Asmodee : un bilan annuel plein de confiance

Asmodee publie son deuxième bilan depuis son entrée en bourse, survenue peu avant le 30e anniversaire de l’entreprise (news). Ce premier exercice en février dernier indiquait un chiffre d’affaires en hausse de 11,3% par rapport à l’année précédente, dont 12,9% de croissance organique. Celui du jour annonce une hausse également : Le chiffre d’affaires a en effet augmenté de 23 % au cours du premier trimestre, dont 23,6 % proviennent de la croissance organique.

Les ventes de jeux publiés par les studios d’Asmodee ont progressé de 10,2 %, et celles des jeux publiés par des partenaires ont bondi de 32,5 % (toujours sur le trimestre). La marge d’EBITDA ajustée est de 11,9 % (contre 15,2 % l’année précédente), en baisse à cause d’un mix de ventes moins favorable et de coûts d’exploitation plus élevés (la marge d’EBITDA est le résultat avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements et sert à mesurer la rentabilité réelle d’une entreprise). L’an passé avait aussi bénéficié du déstockage post-Covid. 

Sur l’année complète, le bénéfice net est légèrement positif : 4,7 millions d’euros, contre une perte de 541,2 millions l’année précédente. La trésorerie libre (après impôts et loyers) d’Asmodee s’avère très solide : 197,3 millions d’euros, ce qui montre que l’entreprise génère beaucoup de cash, même après ses dépenses principales.

On retiendra également qu’entre avril 2024 et mars 2025, les jeux créés en interne par les studios d’Asmodee ont connu une très bonne année, avec +16,9 % de ventes. Les jeux publiés par des partenaires (autres éditeurs) ont aussi progressé, mais plus modestement, avec +4,3 %.

Une performance soutenue par plusieurs nouveaux jeux populaires (citons Star Wars: Unlimited, La Communauté de l’Anneau : Le Jeu de Plis Coopératif, LEGO Monkey Palace et Le Seigneur des Anneaux – Duel pour la Terre du Milieu ou encore Happy Mochi) et par la solide continuité de ses jeux emblématiques (CATAN, Dobble, Exploding Kittens…).

Le bilan a permis à Thomas Kœgler (PDG) de souligner le succès du TCG Village lors du FIJ (Festival International des Jeux de Cannes), mais aussi de mettre en avant les bons résultats de One Piece (notre article sur le jeu) distribué en anglais par Asmodee dans plusieurs régions, et récemment lancé en français. 

Asmodee continue de diversifier ses univers : la franchise Legend of the Five Rings s’est récemment étendue au jeu vidéo avec le lancement de Shadowveil, développé par Palindrome (Embracer Group). En parallèle, le groupe met en avant son engagement environnemental : CATAN Studio a été salué par le magazine américain Fast Company comme l’une des 10 entreprises les plus innovantes en matière de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), notamment grâce à CATAN – New Energies, un jeu conçu pour sensibiliser aux défis climatiques de façon ludique.


Droits de douane et avenir 

Malgré un impact limité pour le moment, les effets à long terme des droits de douane récemment annoncés demeurent incertains. Asmodee s’appuie sur une stratégie de diversification géographique qui lui permet d’amortir ce genre de chocs : si 17 % de son chiffre d’affaires provient des États-Unis, une part non négligeable des jeux vendus sur ce marché — représentant 12 % des ventes globales — est produite en Chine.

Face aux tensions commerciales, le groupe assure avoir pris les devants. Il a révisé sa chaîne d’approvisionnement, retardé certaines importations, ajusté ses prix à la hausse, et renforcé ses mesures de contrôle des coûts. D’après Thomas Kœgler, un ensemble de décisions rendues possibles grâce à un modèle industriel externalisé et flexible, qui lui permet de réagir rapidement aux évolutions du marché mondial.

Pour l’avenir, Asmodee s’annonce confiant, avec la sortie de nouvelles éditions majeures comme la 6e édition de CATAN, LEGO Brick Like This! (qui s’avère être la réédition de Brick Party paru chez Iello il y a quelques années) ou encore Star Wars: Battle of Hoth (news) le nouveau Memoir’44 sauce Star Wars. L’entreprise se félicite d’avoir un écosystème solide, notamment en gardant des stocks stratégiques sur les titres clés pour contrer les effets des taxes et tensions d’approvisionnement. Néanmoins, pas de dividende versé cette année : Asmodee préfère réinvestir plutôt que distribuer, signe d’un choix stratégique de consolidation.

Et quid d’Embracer ? 

Pendant ce temps, l’ex Embracer devient Fellowship Entertainment, recentré sur ses studios (Crystal Dynamics, THQ Nordic, PLAION, Warhorse, 4A Games, etc) et grandes licences (Le Seigneur des Anneaux / Le Hobbit, Kingdom Come: Deliverance, Tomb Raider, etc). Le groupe a annoncé son intention de séparer Coffee Stain Group pour en faire une entreprise indépendante d’ici fin 2025. Malgré une baisse annuelle du chiffre d’affaires et de la rentabilité, Embracer termine l’année sur une note solide, surtout grâce à son RPG réaliste Kingdom Come II. La société se restructure activement et vise une montée en puissance qualitative sur ses prochaines sorties. 

[MàJ 22/05/25]
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