Viva Catrina : Pour que la mort soit belle

De part chez nous, quand on pense à la fête des morts (le 1er novembre), c’est plutôt une image de ciel grisâtre, de pierres tombales avec quelques fleurs histoire d’avoir une pointe de couleur, d’atmosphère pesante. Bref, pas une ambiance de fête.
Dans les pays hispaniques tels que le Mexique, il en est tout autre. La fête des morts (el dia de muertos, qui se fête du 31 octobre au 2 novembre) est au contraire un moment plutôt festif, joyeux et tout en couleurs plus vives les une que les autres, même si le recueillement des personnes disparues en reste la principale raison.
Viva Catrina est un jeu de Fred Boulle et Gregory Grard. Ce dernier commence à être un des auteurs dont les jeux sont de beaux succès (Château Combo, Mot malin, Zenith). Le jeu prend place au moment de cette fameuse fête des morts, dans l’objectif de construire un village festifs, faits d’échoppes mortuaires colorés, de visiteurs endiablés et de Monarques, ces fameux papillons orangés.
Pour construire chacun notre petit village, nous allons avoir besoin de tuiles. Car oui, Viva Catrina est un jeu de pose de tuiles pour 2 à 6 joueurs, où celui qui aura le plus beau « parque de la muerte » sera le gagnant. Un tour de jeu est extrêmement simple : on choisit une tuile dans une rivière de tuiles (un ensemble de tuiles accessibles) et on la pose sur notre parc, avec pour seule contrainte d’ être adjacente à une autre. Bon, évidemment, on ne va pas les poser au hasard.
La particularité de la pioche de tuiles est qu’elle se fait sur 2 lignes, mais dont on ne peut prendre que les tuiles aux extrémités. À 2 joueurs, on pourra se la jouer un peu tactique pour récupérer, sur un tour suivant, une tuile non directement accessible. Au delà de 2 joueurs, il vaudra mieux attendre son tour pour voir ce qui nous est proposé. La rivière sera re remplie une fois vide, et cela autant de fois qu’il n’y a de joueurs.
La pose de tuile pour agrémenter son parc est assez classique dans son fonctionnement. En tout cas pas révolutionnaire. Notre parc sera constitué de chemins qui doivent être continus depuis notre tuile de départ pour que leur contenu soit comptabilisé au scoring final.
On a alors une multitude de décomptes : les visiteurs et papillons vous rapporteront des points directs (avec un avantage sur les papillons qui disposent de leur propre chemin), les ballons seront une petite course au premier qui en obtient 3 d’une même couleur, les zones, carrées ou rectangulaires, de chemins fermés permettront de poser des « chimères » (alebrijes), et divers autels permettront de bonifier encore plus les différents éléments du parc. Bref, on va faire du point avec tout ce que l’on posera et il faudra en faire plus que les autres.
Les sensations de jeu ne sont pas rappeler un illustre ancêtre : Carcassonne. La version avancée de Carcassonne permet d’avoir plusieurs tuiles en main et de pouvoir affiner la construction de notre tableau de jeu. On retrouve cela dans Viva Catrina, mais toutefois avec moins de profondeur. En effet, peu de prise de risques dans Viva Catrina, les tuiles auront toujours une utilité pour engranger des points. Le nombre de tuiles à jouer est assez faible, donc il n’est pas utile de préparer une stratégie de pose à long terme. Carcassonne est ainsi un peu plus tactique sur le choix et le positionnement des tuiles.
Des tuiles colorées
Le style graphique de Jeremie Fleury (Tokyo no neko) sied parfaitement à la fête des morts mexicaine, tout en couleurs vives, avec un matériel qualitatif et appréciable à manipuler. Il en parle d’ailleurs très bien dans son carnet d’illustrateur. J’ai su aussi apprivoiser la Catrina sur la cover de la boîte, qui, si elle m’avait un peu effrayé au premier regard (il en faut peu), m’a finalement montré le charme de son regard.
Viva Catrina est très accessible et très agréable à jouer, correspondant parfaitement à un public familial ne recherchant pas la prise de tête. L’interaction est limitée, vu que nous n’aurons pas vraiment l’occasion de mettre des bâtons dans les tomb roues des autres joueurs. Il y a bien la course aux ballons où on lorgnera sur les villages de nos adversaires pour prendre un petit avantage, mais cela n’ira guère plus loin. La tuile choisie aura toujours son utilité dans notre parc, même si on cherchera quand même celle qui finit notre zone rectangle, qui ne nous enfermera pas trop, ou qui permet de relier des éléments déconnectés de notre tuile centrale.
Viva Catrina est une sympathique découverte de cette fin d’année. Rapide, agréable, accessible, joli, il n’en faut parfois pas plus pour passer un bon moment (avec des squelettes)

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