Ticket to Ride sur IPad
Reprenant son nom anglais Ticket to Ride, ce jeu est devenu un véritable phénomène de vente avec plus de deux millions d’exemplaires écoulés à travers le monde.
Sa recette ? Des règles tenant sur un papier de la taille d’un ticket de train, une durée de moins d’une heure, un part de hasard dans le tirage des cartes et des objectifs permettant aux plus jeunes de ne pas se perdre dans une stratégie à trop long terme, tout en offrant aux adultes aguerris des possibilités tactiques plutôt sympathiques.
Comme je vous l’ai dit c’est très simple. Vous dirigez une compagnie ferroviaire américaine (puis de nombreux autres pays dans les extensions que ce jeu à inévitablement connu suite à son succès) et vous tentez de prendre le contrôle de lignes entre les plus grandes villes du pays. Vous aurez quelques objectifs secrets que vous aurez tout intérêt à réaliser si vous ne voulez pas perdre trop de points en fin de partie.
À votre tour, 3 choix possibles seulement et encore l’un d’entre eux ne sera utilisé qu’une ou deux fois dans la partie, ce qui ne vous laisse souvent donc deux possibilité à votre tour :
> piocher 2 cartes wagons ou prendre possession d’une ligne. Simple je vous dis !
A quoi servent ces cartes wagons ? Chacune présente une couleur parmi les 8 existantes dans le jeu et vous devrez en avoir autant que nécessaire pour poser une ligne. Par exemple acheter Los Angeles-El Paso vous coûtera 6 cartes wagons de couleur noires, Washington-New York vous demandera 2 noires ou 2 oranges au choix… Vous avez compris le principe !
Il est à noter que certaines ne vous demanderont pas de couleur particulière. Et une série de cartes identique suffira. Parmi les cartes wagons se nicheront quelques cartes locomotives. Vous ne serez pas obligé de les utiliser pour placer une ligne, mais elles pourront vous servir de joker en remplaçant n’importe qu’elle carte de la couleur de votre choix. Et la troisième action alors ? J’y viens, ne soyez pas impatient !
Celle-ci vous servira à piocher de nouveaux objectifs. En effet en début de partie vous aurez 2 ou 3 objectifs à remplir mais vous pourrez en prendre d’autres si vous les avez réalisés ou que vous pensez les réaliser avant la fin de la partie. Attention ! Tout objectif non réalisé vous fera perdre les points que vous auriez gagné si vous l’aviez accompli. Soyez donc prudent et mesurez le risque que vous prenez en piochant de telles cartes objectifs ! Et comment je gagne ?
Très simple également : chaque ligne posée vous rapporte des points, bien entendu plus la ligne est longue plus elle rapporte de points, puis les objectifs accomplis s’ajoutent à ce total, ceux ratés se retranchent et en bonus le joueur ayant réalisé la plus longue ligne continue gagnera 10 points supplémentaires.
La version iPad
Généralités
On en a pris conscience depuis son rachat par Asmodée, Days of Wonder à beaucoup misé sur les versions électroniques de ses jeux. Et il faut dire qu’il le fait assez bien si l’on regarde sa plateforme en ligne ou la récente version de Smallworld 2. Alors qu’en est-il de son jeu phare ? Notons premièrement que 2 versions existent de ce jeux en version IOS : IPhone avec Ticket to Ride Europe et IPad avec la version classique du jeu dans laquelle vous pourrez vous débarrasser de quelques brouzoufs pour acquérir des extensions identiques à toutes celles déjà sorties en version plateau (Europe donc mais aussi 1910, Suisse et d’autres…). Je vais vous parler ici de la version USA classique sur IPad.
Graphismes
On peut dire dans l’ensemble que c’est réussi, mais autant le plateau reprend les illustrations originelles, autant tout ce qui touche aux menus, options, règles et autres écrans dont l’application regorge ne vous plaira que si vous aimez la peinture a l’huile sur toile grosses mailles. Ce n’est pas que ce soit moche bien au contraire, mais cela tranche franchement avec la sobriété de ce que l’on peut voir une fois lancé dans la partie. Moi j’apprécie beaucoup, cela fourmille de détails, de rappels visuels sur l’univers du train et de DoW. Les petits engrenages aux coins des écrans, les manettes des aiguillages, la gare dans son ensemble sont tous très réussis.
Parlons du plateau, rapidement car finalement il n’y a rien à en dire de particulier. Il est lisible, clair, laisse voir parfaitement les routes, même les grises, et offre une vue panoramique sur l’ensemble du pays de mon oncle (mais si vous savez bien, celui d’Amérique…). Il est zoomable (oui bon je n’ai pas trouvé d’autre mot…) avec un pitch à deux doigts ce qui peut faciliter la pose de vos wagons, mais nous verrons que cela ne sera pas utile au final car la précision et la réactivité sont au rendez-vous côté gameplay.
