Le Seigneur des Anneaux JCE sur Steam : Mon Précieux ?
Si vous avez l’habitude de lire nos colonnes, vous savez que le Seigneur des Anneaux est un jeu important pour notre chroniqueur Fouilloux, qui pouvait se targuer d’être au top 1 des parties rentrées dans le site grâce à ce jeu dont la qualité n’est plus à démontrer ; je vous invite à consulter la fiche du titre pour voir tous les contenus produits dessus (des narrations de campagnes, des guides sur les factions et les extensions…). Et vous n’êtes peut-être pas sans savoir, également, qu’Asmodee s’est lancé dans une vaste campagne de numérisation de son catalogue. En mire, le jeu de cartes évolutif solo ou coop à deux Le Seigneur des Anneaux, originellement édité par Fantasy Flight Games, et ici développé par Fantasy Flight Interactive, une branche dédiée au numérique. Et votre serviteur a pu récupérer un code d’accès pour essayer le portage dudit jeu.
Il s’agira donc de mener notre groupe de héros au travers d’aventures diverses et variées et de triompher avant que notre score de menace atteigne les fatidiques 50, ce qui nous fait perdre la partie ; le groupe peut bien entendu changer et vous devrez adapter vos tactiques en fonction des obstacles rencontrés. Pour rappel, le Seigneur des Anneaux JCE est un jeu à scénarios dans lequel vous devez triompher de menaces scriptées ; qu’il s’agisse de s’échapper d’un donjon ou de vaincre des ennemis, vous aurez toujours du combat et des événements à résoudre (le premier vous faisant perdre le temps précieux nécessaire à la résolution des seconds). Votre équipe de trois héros pourra recruter des alliés, s’équiper, etc, et chaque personnage jouera une fois par tour, alternant avec les forces de Sauron. Une fois que Sauron et le joueur en ont fini, les personnages se remettent d’aplomb, le fatidique compteur de Menace augmente et de nombreux effets se déclenchent. Aujourd’hui, une seule campagne est disponible, constituée de cinq scénarios (et pour rappel, ces scénarios peuvent avoir plusieurs phases, et on voyagera de phase en phase).
Note : il s’agit d’une version en accès anticipé : le contenu du jeu pourrait changer (notamment le didacticiel).
Plein les mirettes
La production value et les (plutôt bonnes) pratiques instaurées dès Hearthstone sont là : le décor ne ressemble pas à une vilaine table ornée d’une nappe mais à une forêt, et je gage que dans d’autres campagnes, il variera. On s’affranchit également du format carte pour préférer un médaillon représentant chaque unité sur le champ de bataille avec son état (bloqueur, épuisé, empoisonné) en surcouche et ses statistiques principales dessus.
L’entrée dans le système de jeu est très simple et logique pour qui a déjà joué à un jeu de cartes numérique, même pour moi qui n’avais jamais pratiqué le jeu physique, et le didacticiel permet d’appréhender les nombreux mécanismes du jeu. Tout n’est pas parfait cependant, mais j’imagine que cela sera réparé plus tard. Notamment les mots-clef, qui ne sont pas tous représentés graphiquement, ni expliqués ailleurs. Même en appelant la carte “carrée” sous format détaillé, on n’a pas les précisions qu’on cherche avec par exemple des infos-bulles. Il m’aura fallu quelques errements pour me rendre compte de ce que je faisais, de comment déclencher mes pouvoirs de Fate, du fait que je pouvais consulter les événements de Menace.
L’habillage esthétique du jeu est en tout cas très réussi et clair, plaisant, avec de belles voix pour narrer les épisodes, et des transitions réussies.
Ergonomie
On a déjà commencé à aborder le sujet, mais l’ergonomie semble très bonne – le deckbuilder fonctionne, le store est clair, le fonctionnement des phases de jeu aussi. Seul subsiste le problème des règles elles-mêmes, que l’on aimerait trouver sous forme simplifiée (ou pas), le jeu reposant sur des stratégies demandant une compréhension totale de ces règles.
