WhyBox. Pourquoi ?
Aujourd’hui, c’est un article un peu particulier que je vais réaliser, car il ne s’agit pas à vraiment parler d’un jeu de société. Enfin si. Enfin non. Enfin, bon je sais pas comment le catégoriser. Pour faire simple, disons qu’il s’agit un peu d’une escape game à domicile : la Whybox.
Clairement, la mode des jeux d’évasion (escape game, escape room) bat son plein, et ses déclinaisons sous différentes formes se multiplient. Après les Unlock! ou les EXIT, on passe un niveau supérieur avec des boîtes d’escaping (escape box) qui nous proposent des expériences qui se veulent plus concrètes encore, s’axant sur l’exploration d’objets ou d’espace (chez vous), parfois avec le recours de support numérique, parfois avec un maître du jeu parmi les joueurs.
Difficile de tirer son épingle du jeu tant l’offre explose. Sans plus attendre, voyons voir ce que la Whybox, avec l’aventure « Artefact », a dans le ventre.
Le principe
Pour faire une partie de Whybox, il va tout d’abord falloir commander la dite Whybox en ligne, en choisissant l’aventure de votre choix. Quelques temps plus tard, vous recevrez chez vous un colis avec dedans une mystérieuse boîte. Il n’y a plus qu’à inviter les copains, et c’est parti. Moi ça tombe bien, j’ai quelques experts en escape room sous la main, ça devrait le faire.
Une fois que tout le monde est là, il faut alors se connecter au site avec sa clef d’activation. Eh oui, toute la partie va être pilotée par votre ordinateur. Celle-ci débute par une vidéo qui va nous expliquer l’intrigue et le but de l’aventure. On en profite pour ouvrir la mystérieuse boîte, qui contient des documents et quelques objets intrigants. Dès que la vidéo s’achève, on est face à la première énigme. Et c’est d’ailleurs comme cela tout le long du jeu : une vidéo nous montre comment avance l’intrigue, ce qui nous amène à une énigme. Une fois la réponse de l’énigme trouvée, on entre la réponse dans l’ordinateur, et si c’est la bonne, on embraye sur une nouvelle vidéo et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on arrive au bout de l’aventure, dans notre cas de l’enquête. Pour nous, cela a duré environ deux heures.
Du coup, on est peut-être finalement plus proches du film interactif que de l’escape room, où il faudra avancer de vidéo et vidéo en résolvant les énigmes. Ce sont donc elles qui sont au cœur du jeu. Elles sont de plusieurs types. Parfois, il faudra utiliser les objets présents dans la boîte (certains renferment parfois des secrets) pour trouver les réponses, mais très souvent, c’est Google qui sera votre meilleur ami. Le jeu l’indique au début « les recherches internet sont autorisées ». Heureusement, car elles sont tout simplement obligatoires. Il va falloir chercher des informations « générales » sur internet, car une grande partie des énigmes se basent sur des questions de culture générale. Pour notre aventure, elles étaient autour du thème de l’art, et sans être des spécialistes dans le domaine, impossible de trouver les réponses. Il faudra parfois aussi faire des recherches sur Google Maps, mais aussi des sites conçus exprès pour l’aventure. Bref, internet est aussi un élément fondamental du jeu.
Bon, on se rassure, en cas de blocage, vous aurez toujours des indices qui vous aiderons, et vous irez au bout de l’enquête quoi qu’il advienne. Et puis, on peut mettre en pause et revenir ensuite, donc pas d’inquiétude de ce côté là.
Ce qu’on en a pensé
Clairement, le jeu essaie de faire preuve d’originalité, en mélangeant les supports, les vidéos, les objets, et les recherches internet pour aller au bout de l’énigme, le but étant de faire vivre l’aventure la plus immersive possible. On sent qu’il y a eu un sacré travail de fourni pour créer cette histoire. Et c’est pour ça que j’ai un petit peu de peine à écrire la suite de cet article. Parce que malheureusement, le jeu ne nous a vraiment pas convaincu. Sur 6 joueurs, on a avait une belle unanimité là-dessus, et plusieurs on dit que si on avait moins nombreux, ils ne seraient pas allés au bout. Bon, essayons de voir pourquoi.
Tout d’abord, le jeu repose sur le fait de nous raconter une histoire et de nous impliquer dedans. Et là arrive le premier problème : l’histoire est assez décousue. Faire une enquête qui se tient, ce n’est vraiment pas facile, et ici ce n’est pas le cas. Les réactions, et les actions des personnages ne font pas toujours sens, et les rebondissements sont parfois assez incompréhensibles. Du coup, on perd vite le fil conducteur, on ne sait plus vraiment ce que l’on cherche à faire et pourquoi. Pour un jeu qui repose sur l’immersion, c’est vite problématique.
