Illustré par Arnaud Demaegd, Neriac
Distribué par Asmodee
Pays d'origine : France
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 2015-09
De 2 à 4 joueurs
A partir de 12 ans
Durée moyenne d'une partie : 75 minutes
Thèmes : Art
Mécanismes : Combinaisons, Objectif secret, Placement
Types de jeu : Jeu de plateau
Complexité du jeu : Expert
En 2015, après les quelques paris plus osés des années précédentes (Witness et Sherlock Holmes Detective Conseil notamment), Ystari revenait à ses premières amours avec un jeu de gestion typique de sa ligne éditoriale de prédilection.
Synonyme de potentiel retour en grâce chez les cubipousseurs, cette sortie était donc d’autant plus propulsée sur le devant de la scène. La frénésie des nouvelles sorties ne lui aura toutefois pas laissé vraiment l’occasion de garder cette place bien longtemps.
Nous avons pratiqué Shakespeare dans toutes ses configurations, entre avertis uniquement. S'il est certain que des joueurs plus occasionnels auraient pu s'y adonner sans problème, y performer n'en demande pas moins une certaine exigence.
ACCESSIBILITE DES REGLES 17
Le livret de règle est globalement sans faille notable, puisque la totalité des informations utiles s'y trouve, explicitée qui plus est par des exemples parlants. Les conseils stratégiques placés en fin de livret sont par ailleurs une attention appréciable.
Quelques recherches à l'occasion de questions plus pointues (voire très pointues) ont par contre été l'occasion de constater que retrouver la rubrique idoine n'est pas toujours des plus évidents.
La séparation du détail des cartes Objectif sur une feuille volante est un plus pour éviter de faire tourner un livret complet.
QUALITE DU MATERIEL 14,5
Le matériel est de bonne facture, conforme à ce que l'on attend de ce type de jeu de nos jours. La petitesse des jetons ronds "éléments de costumes" les rend un tantinet délicats à manipuler pour les gros doigts, mais leur taille étant calibrée sur la largeur d'une carte standard, il était probablement difficile de faire beaucoup mieux.
Le thermoformage par contre est vraiment raté à mon sens. Les racks censés accueillir divers éléments étant trop profonds pour rendre l'extraction aisée. Dommage, quand on sait que justement Ystari avait essayé de faire un effort pour concevoir ce thermo. Entre la prise en compte (ou pas) des protections pour les cartes, l'accueil de futures extensions possibles et le syndrome d'une boîte trop grande (on tombe en plein de dedans ici), satisfaire tout le monde en la matière est un exercice décidément casse-gueule.
Ces légers bémols n'enlèvent cependant rien au principal : l'ergonomie de jeu est impeccable, et les somptueuses illustrations du binôme Arnaud Demaegd & Neriac ne sauraient mieux mettre le jeu en valeur. Elles auraient d'ailleurs bien mérité un format supérieur (type 7 Wonders ou Dixit).
THEME 12
Le pitch se limite au minimum et l'on ne croit pas trente secondes à cette histoire de pièce à monter en 6 jours pour la Reine.
Outre la mise en ambiance graphique, le thème se signale en fait surtout par les pouvoirs des différents personnages : tout le monde est à sa place. Les acteurs répètent, les costumières cousent, et les décorateurs... décorent, et symétriquement s'il vous plait.
Cet effort notable de cohérence, ne suffit malheureusement pas à faire oublier la mécanique et les PV plus ou moins artificiels qui en découlent. Comment voir autre chose que des pistes de bonus/score dans ce qui est supposé représenter les trois actes de la pièce ?
Pas si mal sur ce plan malgré tout, du moins pour le genre.
DUREE DE VIE 13
Située dans la fourchette plutôt basse pour un jeu de cette profondeur, sa durée somme toute contenue le qualifie lorsque le temps imparti est relativement limité.
Meilleur à plus, il se tient ceci dit relativement bien dans toutes les configurations, et est donc parfaitement recommandable à deux.
Si les différentes grandes voies stratégiques (au nombre de trois, comme indiqué dans la règle) et les différentes cartes "Objectif" qui les soutiennent permettent de varier les plaisirs, une impression de déjà-vu pointe son nez au bout de quelques parties. Ce facteur est aggravé par le nombre réduit de cartes Personnage, dont la pioche ne suffit pas pour une partie à quatre joueurs. Des acteurs supposés "uniques" font donc leur ré-apparition lors des dernières manches.
Les adeptes de l'approfondissement intensif (s'il en existe encore en ces temps de profusion ludique) feront probablement assez vite le tour de ce jeu de base.
MECANISMES 17
On peut difficilement faire plus fluide avec une unique action à son tour, et assez peu de déclenchements d'effets en cascade. Le tour revient assez vite, pour peu que la réflexion individuelle ne s'éternise pas. Car les dilemmes ne manquent pas.
Pour un eurogame, il est assez taquin, car tout est pratiquement soumis à interactions plus ou moins indirectes. La féroce concurrence sur les éléments disponibles (costumes, décors, personnages) est complétée par la possibilité de plomber sporadiquement l'ambiance des troupes adverses.
Surtout, la phase de mise, qui est le principal twist du jeu, nécessite une anticipation des intentions adverses pour mener la danse. Comme la place de premier joueur (rapportant un précieux PV) se joue la plupart du temps à l'égalité, la piste d'initiative est un régulateur parfaitement élégant. Il nécessite souvent de préparer sa prise de contrôle d'une manche en activant un acteur tôt, ce qui retarde fatalement d'autres urgences. Cette articulation tactico-stratégique est un réel régal.
Les subtilités du gameplay induisent une certaine habileté pour ré-équilibrer sa stratégie en cours de partie (se lancer à corps perdu dans une unique voie étant généralement voué à l'échec), choisir les bons personnages au bon moment, alterner dans le bon timing les manches de repos avec les manches à marche forcée. On est sur de la micro optimisation, mais la victoire se décidant en peu de points, cela fait la différence.
La relative faiblesse de la variabilité, telle qu'évoquée dans la rubrique précédente, vient par ailleurs avec un gros avantage : un équilibre superbement travaillé. On sent que le jeu a été longuement poli lors du développement, et ça, c'est la patte Ystari comme on l'aime.
Certes, Shakespeare ne révolutionne pas grand-chose dans un genre de toutes façons largement exploré. Son ressenti thématique décevra par ailleurs quiconque y aurait fondé trop d'espoirs : malgré la magnifique mise en ambiance graphique et les assez nombreux points de cohérence, on n'a pas réellement la sensation de monter une pièce de théâtre. Mais là n'est pas l'essentiel pour un eurogame.
Sans rentrer dans des sommets de profondeur ni de rejouabilité, on a largement de quoi faire en terme d'anticipation et de réflexion optimisatoire. Ses petites originalités, son interaction piquante et sa durée compacte lui donnent un tempérament bien trempé.
Une très bonne référence me concernant.
- Tendu à mort
- Ce qu'il faut d'interaction
- Bon ratio intérêt/temps de jeu
- Solide dans toutes les configs
- Illustrations de toute beauté
- Renouvellement pas infini
- Boitage inutilement grand
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