Anunnaki les dieux sont de sortie

Anunnaki a été lancé sur kickstarter en 2022, une création de Danilo Sabia et Simone Luciani. une sorte de 4x avec un thème de dieu alien et de panthéon Grec, Égyptien, Vikings, etc. il sort en juin chez Intrafin Games en français. Depuis Wendake, j’attends un peu ce qu’allait nous proposer Danilo Sabia son auteur, si Wendake n’est pas parfait, il a somme toute quelques originalités qui le rendent marquant à mes yeux, suffisamment pour figurer dans une ludothèque même si c’est pour y jouer une fois tous les deux ans. 

Revenons donc à Anunnaki, nous sommes en mai 2022, Anunnaki a été lancé sur kickstarter, le thème m’accroche moyennement, mais les mécaniques m’intriguent sans pour autant être totalement emballé. je pressens aussi le jeu un peu surgonflé pour passer par kickstarter.

Je regarde fébrilement le temps s’égrainer et un peu au dernier moment, la curiosité étant trop forte je me décide à pledger le jeu. Ce qui est drôle avec kickstarter c’est qu’avec le temps on oublie ce que l’on a financé. Un an plus tard, après quelques retards, il arrive enfin sur nos tables, vient le moment de lire les règles et de redécouvrir le jeu.

 

Anunnaki l’aube des dieux

Les Anunnakis sont des extra-terrestres venus de Nibiru (leur planète), descendus sur Terre pour créer les premiers hommes, ce serait eux qui auraient créé l’homo sapiens. C’est une théorie complètement foutraque non pas de Maitre Gims, mais de Zecharia Sitchin. Lui en tout cas y croyait.

Dans le jeu c’est surtout une manière de nous proposer de jouer différents panthéons, Grec, Égyptien, Babylonien et Viking et avec les extensions Japonais et d’Amérique du Sud. Chacun ayant ses spécificités. C’est surtout un prétexte pour se foutre joyeusement sur la tronche.

 

 

Les Dieux des Panthéons envahissent le plateau !

On commence donc avec notre grand plateau personnel, nos dieux mineurs et notre dieu majeur. Pour l’exemple, j’incarnerai les Norrenis qui ne sont autres que les glorieux vikings. On démarre avec une forte asymétrie, notre dieu a un pouvoir de base, mais aussi un autre que l’on débloquera peut-être plus tard. Mes colonies sont des drakkars et peuvent se déplacer, ce qui me semble un sacré avantage. Plus tard, je pourrai même leur attribuer de la force pour les combats. En début de partie on démarre aussi avec 4 dieux mineurs que l’on peut choisir ou prendre au hasard parmi 8. De quoi agrémenter la rejouabilité.

 

Certains ont des effets au moment de l’invocation, d’autre des conditions de points de victoire en fin de partie, d’autres encore des effets permanents.

 

On débute tous avec notre planète, notre colonie et troupe de départ. Planète que l’on va pouvoir exploiter pour récupérer des ressources, et même combattre un espèce de dieu pour se faire un peu la main et récupérer divers bonus. Mais le but c’est d’aller se cogner contre les autres joueurs et contrôler un maximum de territoires à la fin, enfin un des buts dirons-nous.

Niveau mécanique, nous avons un plateau fait de zones d’action que l’on va pouvoir activer avec notre pion du même nom, pour récolter des ressources, déplacer nos troupes et même les téléporter. Un peu comme Scythe, au prochain tour on devra déplacer notre pion sur une autre case action.

 

Le pentacle qui sert de plateau action

 

Ce plateau est structuré autour d’un Pentacle. Si l’on peut jouer n’importe quelle action à son tour, on peut aussi et c’est mieux, essayer de chaîner nos actions car ce faisant on va placer des cubes sur ces liaisons et gagner du mana (nous y reviendrons) et surtout débloquer nos dieux mineurs ou majeurs qui nous donnent des pouvoirs immédiats ou permanents assez puissants. C’est notamment avec notre dieu majeur que l’on va débloquer le deuxième pouvoir de notre faction.

Une fois que l’on a réalisé notre action principale, on peut en réaliser une (et une seule) secondaire en dépensant du mana et des ressources, pour construire une colonie, ce qui favorisera notre implantation, placer des troupes, ou encore récupérer deux cartes de combat. Et tout semble important, il faudra donc faire les bons choix, en fonction de la stratégie que l’on veut mener ou des opportunités que l’on cible.

