Unmatched Aventures : ces Chroniques sont-elles Inouïes ?

Pendant bien longtemps, on avait pour habitude de se mettre sur la binette avec pour objectif de se décoller les prémolaires à la scie circulaire sans se rendre compte qu’on pouvait faire équipe pour affronter une menace plus grande, un péril terrible et grandissant qu’il convient, pour la survie et la dignité de l’humanité, de réduire en purée au plus tôt, en faisant front solidairement comme il se doit entre gens de bonne intelligence.

Non, nous ne parlons pas de l’actu, mais du prologue d’Unmatched Aventures : Chroniques Inouïes.

J’ai à la maison un zom qui nourrit une passion pour le décollage de prémolaires – faut croire qu’il avait d’autres talents qui l’ont poussé à s’éloigner de sa vocation de dentiste – mais il ne trouvait pas toujours mâchoire à son pied. Désormais, avec la version coopérative d’Unmatched, plus besoin de chercher un adversaire à sa taille sur les sites de rencontres où courent toutes sortes de ludistes aux pratiques malaisantes : on peut désormais folâtrer en couple contre des monstruosités improbables en distribuant des bobines de Tesla piquantes tout en encaissant des uppercuts dans le gras du ventre. Plus que les jeux, Restoration Games sait restaurer la paix sociale jusque dans votre foyer.  

Elles n’avaient pourtant pas l’air si inouïes que ça, ces Chroniques, de prime abord. En fait, l’adaptation coop, en premier lieu, n’a rien de très impressionnant, mais comme dirait Taylor Swift, c’est parce qu’il y a des fils invisibles. 

Le tissu des règles tombe sans un pli. C’est du sur mesure et aucune reprise ne sera nécessaire. Si l’apparente simplicité de la coupe peut décevoir, elle cache des heures de savoir-faire. On reconnait bien ce sobre brio, dans la veine d’un Rob Daviau, que d’avoir dans sa boîte à outils LE petit tournevis qui réglera d’un tour de main tel ou tel pan un peu instable. N’est-ce pas un tour de magie de voir Robin des bois courir après des aliens avec Alice à ses côtés ? Tous les mixages sont possibles, n’importe quelle boîte parue de la série Unmatched peut devenir coop, et ça, c’est assez inouï en fait. Bien sûr, on râle encore après la non localisation des plus fun des boites parues que des questions de droits nous ont tenues à distance, mais après tout, le bonheur c’est de continuer à désirer ce que l’on possède. C’est Saint-Augustin qui le dit, et on peut reconnaître que c’est un sacré joueur (ha non je confonds avec Jean-Kevin Augustin, l’attaquant du FC Bäle).      

Je ne crains pas l’homme qui a pratiqué 10000 coups 1 fois, mais je crains l’homme qui a pratiqué 1 coup 10000 fois. – Bruce Lee

Côté adaptation, la transformation coopérative se fait donc élégamment je le disais : les règles compactes du gameplay d’origine ne sont pas surchargées outre mesure bien qu’il faille quelques ajouts pour concevoir l’IA adverse. Vous avez toujours trois actions divisées sur vos deux héros, et comme avant, tout le reste est sur vos cartes. 


Pour rappel,
Unmatched est une refonte de Star Wars: Epic Duels de Rob Daviau & Craig Van Ness paru en 2002. Après plus de vingt ans d’expérience, on peut se rassurer sur la solidité du game design. Le tout repose sur une répartition simple des choix : deux actions à son tour, avec soit je pioche & je me déplace, soit je joue une carte de ma main pour son effet, soit j’effectue une attaque (au corps à corps ou à distance, le positionnement est la clef nous le disions). Pour jouer le combat, chacun révèle une carte, on résout les effets, puis on ajuste les points de vie. Vous voulez plus de détails, on a le Ludochrono et le Just played en stock.        

Pour ce qui est de la gestion de l’adversaire commun, les auteurs (oui il n’y a pas que Rob qui fait le travail tout seul, loin de là, d’ailleurs les auteurs crédités sont Jason Hager & Darren Reckner) les auteurs donc ont fait le pari de donner les coudées franches aux joueurs – c’est coopératif, c’est participatif, et n’en déplaise à certains, ça marche ! 

Le système d’initiative annonce la couleur et les joueurs tranchent toutes les questions qui restent en suspens, tirant le meilleur parti des égalités à chaque fois que c’est possible (quand le vilain doit atteindre le gentil le plus proche, sur lequel l’enverrez-vous si vous êtes équidistant ? Sachant que tout est question de placement, c’est peut-être un détail pour vous mais selon la situation, cela veut dire beaucoup). 

Ce qui compte, c’est pas la force des coups que tu donnes, c’est le nombre de coups que tu encaisses tout en continuant d’avancer. – Rocky 

Un deck de cartes randomisées permet donc de savoir qui joue, et quand c’est le côté obscur qui s’active, la carte tirée explicite ses actions, chaque ennemi ayant son propre deck dessinant les contours du personnage. Puis, les combats se résolvent toujours comme dans Unmatched, on déclare sa cible, chacun joue une carte, pif, paf, pouf. D’ailleurs, il vous faudra faire attention à votre deck que les grands boss s’acharnent à vous raccourcir. Accepter de baisser la garde, absorber quelques coups et perdre une poignée de points de vie sera sans doute mieux que de voir sa main trop se réduire – une fois épuisé, votre héros va vite dépérir. 

