Fruit Picking : awalé fruité !
Le Game Market s’est terminé il y a quelques semaines déjà, et même si le salon d’Osaka prévu pour début mars est en approche, il me semblait important d’enfin parler de mes vrais coups de cœur. Il y en a plusieurs mais commençons par celui que j’aime le plus esthétiquement. Un joli jeu, encore une fois… Après Oink Games et les écrins sublimes de Jun Sasaki, Uzumaki Switch est sans conteste l’auteur amateur le plus apte à faire naître des étoiles dans les jeux des esthètes ludiques.
Son premier jeu, qui cartonne au Japon depuis maintenant plus de deux ans, est un Party Game intitulé Stamp Graffitti. Ce dernier n’a malheureusement pas encore trouvé preneur parmi les nombreux éditeurs occidentaux émoustillés depuis quelques années par le florissant marché japonais. Je reviendrai peut-être un jour sur ce dernier qui mérite, mais alors vraiment, d’être traduit, amélioré si besoin est, et éparpillé aux quatre coins de l’Europe et des États-Unis.
Prenons le temps à rebours en commençant par sa dernière création. Il y travaillait, semble-t-il, depuis des mois avant l’ouverture du Game Market de Tokyo. J’ai suivi son développement, alors encore sous la forme d’une chrysalide peu engageante, pendant un long moment. Alors que j’étais pas particulièrement excité à l’annonce de ce Fruit Picking, plusieurs images ont commencé à apparaître sur mon fidèle fil de communication 2.0 à base d’ailes de volatile noyé sous l’encre Bic. Et là… que dire ? Joie, excitation et tout le toutim. À base de Pop pop pop pop dans ma tête soudain fort curieuse.
Jeté de bananes :
Sous ce titre absolument non évocateur, je vous laisse comprendre, l’air de rien, le thème du jeu. Fruit Picking est un jeu basé sur le principe de l’awalé. Ouais, c’est à la mode depuis un certain temps. Rappelez-vous Trajan. Bon, en même temps, et au risque de me prendre des coups de saucisse germanique, parler de mode et de Stefan Feld dans la même phrase, c’est pas loin du fail(ed). Humm.
Les joueurs incarnent des singes. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, les singes n’ont qu’une ambition dans la vie, c’est de devenir de riches cultivateurs fruitiers. Jusque là vous me suivez dans ma description d’un univers National Geographic parallèle ?
Les singes ont découvert que pour parvenir à leurs fins, il était absolument nécessaire d’égrener un maximum de fruits ici et là, de manière à avoir suffisamment de bénéfices pour investir dans d’autres arbres fruitiers.
Bon, on arrête là, je risque de desservir le jeu. Je vous copie/colle le texte original et je vous traduis ça avec talent (ou pas):
ある森に、くだものが大好きなおさるさん達が住んでいました。おさるさんは、くだものの畑にたね(種)をまき、育ったくだものをあつめ、またたねをまきます。おさるの世界ではたねがお金なので、たくさんたねを貯めて、新しい畑を買いましょう。誰よりも畑を大きくしたおさるさんが、一番幸せなおさるになれるのです。
Voilà ! C’est quand même mieux comme ça. Et bon, puisque je vous ai déjà fait la blague du gars qui s’en va sans traduire, je vous francise ça de suite :
Il était une fois une forêt dans laquelle habitaient des singes fous de fruits. Ils répandaient des graines dans les champs fruitiers, ramassaient le résultat de leur amour pour la culture fruitière et continuaient à planter encore et toujours. Dans leur monde, les graines sont comme l’argent dans le nôtre. Ainsi, ils conservaient certaines des graines qu’ils produisaient pour acquérir de nouveaux champs… Le singe qui parviendra à avoir le plus de champs fruitiers à sa disposition sera le plus heureux, à n’en pas douter.