Si l’étoile nous oblige un peu à suivre les chemins avec le mana on va pouvoir optimiser et choisir des axes stratégiques. L’étoile nous contraint, le mana nous rend notre liberté.

 

les combats justement ?

On est dans un jeu mécaniquement proche de Scythe, on n’est pas obligé de se tataner, mais comme on reste dans du contrôle de territoire, il faudra quand même y aller. Les premiers combats sont plutôt réalisés contre les anciennes civilisations qui ne sont autres que des joueurs neutres, ce qui permet de se mettre en jambe. On connait leur force, mais il reste une inconnue qui sera dévoilée quand on retournera le jeton.

Quoi qu’il en soit, si l’on finit notre déplacement sur une zone où est présent un autre joueur il y a baston. Le système est simple, on compte les forces en présence, un par troupe, deux par dieu mineur et trois pour le dieu majeur. Enfin en tant qu’assaillant on doit obligatoirement jouer une carte d’attaque sans quoi on perd automatiquement (si j’avais su j’aurais pas venu). Ces cartes nous donnent plus de force, ou d’autres avantages, et des points si l’on gagne le combat.

 

Les cartes de défense

 

Notre adversaire joue lui aussi secrètement une carte, mais s‘il n’en a pas me direz-vous ?

Eh bien autant pour l’attaque il faudra aller chercher des cartes avant de planifier une agression, pour la défense on peut soit jouer une carte achetée précédemment, soit jouer une de nos deux cartes de défense de début de partie. L’une d’elle, le lance-pierre donne un joli zéro et consiste en une reddition pure et simple finalement, mais on vole une ressource à l’adversaire, petite compensation. Tandis que l’autre, le bouclier Long donne 4 de force si l’on dépense deux ressources fer toutefois. Ces deux cartes ne sont jamais défaussées, si bien que l’on aura toujours cette alternative. 

Un système bien malin car même en arrivant en force il faut assurer un minimum, tout va dépendre de ce que va faire notre adversaire. On n’est jamais certain de la victoire, sauf si l’on joue la bonne carte, mais laquelle ? Il s’en dégage un petit bluff (léger) très agréable. Au contraire de certains combats de Scythe où l’on sait que l’on a gagné avant même que le combat ne s’engage, parce que tout simplement notre adversaire vient de réaliser un combat et qu’il n’a plus de cartes pour augmenter sa force. Autre point fort, dans Scythe les cartes sont prises au hasard avec une force qui varie de 2 à 5. Dans Anunnaki les cartes combats sont choisies et ça a son importance.

De l’autre côté, les cartes que l’on a achetées vont ajouter de la force, mais aussi un peu de fourberie, parfois on croit gagner, mais notre adversaire joue une carte qui retourne la situation, cela m’a un peu fait penser à Blood Rage. Autre point sympathique, les combats ne sont pas punitifs, on ne perd pas nos troupes, elles reviennent simplement sur notre capitale. Il faudra toutefois les redéplacer si on veut contrôler un territoire ou se venger.

On retrouve les mécaniques bien pensées de l’école italienne, ou on peut toujours s’en sortir et réaliser quelques combos, par exemple, une des actions secondaires que l’on peut accomplir c’est retourner une tuile action adjacente pour la rendre plus forte et en plus on va pouvoir réaliser l’action immédiatement, pour pourquoi pas, planifier le coup suivant.

Les contrats sont un axe à ne pas négliger comme souvent dans les jeux de Simone Luciani où un contrat permet de gagner des points, mais aussi des bonus, pour rejouer immédiatement, gagner du mana, récupérer une carte pour un futur combat, etc. Ceux qui connaissent Darwin’s Journey comprennent ce que je veux dire. Certains de ces contrats nous demandent aussi d’être présent sur la planète d’un joueur et si c’est votre planète qui est indiqué, cela signifie que vous devez vous rendre sur Gaia. Impossible de rester dans son coin.

 

Les tuiles contrats.

