, la Force des monstres est variable de 1 à 4.
Si je suis seul, je peux prendre la récompense de la province directement (elles permettent d’augmenter une statistiques ou de gagner des points de victoire) par contre si quelqu’un est sur la même province, il est obligé de participer au combat pour m’empêcher de piller.
Une autre chose très intéressante du jeu : les personnes qui sont dans les provinces adjacentes ont la possibilité de rejoindre le combat (je précise qu’Yggdrasil est en plein milieu du plateau donc touche toutes les provinces, je vous laisse réfléchir aux conséquences, niark niark), c’est donc assez rare de pouvoir piller tranquillement.
Chaque joueur tour à tour, en commençant par la gauche du joueur qui a initié le pillage, peut amener une figurine sur la province pillée pour participer au combat. On continue ensuite jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place ou que plus personne ne veuille ajouter de figurine (sauf sur Yggdrasil où il n’y pas de limite de place, niark niark).
Ensuite, tous les belligérants (ce n’est pas un mot qu’on arrive à placer tous les jours), devront jouer une carte, soit une rouge qui augmentera notre total de Force, soit une quête, ou encore une amélioration comme un bluff, elle n’aura aucun effet.
Une fois que tout le monde a joué sa carte on regarde qui a le plus de Force, celui-ci gagne le pillage, et reçoit autant de PV que sa valeur de haches. Toutes les autres figurines ennemies sont tuées, direction le Valhala. En cas d’égalité c’est assez facile… Tout le monde meurt.
Les cartes ne se contentent évidemment pas d’augmenter notre Force. On a plein d’effets différents : des cartes qui donnent peu de Force mais permettent de gagner des PV si on gagne le combat, des cartes qui permettent de voler une carte à l’autre si on perd le combat, ou encore des cartes qui donnent la possibilité de détruire une figurine adverse avant de comparer la Force, etc.
Mon avis 100% complètement et uniquement objectif 😉
Ce qui m’a plus dans Blood Rage
Les mécanismes du jeu sont très intéressants, notamment grâce au draft qui permet d’avoir une idée du jeu des autres et qui réduit le hasard en orientant notre stratégie. Ils sont également bien en lien avec le thème, le ragnarök qui avance, les manières de jouer en fonction des dieux, etc. Le thème du jeu, c’est personnel mais j’adore jouer des vikings accompagnés de trolls de glace, géants des montagnes ou de nains.
Le matériel est au-delà de toutes mes attentes, les figurines et les cartes sont magnifiques. Les fiches de clan sont ergonomiques et la mise en place n’est pas du tout laborieuse.
La rejouabilité est excellente grâce aux diverses stratégies et améliorations possibles. On peut par exemple être un vrai bulldozer et bêtement avancer en essayant de tout piller, on peut jouer une stratégie défensive, on peut viser de gagner le plus de quêtes possibles, on peut faire exprès de perdre des batailles/figurines pour gagner des bonus ou voler des choses aux adversaires, etc.
Certains gamers n’aiment pas trop ça mais je précise quand même qu’il y a déjà 3 extensions, une qui permet de jouer à 5 (le jeu est d’ailleurs génial dans cette config) et deux autres qui rajoutent des dieux et des unités. J’ai bien sûr déjà acheté ces extensions, je ferai peut-être un article dessus, selon le retour que j’aurai sur celui-ci. 😉
Les règles restent assez simples (mais pas simplistes) et le tour de jeu est vite expliqué.
Le jeu n’est pas très long (1h-1h30) et peut être facilement amené dans une soirée jeu.
Ce qui m’a plus aussi… Mais peut déplaire à d’autres !
Je précise que tous ces points ne sont pas négatifs pour moi et qu’ils font partie inhérente du jeu. Pour prendre un exemple simple, c’est un peu comme dire que l’on n’aime pas le jeu de l’oie parce qu’il y a beaucoup de hasard : certes mais le jeu a été conçu autour de ça.
