Vikings Saga : le Valhalla sous son bouclier !
Vikings Saga (2020) est un jeu Schmidt signé Christian Fiore & Knut Happel, un duo qui a déjà pas mal travaillé ensemble (Atlantica, Fiesta Mexicana…), le tout illustré par le célèbre Michael Menzel (Andor, Dominion, Rococo, Catan ou encore L’âge de pierre…).
Deux à quatre joueurs vont incarner de valeureux guerriers prêts à en découdre pour atteindre le Valhalla en environ une heure de temps. La partie se joue en chapitres, tirés au hasard, offrant des aventures variées au cœur des royaumes mythiques vikings, comme Midgard (le royaume des hommes) ou Nidavellir (domaine des Nains). La trame va ainsi mener les joueurs jusqu’à la fin du périple en Asgard.
De valeureux guerriers (et guerrières !)
Le gameplay est plutôt malin. Les guerriers que nous possédons au début et ceux que nous obtiendrons plus tard sont représentés sous forme de cartes, comprenant le nom du guerrier, une valeur de déplacement chiffrée et pour certains, un pouvoir. Cette valeur indique le nombre de déplacements que notre guerrier peut effectuer sur le plateau à chaque tour.
Pour matérialiser l’aventure, un des joueurs va placer sur le plateau la tuile indiquée sur la carte quête en cours. Celle-ci va modifier le sentier du plateau en offrant des bonus et des malus sur la seconde partie du sentier. Lors d’une manche, nous allons d’abord recruter de nouveaux guerriers afin de former notre main. Ces personnages seront joués au fil de l’aventure pour se déplacer sur le sentier.
Mais avant de déplacer notre guerrier, le premier joueur va tirer une carte qui va modifier la configuration du sentier en faisant glisser celui-ci sous une piste numérotée. Une des originalités du jeu réside sur la fin des tours, durant lesquels les joueurs placent une de leurs cartes jouées sous leur Bouclier. Ce sont les guerriers que nous enverrons combattre en fin de partie à Asgard.
Un mot sur l’édition
La lecture des règles s’effectue plutôt aisément, bien qu’il y ait un certain nombre d’éléments à appréhender et à intégrer. La mise en place manque peut-être de précision et nous avons eu quelques difficultés la première fois. Par la suite, elle se réalise plus facilement, mais prend toujours un peu de temps. La boite en elle-même est très bien organisée, notamment avec un système de classement par couleurs et par aventure très agréable. C’est un petit plus ! Globalement l’édition est solide, le jeu est très lisible, et les matériaux durables.
Un effort pour contribuer à l’aspect immersif est aussi à souligner, tout le matériel y contribue même si on reste dans un jeu d’une trentaine d’euros sans figurines ni monnaie métallique ou élément 3D : depuis le pitch généreux dans les règles, jusqu’aux jetons boucliers, en passant bien sûr par les différentes illustrations et même la forme des Meeples, on sent qu’un certain soin a été apporté pour porter le sujet sans effets tape-à-l’œil. Chaque carte de lieu d’aventure a son background narratif, en totale cohérence avec l’univers des Vikings. En revanche, petite erreur (classique) sur l’illustration de la boite : les véritables casques Vikings n’ont pas de cornes ! Cette imagerie, restée dans l’imaginaire collectif, vient d’une fantaisie rajoutée par un costumier dans le célèbre opéra de Wagner : Der Ring des Nibelungen…
Parlons un peu de ce que nous allons faire dans ce jeu. Le plateau de jeu montre une étendue d’océan au-dessus d’une étendue de terre avec une échelle de mouvement entre les deux et une piste de score. La quête en cours détermine si les Vikings se déplacent par mer ou par voie terrestre. Les joueurs ont leur propre jeu de cartes qu’ils utilisent pour déplacer leur Viking sur le plateau en fonction du numéro de la carte jouée. L’idée est de manœuvrer votre Viking de façon à ce qu’il se retrouve sur une case alignée avec un bonus de la carte quête.