Modèle économique
Continuer à fonctionner comme un JCE (LCG) traditionnel pouvait sembler innovant avec une pléthore de petits DLC (contenus additionnels). Mais FFI a pris un autre chemin, et je dois vous avouer que du haut de mon statut de critique, je ne sais pas encore quoi en penser. En fait, il existe une monnaie interne au jeu, les points de Valeur. On peut en dépenser (beaucoup) pour débloquer des nouveaux contenus de campagne, ou acheter des cartes à l’unité. En revanche, pour acheter des ensembles de cartes thématiques, comme le pack Legolas ci-dessus, la carte bleue doit chauffer. Et même en ayant eu un Istari Founder Pack, j’ai vu mes ressources fondre comme neige au soleil en jouant, et je manquerai de contenu dès la publication de la seconde campagne. Je crains que si vous ne preniez le plus modeste des packs (8€ tout de même), vous ne soyez très vite bloqué parce que les points de Valeur partent à une allure phénoménale.
Aujourd’hui, selon FFI, “trois Founder’s Packs permettent aux joueurs de rejoindre l’accès anticipé du jeu : le Shire™ pack (7,99€), le Steward of Gondor Pack (15,99€) et l’Istari Pack (29,99€). Chaque Founder’s Pack contient plusieurs cartes, de la monnaie propre au jeu (Valor Points) ainsi que des objets cosmétiques pour permettre aux aventuriers de démarrer leur quête à travers la Terre du Milieu™. Les joueurs qui le souhaitent peuvent également acquérir les trois Founder’s Packs en optant pour le Mithril™ Founder’s Pack (47,99€).”
L’idée de changer le modèle économique n’est pas stupide : plutôt que de débloquer le contenu par gros morceaux contenant un medley pas toujours harmonieux de scénarios et de cartes pour les héros, on se contente de petites bouchées qui mettent l’accent sur la personnalisation de l’expérience joueur, en achetant l’un ou l’autre. Ce serait très bien, si on n’avait pas l’impression de cracher au bassinet toutes les dix minutes de jeu.
Il reste du JCC un semblant de booster, la vision du Palantir, qui vous permet d’acquérir deux objets (cosmétiques/monnaie in-game/cartes) mais ce système est pour le moins anecdotique puisque rendu totalement obsolète par toutes les micro-transactions fixes autour du système (et cela correspond bien mieux à l’idée qu’on se fait d’un JCE). En l’état, les Palantirs ne me donnent pas satisfaction et ressemblent à une sous-lootbox qui sonne creux.
Rejouabilité
Si le portage du Seigneur des Anneaux semble pour l’instant vraiment mercantile, il profite de son medium pour rajouter des hauts-faits, des quêtes supplémentaires à accomplir avec ses héros : les complétistes en tout genre pourront se donner à coeur-joie et se lancer dans des défis abondants. On nous promet aussi – bientôt – le sacro-saint mode multijoueur, où l’on pourra donc combattre Sauron à plusieurs.
L’habillage du Seigneur des Anneaux JCE est à peu près tout ce qu’on pouvait demander à un portage : il simplifie la manipulation des divers éléments de jeu, améliore la lisibilité pour laisser place au jeu et rien qu’au jeu. Tournant intéressant dans l’univers du JCE : pour ce titre (qui se pratique en solo, rappelons-le), on aurait pu imaginer une version numérique dès le début, alors que cela semble plus difficile pour les jeux compétitifs qui apprécient grandement le face à face physique. Mais, tandis que la longévité du jeu physique ne dément pas, je m’avoue curieux quant à l’avenir du jeu sous sa forme numérique : ce portage connaîtra-t-il des extensions numériques seulement ? Cela permettrait d’utiliser des mécanismes innovants, et propres au format : randomisation plus forte, copie, fusion de cartes, on peut imaginer beaucoup d’effets difficilement transposables en papier.
L’accès anticipé devrait être ramassé sur une période courte, et Fantasy Flight Interactive promet une mise à jour mensuelle au minimum pour augmenter le contenu en jeu.
En bref : belle adaptation, monétisation très apparente mais pas inintéressante, durée de vie assez folle pour peu qu’on aime rejouer en difficulté plus élevée.
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Umberling 08/09/2018
Note : fonctionne aussi sur Mac.