Sur mon IPad, rétina je le rappelle pour ceux qui n’auraient pas lu mes précédents tests, les graphismes sont particulièrement fins et précis et offrent même en vue zoomée au maximum une délicatesse digne des plus belles réalisations. Bref vous n’aurez pas de déception de ce côté-là, en aurez-vous sur le respect des règles ? C’est ce que nous allons voir maintenant.
Les règles
On le sait tous, du moins ceux qui ont tenté de l’apprendre au moins une fois à des néophytes du jeu de plateau, Les Aventuriers du Rail possède des règles simples et qui s’expliquent en 5 minutes. Les principes généraux tiendraient sur un ticket de train même pas recto-verso (oui je sais je l’ai déjà dit, mais je pense à ceux qui ne lisent pas les généralités au début de l’article, je ne voudrais exclure personne…). Il devait donc en être de même ici et je dirais que c’est réussi mais pas à 100%.
En effet elles sont parfaitement respectées en jeu et leur lecture est claire. Elles sont complètes et abordent tous les points un par un dans autant de chapitres d’une page avec copies d’écrans ou images pour mieux se repérer. Jusque-là tout va bien. Surtout que tous les plateaux en options sont expliqués avec leurs règles additionnelles ou qui différent de l’original dans un chapitre particulier et présenté en premier.
Days of Wonder à même eu le bon goût d’ajouter des vidéos tout à fait sympathiques que vous ne pourrez visionner que si vous êtes certes connectés à Internet, mais au moins ça limite la taille de l’appli intelligemment vu que c’est le genre de chose que l’on ne regarder qu’une fois. Bon alors pourquoi tu nous as dit que ce n’était pas réussi à 100% ? Ça a l’air plutôt pas mal pour l’instant ! J’y viens justement.
La où le bat blesse c’est dans le tutoriel. Je m’explique…
Le Tutoriel
Au départ tout paraît plutôt bien fait avec des messages vocaux en anglais, mais heureusement traduits dans les textes. On vous apprends les différents aspects de l’interface en même temps que les points essentiels du jeu au sein d’une partie simulée contre 3 IA. Vous choisissez librement vos objectifs et le tuto vous explique alors qu’il va vous aider à les réaliser. Et là c’est le drame !
Je n’ai que rarement vu des conseils aussi mauvais pour gagner ! Des choix bizarres qui font préférer à votre soit-disant professeur de prendre des cartes locomotives alors que vous pourriez poser une route stratégique, qui du coup se fait immédiatement prendre par un adversaire, rendant d’autant plus difficile votre victoire. Ne sachant pas finir un objectif, elle vous répète inlassablement de piocher des cartes alors qu’une simple route d’un wagon vous manque et que vous risquez de manquer un objectif juste pour ça….
Bref votre maîtresse est tout simplement catastrophique. J’ai plusieurs fois suivi à la lettre ses conseils et je n’ai jamais gagné, au mieux fini deuxième avec de trop nombreux points d’écarts. Ce n’est pas que je râle d’avoir perdu lors d’un tutoriel, mais si vous pensiez apprendre deux ou trois choses sur les bonnes façons de jouer, c’est vraiment raté…
Bon l’intelligence du tuto n’est vraiment pas bonne mais qu’en est-il des joueurs dirigés par l’appli, on peut craindre le pire, c’est ça ? Nous allons voir ça ensemble.
Les IA
Moi je ne sais pas vous, mais j’aime quand les choses sont claires. Des IA avec un niveau « facile », « moyen » et « difficile » je comprends tout de suite de quoi ça cause… Chez DoW visiblement il ne pensent pas comme moi.
Les IA sont imagées par des portraits que j’imagine représenter leur force, encore que j’en doute encore… Vous avez là une jeune fille un peu blonde (c’est le niveau facile ça ? Oula ! on frise la caricature…), un vieux monsieur avec barbe et moustache blanches (ça c’est quoi à votre avis ?) puis une femme pure à l’air plutôt sévère et aristocrate (si c’est pour la séduire c’est sûr, ça sera difficile, mais pour jouer aux petits trains ça sera comment là ?) et enfin un autre homme âgé mais cette fois qui semble plus riche que le premier si j’en juge par son monocle et la taille de son cigare (ce qui ne saurait déplaire à la sévère citée précédemment…). Alors c’est lui le niveaux difficile ? Le vieil homme quasi sénile mais bourré de pognon ?