Après avoir accompli chaque quête, chaque joueur peut envoyer un de ses guerriers en Valhalla en glissant sa carte sous son Bouclier. Ce sont les cartes que vous aurez en main pour la quête finale (direction le Valhalla, youpi !). Ces cartes peuvent également donner des PV en fonction des casques vikings qui se trouvent dans le coin supérieur.
Les guerriers nous avons au démarrage n’ont qu’une valeur de déplacement, mais les autres cartes que vous pourrez acquérir au fil de la partie possèdent un prix d’achat, des points de victoire en forme de casque bi-cornes, et des actions bonus. Ces guerriers et guerrières vont améliorer notre équipage, notamment avec des actions spécifiques, ponctuelles ou permanentes, ou résolues en fin d’aventure. C’est un peu le côté deck-building du jeu.
La phase de recrutement est le seul moment qui offre un peu d’interaction entre les joueurs. En effet, c’est à ce moment-là que les joueurs vont se disputer les Vikings à recruter : et ce sera souvent à celui qui aura le plus d’argent ; les joueurs pourront mettre des bâtons dans les roues des autres. On aurait aimé d’ailleurs un peu plus d’interactions entre les joueurs pendant d’autres phases de gameplay.
Si l’on a assez d’argent, on peut même recruter plusieurs vikings, tout en gardant en mémoire qu’acheter des cartes n’est pas possible à la dernière manche. Les joueurs ajoutent donc les nouveaux venus à leur deck de cartes, et le tour se poursuit avec la pioche de cartes symbolisant l’équipe avec laquelle nous allons jouer cette manche. Petit système d’équilibrage malin : le nombre de cartes que les joueurs vont piocher pour la manche dépend de leur score. Celui qui a plus de Points de Victoire aura moins de cartes à piocher. Si au départ on commence tous avec la même main, peu à peu chacun essayera de trouver un équilibre entre avoir une main performante et ne pas être trop en retard au niveau des points de victoire.
La main que l’on pioche va être décisive, et certaines actions peuvent aussi changer la donne : par exemple Jorik, qui permet de recruter un viking en dehors de la phase d’achat, pendant le tour où il est posé. Le fait d’ajouter ce nouveau guerrier directement dans la main permet de le jouer pendant cette manche, ce qui est un avantage non négligeable !
Le premier joueur dévoile ensuite une carte de déplacement pour décaler le sentier sur le plateau du nombre de cases indiquées. Il y a un peu d’aléatoire ici, renforcé par d’autres cartes spécifiques aux Royaumes explorés. Par exemple, la carte intitulée “La légende de la cité perdue” permet aux joueurs de rendre immédiatement un point de victoire contre trois or. On peut éventuellement compter les cartes sentiers pour avoir une idée, mais on ne pourra pas complètement anticiper cet aspect aléatoire.Personnellement je préfère ne pas compter pour garder plus de « fraîcheur », et un peu de surprise à chaque fois.
Puis, les joueurs choisissent secrètement quelle carte ils vont jouer pour le tour, et la révèlent. La valeur sur cette carte détermine le déplacement du joueur (en nombre de cases). Là repose toute la réflexion stratégique du jeu. En effet, les joueurs obtiennent des récompenses en stoppant leur mouvement sur une carte bonifiée par la quête. En fonction de leur stratégie, mais aussi au regard des opportunités particulières de l’aventure, les joueurs vont devoir faire des choix : est-ce que je me concentre sur l’or, pour pouvoir recruter des bons vikings, est-ce que j’essaie plutôt d’engranger les PV ? De plus, certaines cases ont des bonus ET des malus comme : perdre de l’or tout en gagnant des points de victoire et inversement. Sachant qu’il y a aussi d’autres types de récompenses comme prendre une carte Dieu, piocher immédiatement une carte viking ou poser un guerrier de sa main sous son bouclier.
