Le Game Market 2015 par le prisme de l’oiseau bleu

Cette année encore, l’édition du Game Market de printemps était largement attendue par les joueurs japonais. Après des éditions records en terme de visiteurs ces dernières années, le chiffre officiel de la fréquentation a été arrêté à 8500 personnes… Une baisse remarquable quand compare ce chiffre aux 12000 visiteurs du Game Market de l’automne dernier. En plus des visiteurs, malgré tout nombreux, les exposants étaient aussi présents en force, avec quelques 365 magasins, groupes d’auteurs ou éditeurs installés.

Les grands absents du Game Market d’Osaka qui s’est déroulé en mars dernier étaient cette fois bien là, avec en tête des auteurs à suivre : Seiji Kanai, Hisashi Hayashi, Shimpei Sato, BakaFire… et bien d’autres encore, toujours observés à la loupe par les éditeurs étrangers.

Cette fois-ci, plutôt que de faire mon habituelle couverture du salon, j’ai décidé de le présenter sous deux angles différents… Je vous avais déjà dit à quel point Twitter était essentiel pour moi avant, pendant et après le salon. Cette année, il en a été de même, avec les annonces de sortie des jeux, des formulaires de précommande, etc. Il m’a donc semblé naturel de parler du Game Market en suivant le fil de plusieurs intervenants japonais aux doigts bleutés à force de caresser l’oiseau bleu.

Pour l’anecdote

Après avoir consacré deux heures à la rédaction de cet article, lors de sa première mouture, un mauvais geste de la part de mon petit doigt de la main droite m’a fait perdre tous les commentaires que j’avais écrits… Etant courageux mais aimant malgré tout garder un peu de temps libre pour la vraie vie, cette petite maladresse m’a forcé à réduire de moitié la taille de cette publication. Je pense vraiment qu’une auto-sauvegarde automatique sauverait la vie de nombreux rédacteurs aux doigts malicieux.

Nine Break, l’un des auteurs présents au salon prépare son stand et la table qui permettra aux joueurs d’essayer sa nouveauté.

7h43, encore plus de deux heures avant l’ouverture du salon, et déjà des dizaines de joueurs attendent patiemment sur la parvis du Tokyo Big Sight.

Golden Week oblige, le site qui accueillait le Game Market proposait de nombreuses manifestations. La foule des visiteurs ne cessait de sortir des wagons de la Yurikamome, dégurgités comme de vulgaires animaux de batterie. Tous les halls du Big Sight étaient occupés.

Vers 8h, les portes du bâtiment Ouest ont été ouvertes et la queue des passionnés a pu se déplacer vers l’intérieur. Dehors, les nuages gris de cette matinée tokyoïte dansaient au-dessus des têtes, menaçants.

A 9h10, tout le monde était assis en tailleur, attendant patiemment que les portes s’ouvrent. Plus de 1000 personnes attendaient, smartphone en main à twitter, comme leurs 999 autres congénères, que la course vers les stands les plus prisés serait difficile.

Pour la première fois, un emplacement était attribué à Magic the Gathering…

Les tables étaient consacrées aux débutants. Les 500 premiers arrivés recevaient d’ailleurs un demi deck à rapporter chez eux… un moyen de les pousser à mettre un doigt dans l’engrenage Magic, avant que ce dernier ne leur dévore intégralement le corps et l’esprit.

M. Yasuda de SNE et Cosaic, s’exclame avec humour que son emplacement se trouve juste devant les toilettes… SNE est un éditeur qui localise pas mal de jeux, dont le dernier est CV. Ils ont aussi sorti une nouvelle version de Um Krone und Kragen, de Tom Lehmann, dans une palette de couleurs très mangaifiée. Je garderai pour ma part mon édition rouge et jaune à l’allemande.

« C’est quoi ce délire ? Ce n’est pas le Game Market que je connais… » dit cet habitué des salons.

A 9h35, 1 450 personnes font la queue. Pour ma part, ça fait déjà une heure que je suis dans le salon, à en faire le tour, à discuter avec les éditeurs et auteurs. Merci à Tak, d’ailleurs !

Autre nouveauté du salon, les stands « imprimeurs ». La plupart des auteurs font imprimer leurs jeux au Japon et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’ils pensent que la qualité est meilleure (ce qui est loin, mais alors très loin, d’être vrai… oui, c’est à toi que je pense Minerva avec tes planches à dépuncher insupportables), mais aussi et surtout parce que les imprimeurs japonais peuvent réaliser les commandes très rapidement.

Catan… Catan… n’en finira donc jamais d’être le jeu pour faire découvrir le jeu de société aux nouveaux joueurs.

8 500 personnes à nourrir, en pleine Golden Week, autant vous dire que les restaurants et cafés du Big Sight étaient pleins à craquer. Les organisateurs du salon, à l’image de ce qui avait été fait lors du salon d’Osaka, ont proposé aux restaurateurs mobiles de s’installer à l’arrière du site, en accès exclusif pour les visiteurs du Game Market.

Omelettes à la japonaise ou alors…

D’étonnantes pita à la japonaise.