Vous me direz, teste les en jeu et tu verras bien ! Pas faux, passons à l’expérimentation sur le terrain pour enfin découvrir ce que les développeurs ont bien voulu nous signifier avec ces portraits quelques peu folkloriques.
Le gameplay
Après de nombreuses parties contre les IA de tous niveaux, je vous confirme que c’est comme cela qu’il faut les voir. Si l’on compare les scores entre eux, ils sont systématiquement dans cet ordre à l’arrivée. Sont-ils difficiles à battre ? Non pas vraiment… A part le niveau « difficile », vous savez celui avec le monocle et le cigare, je les bats tous à chaque fois et je ne me considère pas du tout comme un as du jeu. Certes j’y ai pas mal joué, mais je serai incapable de vous réciter par cœur tous les trajets des cartes objectifs comme certains professionnels des Aventuriers du Rails le sont.
Question IA donc, on pourrait faire mieux. En revanche, une chose bien c’est qu’ils sont TRÈS rapides à jouer. On aurait peut-être aimé que les vieux binocleux réfléchissent une seconde de plus pour être plus coriaces, mais cela apporte tout de même une incomparable fluidité dans ce jeu, qualité qu’il possède déjà au départ.
Pour jouer sur l’écran, rien de plus simple : soit vous touchez une carte pour la prendre en main, soit vous prenez une de vos cartes en main et vous la glissez jusqu’à la route désirée. L’application vous dira si votre mouvement est valide ou pas et s’il l’est, vous pourrez lâcher votre doigt pour déposer vos wagons et prendre possession de la ligne. Le jeu prend automatiquement les cartes locomotives nécessaires de votre main si vous n’avez pas assez de cartes wagons de la bonne couleur.
Vous pouvez zoomer ou dézoomer, c’est joli, mais j’avoue ne jouer qu’en mode dezoom au maximum pour avoir une bonne vision de la carte générale. De plus la reconnaissance gestuelle étant très bonne, il est extrêmement rare de ne pas réaliser par erreur ce qu’on souhaitait faire.
L’interface
Je dois dire que DoW a fait un excellent travail à ce niveau. Tout est clair, bien présenté et facilement accessible à l’écran.
- Vos propres cartes en bas de l’écran, au centre.
- Toujours en bas, mais à gauche, vos objectifs que vous ouvrez faire cycler pour mettre en surbrillance les villes correspondantes sur la carte. Très pratique surtout si vous débutez…
- Enfin en bas à droite votre portrait avec votre score actuel et le nombre de wagon et qu’il vous reste. En tout petit vous trouverez même le nombre total de cartes que vous avez en main et le nombre d’objectifs total et parmi eux ceux que vous n’avez pas encore réalisés. Et tout ceci vous le trouverez également pour vos adversaires en haut de l’écran (sauf bien sur le nombre d’objectifs qu’ils ont réalisés ou pas, ça serait de la triche !).
- Un bouton « Chef de gare » qui mène vers les règles
- Les piles de cartes wagons et d’objectifs complètent le tableau.
En dehors du jeu, dans les menus, tout se fait grâce à des accès aux principales fonctions à l’aide de roues dentées tout à fait dans l’esprit mécanique du jeu. Là aussi, c’est clair : « Jouez », « paramètres », « Règles », « Online »… Vous n’aurez aucun doute de ce que vous allez faire. D’autant plus que le chef de gare vous parle en expliquant ce que fait chaque menu.
Ah oui tiens, les sons ils sont comment ?
Les bruitages
Si vous me suivez depuis quelques temps, vous savez déjà que c’est cette partie des applications qui est systématiquement le parent pauvre des jeux dématérialisés. Sachez que ce n’est absolument pas le cas ici.
On sent que les développeurs avaient les moyens. Chaque personnage que vous voyez à l’écran à sa propre voix, le mécanicien pour les réglages, le chef de gare qui vous guide un peu partout, la belle Géraldine pour les règles, le serveur du restaurant où vous pourrez lancer une partie online (mention spéciale pour sa super voix avec un accent français prononcé, ben oui il tient une bouteille de bordeaux sur son plateau, la bouffe ça nous connait !), le vendeur de bonbons et friandises avec sa tronche bien joufflue pour mieux vous vendre toutes les extensions existantes (et dieu sait qu’elles sont coûteuses…).
Bref, l’univers sonore est particulièrement bien rendu, ses détails sont au niveau des graphismes. En cours de jeu, vous aurez de nombreux sons qui s’enchaîneront : la pose de ligne, le choix des cartes (son différent selon que vous prenez dans la pioche ou celles qui sont visibles), réussite d’un objectif… Là aussi, c’est plutôt réussi. Dans les menus, on entends des trains siffler, des bruits de gare… On s’y croirait !