Le draft induit forcément que l’on soit un peu perdus sur la première partie, vu qu’on ne connaît pas trop l’intérêt des cartes. Mais dès la deuxième, on ne prend que du plaisir.
Le jeu est assez punitif. Si on prend du retard au début, ça peut être dur de suivre, je dis bien « dur » mais pas « impossible » car on peut facilement tendre des pièges aux autres. Par ailleurs, il existe une règle très importante qui équilibre énormément le jeu : lors d’un combat, le gagnant doit défausser sa carte jouée tandis que le perdant doit la reprendre. Donc si on perd face à quelqu’un qui a joué une carte super cheatée, il va la perdre tandis que nous reprendrons la nôtre. Il ne la jouera donc qu’une fois.
Un autre autre aspect intéressant : certaines cartes favorisent le perdant. Par exemple « Si je perds la bataille je vole 2 points de rage au gagnant ». Vu que j’ai perdu la bataille je garde ma carte et c’est le gagnant qui défaussera la sienne. À partir de maintenant, tous les autres joueurs savent que j’ai cette carte et ne m’attaqueront plus par peur de perdre des points. J’espère que vous suivez.
Il y a également des excellentes combinaisons à faire, et une fois qu’un joueur a réussi à les faire, il va être dur pour les autres de lui mettre des bâtons dans les roues. Il faut donc assez bien connaître le jeu pour tout de suite sentir quand un joueur part dans une direction aux combo surpuissants et l’en empêcher.
Pour l’anecdote, à ma dernière partie à trois joueurs, l’un d’entre nous avait une combo qui lui permettait de faire une vingtaine de points par action et il a donc finalement scoré à 190 points, et les autres (dont moi) n’avons pas pu faire grand-chose. Mais si on l’avait tout de suite empêcher de poser les cartes qui l’intéressaient, on aurait pas été dans cette situation…
Le jeu a un aspect chaotique car on ne sait presque jamais si on va gagner une bataille, mais moi je trouve justement ça génial. Cela apporte du réalisme, énormément d’interaction (et de cris) autour de la table. Les joueurs devront également s’adapter à toutes les situations et être capables de vite prendre des décisions. Dans Blood Rage il faut savoir changer de stratégie au dernier moment.
Je consens que certaines personne n’aiment pas ce genre de choses, et je comprends d’ailleurs que le chaos n’a pas sa place partout. Si après 8 heures de parties de Fief je perds tout sur un mauvais jet de dés, là on est en droit d’enfoncer les pions dans les orbites de son adversaire. Par contre dans Blood Rage ce chaos fait partie du jeu et de son thème, c’est pour ça que je ne trouve pas cela si nuisible.
Pour conclure (enfin….) sur Blood rage
Ce jeu est une tuerie. Si vous aimez un tant soit peu la mythologie nordique ou les jeux de conquête de territoires, foncez sans réfléchir tel un Viking.
J’espère que vous avez pris autant de plaisir à lire cet article que j’en ai pris à l’écrire, je me réjouis de lire vos commentaires autant sur le fond que sur la forme. Si la lecture n’était pas trop indigeste vous pouvez continuer à lire les quelques paragraphes suivants, sinon vous pouvez arrêter là. 🙂
Comparaisons avec Chaos dans le vieux monde
Blood rage est souvent comparé à Chaos dans le vieux monde, je pense, principalement parce qu’ils sont du même auteur. Ils ont en commun l’idée globale : On joue un clan/dieu du mal qui attaque des zones/peuples neutres qui n’ont rien demandé.
Blood rage a cette « semi-asymétrie » dont je parlais, à savoir qu’on commence tous au même niveau et c’est pendant le jeu qu’on se spécialise, tandis que Chaos dans le vieux monde est un jeu de pure asymétrie, chaque dieu se joue différemment et chacun a une stratégie déjà définie à l’avance.
