Upstream – De l’anadromie des salmonidés
« Le saumon vit dans des boîtes en fer-blanc, d’où il ne sort que le dimanche soir quand des amis arrivent à l’improviste. » (Groucho Marx)
Upstream porte une thématique pour le moins originale. Dans ce jeu il faudra, en effet, faire remonter la rivière à ses saumons pour atteindre les lieux de ponte en amont. Le premier à y parvenir en ayant perdu le moins de saumons possible gagnera la partie.
Sorti en 2017, Upstream est une création de Victor Samitier (à qui l’on doit déjà Sugi, sorti en 2016 chez GDM Games). Il est édité par 2Tomatoes et propose des parties de 20 à 30 min pour 2 à 5 joueurs à partir de 8 ans.
Upstream est un jeu modulable de gestion des déplacements. Il faudra optimiser le parcours de ses saumons, alterner la nage et le saut, éviter les prédateurs et tenter de coincer ses camarades pour arriver premier. N’hésitez pas à visionner notre Ludochrono pour vous faire votre idée.
Saumon en boîte
Upstream m’avait tout d’abord attiré par son illustration de couverture en low-poly, rendu assez tendance en ce moment et plutôt agréable. Il s’agit d’une technique héritée de la modélisation 3D dans les jeux vidéo qui limite le nombre de polygones pour réduire le temps de calcul d’une animation. Cette méthode est parfois employée en graphisme (sur Ganymède, par exemple) pour donner un style un peu rétro aux visuels.
Illustré par Sergi Marcet, ayant déjà œuvré sur Manhattan Project ou Stalag 17, le jeu est cependant pauvre en illustrations une fois la boîte ouverte.
Les tuiles à assembler pour constituer la rivière et ses dangers sont plutôt fines et ornées de visuels répétitifs. On aurait apprécier davantage de diversité dans les dessins ou plusieurs postures pour les prédateurs !
Les jetons double-face représentant les saumons sont en bois et de facture moyenne. Ils servent également à comptabiliser nos poissons : Deux saumons sur le recto et un seul sur le verso.
Enfin, la règle du jeu n’est pas très agréable à lire, tant par sa mise en page que par sa structure (nous y reviendrons).
Au final, j’ai vraiment été déçu en ouvrant la boîte. Le rendu de la couverture envoyait du lourd et promettait beaucoup. En comparaison, les règles et le matériel sont plutôt ternes et sans saveur. Voyons voir si le jeu en vaut la chandelle…
Comme un poisson dans l’eau
Dans Upstream vous aurez à surmonter de multiples difficultés : la rivière qui avance, les 5 points de déplacement à dépenser, les prédateurs, vos adversaires et les obstacles.
Vous commencez avec vos saumons à l’embouchure de la rivière et vous devez les faire remonter jusqu’au lieu de ponte. À chaque tour il faudra supprimer les tuiles les plus en aval et les ajouter en amont pour faire avancer la rivière (et donc le plateau). C’est donc une course dans laquelle il faudra, avant de dépasser vos adversaires, aller plus vite que le plateau pour ne pas perdre bêtement ses saumons.
Mais Upstream est avant tout un jeu de gestion de déplacement. À chaque tour vous avez 5 points de déplacement que vous devrez utiliser judicieusement (nage et sauts). La difficulté étant que vous devrez obligatoirement tous les utiliser. Par exemple, même si 4 déplacements vous permettent d’avancer en toute sécurité, le cinquième déplacement obligatoire pourra vous contraindre à perdre un saumon avalé goulûment par un aigle de passage.
Mais dans cette rivière hostile se baignent aussi des ours affamés, des aigles opportunistes et des hérons un peu lents à la détente. Les premiers vous attraperont si vous sautez à proximité, les seconds si vous nagez entre leurs pattes et les derniers si vous vous attardez sur leur case en fin de tour.
C’est un vrai casse-tête pour les éviter tous, d’autant plus que c’est une faune assez dense qui vous attend au détour d’un rocher ou d’une cascade.
En outre, chaque hexagone qui compose la rivière ne peut accueillir qu’un maximum de X jetons saumon (X étant le nombre de joueurs). Chaque joueur possédant 4 jetons au début de la partie, on comprend déjà bien comment il va être facile de bloquer les autres dans leur progression. De plus, les rochers, présents sur certaines tuiles, diminuent encore de 1 la capacité maximale d’accueil.
Enfin, les cascades (souvent doublées d’un ours) vous obligeront à sauter pour les franchir, et donc régulièrement à perdre un saumon dans la foulée…
La vie des saumons n’est pas un long fleuve tranquille
Au final, la petite boîte d’Upstream vous propose de relever un défi assez corsé. C’est une vraie prise de tête pour optimiser chaque mouvement et la partie peut vite traîner en longueur à 4 ou 5 joueurs. C’est ce qui m’a le plus dérangé en découvrant le jeu. On s’attend à un jeu rythmé semblable à un sprint et on se retrouve impliqué dans une course de fond autour d’un matériel assez pauvre.
En revanche la mécanique de la rivière qui défile est assez astucieuse et nous rappelle les excellents Solenia / Black Angel. On sent bien l’urgence frénétique de nos petits saumons et les dangers qui se rapprochent.
Dans les premières parties, le rythme est malheureusement freiné par de fréquents retours aux règles pour vérifier les effets des obstacles et des prédateurs. Le jeu aurait clairement gagné à ajouter une petite aide de jeu récapitulative. D’autant plus que les règles sont une vraie tannée à parcourir pour retrouver une info au bon moment.
Bref, à mon sens, Upstream rate un peu sa cible. On s’attend à un petit jeu rapide à jouer en attendant que des amis arrivent et on se retrouve vite à s’arracher les cheveux pendant près d’une heure dans une expérience qui n’a rien d’exaltant. Personnellement, je passe.
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morlockbob 22/06/2019
le jeu n’est pas vraiment fluide..ce qui est un comble vu son thème