Il faudra aussi choisir le bon moment pour jouer les actions des Vikings, sachant d’ailleurs qu’elles ne sont pas obligatoires. Si un joueur ne peut pas jouer, parce qu’il n’a plus de cartes en main, il peut faire appel aux dieux : concrètement cela revient à piocher une carte dans une pioche spécifique.
En fonction de la case sur laquelle on arrive, on récupère donc bonus ou malus puisque les cases offrent des récompenses, PV, argent, cartes ou jetons, ou encore la possibilité d’envoyer un guerrier au Valhalla. Tous les bonus sont intéressants en soi, mais, on va quand même privilégier l’or et les points de victoire, ne nous leurrons pas. En ce qui concerne les malus, les joueurs pourront perdre de l’or, des points mais aussi des cartes Vikings.
À tout moment, on peut quitter la quête, pour se mettre en sécurité et ainsi assurer le bonus sur lequel notre pion est arrêté, ou continuer d’avancer au risque de dépasser les cases bonus qui nous intéressent plus loin sur la piste et de finir son mouvement sur une case malus. Un choix mesuré à faire !
Qui sera digne du Valhalla ?
Parmi les cartes jouées cette manche, nous allons placer l’une d’elles sous notre Bouclier pour l’envoyer au Valhalla, mettant ainsi au repos les futurs guerriers que nous sollicitons à la toute dernière manche. Cette étape est très importante, elle est même au cœur du jeu. C’est lors de cette phase que l’on va planifier qui l’on va garder pour la dernière aventure, le dernier voyage. Va-t-on choisir les guerriers les plus efficaces, quitte à devoir s’en passer pendant le reste de la partie ou sélectionner les plus glorieux, ceux qui rapportent le plus de points de victoire ? C’est une étape que je trouve intéressante par les décisions qu’elle impose aux joueurs.
La dernière aventure correspond donc à l’ultime effort pour atteindre le Valhalla. Dans cette manche, on ne peut plus recruter, et on ne peut jouer qu’avec les vikings que nous avions réservés au fur et à mesure. On gagnera des points de victoire en fonction de ces cartes-là uniquement : alors, avez-vous fait les bons choix ? Det er hele pointen!
Rejouabilité du Viking
Les sessions sont modulables puisqu’il est possible de choisir les Royaumes à explorer, ce qui varie la difficulté et la durée des parties. On se sent d’ailleurs dans un périple cohérent, quelque soit la combinaison des Royaumes. Les textes des aventures sont toujours agréables à suivre. Des voyages en mer peuvent aussi faire partie de l’aventure, apportant aussi du changement dans le gameplay mais aussi visuellement, avec un plateau dédié. C’est frais et plutôt immersif. Dans ce genre de scénario, le sentier est plus court, ce qui provoque un risque plus fréquent de quitter le bateau, entraînant un recul sur la piste de score et le départ immédiatement de l’aventure : ça ne rigole pas !
Vikings Saga : En deux mots
Vikings Saga s’avère un titre plutôt original et plaisant, avec une thématique qui se trouve à mon sens surprenamment bien mise en valeur. L’édition est efficace sans être clinquante, ce qui fait de lui un jeu accessible en termes de prix également. Le système vous demande de bien anticiper vos déplacements pour ne pas dépasser les bonus convoités au risque de récupérer des malus ou pire, de quitter la quête en cours. La gestion de votre deck de vikings fera partie intégrante de votre stratégie dans laquelle vous devrez vous débarrasser de vos meilleurs éléments pour les préserver afin de fournir la meilleure armée pour la dernière aventure au cœur du royaume d’Asgard.
Voilà une production Schmidt qui sort un peu des sentiers habituels de la maison d’édition même s’il s’agit toujours d’un titre accessible (familial +) et ce, quelque soit la configuration de joueurs (2-4).
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morlockbob 20/07/2021
Un peu trop original pour le public il semble, ce titre ne méritait pourtant pas de tomber aussi vite dans l’oubli
Salmanazar 21/07/2021
Ah bah voilà, je suis intrigué maintenant.
De mémoire, le jeu n’avait pas super plu lors de votre festival entre gens ludovox ?