 

Si l’on fait tout cela, c’est pour gagner des points de victoire, on a trois pistes qui vont nous donner des points en fin de partie selon une condition et un multiplicateur, cela peut être le nombre de troupes sur le plateau, le nombre de territoires que l’on a gagné ou encore le nombre de colonies, etc. C’est aussi un des timer du jeu car dès que l’on franchit la dernière case d’une des pistes, cela déclenche la fin de la partie. L’autre condition étant de poser tous ces cubes sur son plateau. La partie avançant on va avoir le nez dessus et surveiller les évolutions des autres joueurs.

 

 

Comment on évolue sur ces pistes ? cela peut aller de l’invocation d’un de nos dieux, dans les combats victorieux, en réalisant des contrats, etc. Une sacrée versatilité. Si l’on veut poutrer la civilisation qui se trouve sur Gaïa, il va falloir être bien préparé, en revanche le premier à le faire peut récupérer une des cartes Artefact Alien, un peu comme les cartes usines dans Scythe, oui encore une fois :), et ces cartes Artefacts sont assez puissantes.

 

 

Oui mais ?

Maintenant que j’ai énoncé tout ce qui me plaisait sur ce jeu, je vais rentrer dans les éléments moins reluisants. Commençons par le matériel, je ne suis pas spécialement accroché à de la figurine, mais celles que l’on a dans la boîte sont de qualité moyenne pour être gentil. Le rangement thermoformage est totalement inefficient. Je n’évoquerais pas ces éléments-là si ce n’était pas un kickstarter à plus de 100€ tout de même (port compris).

Tout cela pourrait passer, mais ce qui me met en rogne c’est le côté surdimensionné du jeu, admettons que nous jouons à 4, il faudra 4 planètes du diamètre d’une boite classique d’un jeu sans compter Gaïa légèrement plus grande (le plateau est plié), mais aussi un plateau joueur de la taille de la boîte (pour chaque joueur). Bref je ne vais pas faire une liste à la Prévert mais il faut une table énorme. C’est le genre de jeux que je ne peux pas sortir chez moi, en tout cas pas à quatre. Enfin, si on y arrive on trouve des solutions, mais ce n’est pas confortable, d’autant qu’il faut garder un œil sur les plateaux des autres joueurs il faut se lever régulièrement pour ne pas se faire avoir.

On sent bien que le jeu a été pensé pour kickstarter et en mettre plein la vue, mais sans les moyens des ambitions, matériel plutôt cheap, que ce soit les figurines ou les plateaux, on est loin de la qualité de figurines Awaken Realms par exemple.

 

 

Anunnaki rentre-t-il au Panthéon ludique ?

Au-delà de ces considérations matérielles, on n’a pas été totalement emballé par le jeu, d’abord on nous l’a vendu comme un 4X et comme Scythe (oui encore), on est plus dans un 2.5 X, mais ça ça ne me dérange pas vraiment, ce qui me gêne un peu plus c’est ce faux rythme qui s’installe, cette mécanique avec le pentacle pousse un peu à stéréotyper notre jeu, car on va avoir tendance à optimiser nos actions pour débloquer le plus rapidement nos dieux et il s’en dégage une certaine répétitivité et un manque de dilemme, je sais ce que je vais jouer au tour suivant. On ressent aussi une certaine frustration, le jeu se terminant au moment où l’on commence à ressentir un peu de fun, où nos dieux sont de sortie et justement il faut tout ranger. L’asymétrie est intéressante, chaque dieu va avoir ses points forts et ses points faibles. Même si à titre personnel j’ai une préférence pour les Vikings ou les Babyloniens, les Grecs ou les Essseniens sont moins intéressants à jouer, mais c’est peut-être qu’il ne correspondent pas à mon style de jeu.

J’attendais ce titre avec une certaine fébrilité, d’autant que j’ai adoré Wendake de Danilo Sabia et que je suis avec intérêt tout ce que fait Simone Luciani (qui n’est pas seul ici je le rappelle), mais au final je suis un peu déçu, je ne peux pas dire que ça soit un mauvais jeu, disons qu’il m’a pas marqué, au-delà de certains choix mécaniques malins. J’ai largement préféré leur collaboration sur Rats of Wistar dont on va parler prochainement.

Je pense aussi que son édition grandiloquente le dessert plus qu’elle ne le sert, son thème foutraque ne m’aide pas non plus à entrer dans le jeu. De fait il ne me laisse pas une expérience mémorable, même si je le vois comme un Scythe mais en mieux, mais pour moi ça ne suffit pas, et vous ?

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