Blood rage est un peu plus « light » : des règles un poil plus simples pour un jeu plus court. Chaos dans le vieux monde donne des parties plutôt autour des 2 à 3h contrairement aux 1h-1h30 de Blood rage .
Blood rage se joue à 2 tandis que Chaos dans le vieux monde non, c’est un point important je trouve car beaucoup de joueurs (dont moi) jouent en couple.
Les combats sont sensiblement différents, Blood rage se résout avec des cartes et Chaos dans le vieux monde avec des dés.
Les deux titres ont assez en commun pour être comparés mais je pense qu’ils ont aussi bien assez de différences pour être considérés comme deux jeux complètements distincts. Ils ne font pas doublons à mon avis.
Les Extensions
► 5ème joueur.
Mécaniquement, elle n’apporte rien de nouveau, juste un nouveau clan, le bélier, et des cartes pour en avoir assez pour 5 joueurs. Cette config est très intéressante car ce phénomène de « win-to-win » qui peut être observé des fois est réduit pour la simple et bonne raison que si un joueur prend un peu d’avance, il y en a 4 autres qui vont le maraver.
► Les mystiques de Midgard.
Cette extension apporte une nouvelle unité : Les dromadaires du nord. Non je plaisante, c’est bien sûr les mystiques (sorte de Shamans). Chaque peuple en a deux mais qui ne sont pas disponibles en début de partie. Ils ont 2 de Force et peuvent envahir gratuitement, comme un leader.
Pendant le jeu, les joueurs pourront obtenir des cartes d’amélioration de mystiques qui leur conféreront des bonus très puissants. Pour chaque carte jouée, on débloquera un mystique. Il faudra donc jouer deux cartes pour débloquer nos deux figurines. Je n’ai pas testé cette extension mais elle a l’air d’apporter un plus intéressant car ça ouvre une nouvelle stratégie…
► Les dieux d’Asgard.
Les dieux font leur apparition pour de vrai ! On a droit à 6 figurines, pour rappel : Odin, Thor, Heimdall, Loki, Tyr et Frigga. À chaque partie on tirera deux dieux au hasard qui seront actifs pendant toute la partie. Ils seront posés sur différentes provinces et modifieront certaines règles.
Par exemple lorsque Tyr est présent, seules les cartes combat comptent durant une bataille et plus les figurines. Pour Odin, lorsqu’un pillage est réussi, le gagnant peut gagner deux fois la récompense, etc.
Les dieux se déplaceront pendant la partie. Je n’ai pas non plus testé cette extension mais elle a l’air d’apporter une bonne variante car elle rendra certaines provinces plus intéressantes que d’autres. De plus, comme il n’y a que deux dieux sur six joués en même temps, cela amène une bonne rejouabilité.
Un jeu de Eric Lang
Illustré par Adrian Smith
Edité par Cool Mini Or Not, EDGE en France
Distribué par Asmodée en France
Pays d’origine : USA
Langue et traductions : Français, Anglais
Date de sortie : Fin 2015
De 2 à 4 joueurs, Optimisé à 4 joueurs
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Wraith75 03/11/2015
Salut Nelijah et bienvenue,
Très bon premier article. J’ai essayé ce jeu mardi passé, et moi qui suis plutôt tout sauf agressif comme joueur, je me suis éclaté, et j’ai même gagné !
C’est clairement un jeu où, contrairement à ce que je fais dans d’autres jeux de civilisation, il ne faut pas rester dans son coin; il faut se lever et aller botter le popotin velu des voisins.
Je crois que, ce qui m’a vraiment plu, c’est de faire une « stratégie Loki », où je retournais mes défaites en victoires. C’était plus en accord avec mon style de jeu habituel =)
Visuellement, le jeu est évidemment une tuerie, mais les mécaniques sont solides et le chaos ne me dérange pas du tout et sied merveilleusement au thème (après tout le monde est en train de disparaître).
