Illustré par Christine Alcouffe
Edité par Catch Up Games
Distribué par Blackrock Games
Pays d'origine : France
Langue et traductions : Anglais
Date de sortie : 2019-09
De 1 à 5 joueurs
A partir de 12 ans
Durée d'une partie entre 45 et 60 minutes
Thèmes : Historique, Mythes et croyances
Mécanismes : Gestion de ressources, Pose d'ouvriers
Types de jeu : Jeu de plateau
Complexité du jeu : Amateur
Pharaon est un jeu de gestion de ressources dans lequel les joueurs préparent leur après-vie à coup de points de victoire. On y dénombre un certain nombre de mécanismes chers au genre, à savoir la transformation de ressource et l’interaction par blocage d’emplacements. Le twist du jeu réside en un plateau tournant définissant le coût d’accès des quartiers (des actions, donc). À l’issue de chaque manche, le plateau tourne, changeant la dynamique du plateau et obligeant les joueurs à bien anticiper.
J'ai pu découvrir Pharaon avec les éditeurs, sur un prototype en amont, mais aussi de mon côté, au calme. Pour l'exhaustivité du test, j'ai même effectué une partie en solo, pour éprouver le mode en question dédié de ce titre.
ACCESSIBILITE DES REGLES 16
Les règles de Pharaon penchent du côté plus que correct de la balance (de Mâat), si ce n'est une mise en place accolée à la description du matériel. On reviendra au livret assez souvent les premières parties à cause des nobles, dont l'iconographie profuse - malgré une certaine clarté - ne coule pas de source de prime abord. Rien de critique cependant comme je le disais : on est dans du clair et abordable autrement.
QUALITE DU MATERIEL 15,5
Si le boîtage de Pharaon ne comporte ni termoformage ni insert en carton, la boîte n'en est pas moins travaillée et adaptée à son contenu. Contenant qui, non content d'être de bonne facture, dispose d'illustrations réussies et bien documentées signées Christine Alcouffe. Malgré un plateau très riche en informations, le jeu n'est jamais illisible, bien au contraire, et c'est là un effort à saluer. L'ergonomie est bien travaillée et le jeu tombe à sa juste place : bien édité, mais pas sur-édité non plus.
THEME 10,5
La thématique est plutôt mince, autant le dire tout de suite. Bien que l'habillage soit soigné, comme on l'a vu plus haut, la thématique ne semble être qu'une couche bien ténue qui disparaîtra vite derrière les mécaniques. On ne dira pas "il me faut deux ankhs, s'il te plaît", mais bien "deux ressources jaunes, steup'". Le signe clair et net que l'on ne vit pas sa préparation à l'après-vie... Mais le tout est plutôt documenté, et permet de se faire une belle image mentale quand on y réfléchit... mais pas pendant la partie.
DUREE DE VIE 12
Les parties de Pharaon ne se différencient que par le tirage, et, étant incités par les colonnes Dieu à faire un peu de tout, on aura tendance à éprouver le même genre de sensation lors de toutes les parties. Ce sentiment est renforcé par le faible renouvellement au sein d'une même partie : on a affaire à des dilemmes à chaque fois différents, certes, mais ils s'appliquent et se résolvent tous de la même manière. Cependant, quelques petits éléments viennent braver la routine, à savoir le plateau composé aléatoirement, les tirages de nobles qui peuvent changer l'orientation stratégique globale, ou les micro-tactiques.
On saluera l'accessibilité offerte pour les premières parties, avec les scribes permettant d'assouplir la gestion de ressources, menant vers des parties plus expertes avec un choix plus cornélien.
Mais franchement, je ne me suis pas tellement posé la question de la durée de vie de Pharaon avant la rédaction de ce test, tant j'ai trouvé mes parties plaisantes, riches en opportunités. Bien que j'aie atteint un certain plateau dans ma progression en tant que joueur, je prends toujours plaisir à sortir ce titre.
MECANISMES 15,5
C'est véritablement du côté mécanique que Pharaon brille joliment : on a affaire à un ensemble d'actions clairement lisible et attractif, qui propose un dilemme certes des plus simples (que faire pour maximiser mes points), mais avec de nombreuses ramifications, et aucune d'elles n'exclut les autres joueurs. Jouer les ressources et le jeu long pour récupérer plein d'artisans et de points sur les pistes du Nil semble bien, mais si les adversaires passent avant, ils risquent d'accumuler des ressources "gratuitement" leur permettant d'aller plus vite dans la course par la suite, en visant des actions d'éclat très rentables (achat de nobles/amélioration de chambre funéraire). Et quand on joue tous sur le même quartier, la question de combien on pourra effectuer la même action se pose : en effet, les emplacements sont bel et bien limités... et là encore, le tempo joue. On est indubitablement avec les adversaires, à analyser ce qui intéresse les uns et les autres, à concourir pour optimiser notre score de façon parallèle, mais avec ce soupçon d'interaction indirecte qui fait mouche. La tablée bascule souvent dans une concentration studieuse entrecoupée d'observations pour les autres joueurs. Et pourtant, sur le papier, les mécanismes interrogent : pas de moteur de ressources ? Pas de problème, ça marche. De la pose d'ouvriers sans ouvrier à soi ? Là encore, aucun problème. Bref, Pharaon est réussi sous toutes les coutures, mécaniquement parlant.
Cerise sur le gâteau : un mode solo qui marche très bien, et à la difficulté réglable en sus. Je ne lui ai pas trouvé un intérêt colossal, préférant souvent la compagnie des gens pour jouer, et n'apportant finalement "qu'un automate" mettant la pression, mais utilisant de façon très intelligente les mécanismes et le matériel du jeu. Il me manque certainement d'objectif de plus (à la façon de Viticulture) pour être complètement satisfait de ce solo que j'aurais pris plaisir à recommencer si cela avait été le cas.
Sous ses airs un peu sages d'eurogame, Pharaon en a sous le capot. La sensation de liberté et d'ouverture que l'on peut avoir en jouant s'avère souvent grisante et permet de profiter de parties à la fois tendues et légères, jamais trop frustrantes. Plutôt que de maximiser l'explosion d'un moteur de ressources, Pharaon s'attache à l'économie de moyens, nous susurrant que nos moyens sont à la fois puissants et limités. Cette alchimie, rehaussée par un travail d'illustration et d'édition soignés sans sombrer dans le bling-bling, permet à des sensations de jeu très agréables de s'inviter à la table.
En bref, c'est plaisant et on en redemande !
- Beau et lisible
- Mécanismes fluides et limpides
- originalité de la roue
- Le thème un peu mince
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