Graines d’entrepreneurs :
Les règles sont très simples et l’âge minimum indiqué sur la boîte correspond parfaitement au public visé. Le jeu se joue de 2 à 4 joueurs, pour des parties de 15 à 30 minutes à partir de 6 ans.
La mise en place se fait tout à fait simplement : chaque joueur reçoit 1 carte singe, et une carte de chacun des fruits représentés dans le jeu : 1 carte ananas, raisin, cerise, banane et fraise auxquelles on ajoute une carte de la pioche centrale. Chaque joueur a donc en sa possession 6 cartes de fruit.
On crée le marché au centre de la table en posant 4 cartes de la pioche. Les deux cartes le plus à droite du marché sont celles que les singes vont pouvoir acquérir. Les deux le plus à gauche permettent de savoir ce qui devrait bientôt être disponible à la vente.
Les joueurs reçoivent aussi 18 cubes de couleurs diverses (les couleurs n’ont pas d’influence sur la mécanique du jeu mais apportent un peu de gaieté et participent de l’ambiance festive et tout public) qu’ils placent au centre du cercle qu’ils ont créé avec les 6 cartes de fruits et la carte singe (celle-ci est placée de façon identique chez tous les joueurs. Une image vaut mille mots, hein) à leur disposition.
Ils posent ensuite deux cubes sur chacune des trois cartes à droite de leur carte singe. Ça y est, on peut commencer à jouer !
À son tour, plusieurs options sont proposées au joueur actif mais avant de choisir une action, il va égrener des cubes selon le principe désormais célèbre dit à la Five Tribes. Le joueur prend donc les cubes disponibles sur une de ses cartes et en dépose un par carte jusqu’à épuisement (des cubes, pas du joueur). La dernière carte où est posé un cube s’appelle la carte Cible.
Une fois cette étape obligatoire réalisée, il choisit une action parmi les suivantes :
- L’arrosage : si le joueur choisit cette action, il pose le nombre de cubes représenté par le nombre de fruits dessinés sur sa carte cible après les avoir prélevés de sa zone personnelle.
- L’achat : si une carte de même type que celui de la carte cible est disponible au marché, il peut payer le nombre de cubes correspondant au nombre de fruits représentés sur la carte convoitée. Il faut ajouter à ce coût le prix du terrain. Les cubes pour payer sont ceux disponibles sur la carte Singe. Il s’agira donc de ne pas oublier d’économiser des cubes en en déposant régulièrement sur cette carte. Dans le cas de cas de l’illustration ci-dessus, si le joueur souhaite acheter une nouvelle carte Cerise, il devra s’acquitte de 2 cubes (deux cerises sont dessinées sur la carte) ainsi que 2 autres pour le terrain (1 cube par carte de ce type déjà posée sur sa zone de jeu). Pour la carte Banane, ça lui coûterait donc : 2 pour la carte et 1 pour le terrain.
Et pis c’est tout. Oui, oui. Alors, petites précisions : on ne peut pas égrainer de cubes en démarrant de sa carte singe. Aussi, les cubes utilisés pour l’achat d’une carte au marché sont remis dans la réserve personnelle. Le jeu se termine dès qu’un joueur a acheté son cinquième champ.
Sinon, il y a des images ?
Mais oui, rincez-vous l’œil les amibes !
Fruit Picking est un jeu aux règles simples et aux graphismes de toute beauté. Je ne saurais trop le conseiller aux parents qui souhaiteraient faire découvrir à leurs enfants l’awalé. L’univers décrit est tout naïf et il est certain que cela plaira à la majorité des enfants de 6 ans. En tout cas, ma fille adore. En attendant Five Tribes ! Coup de cœur du Game Market de novembre 2014, Fruit Picking était disponible en un nombre d’exemplaires très restreint. Les règles sont traduites, pour ceux qui aimeraient en savoir plus. Il me faut juste les mettre en forme et demander à l’auteur d’éventuellement y ajouter le graphisme du livret de règles original.
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