Et il y a même de quoi rire (qui a dit « jaune » ?), quand un joueur amasse ses guerriers sur le territoire qui va être détruit, cherchant la gloire, puis que le suivant recrute un géant de feu, le place sur l’emplacement restant, et élimine les pauvres guerriers. Bah, après tout, ils étaient prêts à se sacrifier, non ? 😉
atom 03/11/2015
Tu as réussi a m’intéresser a un jeu qui ne m’avait pas motivé jusqu’à maintenant. J’adore le thème. je pense que je vais le proposer a l’asso, il a tout a fait sa place. ça a l’air fun vif tranchant, de bonnes idées (j’aime beaucoup l’idée que le gagnant défausse sa carte pas le perdant). les défauts que tu cites ne me dérange pas pour un jeu de cette durée.
Question, que vaut le jeu sans ses extensions, vu que c’est trop tard pour pledger. est ce que c’est vraiment autosuffisant ?
DaP 03/11/2015
Le jeu tourne très bien sans ses extensions! Il y a beaucoup de créatures neutre dans les extensions qui peuvent être interessantes avec des pouvoirs différents. Le jeu a 5 joueurs vaut le coup car cela rajoute pas mal de calcul aux problemes que nous avons, et donc apporte un peu de piment au jeu. L’extension avec les « mystics » est sympa et comme les créatures neutre peu ajouter un petit plus au jeu suivant les styles. L’extension des dieux quand à elle est plus compliquée car elle change presque le gameplay un peu du jeu on apportant des nouvelles conditions de victoire sur des territoires, et il s’est même trouvé une partie ou avec mes potes nous avons fait « bugger » le jeu avec cette extension; donc celle-ce n’est pas a prévoir pour les néophytes, mais par contre pour ceux qui ont déja roulé leur bosse sur le jeu ca peu apporter un vent de fraicheur et de nouveauré au titre (si il en a besoin, mais ce n’est pas forcément le cas).
Voila, j’ai pas mal rouler ma bosse sur le jeu vu que j’avais pledge avec toutes les extensions car mon nez avait senti le gros jeu qui désslipe sa maman!
Sha-Man 03/11/2015
Peux-tu nous dire comment ça a fait bugger le jeu ? T’as regardé sur BGG si ça s’était déjà produit et qu’il y avait une FAQ pour ça ? Je suis curieux.
DaP 03/11/2015
Non j’ai pas regarder sur BGG, mais on avais une phase de jeux ou on etait seulement 2 à pouvoir jouer, avec une égalité en combat (donc normalement dans ces cas las tout le monde perds), mais on avait la divinité Frigga sur la zone qui empêchait n’importe qui de mourir sur la zone. Si jamais aucun de nous ne voulais dépenser son dernier point de rage pour faire autre chose et donc abandoner la zone a piller, la manche ne pouvais pas se terminer. (a peu pret si je me souvient bien)
Zuton 03/11/2015
Merci Nelijah pour ce bel article et ravi de faire ta connaissance !
Je vois que tu es un devenu un expert et accro de Blood Rage !
J’ai également baké la totale et effectué pour l’instant une seule partie à 4 joueurs qui s’est soldée par un effet « win to win » et « loose to loose » dû entre autres au dieu Odin qui double les récompenses : lire mon compte-rendu (et autres réactions sur l’annonce du jeu en VF) sur le forum ici . (Il serait d’ailleurs pas mal de mettre le lien vers le sujet du forum en début d’article.)
J’ai l’impression que cela rejoint ton commentaire sur l’aspect punitif du jeu.