Mais à la limite, cela pourrait être oubliable (après tout dans une escape room, la narration est souvent ratée) si les énigmes étaient réussies. Et là aussi, ça ne marche pas. D’une part, il y a les énigmes « recherches Internet ». Bon, l’idée n’est pas forcément mauvaise, mais si on a pas de smartphones pour faire les recherches, on est vite mis hors jeu en attendant que les autres trouvent la solution. Mais, à la limite, on pourra aider à les orienter et ça peut le faire. Non, le soucis est que parfois, on a un côté artificiel assez gênant, c’est-à-dire que les recherches sont assez parachutées, et en plus ne s’enchaînent pas toujours très bien entre elles. Je vous donne un exemple, mais avec un léger spoil, alors attention…
Léger Spoiler
Une énigme consistait à remplir les trous d’une phrase, qui nous donnait une nouvelle énigme à résoudre. Pour chaque trou, il fallait trouver le nom d’un tableau. L’un d’eux était « dans le pré ». Ça collait bien avec la phrase globale donc on a écrit « pré ». Et là le jeu nous dit « Oui c’est ça, mais à la place on va écrire « collines », parce que ça fait mieux pour la phrase générale. » Pardon !?
Ensuite, l’autre intérêt des énigmes c’est aussi de mêler le virtuel avec le contenu de la boîte. Et là aussi, ça ne marche pas très bien. Les objets sont vraiment des prétextes, voire parfois sont moins bien utilisables que les images des dits objets sur les vidéos. Du coup, on s’est même posé la question à la fin « pourquoi le jeu n’est pas purement vidéo, au final ? » Alors oui, il y avait un objet caché à trouver, mais ce n’est pas vraiment suffisant. Et puis, on les a tous d’un coup, alors que découvrir les objets les uns après les autres auraient été plus sympa je pense.
Au final, à aucun moment on ne s’est dit « ah oui, cette énigme-là, elle est maline ». Une en particulier, résume un peu tout cela. Mais gros spoiler, donc je vous laisse dérouler :
Gros Spoiler
À un moment, l’enquêteur poursuit les suspects, mais se fait repérer et ils lui glissent une clef USB dans la poche. Il s’avère que la clef USB contient une vidéo de menace lui demandant d’arrêter son enquête. Sauf que : la clef est protégée par un mot de passe. Pourquoi donc faire passer une menace à quelqu’un en le protégeant par un mot de passe, qu’il devra découvrir ? Et pour résoudre celle-ci, il faut remarquer qu’on a une clef en carton dans la boîte, avec la molécule d’H20 dessiné dessus, et que donc le mot de passe est « eau ». Voilà. Hop, on a ici une énigme artificielle, incohérente avec l’histoire et en plus pas très intéressante.
Certaines sont mêmes assez illogiques, et parfois même avec des indices, on n’a pas compris vraiment ce qu’on attendait de nous.
En bref, la Whybox a une succession d’énigmes pas vraiment passionnantes, au milieu d’une histoire à laquelle on n’a pas accroché. Pour finir, vouloir baser l’aventure sur des vidéos est un peu compliqué, parce que si celles-ci sont pas forcément bien réalisées, cela peut casser l’immersion. Et ici aussi, cela n’a pas fonctionné. Elle m’ont paru trop lentes, avec un jeu d’acteur pas toujours convaincant. Alors il y a des pointes d’humour sympathiques cela dit, qui me font me demander si certaines scènes (la course dans l’escalier par exemple, ou le choix de certaines musiques) sont volontairement caricaturales ou non. (Mes co-joueurs pensent tous que oui).
Bref, j’étais un peu triste à la fin de la partie, parce que comme je le disais, j’en attendais beaucoup : recevoir cette boîte, la voir sur ma table tous les matins en attendant de l’ouvrir m’avait pas mal enthousiasmé. Et puis le pari est, quand on y réfléchi, très ambitieux : il faut créer les énigmes, les imbriquer en une intrigue, tourner les films, créer les sites Internet, etc. Bref, beaucoup d’efforts, avec plein de difficultés à éviter et de challenges à relever. Quand c’est réussi, on ne se rend pas compte de tous ces défis, mais malheureusement, on les voit bien lorsque ça ne marche pas.
Ici, la Whybox ne nous a pas convaincu. Il est à noter que nous n’avons fait qu’une seule enquête. Les autres seront peut être plus réussies.
morlockbob 13/07/2018
Ah zut ! Le même souci avec « intime conviction »…Reçu par la poste, enveloppes mystérieuses et pas grand chose. L’escape room est quelque chose de tentant mais au bout du compte je me dis qu’il faut être un pro pour écrire un truc qui tient la route.
fouilloux 13/07/2018
Alors intime conviction déçu aussi, mais au final je crois que c’est plus qu’il y une mauvaise communication sur son intention. Je pense pas qu’il soit à prendre comme un jeu, mais plus comme un moyen de réfléchir à la justice et à ce que ça fait d’être juré. pour moi, ça trouve plus son intérêt si on le voit comme « outils pédagogique » que comme jeu. Mais là aussi, vouloir faire comme si son outils était un jeu ça n’est pas si facile.