En 221 avec JC, les royaumes combattants sont unifiés pour devenir la Chine. Dans Zhanguo, nous incarnons des familles nobles qui soutiennent l'empereur dans son vaste projet de réunification de la Chine à travers l'introduction d'une monnaie unique, l'instauration de lois uniformes, et l'adoption d'une écriture commune pour tous. En chemin nous allons également partir à la recherche de l’élixir d’immortalité et contribuer à la construction de deux chantiers d’ampleur : le mausolée avec son armée en terre cuite et la grande muraille.

Niveau thème, Zhanguo tombe dans un entre-deux. D’un côté il est bien présent, par exemple en mettant un Grand Mof… un gouverneur en place nous allons mater la rébellion naissante, en accomplissant les objectifs fixés par l’empereur nous aurons l’infirme honneur de placer des soldats en terre cuite dans son futur mausolée… De l’autre côté, le thème est parfois simplement plaqué à une mécanique, notamment en ce qui concerne les cartes et les jetons écriture / monnaie / lois. Pourquoi jouer telle carte dans telle région me donne tel jeton n’a aucune explication thématique (mais niveau mécanique cela marche rudement bien ^^).
La réédition a toutefois su exploiter le thème au service du gameplay. Les cubes de couleurs de la version 2014 ont été remplacés par des officiels. Ainsi pour construire un palais dans une région il me faut un architecte. C’est nettement plus compréhensible qu’un simple cube beige ^^.

Zhanguo n’est pas à proprement parler un jeu thématique. Il brille surtout par ses mécaniques. Toutefois le thème n’est pas absent et aide à la compréhension des actions jouées.

Zhanguo se joue en 5 manches. Chaque joueur possède une main de 6 cartes. À tour de rôle, nous jouons une carte pour soit améliorer une action, soit jouer une action.

Si vous choisissez d’améliorer une action, vous devez déterminer dans quelle région placer votre carte, un choix loin d’être anodin par rapport au scoring potentiel. Jouer une carte de cette façon vous accorde également des jetons unification offrant des bonus intéressants en fin de manche grâce à un système de majorité. Mais cela va également accroître l’agitation de la région et une région trop agitée ne fournit plus de bonus et ne peut plus accueillir de cartes.

Il y a 3 types de jetons unification correspondant au 3 familles de cartes : écriture, loi et monnaie. Pour chaque type de jetons le joueur majoritaire va pouvoir tous les rendre pour gagner un bonus ou les garder. S'il les garde le second majoritaire peut récupérer le bonus, etc. Pourquoi les garder me direz-vous ? Pour deux raisons, la première c'est qu'ensuite nous pouvons convertir 3 jetons pour faire un soldat en terre cuite. Or ces soldats sont indispensables pour valider des objectifs apportant beaucoup de points de victoire. La seconde, c'est que nous pouvons garder 5 jetons pour le tour d'après, et les bonus sont de plus en plus sympathiques de manche en manche. Une fois de plus, les choix à faire sont diaboliquement bons et nous surveillons du coin de l'oeil nos adverses. Il faut savoir que les dos de cartes sont de 3 couleurs différentes en fonction des 3 familles. Les cartes écriture vont de 1 à 40, les monnaies de 41 à 80 et les lois de 81 à 120. Une information difficile a traité lors d'une première partie tant il y a déjà d'éléments à intégrer mais qui devient vite un indispensable dans la courses aux jetons unification et pour l'activation des bonus d'actions. Si par exemple je suis au coude à coude avec un joueur pour la majorité en écriture, je vais me garder, si je peux, une petite carte écriture pour la fin, à jouer en fonction de ce que fera mon adversaire.

Chez l’empereur, nous allons poser une carte pour effectuer l’une des 6 actions du jeu. Toutes les cartes permettant de faire les 6 actions, nous ne sommes jamais coincés à ce niveau-là. En revanche, les cartes sont numérotées de 1 à 120 et pour bénéficier des effets d’amélioration des cartes posées dans vos régions vous devez jouer une carte soit supérieure, soit inférieure à celle jouée précédemment. Une mécanique qui peut nécessiter quelques tours pour être bien assimilée.

Bref, les choix sont multiples, et les façons de scorer nombreuses (construire un palais, contribuer à la grande muraille, etc). Toutes les cartes sont intéressantes, et cette réédition a amené son lot d’équilibrage. Il faut une première partie pour bien saisir toutes les subtilités du gameplay. Ensuite, tout est question de priorité et d’optimisation. Nous ne pouvons clairement pas tout faire, et il y a beaucoup d’interactions sur le plateau. A vouloir être trop gourmand, un jeton bonus peut nous passer sous le nez et nous coûter beaucoup de points. Après quelques parties, nous levons notre nez de notre plateau pour surveiller celui des autres, anticiper leurs coups potentiels et éviter de se faire devancer.

Le fameux Analysis Paralysis peut se manifester certains tours ! Normalement sans que l’ennui ne guette trop pour autant car pendant qu’un joueur réfléchit nous serons nous-même en train d’ourdir nos futurs plans (toujours pour la gloire de l’Empereur bien sûr).

Cette réédition a également apporté des ajustements pour que le jeu soit aussi captivant à 2, 3 ou 4 joueurs, et c'est une mission réussie.