Les modes de jeu
Là encore Dow a voulu faire dans le complet :
- Le mode solo, on en a déjà suffisamment parlé.
- Le mode online, avec choix du nombre de joueurs pour la partie, le classement ou pas, un joli lobby pour attendre vos adversaires avec chat intégré. Vous verrez une table avec le jeu installé et les chaises attendant les joueurs. Ceux-ci apparaîtront au fur et à mesure de leur arrivée. Bref c’est très sympa. Bien sûr cela demandera que vous ayez créé un compte chez DoW auparavant. Dommage que le Game Center ne soit pas géré, mais comme je l’ai dit au début de l’article, l’objectif de DoW est de devenir un acteur majeur du jeu online sur leurs propres créations, pas besoin de Game Center pour eux…
- Le mode local, où vous pourrez vous mesurer à vos amis qui ont eux aussi eu la chance de débourser une somme tout à fait indécente pour s’acheter un IPad, en Wifi ou en Bluetooth.
- Le mode pass&play sobrement appelé « passe et joue ».
- A tout ceci se rajoute les « réalisations » que DoW n’a bien entendu pas oublié.
Vous êtes gâtés non ? Attendez le prochain chapitre, vous déchanterez peut-être un peu…
Le prix et ses petites contrariétés
Pour Noël, le jeu est actuellement proposé à 2.69€ (au lieu de 5.99€ d’habitude), c’est une véritable affaire. De plus il est régulièrement en promo. Même à son prix normal, il vaut tout à fait le coup.
Alors pourquoi ai-je mentionné quelques petites contrariétés ? A cause des extensions ! A l’instar du jeu physique, DoW mise sur le fait que la carte USA ne vous suffira rapidement plus et que vous voudrez élargir votre horizon avec des destinations comme la Suisse, l’Asie, l’Europe ou changer d’époque avec l’extension 1910. Bref si l’intention est bonne de vouloir offrir de nouvelles sensations de jeu, le prix auxquelles elles sont proposées me paraît tout simplement prohibitif. Jugez plutôt : 3,59€ pour la Suisse ou l’Asie et carrément 4,49€ pour l’Europe… Alors que le jeu complet vaut 5,99€, pour le coup l’éditeur n’y va pas avec le dos de la cuillère !
Ok, cela ajoute quelques micro règles et il faut redessiner la carte mais tout de même… Cela justifie-t-il un tel coût ? Pas selon moi. Mais chacun fera comme bon lui semble évidemment.
Conclusion
Les Aventuriers du Rail n’est pas mon jeu de plateau préféré, mais je dois avouer que le travail accompli ici est remarquable. Que ce soit les graphismes, le son ou l’interface, tout est vraiment bon. Vous pourrez obtenir les plateaux supplémentaires si cela vous intéresse, mais il y a déjà largement de quoi faire avec l’original USA. Seules les IA me semblent un peu faiblardes, mais le nombre de joueurs en ligne vous permettra facilement de compenser ce léger manque de piquant. Avec le nombre d’options qui vous y sont offertes, vous y trouverez obligatoirement votre bonheur.
Au final cette application est digne des plus grandes et vous offrira de nombreuses heures de pose de wagons en enchainant les parties et à moins que vous ne soyez totalement réfractaire à l’appel du rail, je parie qu’elle vous plaira !
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Grovast 26/12/2014
Merci pour l’article.
Petit problème de style dans les Toggle à partir de « Les IA », non ? (police énorme)
Shanouillette 26/12/2014
Balise h2 qui a débarqué inopinément 😉
C’est réglé, merci pour ton retour.
Alstar 27/12/2014
Merci Shanouillette pour la mise en forme et les balises.
Slaine 30/12/2014
Il existe aussi sur Android !!!! Si Si il faut bien le signaler, Android bénéficie de plus en plus de JDS sur son store et ça c’est bien 🙂
Alstar 30/12/2014
Ah oui c’est toujours bien de le signaler ! N’étant équipé que d’appareils iOS, il est vrai que j’ai peu d’infos sur les trop rares sorties sous Androïd des J2S. Merci à toi.
Tout cela participe à la démocratisation de l’univers des jeux de sociétés au plus grand nombre, et c’est tant mieux ! Surtout lorsqu’on a à faire à une très bonne adaptation comme celle-ci…
PS : A noter qu’il existe des versions « Pocket » de Ticket to Ride, plus adaptées aux smartphones, mais que je n’ai pas eu le loisir de tester. D’après ce que l’on en m’a dit, c’est plutôt très bien fait également.