À noter qu’il peut y avoir une certaine frustration quand la carte adverse annule tout bonnement votre joli coup. C’est un peu sec et oui, disons-le, injuste, même si on y gagne en simplicité et fluidité. Peut-être, nous sommes assez fifous pour l’imaginer, qu’une autre extension coopérative verra le jour et apportera une IA un peu plus subtile, qui récompense les joueurs sans leur couper la chique aussi drastiquement qu’avec une annulation. C’est pour ce genre de choses que les vrais fans d’Unmatched continueront de préférer la version compétitive. Quand l’adversaire vous coupe les pattes, on peut saluer son coup – là non.  


Si le jeu compétitif n’y gagnait pas forcément en passant d’une configuration deux joueurs à plus, ici le changement de dimension est pertinent tout en restant indolore. Pour chaque joueur qui rejoint la table, le vilain gagne 10 points de vie, et nous lui ajoutons un sbire supplémentaire. Izy on vous dit. Les parties s’allongent un peu à quatre, sauf si vous avez des camarades qui taquinent.  


Les deux grands vilains de cette boîte ne sont pas interchangeables comme leurs assistants : chacun vient avec un côté du plateau, et sa propre logique de destruction massive. Si l’un (l’Homme papillon, ci-dessus) aime le démantèlement méticuleux des ponts de la ville, l’autre (l’extraterrestre) préfère batifoler, bucolique, dans les champs de céréales. Les deux voient leur progression mesurée par l’avancement d’un jeton Menace qui aura des effets particuliers. L’Homme papillon (souvent appelé la mouche) coupe les ponts et rend progressivement la map moins praticable pour vous, les aliens popent autour des fermettes avec pour dessein d’envahir la Terre – les deux ont leur propre challenge et nécessitent de votre part une certaine mobilité. 


Mais les difficultés viendront aussi de ce que trafiquent leurs sbires. On en trouve 6 dans la boîte, chacun avec ses vilaines petites manies – certaines combinaisons de sbires seront d’ailleurs plus redoutables que d’autres, à vous de faire votre popote. À ce sujet, vous pouvez aussi ajouter des cartes Événement – chacune modifiant une règle à l’avantage des méchants – n’hésitez surtout pas à jouer avec pour que le plat soit plus relevé. Personne n’aime les coopératifs trop faciles : il nous faut de la tension pour qu’il y ait accomplissement.   

Côté prod, cet Unmatched est franchement à la hauteur de la saga, avec des illustrations dynamiques et deux énormes figurines pour les big boss (et celles des héros ne sont pas en reste), l’ensemble prend place dans un thermo qui déroge à notre tradition et ne finira pas à la poubelle. Les personnages de cette boîte, peut-être pas ultra aguicheurs de prime abord, ont le mérite de nous faire découvrir des héros méconnus.

Golden Bat est un personnage de fiction de Takeo Nagamatsu, un des tout premiers super-héros du xxe siècle au Japon figurez-vous. Jill Trent est une héroïne bad-ass qui résout des crimes en combinant ses talents de détective et son ingéniosité scientifique tout en étant parfaitement capable de se battre. Annie Christmas est un personnage du folklore Louisianais décrit comme une immense femme afro-américaine dotée d’une force surnaturelle et capitaine d’un bateau… Very cool. Enfin, Tesla, sûrement le plus célèbre de la boîte et le seul ayant réellement existé, comme vous le savez, avant d’être une voiture sentant le musk, reste un ingénieur américain d’origine serbe derrière de nombreuses inventions (souvent attribuées à tort à Edison). 

Sur le plateau, Tesla et Jill jouent avec des jetons (bobines et gadgets) qui permettent toutes sortes d’effets, Annie ne craint pas d’avoir moins de PV que sa cible (tu m’étonnes, ça l’a fait taper plus fort) tandis que Golden Bat devient plus redoutable s’il ne bouge pas. Après, si ces héros ne vous emballent pas plus que ça, n’oubliez pas que la magie et l’intérêt d’Unmatched est de pouvoir tout essayer, tout mélanger. Et ça, nous, la mixité, on aime.    

  

 

Unmatched Chroniques Inouïes propose du Unmatched en coopération, et il le fait bien. Sobrement, sans renverser la table, parfois un peu sèchement, mais très proprement. N’oubliez pas de pousser les curseurs de la difficulté pour y trouver votre compte ! Et surtout, allez chercher vos boîtes d’Unmatched pour découvrir comment les personnages (parfois même ceux qui vous avaient un peu déçus) peuvent réagir en coop.
Avec cet apport sage et cohérent dans la famille,
Unmatched s’impose décidément comme un incontournable des jeux du genre sachant augmenter intelligemment son champ des possibles et son public.    

 

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1 Commentaire

  1. Ihmotep il y a 21 jours
    Répondre

    Très tentant ^^

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