Nelijah 03/11/2015
Merci pour vos retours !
pour répondre à la question des extensions, j’ai refait pas mal de partie entre temps depuis que j’ai écrit l’article (eh oui ma vie sociale en a pris un coup) et je joue avec tous les monstres en extension (fenrir, géant des montagnes, loup-garou,…) je trouve que ça apporte un peu plus non négligeable et de nouvelle stratégies cependant le jeu de base est vraiment super complet et recelle de subtilités pour avoir assez de quoi faire pendant un bon moment. Je n’ai toujours pas testé les mystics et gods car je n’en ressens tout simplement pas le besoin mais je m’en réjouis.
et pour te répondre Zuton en effet je trouve que l’aspect win to win est plutôt dû aux erreurs des joueurs en fait. parmi toutes les partie que j’ai fait, ce côté où un joueur va prendre beaucoup d’avance et qu’il est presque impossible de rattraper n’est apparu que quand il y avait des novices sur la table qui ont fait pas mal d’erreurs. Depuis que je rejoue principalement avec les mêmes personnes, les parties ont toujours été équilibrés et très tendues. Moins on est autour de la table plus c’est punitif je trouve, à deux joueurs, une erreur peut vraiment être fatal, du coup c’est vraiment à s’arracher les cheveux mais je trouve ça génial^^
TSR 17/12/2015
Bon, j’ai essayé le jeu, et très clairement, c’est le jeu de l’année pour moi. J’étais déjà pas mal fan de Chaos dans le vieux monde, et le père Lang a revu et corrigé sa copie de manière absolument magistrale. Évidemment, le matons est absolument splendide, pas de problème. Mais il y a un vrai jeu dans la boîte ! C’est rapide (pour moi, moins de deux heures, c’est rapide) nerveux, agressif, tendu, on s’éclate dans tous les sens.
oui le jeu ne pardonne pas les erreurs, dans ma dernière partie j’ai mal drafté au dernier âge et malgré une solide avance sur les autres joueurs, je n’ai eu aucun impact sur la dernière phase et je me suis fait carrément défoncer. Mais j’ai compris ce que j’avais mal fait, et même si le jeu du draft peut se retourner contre soi de temps en temps (on peut ne voir vraiment passer que des cartes peu intéressantes, vu qu’à l’âge 3 on a déjà bien structuré son clan sur une stratégie donnée) était là on passe un sale quart d’heure.
mais nom de dieu, quel jeu !
d’ailleurs, Tom Vasel l’a déclaré meilleur jeu de l’année et ce n’est pas du tout étonnant.
Nonos 29/02/2016
« Blood Rage est un jeu de conquête de territoire utilisant des mécanismes de draft et de gestion de points d’action. »
Cyclades par exemple rentre dans cette catégorie avec une mécanique de « conquête de territoire », mais pas Blood Rage.
Blood Rage est un jeu qui utilise une mécanique de « contrôle de territoire« , comme Kemet ou Chaos dans le Vieux Monde,…
Je voudrais en profiter pour poser une petite question sur ces jeux. Je suis vraiment très très fan de Kemet (avec ou sans l’extension), je me demande si ça vaut vraiment la peine d’investir dans Blood Rage.
Vu le tarif du jeu et vu que j’ai déjà Kemet et son extension, je voudrais être vraiment sûr que Blood Rage apporte vraiment une forte valeur ajouté par rapport à un déjà excellent Kemet.
Pas la peine de venir me parler figurines, oui, je sais, les figurines de Blood Rage sont sublimes (celles de Kemet sont sympas aussi, donc…), mais c’est pas ça pour moi une forte valeur ajouté, si vous voyez ce que je veux dire, c’est finalement le même débat que les graphismes dans les jeux vidéo, c’est pas ça qui fait un bon jeu.
Ceux qui ont déjà vraiment joué aux deux jeux et qui les maitrisent plutôt bien, pourriez-vous donner vos impressions, sentiments, etc…, faire un petit (ou un gros) comparatif ?
Merci.
Nelijah 29/02/2016
Je ne suis pas un pro de Kemet (j’ai fait quand même 5 parties^^) par contre BR je connais bien donc je vais me tenter à un comparatif.