Vers midi, nombre de tables d’exposants affichent les deux mêmes kanjis : 完売, rupture. Ces mots sonnent doux aux oreilles des auteurs mais font souffrir ceux qui espéraient pouvoir se procurer un exemplaire. Malheureusement, impossible de faire la queue devant tous les stands en même temps.

Parmi les jeux les plus prisés, Eight Epics, de Seiji Kanai, jeu que j’avais déjà entrevu il y a deux ou trois ans, Karensansui, sur lequel j’essaie de terminer la vidéo de présentation que j’ai commencée il y a deux ou trois semaines (!!), et bien d’autres encore.

Les enchères, un autre grand moment du salon. Les prix sont prohibitifs pour les jeux rares. J’ai d’ailleurs remarqué que de plus en plus d’exposants étaient en fait des revendeurs de vieux jeux pour collectionneurs fous. Les tarifs délirants, une fois entraperçus par les Français qui m’accompagnaient, avaient pour effet de laisser leur pupilles se remplir de $$$.

L’avantage des jeux « minimalistes », pour reprendre l’expression consacrée de Bruno Faidutti, c’est que trois parties peuvent être jouées simultanément sur une seule et même table.

Les joueurs et leur manie de prendre des photos de leurs achats… Je ne sais pas d’où vient ce besoin irrépressible de proposer en images la folie dépensière liée à leur hobby 🙂

Vers 13h, et cette impression ne m’a pas quitté de la journée, les allées se vident et les tables se remplissent. D’une manière générale, après le déjeuner, les stands populaires sont tous en rupture, les petits exposants continuent à essayer de convaincre que leurs jeux sont absolument à acheter et les joueurs dubitatifs se posent aux tables pour vérifier que l’auteur ne les roule pas dans la farine.

Bientôt 15h, le salon ferme dans deux heures. Les joueurs acheteurs sont déjà repartis et seuls restent ceux qui veulent essayer le plus de jeux possibles. Les deux dernières heures du salon, les visiteurs peuvent entrer gratuitement. Mais tout le monde sait bien que c’est déjà trop tard pour trouver les perles ludiques.

Comme chaque année, les jeux de loups-garous étaient bien présents, dans de nouveaux écrins, sous de nouvelles formes…

Toujours cette impression de vide dans les allées. La dernière édition du Game Market avait accueilli 12 000 personnes. 8 500 personnes cette fois. Cette grande baisse de la fréquentation s’explique par plusieurs choses : pendant la Golden Week, les hôtels, les trains sont pleins à craquer, les prix sont prohibitifs… De plus en plus de gens travaillent désormais pendant ces jours fériés et ne pas organiser le Game Market un dimanche, comme c’est généralement le cas, suppose que nombre d’auteurs et visiteurs non tokyoïtes ont décidé de ne pas se déplacer.

Oh, un enfant. Les familles étaient encore peu représentées. Le public masculin était majoritaire. Les célibataires étaient majoritaires.

Sugorokuya a eu la super idée de créer une version géante de Super Rhino, un jeu Haba au départ… mais les collectionneurs sans enfant se sont rués dessus. Quelle bêtise. Tout le monde souhaite que le jeu de société soit popularisé et s’ouvre aux familles et aux enfants et des démarches telles que celle-là ne devrait pas être limitées à l’achat compulsif des joueurs collectionneurs. Dommage, j’aurais aimé amener le jeu dans l’école primaire de ma fille, mais non, plutôt, ce sera un trentenaire sans enfant qui le laissera prendre de la valeur dans son armoire à jeux.

Rupture… et ses amis sont au Game Market.

Il est plus de 17h, le Game Market est terminé. Les exposants s’affairent à ranger les jeux qui leur restent sur les bras. La poste japonaise a un emplacement sur le salon et les joueurs et exposants peuvent envoyer pour un tarif très modeste leurs acquisitions. Le plus dur reste de trouver un carton où ranger tout ça.

Pour fêter la fin du salon, cet auteur d’un blog sur le jeu laisse échapper toute l’énergie qui lui reste !

 

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5 Commentaires

  1. madtranslator 11/05/2015
    Répondre

    Merci pour ces premières impressions (j’espère que tu vas nous fournir un  ou deux autres articles sur ce TGM), oui je réclame ! 😉

     

  2. Shanouillette 11/05/2015
    Répondre

    Héhéhé il y a des choses de prévues do not worry ^^  merci pour ce retour, avec un angle d’attaque original ! 8)

    PS.  Je suis la 1ere à soutenir l’idée de l’auto-save, sache-le, cher Izo 😉

  3. eolean 11/05/2015
    Répondre

    Merci pour ce retour sur le TGM toujours aussi dépaysant 🙂

    Je plussoie pour l’auto-save !

  4. Akashinai 12/05/2015
    Répondre

    Je confirme, très dépaysant et très plaisant 🙂

    Merci Izo!

  5. Izobretenik 13/05/2015
    Répondre

    Merci à vous tous pour vos commentaires ! Quelques retours sur les jeux trouvés là-bas devraient arriver dans les semaines à venir !

    @Akashinai : merci à toi (à vous 4 en fait) et en espérant vous revoir bientôt !

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