Illustré par Joan Guardiet
Edité par Devir, Iello
Distribué par iello
Langue et traductions : Français
Date de sortie : 2023-11-10
De 1 à 4 joueurs
A partir de 12 ans
Durée moyenne d'une partie : 90 minutes
Thèmes : Asie
Mécanismes : Gestion de ressources, Placement
Types de jeu : Jeu de plateau
Complexité du jeu : Expert
Nommé à l’As d’or de cette année, Le Château Blanc est un jeu de gestion tout compact, que ce soit dans la boîte ou dans le gameplay (ou le prix, tiens). Il s’agit de placer des personnages dans le palais d’Himeji : jardiniers, nobles ou guerriers. Et pour ce faire, vous déclenchez des actions en utilisant des dés provenant de ponts du jardin. Mais poser un dé faible vous demandera de compenser en pièces tout en déclenchant un bonus, quand poser un dé fort permettra de gagner (souvent, pas toujours) la différence en pièces !
Plus de règles en vidéo dans ce Ludochrono.
Création de Shei S. et Isra C., le Château blanc fait suite à la Cathédrale rouge, que j'avais plutôt aimé, sans en faire des folies. J'ai essayé le Château blanc avec plusieurs groupes et tous ont apprécié, mais tous étaient déjà des joueurs chevronnés.
ACCESSIBILITE DES REGLES 13
Les règles sont plutôt bien, à une exception notable : il n'y a pas de liste de matériel imprimée. Il faut aller la chercher sur le net. Sauf qu'en termes d'ergonomie, ben... non ? On a besoin d'apprendre la terminologie du jeu, et clairement, quand tous les composants sont sans texte, il est bien utile d'avoir une liste du matériel associant mot et image. La première partie n'en est pas facilitée... mais après, ça va.
QUALITE DU MATERIEL 14
La boîte du Château blanc est bien remplie. Très. Trop. Elle boursoufle légèrement, un peu pénible à ranger. Mais d'un autre côté, elle fait l'effort de fournir un matériel adapté à son jeu. Difficile de vraiment s'en plaindre quand on réclame souvent des boîtes qui ne contiennent pas de vide, mais, d'un autre côté, on a un extrême un peu "trop plein".
Quant à l'ergonomie, eh bien pour le coup c'est sans trop de tâches : même s'il y a plein de petits symboles, sûrement une petite avalanche d'informations en première partie, le jeu n'est pas non plus là pour vous mettre à l'amende. Tout est fait pour aider la prise en main et l'illustration aide un tant soit peu, même si elle est un peu cachée par les diverses cases du plateau. L'habillage graphique de Joan Gardiet est à la fois compétent et discret, tout en servant le propos du jeu ; c'est apprécié et appréciable en ce qui me concerne.
THEME 13
Alors disons-le tout de suite : qui est là pour le thème ? Quelques aficionados, certes, mais laissez-moi vous dire qu'on ne vit ni grande aventure épique, ni drame lyrique : non, on fait ses neuf actions, on échange ses trucs et ses muches contre des pouets. Mais les jardiniers ont besoin de riz, les nobles de nacre, et les soldats de fer, qui l'eut cru ?
Ce qui nous donne ces ressources, ça, par contre, est un mystère. Au fond, je le disais, on s'en fiche assez :-)
DUREE DE VIE 12,5
Avec son système tout ramassé, ses neuf actions en tout et pour tout, le Château blanc fait figure de Tiny Epic Jeu de Gestion, de Micro Mindclash. Et cela fonctionne très bien, mais les parties ne se différencient pas tellement de l'une à l'autre. Malgré toute la mise en place modulaire analysable à chaque partie, malgré les divers bonus, le jeu pousse à optimiser, à trouver le chemin le plus efficace vers la victoire, à trouver les actions à tiroir qui fonctionnent le mieux, les emplacements les plus générateurs de ressources. Ceci fait que le dilemme à chaque partie est constant.
MECANISMES 17
Mécaniquement, on a affaire à quelque chose qui pourrait ressembler à de la pose d'ouvriers. On récupère des dés, on les place pour effectuer des actions et bloquer les emplacements et générer des ressources. La couleur des dés sélectionne un tant soit peu ce que l'on peut exécuter avec. Mais, ce qui saisit, c'est le peu d'actions disponibles. Dès la fin de son premier tour, l'on se dit "Oh, déjà un neuvième de la partie englouti et je n'ai fait que ça" ; et dans les faits, oui, c'est le cas. En revanche, il est un peu fallacieux de se dire que l'on n'aura que neuf tours simples : certains causent des actions à tiroir, fort réjouissantes car on se dit qu'on parvient à contourner les limites du jeu.
Il n'en reste pas moins que les tours sont plutôt rapides. Lorsque l'on exécute son action, on sait ce que l'on veut et s'il y a réflexion, c'est souvent lié à un défaut de projection et d'anticipation : difficile de tout prévoir à l'avance et parfois la configuration du jeu bascule avec ce palais changeant en fonction des nobles qui y sont placés. On pourrait passer un peu de temps à analyser une situation, à la prévoir loin dans la partie, et il le faudrait ; il y a certainement trop de variables pour tout computer, mais c'est bien ce quoi vers le jeu vous pousse. Mais tout cela dans un emballage digeste, dans une fenêtre de temps concise. Crunchez les arbres de possibilité, qu'on vous dit : c'est fun. Et parfois, parfois, vous vous direz qu'il est possible de dévier du chemin planifié. Parfois, vous irez récupérer quelques petits bonus, quelques petites ressources. Et ceci vous permet parfois de marquer gros ou parfois de faire un joli plat qui cuit la peau.
On a souvent l'impression d'être sans moyens adaptés à la situation, mais petit à petit, on surmonte l'obstacle initial avec délice.
Le Château blanc reprend tout ce que pourrait faire un jeu de pose d'ouvriers intéressant, mais le concentre dans ses neuf actions. Difficile d'y voir un jeu chaleureux : pied au mur, on se sent un peu dépassé par la quantité de choses à faire pour optimiser. Mais alors, le fun ? Eh bien le fun existe très largement. Certes, la froideur mécanique d'un euro est là, mais elle est abordable, toujours aisée à calculer, et toujours riche. Le Château blanc ne se refuse pas à ses joueurs, il se rend, au contraire, accessible en tout instant. On identifie aisément ce que l'on a bien fait ou mal fait, on se projette un tant soit peu sur les bons coups à effectuer, on va chercher à arracher les points... et au final, on obtient un eurogame qui a tout compris à l'eurogame... mais qui ose la simplicité.
Pour moi, ce Château blanc est une réussite de l'école espagnole ; on se retrouve avec un choix riche mais entendable, pas trop lourd comme des jeux qui préfèrent noyer les joueurs sous les possibilités. Conséquence cependant de son format ramassé, la saveur du jeu s'étiole un peu après quelques parties... mais quelles parties !
- Neuf actions : un concentré intense !
- La courbe de progression bien satisfaisante
- Rangement un peu approximatif
- Un poil répétitif
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