On a la même idée de base : tout le monde commence avec un peuple aux mêmes caractéristiques et durant la partie chaque joueur le fera évoluer selon sa stratégie.
Dans Kemet, TOUS les pouvoirs sont à dispositions de base pour tout le monde et ce à chaque partie tandis que dans BR on choisira les amélioration avec un système de draft au début de chaque âge donc tu n’auras pas forcément la carte que tu veux mais surtout tes adversaires n’auront peut-être pas celles qu’ils veulent. Le draft laisse donc un peu plus de place au hasard mais amène un peu de guessing (tu laisses une carte à ton adversaire en imaginant qu’il va la prendre mais tu n’en sais rien) contrairement à Kemet où tout le monde a les mêmes tuiles à disposition. A ce niveau là je trouve que BR a une meilleure rejouabilité car il oblige parfois les joueurs à jouer diffèrement donc il y a moins de chance que les parties se ressemblent.
Dans Kemet, peu importe ta stratégie, tu as intérêt à être aggressif avec les autres et à attaquer. Le jeu est très axé sur le combat. Dans BR moins je trouve, tu peux avoir des stratégies basés sur les quêtes et n’avoir pas forcément intérêt à déclencher des combats.
Les combats sont d’ailleurs très différents. Dans Kemet, les combats se jouent avec un deck de cartes, chacun a le même donc on connaît tous la carte la plus forte et tu peux bien imaginer ce que ton adversaire va faire. Il y a donc moins de grosses surprise, quand tu attaques qqn, tu es en général avec de bonnes chances de gagner.
Dans BR, les combats sont bien plus chaotiques, déjà parce que tu peux te retrouver à 4 dans un combat (tandis que kemet ce sera que du 1v1). Ensuite parce qu’il y a une multitude de carte combat avec pléthore d’effets insupportables, donc il est assez rare d’être sûr de gagner un combat (ceci est réduit quand tu connais bien le jeu et que tes adversaires aussi mais bon, au final on joue souvent avec 1 ou 2 personnes qui découvrent le jeu). Il m’est arrivé plusieurs fois d’engager un combat en étant sûr de gagner et soit je le perds à cause d’une carte bien emmerdante qui me détruit toutes mes figurines ou d’être pénalisé parce que le perdant du combat me vole des points si je gagne. Les combats de Kemet sont donc moins hasardeux et plus calculatoire mais sont aussi le centre du jeu. dans BR, j’ai vu des gens gagné sans jamais faire de combats, c’est rare mais possible (à kemet tu peux oublier).
Une grosse différence aussi est le moment de fin du jeu, dans kemet quand quelqu’un a 8 (ou 10) points à la fin du tour, il a gagné et c’est fini. Dans BR tu joues sur 3 âges comme un 7 wonders, et à la fin du 3ème, tu comptes les points et celui qui en a le plus gagne. Je trouve la méthode de BR plus intéressante car tu as plein de moyens de gagner des points (gagner/perdre des combats, faire des quêtes, diverses améliorations,…) tu vas donc plutôt réfléchir à comment te faire le plus de points possibles durant le jeu comme dans un jeu de gestion. Tandis que dans Kemet, tu gagnes principalement des points en gagnant des combat ou en contrôlant une zone. Ta stratégie va donc plutôt se baser sur comment gagner des combats efficacement.
Voilà j’espère que pour toi c’est clair. Pour donner un peu mon opinion je préfère quand même BR. Je le trouve plus tendu et plus fun que kemet, j’aime les mécaniques de draft, les améliorations ainsi que le principe du ragnarok et les multiples stratégies possibles. Toutes les personnes à qui je l’ai fait testé ont adoré (cela fait une douzaine de personnes) tandis que Kemet a fait des septiques. Par contre BR est beaucoup plus chaotique et peut être rageant contrairement à Kemet où tu auras moins de surprise et de hasard.